XXII-
R.S.I 1974-1975
version
rue CB
(relue et complétée par Ignacio
Gárate-Martínez à partir d'une
version sonore) note
11 février 1975
(p68->) On m'a dit la dernière fois qu'on
n'avait rien entendu. On m'a expliqué depuis que c'est parce qu'on accroche
des magnétophones aux hauts-parleurs. Alors je serais reconnaissant aux
personnes qui, qui sont en train d'en accrocher précisément de les retirer, de
façon à ce que quand même les hauts-parleurs servent à quelque chose. Du même coup, je prierai les personnes qui se trouveraient dans la position de
ne rien entendre de m'en donner un signe, de façon à ce que je ne me fie pas
aux hauts-parleurs et que j'essaie d'élever la voix, car il m'est évidemment
pénible d'entendre, d'entendre la remarque, puisqu'il y a quelques personnes
qui viennent me voir, d'entendre la remarque que j'ai peut être bien raconté
des choses intéressantes, la veille ou l'avant veille, mais que, qu'on y
était, mais
qu'on n'a pas entendu.
Je me réjouis que, qu'aujourd'hui, tout de même, parce que j'ai choisi le mardi-gras
pour venir, qu'aujourd'hui tout de même, les portes ne soient pas trop encombrées.
Ça pourrait m'être une occasion puisque, pour entrer dans les confidences,
je vous avais fait le rapport, le rapport parce que ça m'avait instruit,
je vous avais fait le rapport du fait que j'avais été à Nice, que j'avais
accepté n'importe
quel titre, enfin, je dirais que c'est au titre de n'importe lequel que je
l'avais accepté, à ce titre, évidemment pour moi un peu choquant, du " Phénomène
Lacanien ", et puis, je vous avais, je vous avais fait remarquer que,
qu'en somme, qu'en somme je l'avais, je l'avais provoqué, mais que ça m'avait
instruit en ceci que, qui est peut-être présomption, que ce
que je dis a, a des effets de sens. Il y semble à mesurer les choses que ces effets
ne sont pas immédiats,
mais qu'avec le, le temps que j'y ai mis, et aussi, il faut bien le dire, la
persévérance, puisque, somme toute, pour moi, au moins, il a fallu vingt
ans pour que je les constate, je veux dire que je les enregistre, qu'il
m'apparaisse que ça a eu des effets, et je vous ai dit ma surprise - on
ne sait jamais si une surprise est bonne ou mauvaise, une surprise est
une surprise, elle est hors du, hors (p69->) du
champ du, de l'agréable ou du désagréable, puisqu'après tout ce qu'on
appelle bon ou mauvais, c'est agréable ou désagréable, alors une surprise
est heureuse, disons, ça signifie ce qu'on appelle une rencontre, c'est-à-dire
en fin de compte quelque chose qui vous, qui vous vient de vous. J'espère
qu'il vous en arrive de temps en temps - alors j'ai pu renouveler cette,
cette surprise que j'appelle heureuse, plutôt que bonne ou mauvaise,
en allant depuis, depuis que je vous ai donné, donné congé jusqu'au premier
mardi de février, premier, enfin deuxième,
celui où je parle, j'ai fait un petit tour à Strasbourg. Et j'ai pu constater
sans même en être trop surpris, puisque, puisque c'est le groupe de Strasbourg
qui s'en charge, que, que j'avais des effets, des effets de sens en Allemagne.
Je veux dire que les Allemands, des Allemands que, que j'ai rencontrés au
groupe de Strasbourg, j'ai obtenu en fin de compte des questions qui m'ont
donné cette
heureuse surprise dont je parlais tout à l'heure.
J'en ai été moins surpris qu'à Nice,
étant donné que c'est, c'est le groupe de Strasbourg qui en prend soin -
non pas que personne ne prenne soin de ce que je dis à Nice,
mais enfin il s'est trouvé, comme ça, que je m'attendais à moins. Il faut dire
que, que dans l'intervalle, je m'étais un peu remonté le moral, et que c'est
peut-être pour ça que, toute heureuse qu'elle fût, la surprise était
moindre à Strasbourg.
