J.LACAN                          gaogoa

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XXIII-le SINTHOME

version rue CB                                           note

Séminaire du 9 MARS 1976

     (p1->) Bon, ben me voilà, me voilà réduit à improviser, non pas bien sûr que je n'aie pas travaillé depuis la dernière fois, abondamment, mais comme je ne m'attendais pas forcément à parler puisque, en principe, c'est la grève, me voilà donc réduit à faire ce que quand même j'ai un peu préparé, et même beaucoup, je vais aujourd'hui, j'espérais que vous seriez moins nombreux, comme d'habitude, je vais aujourd'hui vous montrer quelque chose. Ce n'est pas forcément ce que, ce que vous attendez. Ça n'est pas sans rapport. Mais, j'ai emporté, avant de partir, une chose à laquelle je désirais beaucoup penser parce que je l'avais promis à la personne qui n'est pas sans y être un peu intéressée, c'est ceci que je voudrais vous faire connaître, vous rappeler pour ceux qui le savent déjà, que il y a quelqu'un que j'aime beaucoup qui s'appelle Hélène Cixous. Ça s'écrit avec un C au début, ça se termine par un S, ça se prononce Cixous, à l'occasion.

Alors, ladite Hélène Cixous avait fait déjà, parait-il, je l'avais, quant à moi, laissé un peu vague dans mon souvenir, a fait déjà, paraît-il, dans le numéro épuisé de Littérrature, pour me la rappeler, je l'ignorais totalement, j'avais fait Litturaterre, dans ce numéro épuisé, ce qui ne vous rendra pas de, facile de le retrouver, sauf pour ceux qui l'ont déjà, elle avait fait une petite note sur Dora. Alors, depuis, elle en a fait une pièce, Le Portrait de Dora, c'est le titre, une pièce qui se joue au petit Orsay, c'est-à-dire à une annexe du grand Orsay, chacun peut l'imaginer facilement, le grand Orsay étant occupé par Jean-Louis Barrault et Madeleine Renaud.

Alors, ce Portrait de Dora, moi j'ai trouvé ça pas mal. J'ai dit ce que j'en pensais à celle que j'appelle Hélène, depuis le temps que je la connais, je lui ai dit que j'en parlerais. Le Portrait de Dora, il s'agit de la Dora de Freud ; et c'est bien en quoi, enfin, je soupçonne que ça peut intéresser quelques personnes d'aller voir comment c'est réalisé. C'est réalisé d'une façon réelle, je veux dire que la réalité, c'est ce qui, la réa-(p2->)lité des répétitions, par exemple, c'est ce qui, au bout du compte, a dominé les acteurs. Je ne sais pas comment vous apprécierez. Mais, ce qu'il y a de certain, c'est qu'il y a là quelque chose de tout à fait frappant , il s'agit de, de l'hystérie, de l'hystérie de Dora, précisément, et il se trouve que , que c'est pas la meilleure hystérique de la distribution, celle qui est la meilleure hystérique joue un autre rôle ; mais elle ne montre pas du tout ses vertus d'hystérique. Dora, elle-même, enfin, celle qui joue son rôle, ne le montre pas mal, tout au moins, c'est mon sentiment. I1 y a aussi quelqu'un là-dedans qui fait, qui joue le rôle de Freud. Il est, bien entendu, très embêté. Et il est très embêté et, et ça se voit, enfin, il y va précautionneusement; et c'est d'autant moins heureux, du moins pour lui, que il n'est pas un acteur, il s'est dévoué pour ça. Alors, il a tout le temps peur de charger Freud enfin, ça se voit dans son, dans son débit.

