J.LACAN                         gaogoa

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XXII- R.S.I    1974-1975
      
version rue CB                               note

8 avril 1975

 

 

    (p136->) Voilà. Je suis frappé de, je suis frappé d'une chose, c'est j'ai cherché pourtant, j'ai cherché des traces, des traces quelque part, dans ce que j'appelle cogitation, la cogitation de qui , je  le dirai tout à l'heure, la cogitation reste engluée d'un Imaginaire qui est, comme je l'ai, disons, suggéré, depuis longtemps, Imaginaire du corps ; ce qui se cogite, il ne faut pas croire que je mette l'accent sur le Symbolique, ce qui se cogite est, en quelque sorte, retenu par l'Imaginaire comme enraciné dans le corps eh bien, il me frappe de n'avoir, de ne pouvoir dans la littérature, la littérature qui, qui n'est pas seulement philosophique, la philosophique ne se distingue d'ailleurs en rien de, de l'artistique, de la littéraire, je vais mettre l'accent là-dessus, progressivement, n'est-ce pas, et pour abattre mes cartes tout de suite, je vais annoncer quelque chose que je reprendrai tout à l'heure.

    On n'imagine pas, c'est le cas de le dire, parce qu'il faut un petit recul, on n'imagine pas à quel point l'Imaginaire est engluant, et d'un engluement que je vais tout de suite, enfin, désigner, n'est-ce pas : celui de la sphère et de la croix. C'est formidable !  Je me suis, enfin pourquoi ne pas le dire, je me suis baladé dans Joyce, parce que on m'a sollicité comme ça de prendre la parole pour un Congrès Joyce qui doit avoir lieu en juin. Je ne peux pas dire c'est pas imaginable, ce n'est que trop imaginable. C'est pas Joyce qui est le responsable d'être englué comme ça dans la sphère et la croix. On peut dire que c'est parce que il a lu beaucoup St Thomas parce que c'était ça l'enseignement chez les Jésuites où il a fait sa formation. Mais c'est pas dû seulement à ça, vous êtes tous aussi englués dans, dans la sphère et dans la croix. Elle est là sur la petite page un (Fig.I), un cercle, section de sphère, et puis à l'intérieur, la croix (Fig-I-1) En plus, ça fait le signe plus. Vous pouvez pas savoir jusqu'où vous êtes retenus dans ce cercle et dans ce signe plus.

(p137->) Il peut arriver, n'est-ce pas, que par hasard un artiste qui qui plaque quelque chose en plâtre sur un mur, fasse quelque chose qui, par hasard, ressemble à ça (Fig.I-3). Mais personne ne s'aperçoit que ça, c'est déjà le noeud borroméen.

    Essayez comme ça de vous y mettre. Quand vous voyez ça comme ça, qu'est-ce que vous en faites imaginairement ? Vous en faites deux choses qui se crochent, ce qui revient à les plier (Fig.I-2) ce A et ce B, à les plier de cette façon-là. Moyennant quoi, le cercle, le rond, le cycle, je reviendrai tout à l'heure sur ce que ça veut dire, n'a plus qu'à glisser sur ce qui est ainsi noué.

     Il n'est pas, si je puis dire, naturel, qu'est-ce que ça veut dire naturel  dès qu'on s'approche, enfin, ça disparaît, mais enfin, naturel à votre imagination, il n'est pas naturel de faire exactement le contraire, c'est-à-dire, le cercle, le cycle, de le distordre ainsi (Fig.I-4), ce qui semblerait s'imposer tout  autant, enfin, si de A et de B, on fait un usage, un usage simplement différent. C'est un fait ça. C'est un fait dont le moins qu'on puisse dire est, est qu'il est curieux que je m'intéresse au noeud borroméen parce que, parce que dites-vous bien que le noeud borroméen, c'est pas forcément ce que je vous ai dessiné cent fois, enfin n'est-ce pas. Ça, c'est un noeud borroméen aussi (Fig.II-1), tout aussi valable que celui sous la forme sous laquelle je le mets à plat d'habitude. C'est un vrai noeud borroméen. Je veux dire ça. 