J'en ai eu une plus
grande, parce que je viens de passer,
(p70->)
I1
faut tout de même reconnaître les choses comme elles sont,
J'ai
mis l'accent, à ce propos, comme ça
incidemment, plus
Bon ! Est-ce que ici, par exemple, il y a quelqu'un qui sache parce que je
ne sais pas si François . Wahl est là, est-ce qu'il y a quelqu'un qui
sache que la Reine Victoria par Lytton Strachey qui est un auteur bien
connu, célèbre, enfin
j'avais lu dans son temps un petit bouquin traduit, si mon souvenir est bon,
chez Stock, concernant Elizabeth et le Comte d'Essex. Est-ce que quelqu'un,
ici, est en état de me dire, comme il y a des personnes qui sont au
Seuil, est-ce qu'il y a, je pense qu'elles pourront peut-être me dire
si le Lytton Strachey sur la Reine Victoria est sorti, est sorti au
Seuil traduit ? ( dans la salle :
" Au Seuil, non ") - Comment ? J'entends mal, non ? C'est pas sorti
? C'est bien emmerdant. C'est bien emmerdant, parce que je vous aurais recommandé de
le lire. Oui, ça c'est vraiment emmerdant ! Qu'est-ce qui a bien pu
me dire . . . Bon, enfin, je suis très embêté, parce que ça courait les rues
sous la forme d'un Penguin Book, mais c'est " out of print " alors je
ne peux pas vous en recommander la lecture, mais enfin, tous ceux qui pourront
mettre la main, parce qu'il y a quand même des bibliothèques et il y a aussi
des livres d'occasion, tous ceux qui pourront mettre la main sur ce " Queen
Victoria "
de Lytton Strachey, je les invite vivement à le lire, parce que à mon retour
d'Angleterre, c'est-à-dire samedi dernier et dimanche, je n'ai pas pu quitter
ce bouquin. Je n'ai pas pu quitter ce bouquin et ça ne veut pas dire que
je vais vous en parler aujourd'hui, parce que il faut que, pour en faire
quelque chose, enfin, qui rentre dans mon discours, il faudrait que, il
faudrait que je le triture, il faudrait que je le torde, il faudrait que
je l'essore, il faudrait que j'en sorte un jus, c'est, j'ai beau y avoir
pris plaisir, c'est trop fatiguant, et puis je n'ai pas le temps.
(p72->)
Néanmoins, ça pourrait, ça pourrait,
me semble-t-il, montrer que, qu'il y a peut-être plus d'une
origine à ce phénomène stupéfiant de la découverte de l'Inconscient. Si le
XIXème siècle, me semble-t-il, n'avait pas été si étonnamment
dominé par ce qu'il faut bien que j'appelle l'action d'une femme, à savoir de
la Reine Victoria, ben, on ne se serait pas rendu compte à quel point il
fallait, il fallait cette espèce de ravage, enfin, pour que, pour qu'il y ait là-dessus
ce que j'appelle enfin, un réveil. C'est un de mes bateaux que le réveil,
c'est un éclair. Il se situe pour moi, enfin, quand ça m'arrive, pas souvent,
il se situe pour moi pour moi, ça veut pas dire que ce soit comme ça pour tout
le monde il se situe pour moi au moment où effectivement je sors du sommeil
j'ai à ce moment-là un bref éclair de lucidité, ça ne dure pas, bien sûr. Je rentre comme tout le monde dans ce rêve qu'on appelle
la réalité, à
savoir dans les discours dont je fais partie, et parmi lesquels j'essaie de
frayer la voie au discours analytique. C'est un effort très pénible.