Enfin, le mieux que j'ai à vous dire, c'est d'aller le voir. Ce que vous verrez est quelque chose qui quand même se, est marqué de cette précaution du Freud, du Freud acteur. Alors, il en résulte, dans l'ensemble enfin, quelque chose qui, qui est tout à fait curieux enfin de compte. On a là l'hystérie, je pense que ça vous frappera, mais après tout, peut-être apprécierez vous autrement, on a là l'hystérie que je pourrais dire incomplète. Je veux dire que l'hystérie, c'est toujours, enfin depuis Freud, c'est toujours deux. Et là, on la voit en quelque sorte réduite cette hystérie à un état que je , pourrais appeler, c'est pour ça d'ailleurs que, enfin ça ne va pas aller mal avec ce que je vais vous expliquer, à l'état en quelque sorte matériel. Il y manque cet élément qui s'est rajouté depuis quelque temps, et depuis avant Freud enfin de compte, à savoir comment elle doit être comprise. Ça fait quelque chose de très frappant et, et de très instructif. C'est une sorte d'hystérie rigide. Vous allez voir, parce que je vais vous le montrer ce que veut dire en l'occasion le mot rigidité, parce que je m'en vais vous parler d'une chaîne qui est ce que je me trouve avoir avancé devant votre attention, la chaîne, pour l'appeler comme ça, la chaîne borroméenne dont ce n'est pas pour rien qu'on l'appelle noeud, parce que ça glisse vers le noeud. Je vais vous montrer ça tout de suite. Mais, mais (p3->) là ce que vous verrez, c'est une sorte d'implantation de la rigidité devant ce quelque chose dont il n'est pas exclu que le mot chaîne vous le, vous le représentifie, si on peut dire, parce qu'une chaîne c'est rigide quand même. L'ennui, c'est que la chaîne dont il s'agit, ça ne peut se concevoir que très souple . I1 est même important de la considérer comme tout à fait souple. Ça aussi, je vais, je vais vous le montrer. Enfin, je ne vous en dirai pas plus long, donc, sur le Portrait de Dora. J'espère, j'espère quoi, en avoir quelque écho de, des personnes qui, par exemple, viennent me voir. Ça arrive.

    Bon, alors là-dessus, parlons de ce dont il s'agit, de la chaîne, de la chaîne que j'ai été amené à  articuler, voire à décrire, en y conjoignant comme j'y ai été amené le Symbolique, 1'Imaginaire et le Réel. Ce qui est important, c'est le Réel. Après avoir longtemps parlé du Symbolique et de l'Imaginaire, j'ai été amené à, à me demander ce que pouvait être dans cette conjonction le Réel, et le Réel, il est bien entendu que ça ne peut pas être un seul de ces ronds de ficelle. C'est la façon de les, de les présenter dans leur noeud de chaîne qui à elle tout entière fait le Réel du noeud.         


    Alors, je vous demande pardon de m'écarter du micro. Vous devez quand même déjà avoir un peu pigé ce que je, ce dont j'ai essayé de supporter la chaîne borroméenne. Voilà en somme ce que ça donne (Fig.I) : quelque chose qui serait à peu près comme ça. J'étais pas porté à le compléter, mais il est évident que il faut le compléter pour faire sentir ce dont il s'agit. Voilà la chaîne typique.

 

I1 est certain que le fait que je le dessine ainsi (Fig.II) vous avez vu déjà comment ceci peut se transformer pour un rien en quelque chose qui a l'air de bien, de mieux mériter le nom de chaîne, c'est-à-dire de faire entre le bleu par exemple, et le rouge quelque chose - là on ne sait plus comment dire - qui fait chaîne ou qui fait noeud. Parce que c'est quand même ça qui ressemble le plus , j'ai inversé peu importe, qui ressemble le plus à ce qu'on met d'habitude, ce qu'on considère d'habitude comme une chaîne. (Fig.III). Ce qui y a avantage, finalement, à le représenter comme cela (Fig.1V), à savoir à représenter les (p4->) trois ronds d'une façon, en somme, qu'il faut appeler projective, c'est aussi bien ce qu'il faut , ce qui vaut ;    il n'en restera pas moins que, que ce qui sera ainsi présenté (Fig.V) , ça sera, attention, ici, vous voyez bien que nous sommes forcés de mettre les trois ronds d'une façon qui respecte la disposition de ce que j'ai dessiné d'abord.


    Comme on le voit, l'avantage qui résulte de la façon dont je l'ai présenté ainsi, c'est que ça simule la sphère, comme je l'ai fait remarquer à Dali avec qui je me suis entretenu de ça je ne sais plus quand, la différence qu'il y a entre cette chaîne borroméenne et ce qu'on dessine toujours dans une sphère armillaire, quand on la, quand on essaie de la circulariser à trois niveaux, respectivement, qu'on peut appeler transversal, sagittal, horizontal, on n'a jamais vu représenter une sphère armillaire de la façon dont se présente ce noeud, ce noeud borroméen. Alors, cette fausse sphère, cette fausse sphère que j'ai dessinée là, tout à fait sur la droite (Fig.V), il y a une façon de la manipuler, de la manipuler en tant que (Fig.VI) prise au niveau de ce qui en constitue un huitième, ça consiste là ceci, parce que cette sphère est supportée de cercles, il y a une façon de la retourner, de la retourner sur elle-même.