    Regardez-y de près. J'ai déjà dit enfin que si j'ai été un jour, comme ça, saisi par le noeud borroméen, c'est tout à fait lié à cet ordre d'évènement, ou d'avènement, comme vous voudrez, qui s'appelle le discours analytique, et en tant que je l'ai défini comme lien social de nos jours émergeant. Ce discours a une valeur historique à repérer. C'est vrai que ma voix est faible pour le soutenir, mais c'est peut-être tant mieux, parce que si elle était plus forte, ben j'aurais peut-être en somme moins de chance de subsister, je veux dire que il me paraît difficile par toute l'histoire, comme ça, que les liens sociaux jusqu'ici prévalents ne fassent pas taire toute voix faite pour soutenir un autre discours émergeant. C'est ce qu'on a toujours vu jusqu'ici, et ça

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(p143->) n'est pas parce que, c'est pas parce qu'il n'y a plus d'inquisition qu'il faut croire que les liens sociaux que j'ai définis, le discours du maître, le discours universitaire, voire le discours hystérico-diabolique n'étoufferaient pas, si je puis dire, ce que je pourrais avoir de voix. Ceci-dit enfin, moi là-dedans, je suis sujet. Je suis pris dans cette affaire, comme ça, parce que je me suis mis à ex-sister comme analyste. Ça ne veut pas dire du tout que je me crois une mission de vérité. I1 y a eu des gens comme ça, enfin, dans le passé, de tombés sur la tête. Pas de mission de vérité, parce que la vérité, j'y insiste, ça ne peut pas se dire, ça ne peut que se mi-dire. Alors, réjouissons-nous que ma voix soit basse.

     Dans toute philosophie jusqu'à présent comme ça, il y a la philosophie, la bonne hein, la courante, et puis, de temps en temps, il y a des dingues qui, justement, qui se croient une mission de vérité. L'ensemble est simplement bouffonnerie ! Mais que je le dise n'a aucune importance. Heureusement pour moi, on ne me croit pas ! Parce qu'en fin de compte, croyez-le, pour l'instant, la bonne domine, la bonne philosophie. Elle est bien toujours là.

    J'ai été faire comme ça une petite visite pendant ces vacances histoire de lui faire un petit signe, avant que nous nous dissolvions tous deux, au nommé Heidegger, je l'aime beaucoup. Enfin, il est encore très vaillant. I1 a quand même ceci que, qu'il essaie d'en sortir. Il y a quelque chose en lui comme un, comme un pressentiment de la " sychanalysse " ; comme disait Aragon. Mais ce n'est qu'un, ce n'est qu'un pressentiment parce que, Freud . . enfin il ne sait pas où donner de la tête quand il . . . ça l'intéresse pas. Pourtant quelque chose, par lui, par Freud, a émergé n'est-ce pas.

    Oui ! dont je tire les conséquences, à peser ça dans ces effets qui ne sont pas rien. Mais ça suppose, ça supposerait que que le psychanalyste ex-siste, ex-siste un tout petit peu plus, enfin. Il a quand même commencé ! C'est déjà ça, hein, commencé d'ex-sister là, tel que je l'écris. Mais comment faire, comment faire pour que ce noeud auquel je suis arrivé là, non bien sûr sans me prendre les pattes, tout autant que vous, comment faire pour, pour qu'il le serre ce noeud au point que le parle-être (p144->) comme je l'appelle, ne croit plus, ne croit plus quoi ? Qu'or (?) l'être de parler, il croit à l'être, hein ! C'est grossier de dire que c'est uniquement parce qu'il y a le verbe être. Non, c'est pour ça que j'ai dit l'être de parler. Il croit que parce qu'il parle, ben, c'est là qu'est le salut. C'est une erre. Et même je dirai un trait-unaire. Oui ! C'est grâce à ça que ce que j'appellerai un décodage orienté a prévalu dans ce qu'on appelle la pensée, pensée qu'on dit humaine, comme ça, je me laisse aller comme ça, la mouche me pique de temps en temps, et cette erre je dirai que elle mériterait plutôt d'être épinglée du mot trans-humant, sa prétendue  humanité ne tenant qu'à, qu'à une naturalité de transit comme ça ; et en plus, qui postule la transcendance.