Je crois que ce livre me semble devoir vous, vous rendre sensible ceci, enfin,
sensible avec un particulier relief, ceci que l'amour
n'a rien à faire
avec le rapport sexuel et confirmer que ça part,
non pas, je veux dire,
de la femme, puisque justement ce à propos de quoi j'ai vu, j'ai vu
qu'une fois de plus, enfin c'est un point sur lequel
même les gens
qui me sont le plus sympathiques je veux dire qui croient devoir me
rendre hommage, là flottent, et même déraillent,
il faut bien le dire. Si, si je dis que la femme n'existe pas, c'est évidemment
sans retour, si je puis dire. Mais, une femme, une
femme entre autres,
une femme bien isolée dans le, dans le contexte anglais par cette espèce
de prodigieuse
Ça
me semble une illustration tout à
fait sensationnelle, et comme tout de même tout ça s'est passé, s'est passé
très vite, et en somme avait déjà enfin franchi ses principaux épisodes
avant la naissance de Freud, ça n'est, il me semble, quand même une raison
pour dire que si Freud n'était pas surgi là enfin, par quelle mystérieuse
rencontre de l'Histoire, tout de suite après cette mise en exercice de ce que
les femmes ont, je ne sais pas si c'est un pouvoir, on est très très fasciné
par des notions, des catégories comme celles-là, le pouvoir, le savoir,
tout ça, ce sont des fadaises enfin, des fadaises qui, qui laissent toute la
place aux femmes, je n'ai pas dit à la femme, aux femmes qui, qui ne s'en
soucient pas, mais dont le pouvoir dépasse sans mesure toutes les catégories.
Bon, enfin, paix à l'âme du (r)and Albert, il est certain que ce que je dis ne
va pas tout à fait dans le sens malgré tout de ce que les femmes puissent, ni
doivent courir leur chance, si on peut appeler ça une chance, dans une espèce
Bon,
laissons ça de côté. Laissons ça
de côté parce que c'est un sujet où comme dans le fond Freud lui-même,
je pourrais dire que, que j'y perds mon latin. Ce qui n'est pas une mauvaise
façon
de dire les choses. Mais enfin, si ça vous tombe sous la main, j'ai eu le bonheur
que une personne qui
était une de celles qui m'avaient invité là-bas,
je veux dire à Londres, qu'une personne me passe ce truc " out of
print ", enfin son exemplaire pour tout dire, et je pense que c'est une
lecture que personne ici ne doit manquer, si, si, s'il a je ne sais pas quoi,
un peu de touche, un peu de vibration à l'endroit de ce que je dis. Bon !
Il est évidemment tout à fait
extraordinaire, je passe à un autre sujet, tout à fait extraordinaire de voir
que l'art, l'art-même qui, qui a traité les sujets qu'on appelle géométriques
au nom de ceci que un interdit est porté par certaines religions
sur
C'est bien en ça que, qu'il y a quelque chose à redresser : la consistance
de l'Imaginaire est strictement équivalente à celle du Symbolique comme à celle
du Réel. C'est même en raison du fait qu'ils sont noués de cette façon, c'est-à-dire
d'une façon qui les met strictement l'un par rapport à l'autre, l'un par
rapport aux deux autres, dans le même rapport ; c'est
même là qu'il s'agit
de faire un effort qui soit de l'ordre de l'effet de sens. Qui soit de l'ordre
de l'effet de sens, je veux dire, que l'interprétation analytique implique
tout à fait
une bascule dans la portée de cet effet de sens. Il est certain qu'elle porte,
l'interprétation analytique porte d'une façon qui va beaucoup plus loin que
la parole. La parole est un objet d'élaboration pour l'analysant, mais ce
que dit l'analyste, car il dit, ce que dit l'analyste a des effets dont ça
n'est pas rien de dire que le transfert y joue un rôle, mais ça n'est pas
rien, mais
ça n'éclaire rien. Il s'agirait de dire comment l'interprétation porte,
et que elle n'implique pas forcément une énonciation. Il est bien évident
que trop d'analystes ont l'habitude de la fermer, j'ose croire, je veux dire
de
Ce que j'essaie de faire ici où, hélas, je bavarde, je bavarde beaucoup, est tout de même destiné à changer la perspective sur ce qu'il en est de l'effet de sens. Je dirais que ça consiste cet effet de sens à le serrer, à le serrer, mais bien sûr à condition que ce soit de la bonne façon, à savoir à le serrer d'un noeud, et pas n'importe lequel.
Je suis très étonné de réussir à substituer, je le crois, cet effet de sens
tel qu'il fasse noeud, et noeud de la bonne façon, à ce que j'appellerai , à
ce que j'appellerai ce qui se produit, enfin, en un point parfaitement désignable,
désignable sur ce noeud-même, ceci dont je ne crois pas du tout participer,
si ce n'est en ce point précis, et qui s'appelle l'effet de fascination.
