XXII-
R.S.I 1974-1975
version
rue CB note
18 février 1975
(p82->) La dernière fois, la dernière
fois, je vous ai témoigné de mes expériences " errantes ", et comme
j'étais déçu que le mardi-gras n'ait pas raréfié la plénitude de cette
salle - comme j'en étais déçu - je me suis laissé glisser à
vous raconter ce que je pense.
Néanmoins, aujourd'hui pour des raisons
qui me sont, je dois dire, personnelles, pour la raison que mon travail a été
un peu dérangé cette semaine, j'aimerais bien prendre le relais de ce qui me
semblait déjà s'imposer et qui, après tout, je peux le concevoir, demandait
un temps, aujourd'hui, ce temps me semble, je vous le répète, pour de simples
raisons personnelles, ce temps pourrait bien venir - du moins, je le
souhaite - que certains, certains parmi vous, me posent, me posent des
questions, auxquelles, je vous le répète, je serais heureux, je serais heureux au moins de pouvoir répondre, ce
qui, ce dont il me semblerait que dans l'état
actuel j'ai la réponse.
Je
serais vraiment très très
reconnaissant à ces certains qui certainement au sens où je l'entends,
ex-sistent, à ces certains s'ils me lançaient la balle, si je puis
dire ; et la personne qui s'y dévouerait la première ; parce que, après tout,
il suffit que un se décide, pour que d'autres s'en trouvent frayée la voie.
Voilà, je fais appel à qui voudrait
bien parler le premier ou la première. J'aimerais beaucoup. J'aimerais beaucoup
que on me pose une question. D'abord, ça me donnerait la note de ce qui peut
accrocher. I1 me semble que la dernière fois déjà, en avançant ce que j'ai
dit d'un effort fait pour distinguer, non seulement distinguer ce que ce dont je
vous montrerai à l'occasion d'où ça part.
Ça
part d'une mise à plat du noeud. Il
faut dans le noeud distinguer ceci, c'est que si c'est très difficile d'en
faire rentrer la théorie dans la mathématique, ceci au point que, disons, je
n'ai pas trouvé quoique ce soit qui réponde à ce noeud, à ce noeud qui, j'y
ai été mené enfin, pas à pas, à ce noeud à quoi (p83->) j'ai
abouti, en tant que le noeud borroméen. Comment j'y ai abouti il est certain
que actuellement, enfin si moi bien sûr , j'en sais la suite, si moi bien sûr
j'en sais la suite, seul pourra permettre d'en trouver le fil, c'est-à-dire,
ce qui en fait la consistance, seul permettra d'en trouver le fil la suite, la
suite des séminaires dont vous avez le premier et le dernier, grâce au soin de
quelqu'un et aussi, celui qui n'est pas le médian, celui qui est le onze. C'est
assurément ce qui en donnera ce que je désigne de la consistance.
Comment se fait-il que quelque chose qui, je l'ai évoquée, aurait pu, aurait
pu être le départ d'un autre mode de penser avec rigueur - " more
geometrico " - c'est ce que, c'est ce qu'un Spinoza, par
exemple, se targuait de, de filer, de déduire quelque chose selon le mode et
le modèle
donné par les Anciens. Il est clair que ce " more geometrico " définit
un mode d'intuition qui est proprement le mathématique, et que ce mode
d'intuition, après tout, ne va pas de soi.
La façon dont le point, la ligne, est en quelque
sorte fomentée dune fiction, et aussi bien la surface qui ne se soutient que de
la fente, que de la cassure, d'une cassure sans doute spécifiée, spécifiée
d'être à deux dimensions. Mais comme la ligne n'est une dimension que d'être
sans consistance à proprement parler, ce n'est pas beaucoup dire que de dire
qu'on en ajoute une, et d'autre part, la troisième, celle qui en somme s'édifie
dune perpendiculaire à la surface, est quelque chose de bien étrange.