    Mon succès, si je puis dire, qui n'a bien sûr aucune connotation de réussite à mes yeux, et pour cause, je ne crois comme Freud, qu'à l'acte manqué, mais à l'acte manqué en tant qu'il est révélateur du site, de la situation du transit en question. Avec transfert à la clé, bien sûr, tout ça, ça fait du trans. I1 faut simplement ce trans le ramener à sa juste mesure. Mon succès donc, ma succession, c'est ça que ça veut dire, restera-t-il dans ce transitoire ? Eh ben, c'est ce qui peut lui arriver de mieux, parce que de toute façon il n'y a aucune chance que l'humant trans aborde jamais quoique ce soit. Donc, autant vaut la pérégrination sans fin. Simplement Freud a fait la remarque qu'il y a peut-être un dire qui vaille de ça que je vais dire : de n'être jusqu'ici qu'interdit. Ça veut dire dit entre, rien de plus, entre les lignes. C'est ce qu'il a appelé comme ça le refoulé. Bien sûr, je me monte pas le bourrichon. Mais pourquoi si vraiment comme je viens de le dire, il y a pas de trace de, même dans les gens qui, qui seraient faits en quelque sorte pour le rencontrer, pas trace de ce noeud borroméen, malgré que je vous dis enfin, depuis que la sphère et la croix, ça traine partout, on aurait dû s'apercevoir que ça pouvait faire noeud borroméen comme je viens de vous l'expliquer.

    Bon. I1 se trouve que j'ai fait cette trouvaille du noeud borroméen, sans la chercher bien sûr. Ça me paraît comme ça, faut aussi que ça vous paraisse bien sûr, ça me parait trouvaille notable de récupérer non pas l'air de Freud, a-i-r, mais justement son erre, ce qui en ex-siste rigoureusement, affaire de noeud.

    (p145->)  Bon, ben maintenant passons à quelque chose, comme ça, à se mettre sous la dent, et, c'est ça qui est l'important. Pourquoi, diable, personne n'en a-t-il tiré ce plus qui consiste à écrire ce signe comme ça, de la bonne façon (Fig.I-.4).

     I1 y a quand même quelqu'un, comme ça, qui un jour, vous vous en souvenez pas, bien sûr, parce que vous avez pas lu tout Aragon, - qui est-ce qui lit tout Aragon -  il y a un passage d'Aragon jeune qui s'est mis à fumer, je veux dire à s'échauffer, à prétendre qu'un temps qui a été jusqu'à supprimer les carrefours, quadrivii, il pensait aux autoroutes, parce que c'est un mot assez marrant autoroute hein, - qu'est-ce que ça veut dire une auto-route ? une route en soi ou une route pour soi ? - enfin, qui trouvait ce temps, il y a encore beaucoup de carrefours, beaucoup de coins de rues, bien sûr ! Enfin, je ne sais pas ce qui lui a pris, comme ça, de penser que, qu'il y aurait plus de carrefours, qu'il y aurait  toujours des passages souterrains, que ce temps mériterait un meilleur sort que de rester dans la théologie générale. Ce qu'il y a de curieux c'est qu'il en a pas du tout tiré de conclusion. C'est le mode surréaliste, n'est-ce pas, ça n'a jamais abouti à rien. I1 a pas spatialisé le noeud borroméen de la bonne façon. Grâce à quoi, n'est-ce pas, nous en sommes toujours à, à être, comme me le disait Heidegger, là, que j'ai extrait tout à l'heure de sa  boîte, à être In-der-Welt, à l'In-der-Welt-Sein . C'est une cosméticologie, cosméticuleuse en plus. C'est une tradition comme ça, grâce à quoi, grâce à ce Welt , il y a l' Umwelt      et puis il y a l'Innenwelt      . Ça devrait faire suspect, cette répétition  de la bulle. Oui, j'ai appris que, j'ai appris que dans les bandes  dessinées c'est par des bulles, je m'en étais jamais aperçu, parce que je dois dire la vérité, je regarde jamais les bandes dessinées .