Car, à vrai dire, c'est ce qui, c'est sur cette corde, c'est sur cette corde
que glissent, enfin, que portent, la plupart des effets
de l'art, et c'est le
seul critère qu'on puisse trouver qui le sépare, qui le sépare de ce que la
science, elle, arrive à coordonner. C'est bien en cela qu'un homme de lettres,
enfin, comme je sais pas, un Valéry, par exemple, se
contente de rester enfin,
sur ceci qu'il s'agit d'expliquer, sur des effets de fascination, dont
quand même l'analyse, l'analyse est exigible.
L'effet de sens exigible, l'effet de sens exigible du
discours analytique n'est pas Imaginaire,
il n'est pas non plus Symbolique, il faut qu'il soit Réel. Et,
ce dont je m'occupe cette
(p77->)
maintenant. Prenez
vraiment L'effet de sens, c'est là, |
|
au joint du Symbolique et de
l'Imaginaire, que je l'ai situé. Il n'a, il n'a en apparence de rapport avec
ceci, à savoir le cercle consistant du Réel, il n'a qu'un rapport, en
principe, d'extériorité. Je dis en principe, je dis en principe parce que
c'est en ceci qu'il est là, mis à plat. Il est mis à plat de ce fait que nous
ne pouvons pas penser autrement. Nous ne pensons qu'à plat.
Il suffit de figurer autrement ce noeud
borroméen, vous allez voir le tintouin bien sûr que ça va donner, n'est-ce
pas, vous voyez déjà . . . Ah ! C'est ça qu'il y a de merveilleux, c'est que
. . . Prenons ça comme ça. J'aurais pu bien sûr le prendre de n'importe quelle
façon.
Vous voyez bien que ce dont il s'agit, c'est de faire que ce noeud soit borroméen. C'est-à-dire que, vous voyez bien les deux qui sont là figurés se séparent aisément l'un de l'autre. Il n'y a qu'une façon et une seule, une seule simple, car il y en a plus d'une de faire qu'il soit borroméen, ce noeud, c'est ceci que je vous |
figure
avec toute la maladresse, qui j'espère, sera dans l'occasion également
la vôtre. Parce
que je veux vous en montrer . . . la difficulté, c'est ceci : vous voyez que
du fait que la troisième boucle que j'ai ajoutée passe, si je puis dire, à
travers les deux oreilles que permet de distinguer le passage de cet élément
du noeud à l'intérieur de ce que j'appellerai le trou de la troisième boucle
Est-ce
que il faut nous en tenir là ?
C'est-à-dire penser qu'il suffise de trois éléments consistants qui,
dont l'un fait noeud des deux autres. I1 y a déjà ceci que nous posons avec
ce noeud, ceci qui va contre l'image dite de la concaténation, c'est
en tant que le discours dont il s'agit ne fait pas chaîne, c'est-à-dire qu'il
n'y a pas réciprocité du passage d'une des consistances dans le trou que lui
offre l'autre,
c'est-à-dire qu'une des consistances au sens commun du terme ne
se noue pas à l'autre, je veux dire, ne fait pas chaîne. C'est
en ceci que se spécifie le rapport du symbolique, de l'Imaginaire et du Réel. C'est
en cela que la question d'abord se pose de savoir si l'effet de sens dans son
Réel
tient bien à l'emploi des mots, je dis l'emploi au sens usuel du terme, où
seulement à leur jaculation, si je puis dire, c'est un terme en usage pour ce
qu'il en est des mots. Beaucoup de choses depuis toujours l'ont donné à
penser, mais de cet emploi à cette jaculation, on ne faisait pas la
distinction. On croyait que c'était les mots qui portent. Alors que si nous
nous donnons la peine d'isoler la catégorie du signifiant, nous voyons
bien que la jaculation garde un sens, un sens isolable.
Est-ce à dire
que c'est là, à
cela que nous devions nous fier pour que se passe ceci que le dire fasse noeud, à
la distinction de la parole qui très souvent glisse, laisse glisser, et que
notre intervention au regard de ce qu'il est demandé à l'analysant de fournir,
à savoir comme on dit tout ce qui lui passe par la tête, ce qui
n'implique pour autant nullement que ce ne soit là que du bla-bla-bla,
car justement derrière il y a l'Inconscient. Et c'est de ce fait qu'il y ait
l'Inconscient que déjà dans ce qu'il dit, il y a des choses qui font noeud,
qu'il y a déjà du dire, si nous spécifions le dire d'être ce qui fait
noeud.