 

   Une sphère, comme telle, c'est difficile de ne pas concevoir que c'est lié à l'idée de tout. I1 est un fait, c'est que le fait qu'on représente une sphère très volontiers par un cercle (Fig.VII), lie l'idée de tout qui ne se supporte que de la sphère, lie l'idée de tout au cercle. Mais, c'est une erreur, et c'est une erreur parce que l'idée de tout implique la fermeture. Si on peut retourner ce tout, l'intérieur devient l'extérieur, et c'est ce qui se produit à partir du moment où nous avons supporté de cercles la chaîne borroméenne, c'est que la chaîne borroméenne peut se retourner. Elle peut se retourner du fait que le cercle, c'est pas du tout ce qu'on croit ce qui symbolise l'idée de tout, mais que dans un cercle il y a un trou. C'est dans la mesure où les êtres sont inertes, c'est-à-dire supportés par un corps qu'on peut, comme on l'a fait, l'initiative de Popilius, dire à quelqu'un " tu ne sortiras pas de là ", parce que j'ai fait un rond autour de toi, tu ne sortiras pas de là avant de m'avoir promis  telle chose.

    (p5->) Nous retrouvons là, en somme, ceci pour quoi j'ai avancé que concernant ce que j'ai appelé du nom de la femme ; elle n'est pas toute, elle n'est pas toute, ceci veut dire que les femmes ne constituent qu'un ensemble. En effet, avec le temps, on est arrivé à dissocier l'idée de tout de l'idée d'ensemble. Je veux dire que on est arrivé à la pensée de ceci qu'un certain nombre d'objets peuvent être supportés de petites lettres, et alors, l'idée de tout se dissocie, à savoir que le cercle sensé dans une représentation tout à fait fragile les rassemblait, 1e cercle est extérieur aux objets a, b, c, etc . . Spécifier que la femme n'est, pas toute implique une dissymétrie, une dissymétrie entre un objet qu'on pourra appeler grand A, et il s'agit de savoir ce que c'est, et un ensemble à un élément, les deux s'il y a couple, étant réunis d'être contenus dans un cercle qui, de ce fait se trouve distinct. (Fig.VIII et IX). Ce qu'on exprime d'habitude selon la forme suivante, ce sont des parenthèses dont on use :  

et qu'on écrit ainsi, il y a un élément d'une part, et, d'autre part, un ensemble à un seul élément. Comme vous le voyez, j'ai fait un bafouillage.

     Alors, il faut que je vous avoue ceci, c'est que après avoir assenti ce que Soury et Thomé m'avaient articulé, c'est à savoir, c'est à savoir qu'une chaîne borroméenne à trois se montre supporter deux objets différents, à condition que les trois ronds qui constituent ladite chaîne soient coloriés et orientés, les deux étant exigibles. Ce qui distingue les deux objets en question, dans un second temps, c'est-à-dire après avoir assenti à ce qu'ils disaient, mais en quelque sorte superficiellement, je me suis trouvé dans la position enfin désagréable de m'être imaginé que de seulement les colorier suffisait à distinguer deux objets. Ceci, parce que je n'avais pas, j'avais consenti tout à fait superficiellement à ce dont ils m'avaient apporté l'affirmation.  

    
    En effet, ça a l'air de se sentir que si nous colorons en (p6->)
rouge un de ces trois ronds, ça n'est quand même pas le même objet (Fig.I), si nous colorons celui-ci en vert et celui-ci en bleu, ou si nous faisons l'inverse. C'est pourtant le même objet si nous retournons la sphère (Fig.IV). Nous obtiendrons très aisément, je vais, mon Dieu, vous le dessiner rapidement, nous obtiendrons très aisément une disposition contraire. C'est à savoir que pour partir de ce qui est là, de ce qui est là pour le représenter ainsi (Fig.X) où une fois de plus se retourne de la façon suivante. I1 est en effet, si nous considérons pas ceci comme rigide, tout à fait plausible de faire du rond rouge la présentation suivante, si ici comme il est également plus que plausible, nous faisons glisser l'anneau de façon à l'amener là où il est tout à fait évident qu'il peut être (Fig.XI), vous obtenez la transformation suivante, et à partir de la transformation suivante, il est tout ce qu'il y a de plausible, de faire glisser ce rond (Fig.XII) d'une façon telle que ce qu'il s'agissait d'obtenir, à savoir que le rond vert soit interne au lieu que ce soit le rond bleu, soit interne au rond rouge, et qu'au contraire, le rond bleu soit externe, ceci peut être obtenu.