    J'ai honte enfin, j'ai honte parce que c'est merveilleux enfin, n'est-ce pas ! C'est même pas des bandes dessinées, c'est des photo montages, enfin c'est sublimes ! C'est des photo-montages, j'ai lu ça dans Nous Deux : des photo-montages avec paroles ! Et alors, les pensées, c'est quand il y a des bulles !

    Je ne sais pas pourquoi vous riez, parce que vous, vous, ça vous est familier. Du moins, je le suppose, parce que . . . Oui ! La (p146->) question que je pose là sous cette forme de bulle, c'est qu'est-ce qui prouve que le Réel fait univers ? C'est là la question que je pose c'est celle qui est posée à partir de Freud, en ceci qui n'est qu'un commencement, c'est que Freud suggère que, que cet univers a un trou. Par dessus le marché un trou qu'il n'y a pas moyen de savoir. Alors je suis ce trou à la trace, si je puis dire et, et je rencontre, c'est pas moi qui l'ai inventé, je rencontre le noeud borroméen qui, comme on dit toujours, me vient là comme bague au doigt, comme on dit : Nous voilà encore dans le trou !

    Seulement, il y a quand même quelque chose, quand on y va comme ça, à suivre les choses à la trace, c'est qu'on s'aperçoit que il n'y a pas qu'un truc pour faire un cycle. C'est pas forcément et seulement le trou.

    Oui. Si vous en prenez deux, de ça, de ces cycles, de ces choses qui tournent, de ce cercle en question (Fig.II-2) , et si vous les nouez tous les deux, de la bonne façon, faut pas se tromper bien sûr, - et je dois vous dire que je me trompe tout le temps -, il y a pas que Jacques-Alain Miller ! La preuve que, regardez ça, quand j'ai voulu tout à l'heure vous faire le noeud borroméen, celui-ci là, à la noix, je me suis foutu le doigt dans l'oeil ! Car, fait comme ça, c'est pas un noeud borroméen. A savoir que vous pouvez toujours en couper un, les deux autres resteront noués . C'est pas le bon truc. Mais enfin, à condition de les plier de la bonne façon, vous vous apercevez que si vous y ajoutez cette droite (Fig.II-2) , rien d'autre que cette droite, eh ben c'est un noeud borroméen. La droite, bien sûr, infinie, comme je l'ai dit, énoncé - au début de ce séminaire. Ça fait un noeud borroméen tout aussi, tout aussi valable que celui que je dessine d'habitude et que je ne vais pas recommencer. Si la droite est une droite infinie et comment ne pas s'y référer comme la ficelle en elle-même, la consistance, réduite à ce qu'elle a de dernier, eh ben, ça fait un noeud ! Naturellement, il nous est beaucoup plus commode, cette consistance, de la fermer. Je veux dire de nous apercevoir qu'il suffit ici de faire boucle pour retrouver, ben pour retrouver le noeud familier, le noeud de la façon dont je le dessine d'habitude (Fiv.II-2) .

      L'intérêt, n'est-ce pas, de le représenter ainsi c'est de (p147->) s'apercevoir que à partir de là (Fig.I-3), la façon, la première, d'écrire le noeud borroméen se répercute sur ce cycle (Fig.II-2), et que c'est une des façons de montrer comment le noeud peut être, si je puis dire, doublement borroméen, c'est-à-dire que nous passons au noeud bobo à quatre.