I1
ne suffit pas ce noeud, de l'appeler du Réel, l'Imaginaire dans ce schéma
n'est pas un rond Imaginaire, si le noeud tient, c'est justement que l'Imaginaire
doit être pris dans sa consistance
propre et que, sans doute, puisque ce schéma est ce qui nous presse au moins
par mon intermédiaire, c'est que l'usage du Symbolique n'y est évidemment pas
à prendre comme tout l'indique dans
Il est assez curieux, si nous voulons
donner quelque support
Mais
justement, c'est là qu'est le fin
mot de l'affaire, si je
C'est
l'emploi de l'écrit : (petit
inversé)
à propos
de ce quelque chose qui, dans l'occasion, s'appelle une variable liée, désignée
par la lettre x . Il ex-siste un x qui peut être porté dans f(x) , c'est-à-dire
dans une fonction de
Ici,
gît le point de flottement par où
on voit que le terme d'Imaginaire ne veut pas dire pure imagination,
puisqu'aussi bien, si nous pouvons faire que l'Imaginaire ex-siste, c'est
qu'il s'agit d'un autre Réel. Je dis que l'effet de sens ex-siste, et
qu'en ceci, il est Réel. Ce n'est pas de l'apologétique, c'est de la
consistance, de la consistance Imaginaire, sans doute, mais il semble qu'il y
ait tout un domaine usuel de la fonction Imaginaire qui, elle, dure et qui se
tienne. Je ne peux dialoguer qu'avec quelqu'un que j'ai
fabriqué à me
comprendre, au niveau où je parle et c'est bien en cela que, non seulement je
m'étonne que vous soyez si nombreux, mais je ne peux même pas croire que j'ai
fabriqué chacun de vous à me comprendre. Sachez seulement qu'il ne s'agit pas
de ça dans l'analyse. I1 s'agit seulement de rendre compte de ce qui ex-siste
comme interprétation. L'étonnant est qu'à travailler, si je puis dire, sur
ces trois fonctions, du Symbolique, de l'Imaginaire et du Réel, j'ai, à
distance, fabriqué assez de gens qui n'ont eu qu'à ouvrir, enfin de compte je
ne peux déjà même pas croire qu'il y ait jamais un anglais qui ait fait plus
que ça, de regarder d'un petit peu ou d'ouvrir mes livres, quand ils savent le
français, puisque c'est pas encore traduit, et que quand même il y ait
quelque chose qui leur ait permis d'y répondre. Qu'est-ce
que veut dire qu'il ex-siste une construction dont il faut bien que la consistance
ne soit pas Imaginaire.
(p81->)
I1 n'y a qu'une seule condition qui est tout à fait lisible,
lisible ici au tableau noir, il faut pour ça qu'elle ait un trou. Et c'est ceci
qui nous amène à la topologie dite du tore qui est celle par laquelle depuis
longtemps j'ai été, je ne peux pas dire de mon plein gré, c'est pas de ces choses
qui me soient tellement familières, quoique tout le monde sache bien ce que
c'est qu'un bracelet, simplement ce que je constate, c'est que la topologie
mathématique, celle qui s'intitulant comme telle et constituant l'introduction
de ces rapports au mou, au flou, comme s'exprime mon cher ami Guilbaud au noeud
du même coup, soit quelque chose qui, dans la théorie mathématique me donne
tellement de mal et vous en donnerait tout autant, je dois dire, car je ne vois
pas qu'une théorie des noeuds ait besoin d'en passer par la fonction dite des
filtres, par exemple, ou d'exiger la considération des ensembles, les uns ouverts,
les autres fermés, quand ces termes d'ouvert et de fermé prennent une consistance
Imaginaire, sans doute, mais une consistance toute différente de la pratique
des noeuds.
