J.LACAN
gaogoa
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XXIII-LE SINTHOME
Version rue CB
note
Séminaire DU 17 février 1976
(p1->) J'avais un espoir. Et ne vous faites
pas l'idée que, qu'il s'agit de coquetterie, de
titillage, comme ça. J'avais un espoir, j'avais mis un espoir dans le fait des
vacances. Il y a beaucoup de monde qui s'en va. C'est vrai. Dans ma clientèle,
c'est frappant, mais ici ça ne l'est pas. Je veux dire que je vois toujours les
portes aussi encombrées, et pour tout dire, j'espérais que la salle serait allégée.
Moyennant quoi, moyennant quoi, et puis en plus, tout ça, tout ça m'exaspère,
parce que c'est pas de très bon ton, enfin, moyennant quoi, j'espérais passer
aux confidences, m'installer au milieu de, je ne sais pas, de, s'il y avait
seulement la moitié de la salle, ça serait mieux. Il va falloir que je
retourne à un amphithéâtre qui était l'amphithéâtre 3 , si je me souviens
bien comme ça, comme ça, je pourrais je pourrai penser de façon un petit peu
plus intime. Ce serait quand même sympathique si je pouvais obtenir que, qu'on
me réponde qu'on collabore qu'on s'intéresse. Ça me semble difficile de
s'intéresser
à ce qui est en somme, à ce qui devient une recherche, je veux
dire que je commence à faire ce qu'implique le mot recherche, à tourner
en rond. I1 y avait un temps
où j'étais
un peu, un peu claironnant comme ça, je disais comme Picasso, parce que c'est
pas de moi, je ne cherche pas, je trouve, mais j'ai plus
de peine maintenant à frayer mon chemin.
Bon, alors je vais quand
même rentrer
dans ce que je suppose, c'est une pure supposition, j'en suis réduit à supposer, à ce
que je suppose que vous avez entendu la dernière
fois, et pour entrer dans le vif, je l'illustre : (Fig.Ia).
Voilà un noeud.
Alors, c'est
le noeud qui se déduit de ce qui n'est pas un noeud car
le noeud
borroméen, contrairement à son nom qui, comme tous les noms,
reflète un sens, il a le sens qui permet dans la chaîne, dans la
chaîne borroméenne, de situer quelque part le sens. I1
est certain que, que si ceci nous
appelons cet élément
(Fig.Ib) de
la chaîne, l'Imaginaire, et cet autre, le Réel, et
celui-là, le
Symbolique, le sens sera là. Nous ne pouvons pas espérer
mieux,
espérer de 1e placer ailleurs, parce que tout ce que nous pensons
(p2->) nous en sommes
réduits à l'imaginer.
Seulement, nous ne pensons pas sans mots, contrairement à ce que des
psychologues ceux de l'école de Wurzburg , ont avancé.
Bon. Comme vous le voyez, je suis un
peu déçu, et j'ai de la peine à démarrer, alors je vais entrer dans le vif,
et dire ce qui peut arriver, ce qui peut arriver à ce qui fait noeud. (Fig.Ia).
Pour ce qui fait noeud , c'est-à-dire au minimum, le noeud à trois
celui dont je me contente puisque c'est le noeud qui se, qui se déduit de ceci
que les trois ronds, les ronds de ficelle, comme autrefois j'avais avancé cette
image, les ronds de ficelle, de l'Imaginaire, du Réel et du Symbolique, ben il
est clair que, qu' ils font noeud ; qu'ils font noeud, c'est à savoir que ils
ne se contentent pas de pouvoir isoler, déterminer un certain nombre de champs
de coincement, d'endroits où si on met le doigt, on se pince. On se pince aussi
dans un noeud. Seulement le noeud est d'une nature différente.