Comment sans que quelque chose donne support à ce qu'il faut bien dire, être abstraction fondée sur un coup de scie, comment sans retrouver la corde, sans retrouver la corde, faire tenir cette construction ? Mais, d'un autre côté, ce n'est pas non plus par hasard que les choses se sont ainsi produites, sans doute y-a-t-il là une nécessité qui est, disons, disons mon Dieu, parce que je trouve pas mieux, qui est de la faiblesse d'un être manuel - " Homo Faber "- comme on l'a dit. Mais pourquoi cet être manuel, l'homo faber qui est aussi bien, ne serait-ce que pour, je l'ai fait remarquer, véhiculer ce à quoi il s'attaque, ce qu'il manipule, part bien de ce qui a consistance, part de la corde ? Quelle nécessité fait que cette corde, cette corde
(p84->)
dont dans la dixième Règle, celle de
Descartes, que j'ai évoquée Descartes évoque qu'aussi bien,
après tout,
l'art du tisserand, 1'art de la tresse, l'art de la fileuse pourraient
donner le modèle - comment se fait-il que des choses s'exténuent, s'exténuent à ce
point que le fil en devienne inconsistant ?
Peut-être y a-t-il là ce quelque chose qui est en rapport avec
un refoulement ? Avant de s'avancer
jusqu'à dire que ce refoulé, c'est le primordial, c'est l' " Urverdrängt ",
c'est ce que Freud désigne comme l'inaccessible de l'Inconscient. ( rumeur au
fond de la salle ) Ce ne serait peut-être pas mal que quelqu'un du fond
prenne la parole et me pose une question, ça me montrerait à quelle hauteur il
faut élever la voix pour que moi j'entende, puisque les choses semblent mal
fonctionner. Est-ce que quelqu'un du fond ne pourrait pas frayer cette voie
que j'ai souhaitée tout à l'heure ?
Il faut partir de ceci,
n'est-ce
pas, de combien aisément on rate la figuration de ce noeud, de ce noeud spécial
que je désigne d'être borroméen et qui a cette propriété singulière qu'il
suffit de rompre quelque chose qui pourtant s'y figure simplement à savoir d'un
tore, à savoir d'un tore qui, dont justement il suffit de le couper pour avoir
en main cette épaisseur, cette consistance, à savoir ce qui fait corde.
C'est bien pourquoi interrogeant,
interrogeant mon noeud ainsi dessinable (Fig.l) et de fait dessiné, j'ai marqué
ceci qu'il n'était pas moins dessinable et qu'il restait noeud à cette seule
condition qu'une de ces boucles, on l'ouvre (Fig. 2) et qu'elle se transforme en
une droite - nous retrouvons la question que j'ai posée au départ, celle
de la droite et de son peu de consistance mathématique, géométrique, ici
cette consistance restituée suppose, suppose que nous l'étendions à l'infini
pour qu' elle continue à jouer sa fonction. Il faut donc voir
infiniment prolongée cette corde, en haut et en bas, pour que le noeud reste tel, reste
noeud. C'est bien en quoi la droite, la droite sur quoi en somme prend appui
cette corde dans son état présent, la droite n'est guère consistante, et
c'est bien là-dessus d'ailleurs que la géométrie a, si l'on peut dire
glissé, soit à partir du
Quoiqu'il
en soit, la dernière fois
vous m'avez vu étendre cette géométrie du noeud borroméen à trois à la
figuration de ce qui est exigé pour que ça vaille pour quatre. C'était vous
donner l'expérience de la difficulté de ce que j'ai appelé le noeud mental.