 

Les choses, je peux après tout le dire, ne sont pas si aisées à démontrer, la preuve c'est que ce qui est immédiat à simplement penser que les trois ronds peuvent être retournés les uns par rapport aux autres, ce qui est immédiat est obtenu par la manipulation, ne l'est pas obtenu si aisément que ça, la preuve c'est que lesdits Soury et Thomé enfin qui me représentaient à très juste titre cette manipulation ne l'ont faite qu'en s'embrouillant un peu. J'ai essayé de vous représenter là comment cette transformation effectivement peut être dite s'opérer.

  Qu'est-ce qui, en somme, nous arrête ; nous arrête dans l'immédiateté qui est une autre sorte d'évidence, si je puis dire, cette évidence qui concernant le Réel, je fais avec un joke que je supporte de l'évidement. Ce qui résiste à cette évidence évidement, c'est l'apparence nodale que produit ce que j'appellerai le chaî-noeud, en équivoquant sur chaîne et sur noeud ; cette apparence nodale, cette forme de noeud, si je puis dire, est ce qui fait du Réel l'assurance, et je dirai à cette occasion que c'est donc une fallace puisque j'ai parlé d'apparence, c'est une (p7->) fallace qui témoigne de ce qui est le Réel ; il y a différence de la pseudo-évidence puisque dans ma connerie j'ai tenu d'abord pour évidence qu'il ne pouvait y avoir deux objets à seulement colorier les cercles, qu'est-ce que veut dire qu'en somme cette série d'artifices, je vous l'ai démontrée ; c'est là que se montre la différence entre le montrer et le démontrer. Il y a, en quelque sorte une idée de déchéance dans le démontrer par rapport au montrer. I1 y a un choir du montrer. Tout le bla-bla à partir de l'évidence ne fait que réaliser l'évidement, à condition de le faire significativement. Le more geometrico qui a été pendant longtemps le support idéal de la démonstration repose sur la fallace d'une évidence formelle, et ceci est tout à fait de nature à nous rappeler que géométriquement une ligne n'est que le recoupement de deux surfaces, deux surfaces qui sont elles-mêmes taillées dans un solide. Mais, c'est un autre support que nous fournit l'anneau, le cercle quelqu'il soit, à condition qu'il soit souple, c'est une autre géométrie qui est à fonder sur la chaîne. I1 est certain que je reste excessivement frappé de mon erreur que j'ai à juste titre appelée connerie, que j'en ai été affecté à un point qu'on peut difficilement imaginer. C'est bien parce que je veux m'en requinquer que je vais maintenant opposer à ce que je crois être, telle qu'ils me l'ont exprimée, l' opinion de Soury et Thomé qui m'ont fait la remarque que il ne s'agit pas seulement que les trois cercles soient les uns colorés, les autres orientés ou un autre orienté, ici je formule, et je crois pouvoir le démontrer, au sens où démontrer est encore proche du montrer, ce dont il s'agit, Soury et Thomé ont procédé par une exhaustion combinatoire de trois coloriages et de trois orientations colloquées sur chacun des cercles, ils ont cru devoir procéder à cette exhaustion pour démontrer qu'il y a deux chaînes borroméenne différentes. Je crois pouvoir ici m'opposer, m'opposer en ceci que ressort de la façon, de la façon dont je représente cette chaîne, de la façon dont je représente la chaîne borroméenne (Fig. XIII) :