Alors, si vous vous souvenez bien,
naturellement je n'en espère pas autant, si vous vous souvenez bien, j'ai avancé
la dernière fois cette remarque, cette remarque qui ne va pas de soi, qu'il
suffit qu'il y ait une erreur quelque part dans le noeud à trois (Fig.Ia)
:
supposez, par exemple, qu'au lieu de passer au-dessous, ici, ça passe
au-dessus. Ben, ça suffit à faire, bien sûr ça va de soi, parce que chacun sait
qu'il n'y a pas de noeud à deux, il suffit donc
qu'il
y ait une erreur quelque
part,
pour que ceci, je pense que ça vous saute aux yeux se réduise à un seul
rond. Ça ne va pas de soi, parce que si, par exemple, vous prenez le noeud à
cinq, celui-là (Fig.IIa),
comme il y a un noeud à
quatre qui
est bien connu, qui s'appelle le noeud de Listing (FigIIb)
j'ai appelé
celui-là, comme ça,
idée loufoque, le noeud de Lacan. C'est en effet
celui qui convient le mieux, mais je vous dirai ça une autre fois, c'est en
effet celui qui convient le mieux - ouaih c'est absolument sublime - comme
chaque fois qu'on dessine un noeud, on risque de se tromper
(Fig.IIa) Tout à l'heure,
tout à l'heure au moment où je dessinais ces choses
pour vous les présenter, j'ai eu à faire à quelque chose d'analogue , qui a
forcé Gloria à remettre ici une pièce ; ( et comme c'est ? ) quelque chose
d'analogue parce que, en dessinant comme ça, on se trompe.
(p3->) Donc, ce noeud-Ià (Fig.IIa)
si vous vous trompez en un de ces deux points, c'est la même chose que pour le
noeud à trois : le tout se libère. II est manifeste ici que ça ne fait qu'un
rond. Si, par contre, vous vous trompez en un de ces trois points-là, vous
pouvez constater que ça se maintient comme noeud, c'est-à-dire que
ça reste un noeud à trois. Ceci pour vous dire que ça ne va pas de soi
qu'en se trompant en un point d'un noeud, tout le noeud s'évapore, si
je puis m'exprimer ainsi.
Bon, alors, ce que j'ai dit la dernière
fois est ceci, faisant allusion au fait que le symptôme, ce que j'ai appelé
cette année le sinthôme, que le sinthôme est ce qui, dans le borroméen, la chaîne
borroméenne, est ce qui permet dans cette chaîne borroméenne, si nous
n'en faisons plus chaîne, c'est à savoir si, ici (Fig.Ib) , nous faisons ce que
j'ai appelé une erreur, ici et aussi ici, c'est-à-dire du même
coup si le Symbolique se libère, comme je l'ai autrefois bien marqué, nous
avons un moyen de réparer ça, c'est de faire ce que, pour la première fois
j'ai défini comme le sinthôme, à savoir le quelque chose qui permet au
Symbolique, à l'Imaginaire et au Réel, de continuer de tenir ensemble, quoique
là aucun ne tient plus avec l'autre, ceci grâce à deux erreurs. Je
me suis permis de définir comme sinthôme ce qui, non pas permet au noeud, au noeud
à trois, de faire encore noeud à trois, mais ce qu'il conserve, dans une
position telle qu'il ait l'air de faire noeud à trois. Voilà ce que j'ai avancé
tout doucement la dernière fois.
Et, je vous le réévoque incidemment,
j'ai pensé, - faites-en ce que vous voudrez de ma pensée - j'ai
pensé que c'était
là la
clé de ce qui était arrivé à Joyce ; que
Joyce a un symptôme qui part, qui part de ceci que son père était carrent,
radicalement carrent, il ne parle que de ça. J'ai centré la chose autour du
nom, du nom propre, et j'ai pensé que - faites-en ce que vous
voulez de cette pensée - et j'ai pensé que c'est de se vouloir un nom
que Joyce a fait la compensation de la carence paternelle. C'est tout au moins
ce que j'ai dit, parce que je ne pouvais pas dire mieux. J'essaierai d'articuler
ça d'une façon précise mais il est clair que l'art de Joyce est quelque chose
de, de tellement particulier, que le terme sinthôme est bien ce qui lui, ce
qui lui convient.
(p4->)
I1 se trouve que vendredi, à ma présentation
de quelque chose qu'on considère généralement comme un cas, un cas de folie
assurément, un cas de folie qui, qui a commencé par le sinthôme parole imposées.