Le trou dont je parle, qui parait devoir
être mis au centre de ceci, qui me paraît être le point par où nous pouvons décoller
de cette pensée qui fait cercle, cette pensée qui met à plat, obligatoirement
et qui, de ce fait, de ce fait seulement dit que ce qu'il y a là-dedans ( Il s'agit d'un cercle tracé au
tableau ) ,
c'est autre chose que ce qu'il y a dehors. Alors qu'il suffit de l'imaginer, de
l'imaginer comme corde consistante pour bien voir que le dedans dont il s'agit là
et le dehors, c'est exactement la même chose : qu'il n'y a qu'un dedans, c'est
celui que nous imaginons comme étant l'intérieur du tore. Mais justement,
l'introduction de la figure du tore consiste, ce dedans du tore, à ne pas en
tenir compte. C'est bien là qu'est le relief et l'importance de ce qui nous est
fourni.
La dernière fois, à propos de mon noeud, j'ai fait la remarque et j'ai même dessiné la
figure de ceci que si nous partons de l'exigence de faire un noeud borroméen,
non pas à trois, mais bien
à quatre, il nous faut supposer ces trois tores indépendants, c'est-à-dire,
c'est-à-dire les dessiner comme ceci (Fig.2) : voilà celui qui est
au-dessus - celui qui est intermédiaire et celui qui est
au-dessous.
(p49->) p49 voir note pour la pagination
(p50->) Je
vous ai figuré la dernière fois comment par une figure qui
est celle d'un troisième tore, d'un quatrième tore, ces trois
ici figurés indépendants peuvent être noués,
peuvent et doivent être noués, et j'ai même fait allusion à ceci,
c'est que dans Freud, il y a élision de ma réduction à l'Imaginaire,
au Symbolique et au Réel, comme noués tous les trois entre
eux, et que ce que Freud instaure avec son Nom du Père,
identique à la réalité psychique, à ce qu'il
appelle la réalité psychique, nommément à la
réalité religieuse, car c'est exactement la même chose,
que c'est ainsi par cette fonction, par cette fonction de rêve que
Freud instaure le lien du Symbolique, de l'Imaginaire et du Réel.
Ceux
qui, je l'espère, étaient ici la dernière fois, ont
conservé, je pense, la note, la trace, de la façon simple,
de la façon simple dont ici peut se tracer ce tore comme bien sûr
ici. Je crois si mon souvenir est bon - je pourrais le dessiner, il est
très possible que je ne me trompe pas, parce que ce n'est pas du
tout si aisé - Essayons comme ça, tout de même ça
m'amuse, ça m'amuse, parce que à chaque fois on s'y perd.
Voyons, partant de ceci . . . Ah ! qu'est-ce que ça donne ça
? Ouaih, ça a l'air par bonne chance d'être
réussi, à savoir de tenir, à savoir de reproduire
ce que je vous ai donné la dernière fois. (Fig.3)
Mais
c'est pas ça qui m'importe. Ce qui m'importe, c'est ceci cette figure,
cette figure qui est ici, supposons-la non noeud, à savoir,
comme vous le voyez, ici (Fig.4) ce que j'ai tracé la dernière
fois comme troisième cercle, comme troisième corde
ne moue rien . Comment pouvons-nous là-dessus faire le
dessin de ce qui nouerait ces trois ?
Je
vais vous le présenter d'une autre façon qui est celle-ci.
I1 est très facile de concevoir, sous la forme qui a été matérialisée
de trente six façons au cours des ages, à savoir d'Astrolabeil
est très facile de concevoir trois cercles sphériques ; métalliques,
là où nous nous retrouverons bien plus aisément, bien
sûr, puisque nous ne sommes capables de faire de géométrie
que des solides. Voici comment je vais les représenter. Supposez
ceci qui a été très fréquemment réalisé au
cours des âges, dans les instruments de marine (Fig.5). Je vais vous
le dessiner simplement.
(p51->) Voilà un
cercle vu de face. Le cercle équatorial que je vous dessine maintenant
est vu à plat, et c'est pour ça que j'ai feint de vous le
dessiner en perspective. Faisons maintenant un troisième cercle
sagittal. Traçons ce petit pointillé pour vous donner la
notion de la façon dont vous devez le voir en perspective. C'est
une façon distincte, parce qu'elle invoque, elle fait invocation
sans aucun espoir d'ailleurs à votre sens de l'espace, vous n'en
n'avez pas plus que quiconque. Vous croyez voir en relief, mais vous n'imaginez
même pas en relief.