Mais, je sais bien que c'est à la tentative de le mettre à plat, le mettre à
plat ce noeud mental, c'est-à-dire se soumettre à ce que la prétendue
pensée, c'est-à-dire quelque chose qui colle qui colle à l'étendue,
à une condition - bien loin d'en être séparée comme le suppose
Descartes - la pensée n'est qu'étendue, et encore, il lui faut une étendue,
pas
n'importe laquelle, une étendue à deux dimensions, une étendue
qui puisse se barbouiller. Car c'est bien là la façon dont il ne serait pas déplacé, dont
il ne serait pas inopportun de définir cette surface dont tout à l'heure je
montrais, dans la géométrie, celle qui s'imagine, qui s'est soutenue
essentiellement d'un Imaginaire, c'est bien comme ça qu'on pourrait aussi bien
la définir cette surface, ce trait de scie sur un solide, c'est que ça offre
quelque chose, quelque chose à barbouiller.
Il est singulier, il est singulier que la seule façon dont on soit arrivé en somme, cette surface idéale à la reproduire, ce soit justement ce devant quoi on recule, à savoir la tresse d'une toile et que ce soit sur une toile que le peintre ait en somme à barbouiller, puisque c'est tout ce qu'il trouve à faire pour dompter le regard, comme je l'ai exprimé dans un temps ce qu'il en est de la fonction du peintre, et que ici aussi c'est sur quelque chose de spécifié que, le tableau noir, que je me trouve forcément mettre à plat, mettre à plat ce que j'ai à vous communiquer du noeud. C'est bien là qu'en effet se sent d'une façon particulière, se sent ceci, c'est que ce noeud que je vous ai d'autre part figuré grâce à votre imagination perspective, à savoir comment ça tient le noeud borroméen à trois, comment c'est
(p86->)
(p87->) fait,
c'est fait de deux noeuds qui sont indépendants l'un de l'autre, et il
s'agit de savoir par où passe le troisième
pour que ça fasse noeud.
Je vous ai posé la même question concernant ce qu'il faut pour que ça fasse noeud, même si au départ, nous laissons les trois ronds de ficelle du premier problème, nous les laissons indépendants, et je vous ai figuré, en le mettant à plat également quoique d'une façon qui en portait la perspective en vous figurant ce qu'il en est de ce qui se passe pour ces trois ronds que j'ai dessinés indépendants, en me contentant, pour vous simplifiez les
choses, de montrer comment il
faut les tracer pour que le quatrième,
le quatrième que j'ai représenté
un peu différem Mais quand j'ai voulu le |
(p88->)
si je puis dire, j'ai raté exprès, par
lassitude, et aussi bien pour vous donner, mon Dieu, l'exemple du peu de naturel
avec lequel ces choses fonctionnent, à savoir la représentation du noeud
Voici
donc, pour en prendre le truc mental, la façon d'abord dont ceci s'opère
: si du supérieur à l'inférieur,
vous notez par un, deux, trois, (Fig. 4) ce qui bien sûr n'a rien à faire avec
un supérieur et un inférieur, puisqu'aussi bien il suffirait de les retourner
pour que le problème se renouvelle, voici comment il convient de procéder,
cela je le savais, mais justement c'est à le négliger du fait que je me suis
trouvé opérer de la façon que vous avez vue, et qui laissait hors du noeud le
cercle 1, mais du même coup aussi bien tous les autres. Il convient de partir
de ce qui, des trois cercles mis à plat de cette façon, et le 3 hors du 1 et
de finir par le 3 dans le 2. Quand on opère ainsi, les choses fonctionnent.
Il n'en est pas moins vrai qu'il est facile de voir qu'elles peuvent aussi fonctionner d'une autre façon, mais qu'il y en a une troisième, justement celle que j'ai prise, que j'ai prise la dernière fois et qui laisse un de ces noeuds libres et nommément le 1, ce en quoi du même coup, il laisse libre les autres.
Pourquoi en somme, l'acte
manqué ici a-t-il
fonctionné, sinon pour témoigner que nulle après
tout, analyse n'évite que quelque chose, quelque chose ne
résiste
dans cette théorie du noeud.