    Voilà, je vous ai montré là (Fig.II-4) une autre illustration de ce noeud à quatre, mais la question que ça pose, c'est quel est l'ordre d'équivalence de la droite (Fig.II-2), de la droite infinie, telle qu'elle est là, de la droite au cycle. I1 y a quelqu'un un homme de génie qui s'appelait Desargues, auquel j'ai déjà fait allusion dans son temps, enfin dans son temps, dans le temps où j'y ai fait allusion, à qui il était venu à l'idée que toute droite, toute droite infinie, faisait clôture, faisait boucle en un point à l'infini. Comment est-ce que cette idée a pu lui venir. C'est une idée absolument sublime autour de laquelle j'ai construit tout, tout mon commentaire des Ménines, celui dont on dit que, enfin, à en croire les gratte-papiers, que c'était tout à fait incompréhensible. Je sais pas, à moi il m'a pas semblé tout au moins. Quelle est l'équivalence de la droite au cercle, c'est évidemment de faire noeud. C'est une conséquence, n'est-ce pas, du noeud borroméen. C'est un recours à l'efficience, à l'effectivité ? à la Wirklichkeit.

    C'est pas ça, c'est pas ça l'important, car si nous les trouvons équivalents dans l'efficience, dans l'efficience du noeud, quelle est la différence ? Je ne vous dis pas du tout que, que je sois satisfait hein de, j'approche enfin, j'approche aussi péniblement que, mon Dieu, que ça vous donnera de peine, tout ce qui concerne le penser le noeud borroméen. Parce que je vous l'ai dit c'est pas, c'est pas facile, c'est pas facile de l'imaginer. Ce qui donne une juste mesure de ce qu'est toute, toute pensation, si je puis dire. C'est quand même curieux enfin que, que même Descartes enfin, n'est-ce pas, sa Regula decima, à savoir celle que je vous ai pointée, même lue,  n'est-ce pas, concernant ce qui n'est pas dit en toutes lettres, concernant l'usage, l'usage du fil, l'usage du tissage, l'usage de ce qui aurait pu le conduire au noeud, et au noeud borroméen en particulier, il n'en est jamais rien fait, il en est jamais rien fait et, et c'est un signe.

    (p148->)  Bon. Alors, la différence, je vous dis pas que c'est mon dernier mot, n'est-ce pas, la différence, c'est dans le passage de l'un à l'autre, et dans ceci que, que pour l'instant je me contente d'illustrer, d'illustrer sans le faire d'une façon définitive, c'est qu'entre les deux il y a un jeu, et puisque tout ce jeu n'aboutit qu'à leur équivalence, c'est peut-être dans ce parcours de quelque chose, qui de faire cycle, boucle un trou, c'est peut-être dans le jeu de l'ex-sistence, de l'erre en somme, du fait qu'il y a un jeu enfin, que ça se promène, que ça s'ouvre, comme on dit, que la différence consiste, une différence d'ex-sistence : l'une ex-siste, s'en va dans l'erre jusqu'à ne rencontrer que la simple consistance, et l'autre, l'autre, le cycle, est centré sur le trou.

    Bien sûr, personne ne sait ce que c'est ce trou. Que le trou, enfin, ça soit ce sur quoi l'accent soit mis dans le corporel par toute la pensée analytique, ben ça le bouche plutôt ce trou. C'est pas clair. Du fait que ce soit l'orifice auquel se soit suspendu tout ce qu'il y a de pré-oedipien, comme on dit, que toute la perversité s'oriente, qui est celle de toute notre conduite, intégralement, c'est, c'est bien étrange ! C'est pas ça qui va nous éclairer de la nature du trou.

    Il y a autre chose comme ça qui pourrait venir à l'idée, de tout à fait non représentable, c'est ce qu'on appelle enfin comme ça d'un nom qui ne papillotte qu'à cause du langage, c'est ce qu' on appelle la mort. Ben, ça le bouche pas moins. Parce que la mort on ne sait pas ce que c'est.