Je
veux ici (Fig. 6) figurer comment dans l'espace se conçoit la trace
de ce que je vous ai donné tout à l'heure, ce que je vous
ai posé tout à l'heure comme problème concernant ce
qui peut unir ces trois Imaginaire et Symbolique et Réel désunis.
Si vous procédez ainsi, vous verrez que vous avez à tracer
cette ligne, cette consistance, qu'il faut et qu'il suffit que ceci soit
disons, figuré pour qu'il y ait là noeud, noeud à quatre,
noeud partant d'une disjonction conçue comme originaire du Symbolique,
de l'Imaginaire et du Réel. Je vous conseille d'en garder note parce
que c'est d'une nature assez féconde à faire réfléchir
sur ce qu'il en est de la fonction noeud, à savoir pourquoi, par
exemple, cette ligne que j'ai isolée comme rose doit passer les
deux fois, pour nous, pour nous en avant et au-dessus de ce cercle le seul à-plat
et passer, se contenter de passer en somme à l'intérieur
de celui qui ici occupe le rang deux au regard de une idée que nous
pourrions nous faire de l'extérieur, du moyen et de l'intérieur
et du profond. Ceci suffit en effet amplement et est illustratif
de la fonction du noeud.
Je
poserai, si je puis dire, cette année la question
de savoir si, quant à ce dont il s'agit ; à savoir
le nouement de l'Imaginaire, du Symbolique et du Réel, il
faille, cette fonction supplémentaire en somme d'un
tore de plus, celui dont la consistance serait à référer à la
fonction dite du Père. C'est bien parce que ces choses
m'intéressaient depuis longtemps, quoique je n'avais pas encore à cette époque
trouvé cette façon de les figurer, que j'ai commencé Les
Noms du Père. I1 y a en effet plusieurs façons
d'illustrer, d'illustrer la manière dont Freud,
(p52->) p52
(p53->) comme
c'est patent, dans son texte, ne fait tenir la conjonction du Symbolique,
de l'Imaginaire et du Réel que par les Noms du Père. Est-ce
indispensable ? Ce n'est pas parce que ça serait indispensable et
que je dis là contre, que ça pourrait être
controuvé que ça l'est, en fait, toujours.
Il
est certain que quand j'ai commencé à faire le séminaire
des " Noms du Père ", et que j'ai, comme certains le savent,
au moins ceux qui étaient là, que j'y ai mis un terme, j'avais
sûrement - c'est pas pour rien que j'avais appelé ça " Les
Noms du Père " et pas le Nom du Père, j'avais un certain
nombre d'idées de la suppléance que prend le domaine,
le discours analytique, du fait de cette avancée par Freud
des Noms du Père, ce n'est parce que cette suppléance n'est
pas indispensable qu'elle n'a pas lieu notre Imaginaire, notre
Symbolique et notre Réel sont peut-être pour chacun de nous
encore dans un état de suffisante dissociation, pour
que seul le Nom dû Père fasse noeud borroméen et
tenir tout ça ensemble, fasse noeud du Symbolique, de l'Imaginaire
et du Réel. Mais ne vous imaginez pas que, ce serait
bien pas dans mon ton habituel et que je sois en train de prophétiser
que du Nom du Père, du Nom du Père dans l'analyse, et aussi
bien du Nom du Père ailleurs, nous puissions d'aucune façon
nous passer pour que notre Symbolique, notre Imaginaire et notre
Réel, comme c'est votre sort à tous ne s'en aillent très
bien chacun de son côté. Il est certain que, sans qu'on puisse
dire que ceci constitue un progrès car on ne voit pas en quoi un
noeud, un noeud de plus sur le dos, sur le col et ailleurs,
on ne voit pas en quoi un noeud, un noeud réduit à son plus
strict constituerait un progrès si ce seul fait que ce soit un minimum, ça
constitue sûrement un progrès dans l'Imaginaire, c'est-à-dire
un progrès dans la consistance. Il est bien certain que dans
l'état actuel des choses, vous êtes tous et toutes un chacun
aussi inconsistants que vos pères, mais c'est justement
du fait d'être entièrement suspendus à eux que vous êtes
dans l'état présent.
note: bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire,
ou si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par
avance de m'adresser un émail.
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commentaire relu ce 17 août 2005