C'est tout au moins ainsi que le patient articule lui-même ce quelque chose qui
parait tout ce qu'il y a de plus sensé dans l'ordre, dans l'ordre d'une articulation
que je peux dire être
lacanienne. Comment est-ce que nous ne
sentons pas tous que des paroles dont nous dépendons nous sont en quelque sorte
imposées. C'est bien en quoi ce qu'on appelle un malade va quelquefois
plus loin que ce qu'on appelle un homme normal. La question est de savoir pourquoi est-ce qu'un homme normal, dit normal, ne
s'aperçoit pas que la parole est un parasite ; que la parole est un
placage ; que la parole est la forme de cancer dont l'être humain est affligé.
Comment est-ce qu'il y en a qui vont jusqu'à le sentir ? I1 est certain que,
que la-dessus, Joyce nous donne un petit soupçon. Je veux dire que je n'ai
pas parié la dernière fois de sa fille Lucia , puisqu'il a donné à ses
enfants des noms italiens, je n'ai pas parlé de la fille Lucia par, par un
dessein de ne pas donner dans, dans ce qu'on peut appeler la petite histoire.
La fille Lucia vit encore, elle est
dans une maison de santé en Angleterre. Elle est ce qu'on appelle, comme ça,
couramment, une schizophrène. Mais la chose m'a été, lors de ma présentation
de cas, rappelée en ceci que le cas que je présentais avait subi une
aggravation, après avoir eu le sentiment, sentiment que je considère, quant
à moi, comme sensé, le sentiment de paroles qui lui étaient imposées, les
choses se sont aggravées, et qu'il a eu le sentiments, non seulement que des
paroles lui étaient imposées, mais qu'il était affecté de ce qu'il appelait
lui-même télépathie, qui n'était pas ce qu'on appelle couramment de ce
mot, à savoir d'être averti de choses qui arrivent aux autres, mais que par
contre, tout le monde était averti de ce qu'il se formulait lui-même à
part lui, à savoir ses réflexions les plus intimes, et tout à fait spécialement
les réflexions qui venaient en marge des fameuses paroles imposées. Car il
entendait quelque chose : " sale assassinat politique " par exemple
; ce qu'il faisait équivalent à " sale assistanat Politique ". On
voit bien que là
le signifiant se réduit à ce qu'il est, à l'équivoque, à une torsion de
voix. Mais à " sale assistanat " ou à " sale assassinat ",
dit politique, il se disait à lui-même, en réponse, quelque chose à savoir
quelque chose qui (p5->) commençait
par un mais, et qui était sa réflexion à ce sujet. Et
ce
qui le rendait tout à fait affolé, c'était la pensée que ce qui
se
faisait comme réflexion en plus, en plus de ce qu'il considérait
comme des paroles qui lui étaient imposées, c'était cela qui
était
aussi connu de tous les autres. Ilétait donc, comme i1 s'exprime,
télépathe émetteur, autrement dit il n'avait plus de secret
et,
cela-même, c'est cela qui lui a fait commettre une tentative
d'en finir, la vie lui étant de ce fait, de ce fait de n'avoir plus
de
secret, de n'avoir plus rien de réservé, qui lui a fait commettre
ce qu'on appelle une tentative de suicide, qui était aussi bien
ce pourquoi il était là, et ce pourquoi j'avais en somme à m'intéresser à lui.