    Il y a quand même un abord, un abord qui s'exprime dans ce que la mathématique a qualifié de topologie, qui envisage l'espace autrement. Notez cet autrement. Ça vaut bien la peine qu'on le retienne. Eh bien on ne peut pas dire que, que ça nous mène à des notions si aisées. On voit bien là le poids de l'inertie imaginaire. Pourquoi est-ce que la géométrie enfin s'est trouvée si à l'aise dans ce qu'elle combine, est-ce que c'est par adhérence à l'Imaginaire, ou est-ce que c'est par une sorte d'injection de Symbolique, c'est ce qui mériterait d'être posé comme question à un mathématicien. Quoiqu'il en soit le caractère tordu de cette topologie (p149->) enfin, l'instauration de notions comme celle de voisinage, voire de point d'accumulation, cet accent mis sur quelque chose, on voit très bien quel est le versant, sur la discontinuité comme telle, alors que manifestement il y a là une résistance que la continuité c'est bien le versant naturel de l'imagination.

    Bon, je ne vais pas m'étendre plus. Ce que  je remarque c'est que la difficulté enfin de l'introduction comme ça du mental à la topologie, le fait que ça soit pas plus aisément pensable donne bien l'idée que il y a à apprendre de cette topologie pour ce qui en est de notre refoulé. La difficulté effective n'est-ce pas de cogiter sur le noeud borro là, redoublée du fait que l'accessibilité constituée par la sphère et la croix le rende comme un exemple d'une mathésis, manquée, manquée d'un poil, inexplicablement, jamais familière en tout cas. Pourquoi ne pas voir dans l'aversion que ceci entraîne manifeste la trace de ce refoulement premier lui-même, n'est-ce pas, et pourquoi ne pas s'engager dans ce sillage, tout comme le chien qui flaire une trace, à ceci près bien sûr que c'est pas le flair qui nous caractérise, et que cet effet de flair qu'il y a chez le chien ; il faudrait en rendre compte comment ça peut imiter, imiter un effet de perception qui serait là le supplément à un manque qu'il faut bien que nous admettions si nous sommes c'est là la question, dessillés, si nous ouvrons les yeux à l'ex-sistence de l'Urverdrängt , de quelque chose d'affirmé par l'analyse qui est qu'il y a un refoulement non seulement premier, mais irréductible. C'est ça qu'il s'agirait de suivre à la trace, et c'est en somme ce que je fais devant vous à la mesure de mes moyen : naturellement, tout de même, je prends soin de vous dire que je ne me monte pas le bourrichon, je veux dire que je ne crois pas que j'ai trouvé là le dernier mot, non pas de penser qu'on a trouvé le dernier mot, ce serait à proprement parler de la paranoïa. La paranoïa, c'est pas ça. La paranoïa, c'est un engluement imaginaire.

    C'est la voix qui sonorise, le regard qui devient prévalent, c'est une affaire de congélation d'un désir. Mais enfin, quand même ça serait de la paranoïa, Freud nous a dit de ne pas nous inquieter , je veux dire que pourquoi pas enfin, ça peut être une veine à suivre hein ! Il y a pas lieu d'en avoir tellement de crainte si ça nous conduit quelque part. Il est tout à fait net que ça n'a jamais (p150->) conduit qu'à, ben qu'à la vérité. Ce qui m'en fait bien la mesure de la vérité elle-même, à savoir ce que démontre enfin, celle, la paranoïa du Président Schreber, ç'est à savoir qu'il n'y a de rapport sexuel qu'avec Dieu. C'est la vérité ! Et c'est bien ce qui met en question l'ex-sistence de Dieu. Nous sommes là dans un raté de la création, si je puis m'exprimer ainsi. Le dire, c'est se fier à quelque chose qui, probablement, nous dupe. Mais, n'en être pas dupe, ça n'est rien qu'essuyer les plâtres du non-dupe, soit ce que j'ai appelé l'erre. Mais cette erre, c'est notre seule chance de fixer le noeud, vraiment dans son existence, puisqu'il n'est qu'ex-sistence en tant que noeud. I1 est ce qui n'ex-siste qu'à être noué de telle sorte que ça ne puisse que se resserrer. Même dans l'embrouille. Ce que, ce que je vous ai pas pu vous dessiner là c'est le noeud borroméen, il suffit d'en avoir un à trois, vous savez, vous pouvez très bien le dessiner d'une façon totalement embrouillée, à laquelle vous n'entraverez que puic.