Pour maintenir les mêmes couleurs qui sont celles dont je me suis servi, voici comment je représente, voici comment je représente habituellement ce que vous aviez vu là (Fig.I). Je le représente en ceci différemment de ce que j'y fais jouer deux (p8->) droites infinies . Là, l'usage de ces deux droites infinies comme opposées au cercle qui les conjoint, suffit à nous permettre de démontrer qu'il y a deux objets différents dans la chaîne, qu'il y a deux objets différents dans la chaîne à cette condition qu'un couple soit colorié et le troisième orienté. Si j'ai parlé de droites infinies, c'est que la droite infinie dont avec prudence Soury et Thomé ne font pas usage, la droite infinie est un équivalent du cercle, est un équivalent du cercle, au moins pour ce qui est de la chaîne. C'est un équivalent dont le point dont un point est à l'infini. Ce qui est exigible de deux droites infinies, c'est qu'elles soient concentriques, je veux dire qu'entre elles, elles ne fassent pas chaîne, ce qui est le point que depuis longtemps avait mis en valeur Desargues, mais sans préciser ce dernier point, c'est à savoir que les droites dont il s'agit, droites dites infinies doivent ne pas s'enchaîner, puisque rien n'est précisé dans ce qu'a formulé Desargues, et que j'ai évoqué en son temps à mon séminaire, rien n'est précisé sur ce qu'il en est de ce point dit à l'infini.

Nous voyons alors le fait suivant : orientons le rond dont nous disons qu'il n'a pas besoin d'être dit dune couleur, c'est évidemment déjà l'isoler, et à titre de ceci qu'il n'est pas dit d'être dune couleur, c'est en faire déjà quelque chose de différent. Néanmoins, il n'est pas indifférent de dire que les trois doivent être orientés. Si vous procédez à partir de cette orientation, cette orientation qui, de là où nous la voyons, est dextrogyre, il ne faut pas croire qu'une orientation, ce soit quelque chose qui se maintienne en tout cas, la preuve, la preuve est facile à donner, c'est à savoir qu'à retourner, et retourner impliquera l'inversion (Fig.XIV) des droites infinies, à retourner le rond , le rond rouge aura à partir du retournement une orientation exactement inverse.

 

J'ai dit que un seul suffit à être orienté, ceci est d'autant plus concevable qu'à faire les droites infinies à partir de quoi donnerions-nous orientation aux dites droites ; le second objet est tout à fait possible à mettre en évidence à partir de ceci que j'ai, qui était au principe de mon illusion sur le coloriage à partir de ceci (Fig.XV) qu'à rendre le premier, en inversant les couleurs, à prendre le premier de ce due j'ai dessiné là, à (p9->) savoir en mettant ici la couleur verte, et ici, la couleur bleue, on obtient un objet incontestablement différent, à condition de laisser l'orientation de celui-ci qui est orienté, de la laisser la même, pourquoi en effet changerais-je l'orientation, l'orientation n'a pas de raison d'être changée, si j'ai changé le couple des couleurs. Comment reconnaîtrais-je la non-identité, la non-identité de l'objet total si je change l'orientation, et même si vous le retourner, vous vous apercevrez que cet objet est bel et biens différent, car ce qu'il s'agit de comparer, c'est l'objet constitué par ceci, à savoir en le faisant tourner par ici, le comparer avec cet objet qui est là, et en somme, nous apercevoir que, ici, c'est l'orientation, l'orientation maintenue de cet objet, l'orientation maintenue qui s'oppose, qui différencie ce triple de ce en quoi il peut être dit avoir la même présentation.