Ce qui m'a, me pousse aujourd'hui à
vous parler de la fille Lucia, est très exactement ceci - je m'en étais
bien gardé la dernière fois, pou ne pas tomber dans la petite histoire
- C'est
que Joyce, Joyce qui a défendu farouchement sa fille, sa fille ; le schizophrène,
ce qu'on appelle schizophrène, contre la prise des médecins, Joyce n'articulait
qu'une chose, c'est que sa fille était une télépathe. Je veux dire que, dans
les lettres qu'il écrit à son propos il formule qu'elle est beaucoup plus
intelligente que tout le monde, qu'elle l'informe miraculeusement est le mot
sous-entendu de tout ce qu'il arrive à un certain nombre de gens, que
pour elle ces gens n'ont pas de secrets. Est-ce qu'il n'y a pas là quelque chose
de saisissant, non pas du tout que je pense que Luscia fût
effectivement une télépathe, qu'elle sût ce qui arrivait à des gens dont elle
n'avait pas de, sur lesquels elle n'avait pas plus d'informations qu'une autre,
mais que Joyce, lui, attribue cette vertu sur un certain nombre de signes, de
déclarations
que lui, il entendait dune certaine façon, c'est bien le quelque chose où je vois que pour
défendre, si
on peut dire sa fille, il lui attribue quelque chose qui est dans le
prolongement de ce que il appellerai momentanément son propre symptôme,
c'est à savoir, il est difficile dans son cas de ne pas évoquer, de ne pas évoquer
mon propre patient tel que chez lui ça avait commencé, c'est à savoir qu' à
l'endroit de la parole, on ne peut pas dire que quelque chose n'était pas à
Joyce imposé, je veux dire que dans le progrès en quelque sorte continu qu'a
constitué son art, à savoir cette parole, parole qui vient à être écrite,
de la briser, de la démantibuler, de (p6->) faire qu'à la fin ce qui, à le lire,
paraît un progrès continu depuis l'effort qu'il faisait dans ses premiers
essais critiques, puis ensuite, dans le Portrait de 1'Artiste, et enfin, dans
Ulysse pour terminer par Finnegans Wake, il est difficile de ne-pas voir
qu'un certain rapport à la parole lui est de plus en plus imposé, imposé au
point qu'il finit par, par dissoudre le langage même, comme l'a noté fort
bien Philippe Sollers, je vous ai dit ça au début de l'année, imposer au
langage même une sorte de brisure, de décomposition qui fait que il n'y a plus
d'identité phonatoire. Sans doute y a-t-il là une réflexion au
niveau de l'écriture. Je veux dire que c'est par l'intermédiaire de l'écriture
que la parole se décompose en s'imposant, en s'imposant comme telle, à savoir
dans une déformation dont reste ambigu de savoir si c'est de se libérer du
parasite, du parasite parolier dont je parlais tout à l'heure, qu'il s'agit,
ou au contraire de quelque chose qui se laisse envahir par les propriétés d'ordre
essentiellement phonémiques de la parole, par la polyphonie de la parole. Quoiqu'il
en soit , que Joyce articule à propos de Lucia , pour la
défendre,
qu'elle est une télépathe, me parait en raison
de ce malade dont je considérais le cas, la dernière fois que j'ai fait ce qu'on appelle
ma présentation
à Ste Anne, me parait certainement indicatif, indicatif de quelque chose dont
je dirai que Joyce, que Joyce témoigne en ce point même (Fig.IIIa)
qui est le point que j'ai désigné comme étant celui de la
carence du père.
Ce que je voudrais marquer, c'est que
ce que j'appelle, ce que je désigne, que je supporte du sinthôme qui est ici
marqué d'un rond, d'un rond de ficelle (Fig.IIIa),
ce est sensé par moi se
produire à la place même où, disons, le tracé du noeud fait erreur. I1
nous est difficile de ne pas voir que le lapsus est ce sur quoi, en partie, se
fonde la notion de l'Inconscient ; que le mot d'esprit
en soit aussi, il n'est, est à
verser au même compte, si je puis dire, car après tout le mot d'esprit,
il n'est pas impensable qu'il résulte d'un lapsus. C'est tout au moins ainsi
que Freud lui-même l'articule, c'est à savoir que c'est un court-circuit,
que comme il l'avance, c'est une économie au regard d'un plaisir,
une satisfaction ; que ce soit à la place où le noeud rate où il y a
une sorte de lapsus du noeud lui-même est quelque chose qui est bien fait pour
nous retenir que je, moi-même, il m'arrive
(p->7) comme
je l'ai montré ici, de rater à l'occasion, c'est bien ce qui
en
quelque sorte, confirme qu'un noeud, ça se rate, tout aussi bien
que
l'Inconscient est là pour nous montrer que c'est à partir,
c'est
à partir de sa consistance à lui, à l'Inconscient, qu'il y a
des
tas de ratés . Mais si ici se renouvelle la notion de faute, est-ce
que la faute, ce dont la conscience fait le péché, est
de l'ordre du lapsus. L'équivoque du mot est aussi bien ce qui permet
de
le penser, de passer d'un sens à l'autre. Est-ce qu'il y a dans
la
faute, cette faute première dont Joyce nous fait tellement
d'état,
est-ce qu'il y a quelque chose de l'ordre du lapsus ? Ceci,
bien sûr, n'est pas sans évoquer tout un imbroglio. Mais nous en
sommes
là, nous sommes dans le noeud, et du même coup dans l'embrouille.
