J.LACAN gaogoa
XXIII-le SINTHOME
version rue CB note
Séminaire du 9 MARS 1976
(p1->) Bon, ben me voilà, me voilà réduit à improviser, non pas bien sûr
que je n'aie pas travaillé depuis la dernière fois, abondamment, mais comme
je ne m'attendais pas forcément à parler puisque, en principe, c'est la grève,
me voilà donc réduit
à faire ce que quand même j'ai un peu préparé, et même beaucoup, je vais
aujourd'hui, j'espérais que vous seriez moins nombreux, comme d'habitude, je
vais aujourd'hui vous montrer quelque chose. Ce n'est pas forcément ce que, ce
que vous attendez. Ça n'est pas sans rapport. Mais, j'ai emporté, avant
de partir, une chose à laquelle je désirais
beaucoup penser parce que je l'avais promis à la personne qui n'est pas sans
y
être un peu intéressée, c'est ceci que je voudrais vous faire connaître, vous
rappeler pour ceux qui le savent déjà, que il y a quelqu'un que j'aime
beaucoup qui s'appelle Hélène Cixous. Ça s'écrit avec
un C au début, ça
se termine par un S, ça se prononce Cixous, à l'occasion.
Alors,
ladite Hélène Cixous avait fait déjà, parait-il, je l'avais, quant à
moi, laissé un peu vague dans mon souvenir, a fait déjà, paraît-il,
dans le numéro épuisé de Littérrature, pour me la rappeler, je l'ignorais
totalement, j'avais fait Litturaterre, dans ce numéro épuisé, ce qui ne vous
rendra pas de, facile de le retrouver, sauf pour ceux qui l'ont déjà, elle
avait fait une petite note sur Dora. Alors, depuis, elle en a fait une pièce,
Le Portrait de Dora, c'est le titre, une pièce qui se joue au petit Orsay,
c'est-à-dire à une annexe du grand Orsay, chacun peut l'imaginer
facilement, le grand Orsay étant occupé par Jean-Louis Barrault et Madeleine
Renaud.
Alors,
ce Portrait de Dora, moi j'ai trouvé ça pas mal. J'ai dit ce que j'en pensais
à celle que j'appelle Hélène, depuis le temps que je la connais, je lui ai dit
que j'en parlerais. Le Portrait de Dora, il s'agit de la Dora de Freud ; et c'est
bien en quoi, enfin, je soupçonne que ça peut intéresser quelques personnes
d'aller voir comment c'est réalisé. C'est réalisé d'une façon réelle, je
veux dire que la réalité, c'est ce qui, la réa-(p2->)lité
des répétitions, par exemple, c'est ce qui, au bout du compte, a dominé les
acteurs. Je ne sais pas comment vous apprécierez. Mais, ce qu'il y a de
certain, c'est qu'il y a là quelque chose de tout à fait frappant , il s'agit
de, de l'hystérie, de l'hystérie de Dora, précisément, et il se trouve que ,
que c'est pas la meilleure hystérique de la distribution, celle qui est la
meilleure hystérique joue un autre rôle ; mais elle ne montre pas du tout ses
vertus d'hystérique. Dora, elle-même, enfin, celle qui joue son rôle,
ne le montre pas mal, tout au moins, c'est mon sentiment. I1 y a aussi
quelqu'un là-dedans qui fait, qui joue le rôle de Freud. Il est, bien
entendu, très embêté. Et il est très embêté et, et ça se voit, enfin, il y
va précautionneusement; et c'est d'autant moins heureux, du moins pour lui, que
il n'est pas un acteur, il s'est dévoué pour ça. Alors, il a tout le temps
peur de charger Freud enfin, ça se voit dans son, dans son débit.
Enfin,
le mieux que j'ai à vous dire, c'est d'aller le voir. Ce que vous verrez est
quelque chose qui quand même se, est marqué de cette précaution du Freud, du
Freud acteur. Alors, il en résulte, dans l'ensemble enfin, quelque chose qui,
qui est tout à fait curieux enfin de compte. On a là l'hystérie, je pense que
ça vous frappera, mais après tout, peut-être apprécierez vous
autrement, on a là l'hystérie que je pourrais dire incomplète. Je veux dire
que l'hystérie, c'est toujours, enfin depuis Freud, c'est toujours deux. Et là,
on la voit en quelque sorte réduite cette hystérie à un état que je , pourrais
appeler, c'est pour ça d'ailleurs que, enfin ça ne va pas aller mal avec ce
que je vais vous expliquer, à l'état en quelque sorte matériel. Il y manque
cet élément qui s'est rajouté depuis quelque temps, et depuis avant Freud
enfin de compte, à savoir comment elle doit être comprise. Ça fait quelque
chose de très frappant et, et de très instructif. C'est une sorte d'hystérie
rigide. Vous allez voir, parce que je vais vous le montrer ce que veut dire en
l'occasion le mot rigidité, parce que je m'en vais vous parler
d'une chaîne qui
est ce que je me trouve avoir avancé devant votre attention, la chaîne, pour
l'appeler comme ça, la chaîne borroméenne dont ce n'est pas
pour rien qu'on l'appelle noeud, parce que ça glisse vers le noeud.