Ceci nous permet de distinguer la différence de ce que j'ai appelé tout à l'heure le Réel comme marqué de fallace, de ce qu'il en est du vrai. N'est vrai que ce qui a un sens. Quelle est la relation du Réel au vrai. Le vrai sur le Réel, c'est que le Réel, le Réel du couple n'a aucun sens. Ceci joue sur l'équivoque du mot sens . Quel est le rapport du sens à ce qui, ici, s'écrit comme orientation ? On peut poser la question, et on peut suggérer une réponse, c'est à savoir que c'est le temps. L'important, est ceci, c'est que nous faisons jouer dans l'occasion un couple dit colorié, et que ceci n`a aucun sens. L'apparence de la couleur est-elle, est-elle de la vision au sens où je l'ai distingué, ou du regard ? Est-ce le regard ou 1a vision qui distingue la couleur ? C'est une question qui pour aujourd'hui je laisserai en suspens. La notion de couple , de couple colorié, est là pour suggérer que dans le sexe, il n'y a rien de plus que, je dirai, l'être de la couleur ; ce qui suggère en soi qu'il peut y avoir homme couleur de femme, dirai-je, ou femme couleur d'homme. Les sexes en l'occasion, si nous supportons du rond rouge ce qu'il en est du Symbolique, les sexes en l'occasion sont opposés, comme l'Imaginaire et le Réel, comme l'idée et l'Impossible pour reprendre mes termes. Mais est-il biens sûr que toujours ce soit le Réel qui soit en cause ? J'ai avancé que dans le cas de Joyce, c'est l'idée et le sinthome, plutôt comme je l'appelle. D'où l'éclairage qui en résulte de ce qu'est une femme : pas-toute ici, de n'être pas saisie, de rester à Joyce nommément étrangère, de n'avoir pas de sens pour (p10->) lui. Une femme, au reste, a-t-elle jamais un sens pour l'homme ? L'homme est porteur de l'idée de signifiant, et l'idée de signifiant se supporte dans la langue de la syntaxe, essentiellement ; il n'en reste pas moins que si quelque chose, dans l'Histoire, peut être supposé, c' est que c' est l' ensemble des femmes qui devant une langue qui se décompose, le latin dans l'occasion, puisque c'est de cela qu'il s'agissait à l'origine de nos langues, que c'est l'ensemble des femmes qui engendrent ce que j'ai appelé lalangue. C'est se dire interrogé sur ce qu'il en est de lalangue, sur ce qui a pu guider, guider un sexe sur les deux vers ce que j'appellerai cette prothèse de l'équivoque, car ce qui caractérise lalangue parmi tout   (?)  , ce sont les équivoques qui y sont possibles. C'est ce que j'ai illustré de l'équivoque de deux ( d-e-u-x ) avec d'eux ( d  apostrophe, e-u-x ). Un ensemble de femmes a engendré dans chaque cas lalangue. Là-dessus, je veux quand même vous indiquer quelque chose ; c' est que nous avons parlé de bien des choses aujourd'hui, sauf de ce qui fait la propre de la chaîne borroméenne. La chaîne borroméenne n'aurait pas lieu s'il n'y avait pas (Fig. XVI) ceci que je dessine ( et que comme d'habitude, je dessine mal ) - parce que c'est comme ça que ça doit être dessiné - qui en est le propre, et qui est ce que j'appellerai le faux-trou.

Dans un cercle, ai-je souligné tout à l'heure, il y a un trou. Qu'on puisse avec un cercle, en y adjoignant un autre, faire ce trou qui consiste dans ce qui passe là, au milieu, et qui n'est ni le trou de l'un, ni le trou de l'autre, c'est ça que j'appelle le faux-trou. Mais il y a ceci sur quoi repose toute l'essence de la chaîne borroméenne, c'est que droite infinie ou cercle, s'il y a quelque chose qui traverse ce que j'ai appelé à l'instant le faux-trou, s'il y a quelque chose, je le répète, droite ou cercle, ce faux-trou est, si l'on peut dire, vérifié. La fonction de ceci, la vérification du faux-trou, le fait que cette vérification le transforme en Réel, c'est là, et je me permets en cette occasion de rappeler que j'ai eu l'occasion de relire ma " Signification du Phallus ", j'y ai eu la bonne surprise de trouver dès les premières lignes l'évocation du noeud, ceci, à une date où j'étais bien loin d'avoir, de m'être intéressé à ce qu'on appelle le noeud borroméen. Les premières lignes de la " Signification du Phallus " indiquent le noeud comme étant ce qui est du ressort en l' occasion. C' est ce phallus qui a ce (p11->) rô1e de vérifier du faux-trou qu'il est Réel. C'est en tant que le sinthome fait un faux-trou avec le Symbolique, qu'il y a une praxis quelconque, c'est-à-dire quelque chose qui relève du dire de ce j'appellerai aussi bien à l'occasion l'art-dire, voire, pour glisser vers l'ardeur. Joyce, pour terminer, ne savait pas qu'il faisait le sinthome, je veux dire, qu'il le simulait, il en était inconscient, et c'est de ce fait qu'il est un pur artificier, qu'il est un homme de savoir-faire, c'est-à-dire ce qu'on appelle aussi bien un artiste. Le seul Réel qui vérifie quoique ce soit c'est le phallus, en tant que j'ai dit tout à l'heure de quoi le phallus est le support, à savoir de ce que je souligne dans cet article, à savoir de la fonction du signifiant, en tant qu'elle crée tout signifié. Encore faut-il, ajouterai-je, pour le reprendre la prochaine fois, encore faut-il qu'il n'y ait que lui pour 1e vérifier, ce Réel.

 

 

 

note: bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire, ou si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un émail. Haut de Page 
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vu le 27 aôut 2005