Ce qu'il y a de remarquable, c'est qu'à vouloir corriger
le
lapsus au point même où il se produit (IIIa),
qu'est-ce que ça
veut
dire qu'il se produise là ? I1 y a équivoque puisque en deux
autres
points, nous avons la conséquence du lapsus qui s'est produit
ailleurs. Le frappant est que, ailleurs, ça n'a pas les mêmes
conséquences.
C'est ce que j'illustre de la façon qu'ici (FigIIId)
j'ai
essayé de dessiner. Vous pouvez, si
vous faites attention,
vous
pouvez voir dune façon dont le noeud répond, vous pouvez voir
que
à réparer par un sinthôme (Fig.IIIa)
au point même où le lapsus
s'est
produit, vous n'obtenez pas le même noeud en mettant le sinthôme
à la place même où s'est produite la faute, ou bien en corrigeant
de même par un sinthôme la chose en les deux autres points ;
car
en corrigeant la chose, le lapsus, dans les deux autres point ; ce
qui est aussi concevable, puisque ce dont il s'agit, c'est de
faire
que quelque chose subsiste, de la primitive structure du
noeud
à trois :
le
quelque chose qui subsiste du fait de I'intervention du sinthôme
est différent quand ça se produit au point même du lapsus, est
différent
de ce qui se produit si, de la même façon, corrigée ( vous corrigez ? ) , dans
les
deux autres points du noeud à trois par un sinthôme.
(p->8) Chose frappante, il y a quelque chose
de commun dans la façon dont se nouent, se nouent les choses : il y a quelque
chose qui se marque à une certaine direction, à une certaine orientation, à
une certaine, disons, dextrogyrie, de la compensation (Fig.III,a,d)
; mais il
n'en reste pas moins clair qu'ici (Fig.IIId),
ce qui résulte la compensation nouée,
de la compensation par le sinthôme, est différente de ce qui se produit ici et
là. La nature de cette différence est ceci, c'est que entre ceci et ceci (Fig.IVa
et IVb) à savoir le
sinthôme et la boucle qui se fait ici, si je puis dire spontanément, est inversible
de ceci à cela, à savoir le
huit,
disons, rouge, et le rond vert est strictement équivalent à l'inverse, vous
n'avez qu'à prendre un noeud de huit, fait ainsi, vous obtiendrez très aisément
l'autre forme. I1 n'y a rien de plus simple. C'est même imaginable, il vous
suffit de concevoir que vous tirez les choses de telle sorte, je parle sur le
rouge, de sorte à faire que le rouge fasse ici un rond. Rien de plus facile que
de voir, de sentir qu'il y a toutes les chances que ce qui est alors d'abord
rond vert deviendra un huit vert. Et à l'usage, vous verrez que c'est un huit
exactement de la même forme, de la même dextrogyrie.
I1 y
a donc strictement équivalence
et il n'est, après ce que j'ai frayé autour du rapport sexuel, il n'est
pas difficile de suggérer que, quand il y a équivalence, c'est bien en cela qu'il
n'y a pas de rapport. Si, pour un instant, nous supposons que ce qu'il
en est de ce qui, dès lors, est un ratage du noeud, du noeud à trois, ce
ratage est strictement équivalent, il n'y a pas besoin de le dire, dans les deux
sexes,
et si ce que nous voyons ici comme équivalent (Fig.IVa
et IVb) est supporté du
fait que, aussi bien dans un sexe que dans l'autre, il y a eu ratage, ratage
du noeud, il est clair que le résultat est ceci, que les deux sexes sont équivalents,
à ceci près, pourtant, que si la faute est réparée à la place même (Fig.IIIa)
les
deux sexes, ici symbolisés par les deux couleurs les deux sexes ne le sont plus
équivalents, car ici vous voyez ce qui correspond à ce que j'ai appelé tout
à l'heure l'équivalence, ce qui y correspond est ceci qui est loin d'être équivalent
: si,
ici, une
couleur peut être remplacée par l'autre, inversement, ici vous le voyez, le
rond vert est, est je puis dire, interne à l'ensemble de ce qui est ici supporté
par le double huit rouge, et qui, ici, se retrouve dans le double huit vert.