Je vais vous montrer ça
tout de suite. Mais, mais
Bon,
alors là-dessus, parlons de ce dont il s'agit, de la chaîne,
de la chaîne que j'ai été amené à articuler, voire à
Alors, je vous demande pardon de m'écarter du micro. Vous devez quand même déjà avoir
un peu pigé ce que je, ce dont j'ai essayé de supporter la chaîne borroméenne.
Voilà en somme ce que ça donne (Fig.I)
: quelque chose qui serait à peu près
comme ça. J'étais pas porté à le compléter, mais il est évident que il faut
le compléter pour faire sentir ce dont il s'agit. Voilà la chaîne typique.
I1
est certain que le fait que je le dessine ainsi (Fig.II) vous avez vu déjà
comment ceci peut se transformer pour un rien en quelque chose qui a l'air de
bien, de mieux mériter le nom de chaîne, c'est-à-dire de faire
entre le bleu par exemple, et le rouge quelque chose - là on ne sait plus
comment dire - qui fait chaîne ou qui fait noeud. Parce que c'est quand même
ça qui ressemble le plus , j'ai inversé peu importe, qui ressemble le plus à
ce qu'on met d'habitude, ce qu'on considère d'habitude comme une chaîne. (Fig.III). Ce qui y a avantage, finalement, à le représenter
comme cela (Fig.1V), à savoir à représenter les
Comme
on le voit, l'avantage qui résulte de la façon dont je l'ai présenté ainsi,
c'est que ça simule la sphère, comme je l'ai fait remarquer à Dali avec qui
je me suis entretenu de ça je ne sais plus quand, la différence qu'il y a
entre cette chaîne borroméenne et ce qu'on dessine toujours dans une sphère
armillaire, quand on la, quand on essaie de la circulariser à trois niveaux,
respectivement, qu'on peut appeler transversal, sagittal, horizontal, on n'a
jamais vu représenter une sphère armillaire de la façon dont se présente ce
noeud, ce noeud borroméen. Alors, cette fausse sphère, cette fausse sphère
que j'ai dessinée là, tout à fait sur la droite (Fig.V), il y a une façon de
la manipuler, de la manipuler en tant que (Fig.VI) prise au niveau de ce
qui en constitue un huitième, ça consiste là ceci, parce que cette sphère
est supportée de cercles, il y a une façon de la retourner, de la retourner
sur elle-même.
Une
sphère, comme telle, c'est difficile de ne pas concevoir que c'est
lié à l'idée
de tout. I1 est un fait, c'est que le fait qu'on représente une sphère très
volontiers par un cercle (Fig.VII),
lie l'idée de tout qui ne se supporte que
de la sphère, lie l'idée de tout au cercle. Mais, c'est une erreur, et c'est
une erreur parce que l'idée de tout implique la fermeture. Si on peut
retourner ce tout, l'intérieur devient l'extérieur, et c'est ce qui se produit
à partir du moment où nous avons supporté de cercles la chaîne borroméenne,
c'est que la chaîne borroméenne peut se retourner. Elle peut se retourner du
fait que le cercle, c'est pas du tout ce qu'on croit ce qui symbolise l'idée
de tout, mais que dans un cercle il y a un trou. C'est dans la mesure où
les êtres sont inertes, c'est-à-dire supportés
par un corps qu'on peut, comme on l'a fait, l'initiative de Popilius, dire à
quelqu'un " tu ne sortiras pas de là ", parce que j'ai fait un rond
autour de toi, tu ne sortiras pas de
(p5->)
Nous
retrouvons là, en somme, ceci pour quoi j'ai avancé que concernant ce que
j'ai appelé du nom de la femme ; elle n'est pas toute, elle
n'est pas toute,
ceci veut dire que les femmes ne constituent qu'un ensemble.
En effet, avec le temps, on est arrivé à dissocier l'idée de tout de l'idée d'ensemble.
Je veux dire que on est arrivé à la pensée de ceci qu'un certain nombre d'objets
peuvent être supportés de petites lettres, et alors,
et qu'on écrit ainsi, il
y a un élément d'une part, et, d'autre part, un ensemble à un seul élément.
Comme vous le voyez, j'ai fait un bafouillage.
Alors, il faut que je vous avoue ceci, c'est que après
En effet, ça a l'air de se sentir que si nous colorons en
Les
choses, je peux après tout le dire, ne sont pas si aisées à démontrer,
la preuve c'est que ce qui est immédiat à simplement penser que les trois ronds peuvent être retournés les uns par rapport aux autres, ce qui est immédiat
est obtenu par la manipulation, ne l'est pas obtenu si aisément que ça, la
preuve c'est que lesdits Soury et Thomé enfin qui me représentaient à très
juste titre cette manipulation ne l'ont faite qu'en s'embrouillant un peu. J'ai
essayé de vous représenter là comment cette transformation effectivement peut être dite s'opérer.