En
quoi conviennent-elles bien ? Elles conviennent bien en ceci, c'est que
la fonction du 2 et celle du 3 comme l'autre figure, celle qui est en perspective,
le démontre, comme l'autre
(p89->)
(p90->)
figure le fait apparaître, la fonction
du 2 et du 3 sont strictement équivalentes, et que, au regard du cercle qui
serait ici désigné 1, ces deux autres s'équivalent strictement. A savoir que
pour que ce qui est de la façon dont le rond rose les contourne, le mode est le
même, si nous adoptons cette figuration.
Que
dire ? Que dire, sinon que ce que la figure centrale met en évidence, c'est
que la droite infinie qui s'y figure, la droite dite infinie, mais dont
j'ai fait remarquer à l'occasion ce que ça
suppose, à savoir à proprement parler, l'impossible, que cette droite infinie
s'oppose, s'oppose du fait de sa rupture et cette rupture, comment ne pas la
considérer comme affine à quelque chose qui est bien l'essentiel
du noeud, cette droite s'oppose à ce qui fait rond comme ce que j'ai appelé la
consistance, à d'autre part quelque chose sur quoi je n'ai pas appuyé la
dernière fois et qui est bien ce qui fait l'essentiel de
ce que nous appelons un rond, et nommément un rond de ficelle, c'est à-dire le
trou qu'il y a au milieu. D'où l'interrogation que j'ai posée la dernière
fois, de savoir s'il n'y avait pas correspondance, correspondance de la consistance,
de l'ex-sistence et du trou à chacun même des termes que j'avance comme Imaginaire,
Symbolique et Réel. Si la consistance est bien comme je l'ai énoncé la dernière
fois, de l'ordre de l'Imaginaire, puisqu'aussi bien c'est vers ce point de fuite
de la ligne mathématique que la corde s'en va, nous avons à nous interroger sur
ce qu'il en est de ce, de ce qui fait le rond de ficelle comme tel, et que si
nous disons que c'est le trou, c'est un fait que nous n'en sommes pas satisfaits:
qu'est-ce qu'un trou, si rien ne le cerne ?
Or,
la dernière fois, j'avais bien
marqué que l'ex-sistence, que l'ex-sistence à savoir ce quelque
chose qui au regard de l'ouverture et de ce qui fait trou, que l'ex-sistence à
savoir, pour mettre les choses à plat ce quelque chose que nous devons, dans
la mise à plat, figurer ( Cf. fig 5) que l'ex-sistence appartient à ce champ, à ce
champ qui est, si je puis dire, supposé par la rupture elle même et que c'est
par là, c'est là dans, dans l'a (écrivez la,
l-a apostrophe) que
se joue si l'on peut dire le sort du noeud, que si le noeud a une ex-sistence,
c'est d'appartenir à ce champ et c'est bien en ceci que je l'énonçais que
l'ex-sistence est au
Sans
doute, est-ce par un procédé
qui est celui du reste et qui suppose comme fondamental l'ordre exploré, exploré
à partir de mon expérience, exploré de l'expérience à proprement parler
analytique, dont j'ai dit qu'elle m'a conduit à cette trinité infernale,
appelons-la par son non, cette trinité infernale du Symbolique,
de l'Imaginaire et du Réel . Je ne pense pas ici jouer d'une corde qui ne soit pas
freudienne, " Si flectere . . . , si néqueo superos " écrit en tête
de la Traumdeutung le cher Freud " Acheronta movebor ". Et c'est sans
doute là
que prend illustration enfin ce que j'ai appelé la vérité, la vérité d'une
certaine religion, pour laquelle je mettais en valeur que ce
n'est pas tout à
fait au hasard qu'elle arrive à une notion divine qui soit d'une trinité ceci
contrairement à la tradition sur laquelle elle-même se branche, je ne
vous dis pas comme je me suis laissé aller à en faire confidence à un
auditoire qui n'était autre, si mon souvenir est bon, que celui, je crois,
d'Angleterre, à moins que ce ne soit celui de Strasbourg, qu'importe d'ailleurs
- je n'ai pas été jusqu'à faire cette confidence que le
désir de
l'homme, ce qui est pourtant tangible, c'est l'Enfer,
l'Enfer très précisément
en ceci que c'est l'Enfer qui lui manque, et avec cette conséquence que c'est à quoi
il aspire, et nous en avons le témoignage, le témoignage dans la névrose
qui est très exactement ceci, c'est que le névrosé c'est quelqu'un qui
n'arrive pas à ce qui pour lui est le mirage où il se trouverait à se
satisfaire, c'est à savoir une perversion, qu'une névrose c'est une perversion
ratée.