Ceux-là, et c'est (p9->) intentionnellement que je l'ai inscrit de cette façon,
c'est pour que vous les reconnaissiez comme tels : ici (Fig.IIIe)
le vert, à ce double huit, est interne, ici, le rouge (Fig.IIIf)
est externe. C'est même là dessus
que j'ai fait travailler notre cher Jacques Alain Miller qui était à ma maison
de campagne, en même temps que je cogitais ceci. Je lui ai, à juste titre,
contrairement à ce que je lui ai dit, je lui ai avancé cette forme (IIIf) en
le priant de découvrir l'équivalence qui aurait pu se produire, mais il est clair
que l'équivalence ne peut pas se produire comme il apparaît de ceci (Fig.IIId)
c'est
que le vert au regard du double huit et du huit rouge est quelque chose qui ne
saurait franchir, si je puis dire, la bande externe de ce double huit rouge.
Il n'y a donc pas au niveau du sinthôme, il n'y a pas équivalence du rapport
du vert et du rouge, pour nous contenter de cette désignation simple. C'est dans
la mesure où il y a sinthôme qu'il n'y a pas équivalence sexuelle,
c'est-à-dire qu'il y a rapport, car il est bien sûr que si nous
disons que le non-rapport relève de l'équivalence, c'est dans la mesure où il
n'y a pas
équivalence que se structure le rapport. Il y a donc à la
fois rapport sexuel et pas rapport, à ceci près que là où il y a rapport,
c'est dans la mesure où il y a sinthôme, c'est-à-dire où comme
je l'ai dit, c'est du sinthôme qu'est supporté l'autre sexe.
Je me suis permis de dire que le sinthôme, c'est très, précisément le
sexe auquel je n'appartiens pas, c'est-à-dire une femme.
Si une femme est un sinthôme pour tout
homme, il est tout à fait clair,
qu'il y a
besoin de trouver un autre nom pour ce qu'il en est de l'homme pour une femme
puisque justement le sinthôme se caractérise de la non équivalence.
On peut dire que l'homme est pour une femme tout ce qui vous plaira, à savoir
une affliction, pire qu'un sinthôme, vous pouvez bien l'articuler comme
il vous convient ; un ravage même, mais s'il n'y a pas d'équivalence,
vous êtes forcés
de spécifier ce qu'il en est du sinthôme. Il n'y a pas d'équivalence, c'est la
seule chose, c'est le seul réduit où se supporte ce qu'on appelle chez le parlêtre,
chez l'être humain, le rapport sexuel. Est-ce que ce n'est pas ce que
nous démontre ce qu'on appelle, c'est un autre usage du terme, la
clinique, c'est le cas de le dire, le lit (souligné par
le scribe).
Quand nous voyons les êtres au lit,
c'est quand même là, pas seulement dans les lits d'hôpital, c'est tout de même
là que nous pouvons nous faire une idée de ce qu'il en est de ce fameux rap-(p10->)port. Ce rapport se lie, c'est le cas de le dire, l-i-e,
cette
fois-ci, ce rapport se lie à quelque chose dont je
ne saurais
avancer, et c'est bien ce qui résulte de tout ce que
j'entends
sur un autre lit, sur le fameux divan où on m'en raconte
à la longue, c'est que le lien , le lien étroit du sinthôme,
c'est ce quelque chose dont il s'agit de situer ce qu'il a à faire
avec le
Réel, avec le Réel de l'Inconscient, si tant
est que l'Inconscient
soit réel. Comment savoir si l'Inconscient est réel
ou imaginaire ?
C'est bien là la question. Il participe d'une équivoque entre
les
deux, mais de quelque chose dans quoi, grâce à Freud,
nous sommes
dès lors engagés, et engagés à titre, à titre de
sinthôme. Je
veux dire que désormais, c'est au sinthôme que nous
avons à faire
dans le rapport lui-même,
tenu par Freud pour naturel, ce qui
ne veut rien dire, le rapport sexuel.
C'est là-dessus que je vous
laisserai aujourd'hui, puisqu' aussi bien il faut bien que je marque d'une
façon
quelconque ma déception de ne pas vous avoir ici rencontrés plus rares.
note: bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire,
ou si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par
avance de m'adresser un émail.
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commentaire revu ce 26 août 2005