Pour maintenir les mêmes couleurs qui sont celles dont je
me suis servi, voici comment je représente, voici comment je représente
habituellement ce que vous aviez vu là (Fig.I). Je le représente en ceci différemment
de ce que j'y fais jouer deux
Nous
voyons alors le fait suivant : orientons le rond dont nous disons qu'il n'a pas
besoin d'être dit dune couleur, c'est évidemment déjà l'isoler, et à titre
de ceci qu'il n'est pas dit d'être dune couleur, c'est en faire déjà quelque
chose de différent. Néanmoins, il n'est pas indifférent de dire que les
trois doivent être orientés. Si vous procédez à partir de cette
orientation, cette orientation qui, de là où nous la voyons, est dextrogyre,
il ne faut pas croire qu'une orientation, ce soit quelque
chose qui se maintienne en tout cas, la preuve, la preuve est facile à donner, c'est à savoir
qu'à retourner, et retourner impliquera l'inversion (Fig.XIV)
des droites infinies, à retourner le rond , le rond rouge aura à partir du
retournement une orientation exactement inverse.
J'ai
dit que un seul suffit à être orienté, ceci est d'autant plus concevable qu'à
faire les droites infinies à partir de quoi donnerions-nous orientation
aux dites droites ; le second objet est tout à fait possible à mettre en évidence
à partir de ceci que j'ai, qui était au principe de mon illusion sur le
coloriage à partir de ceci (Fig.XV)
qu'à
rendre le premier, en inversant les
couleurs, à prendre le premier de ce due j'ai dessiné là, à
Ceci
nous permet de distinguer la différence de ce que j'ai appelé tout à
l'heure le Réel comme marqué de fallace, de ce qu'il
en est
du vrai. N'est
vrai que ce qui a un sens. Quelle est la relation du Réel au vrai. Le
vrai sur le Réel, c'est que le Réel, le Réel du couple n'a aucun sens.
Ceci joue sur l'équivoque
du mot sens . Quel est le rapport du sens à ce qui, ici, s'écrit comme
orientation ? On peut poser la question, et on peut suggérer une réponse,
c'est à savoir que c'est le temps. L'important, est ceci, c'est
que nous faisons jouer dans l'occasion un couple dit colorié, et que ceci n`a
aucun sens. L'apparence de la couleur est-elle, est-elle de la vision au sens
où je l'ai
distingué, ou du regard ? Est-ce le regard ou 1a vision
qui distingue la couleur ? C'est une question qui pour aujourd'hui je
laisserai en suspens. La notion de couple , de couple colorié, est là pour
suggérer que dans le sexe, il n'y a rien de plus que, je dirai, l'être de la
couleur ; ce qui suggère en soi qu'il peut y avoir homme
couleur de femme, dirai-je, ou femme couleur d'homme. Les sexes en l'occasion,
si nous supportons du rond rouge ce qu'il en est du Symbolique, les
sexes en l'occasion sont opposés, comme l'Imaginaire
et le Réel, comme l'idée et l'Impossible pour
reprendre mes termes. Mais est-il biens sûr que toujours ce soit le Réel
qui soit en cause ? J'ai avancé que dans le cas de Joyce, c'est l'idée et le
sinthome, plutôt comme je l'appelle. D'où l'éclairage qui en résulte
de ce qu'est une femme : pas-toute ici, de n'être pas saisie, de rester à
Joyce nommément étrangère, de n'avoir pas de sens pour
Dans
un cercle, ai-je souligné tout à l'heure, il y a un trou. Qu'on
puisse avec un cercle, en y adjoignant un autre, faire ce trou qui consiste dans
ce qui passe là, au milieu, et qui n'est ni le trou de l'un, ni le trou de l'autre,
c'est ça que j'appelle le faux-trou. Mais il y a ceci sur quoi repose
toute l'essence de la chaîne borroméenne, c'est que droite infinie ou cercle,
s'il y a quelque chose qui traverse ce que j'ai appelé à l'instant le
faux-trou, s'il y a quelque chose, je le répète, droite ou cercle, ce
faux-trou est, si l'on peut dire, vérifié. La fonction de ceci, la vérification
du faux-trou, le fait que cette vérification le transforme en Réel, c'est là,
et je me permets en cette occasion de rappeler que j'ai eu l'occasion de
relire ma " Signification du Phallus ", j'y ai eu la bonne surprise
de trouver dès les premières lignes l'évocation du noeud, ceci, à une date où
j'étais bien loin d'avoir, de m'être intéressé à ce qu'on appelle le noeud
borroméen. Les premières lignes de la " Signification du Phallus "
indiquent le noeud comme étant ce qui est du ressort en l' occasion. C' est ce
phallus qui a ce
note: bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire,
ou si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par
avance de m'adresser un émail.
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commentaire vu le 27 aôut 2005