(p92->)
Simple petite illustration du noeud, du
noeud et de ce pour quoi c'est au noeud que j'arrive pour essayer de soutenir,
si je puis dire, ce qui se produit et dont votre nombre est le témoignage, à
savoir quelque intérêt.
C'est bien parce que
vous
êtes beaucoup plus intéressés
enfin que vous le supposez chacun, dans cette nodalisation de l'Imaginaire, du
Symbolique et du Réel, que vous êtes là, ce me semble, car aussi bien,
pourquoi prendriez-vous cette étrange, cette étrange satisfaction à entendre
sur cette occasion mes balbutiements, car aussi bien c'est ce à quoi
aujourd'hui il faut me résoudre, c'est à savoir que je ne peux que frayer ce
que ceci comporte comme conséquence.
Si c'est bien en effet sous ce mode que
l'ex-sistence, que l'ex-sistence du noeud se supporte, à savoir de
ce champ qui, mis à plat, est intermédiaire à ce qui du trou fait cette
interrogation, intermédiaire à ce qui du trou fait corps, alors que ce qui
supporte le corps, c'est, c'est bien autre chose, c'est la ligne, la ligne de la
consistance. Un corps, un corps tel que celui dont vous vous supportez, c'est très
précisément ce quelque chose qui pour vous n'a d'aspect que d'être ce qui résiste,
ce qui consiste avant de se dissoudre. Et si le Réel est à localiser quelque
part, à savoir dans ce champ intermédiaire de la mise à plat, que j'ai figuré,
dénoté de l'ex-sistence, il reste que ce ne peut être que par élimination
que nous ferions, et c'est cela qui pour nous fait interrogation, que
ce n'est qu'à, à nous poser la question de savoir si le trou c'est bien ce qui est de
l'ordre du Symbolique que j'ai fondé du signifiant, c'est bien là le point que
nous nous trouverons avoir au cours de cette année à trancher.
Nous
nous trouvons donc actuellement, sous une forme interrogative, mettre ici
le trou avec un point d'interrogation et pas
Il
est certain, il est certain que ces catégories ne sont pas aisément maniables.
Elles ont pour elles pourtant d'avoir laissé quelques traces dans l'Histoire, à savoir
que si c'est au bout du compte, du compte d'une exténuation philosophique
tradi-
C'est nommément pour reprendre ici ma
construction, c'est nommément ceci que si nous tenons à ce qu'un savoir, ça
ait pour support, non pas, je ne dis pas le trou, la consistance du Symbolique,
ce qui apparaît dans le Réel,
ce qui apparaît
dans le Réel, c'est à
proprement parler ceci, parce que peut-être vous souvenez-vous que
le Réel, le Symbolique et l'Imaginaire se situent ainsi. C'est le quelque
chose qui, mis à plat, mis à plat parce que nous pensons, qui mis à plat apparaît
dans le Réel, à savoir à l'intérieur du domaine que la consistance du
rond de ficelle permet seule de définir , qui se présente non pas comme
le savoir immanent au Réel qu'il n'y a aucune façon de résoudre sinon à déjà l'y
mettre sous la forme du
Mais toute la question
du savoir est, est à reprendre, est à
Alors,
pour essayer simplement de noter quelque chose, de noter quelque chose
qui sera ce sur quoi se déroule ma
notation, c'est certain que c'est d'une expérience, d'une expérience de
la figuration du symptôme comme reflétant dans le Réel le fait qu'il y a quelque
chose qui ne marche pas et où, pas dans le Réel bien sûr, dans le champ
du Réel,
ce quelque chose qui ne marche pas tient, tient à quoi, tient qu'à ce que je
supporte dans mon langage du parle-être, de ce qui n'est que parle-être,
parce que s'il parlait pas, il y aurait pas le mot être, et qu'à ce
parle-être, il y a un champ, un champ connexe au trou - que je
figurerai ici je vous demande pardon, je ne tiens pas tout spécialement à ce
que mes figures soient élégantes, ni symétriques ; c'est
dans la mesure où il
n'y a ouverture possible, rupture, consistance issue de ce trou, lieu
d'ex-sistence, Réel, que l'Inconscient est là (Fig.6)
et que ce qui s'y, ce qui y fait tenu ( ou tenue) passant
derrière le trou du
Réel, derrière sur cette
figure, car si vous la retournez, c'est devant, qu'il y
a cohérence, qu'il y
a consistance entre le symptôme et l'Inconscient. A ceci près que le
symptôme
n'est pas définissable autrement que par la façon dont chacun jouit de
l'Inconscient en tant que l'Inconscient le détermine.
Chercher l'origine de la notion de symptôme, qui n'est pas du tout à chercher dans Hyppocrate, qui est à chercher dans Marx, qui le premier dans la liaison qu'il fait entre le capitalisme et quoi, et quoi, le bon vieux temps, ce qu'on appelle, quand on veut enfin tâcher de l'appeler autrement, le temps féodal - Lisez là dessus toute la littérature, le capitalisme est considéré comme ayant certains effets, et pourquoi en effet, n'en aurait-il pas. Ces effets sont, sont somme toute, bénéfiques, puisqu'il a l'avantage de réduire à rien l'homme prolétaire, grâce à quoi l'homme prolétaire réalise l'essence de l'homme, et d'être dépouillé de tout est chargé d'être le messie du futur. Telle est la façon dont Marx analyse la notion de symptôme. I1 donne bien sûr des foules d'autres symptômes, mais la relation de ceux-ci avec une foi en l'homme est tout à fait incontestable.
(p97->)
Si nous faisons de l'homme, non plus
quoique ce soit qui véhicule un futur idéal, mais si nous
le déterminons de
la particularité dans chaque cas de son Inconscient, et
de la façon dont il en
jouit, le symptôme reste à la même place où l'a mis Marx, mais il prend un
autre sens, il n'est pas un symptôme social, il
est un symptôme particulier.
Sans doute, ces symptômes particulier ont-ils des types, et le symptôme,
le symptôme de l'obsessionnel n'est pas le symptôme de l'hystérique. C'est très
précisément ce que j'essaierai de faire porter pour vous dans la suite.
Pour
l'obsessionnel, pourtant, je le note tout de suite, il y a un symptôme
très
particulier. Personne bien sûr n'a
la moindre appréhension de la mort. Sans ça vous ne seriez pas là si tranquilles.
Pour l'obsessionnel, la mort est un acte manqué. C'est pas si
bête, car
la mort n'est abordable que par un acte, encore pour qu'il
soit réussi faut-il
que quelqu'un se suicide en sachant que c'est un acte. Ce qui n'arrive
que très
rarement. Encore que ça ait été fort répandu à une
certaine époque, à l'époque où la philosophie avait une certaine portée,
une portée autre que de soutenir l'édifice social. Il
y a quelques personnes qui sont arrivées à se grouper en école d'une façon qui
avait des conséquences. Mais
il est bien singulier et bien de nature aussi à nous faire suspecter
l'authenticité de l'engagement dans les-dites écoles, qu'il y ait pas
du tout besoin d'avoir atteint une sagesse quelconque, qu'il
suffise d'être un bon
obsessionnel pour savoir, pour savoir de source certaine que la mort est un acte
manqué. Non pas, bien
commentaire relu ce 17 août 2005