      Dire il n'y a pas de rapport sexuel part de l'idée d'une phusis, à savoir de quelque chose qui ferait du sexe un principe d'harmonie. Rapport ; ça veut dire, jusqu'à ce jour, pour nous, proportion. L'idée qu'avec des mots, on pouvait reproduire ça, que les mots étaient destinés à faire sens, que l'être étant, comme par exemple, il en résulte que le non-être n'est pas, oui, il y a encore des gens pour qui ça fait sens. Le sens parménidien là, comme ça, à l'origine, est devenu un bavardage, et il vient à l'idée de personne que c'est pas là proprement le signe que c'est du vent : Flatus vocis ! Je ne dis pas du tout que ils ont tort, c'est bien le contraire, ils me sont précieux, ils prouvent que le sens va aussi loin dans l'équivoque qu'on peut le désirer pour mes thèses, c'est-à-dire pour le discours analytique, à savoir qu'à partir du sens se jouit, s'ouï-je, s apostrophe oui-je, jouis-ce moi-même, souis-je à m'assoter de mots. Naturellement, naturellement, il y a mieux. Il y a mieux, à ceci près que le mieux, comme dit la sagesse populaire, est l'ennemi du bien. De même que le plus-de-jouir provient de la père-version, de la version apèr(e)-itive du jouir. On n'y peut rien. Le parlêtre n'aspire qu'au bien, d'où il s'enfonce toujours dans le pire. Ça n'empêche qu'il ne peut pas s'y refuser, hein ! Même pas moi. Là je suis un (p151->) grain, comme vous tous, broyé dans cette salade. L'ennui, l'ennui c'est que chacun sait que ça a de bons effets. Je parle de l'analyse. Que ces bons effets ne durent qu'un temps n'empêchent pas que c'est un répit, et que c'est mieux, c'est le cas de le dire, que de ne rien faire. C'est, c'est un peu embêtant quand même ! C'est un embêtant contre quoi on pourrait essayer enfin d'aller, malgré le courant, n'est-ce pas. Parce que c'est malgré tout de nature à prouver l'ex-sistence de Dieu lui-même. Tout le monde y croit ! Je mets au défi chacun d'entre vous que je lui prouve pas qu'il croit à l'ex-sistence de Dieu ! C'est même ça le scandale. Le scandale que la psychanalyse seule fait valoir. Elle le fait valoir parce qu'actuellement il n'y a plus que la psychanalyse qui le prouve. Je parle de le prouver. C'est pas du tout pareil que de vous prouver que vous y croyez. Formellement, ceci n'est dû qu'à la tradition juive de Freud, laquelle est une tradition littérale qui le lie à la science, et du même coup au Réel. C'est ça le cap qu'il y a à doubler.

      Dieu est père tiret vers ( père-vers ), c'est un fait rendu patent par le juif lui-même. Mais on finira bien par, enfin je peux pas dire que je l'espère, je dis à remonter ce courant, on finira bien par inventer quelque chose de moins stéréotypé que la perversion. C'est même la seule raison pour quoi je m'intéresse à la psychanalyse. Je dis je m'intéresse, et pour quoi je m'essaie à ce qu'on appelle couramment la galvaniser. Mais je suis pas assez bête pour avoir le moindre espoir d'un résultat que rien n'annonce et qui, sans doute, est pris par le mauvais bout. Ceci grâce à cette histoire à dormir debout de Sodome et de Gomorrhe hein ! I1 y a des jours même où il me viendrait que la charité chrétienne serait sur la voie d'une perversion un peu éclairante du non-rapport. Vous voyez jusqu'où je vais hein, c'est pourtant pas dans ma pente . Mais enfin, c'est le cas de le dire, il faut pas charrier, ni charité(er). I1 n'y a aucune chance qu'on ait la clé de l'accident de parcours qui fait que le sexe a abouti à faire maladie chez le parlêtre, et la pire maladie hein, celle dont il se reproduit. I1 est évident que la biologie a avantage à se forcer à devenir avec un accent un petit peu différent, la biologie, la logie de la violence à se forcer du côté de la moisissure, avec lequel ledit parlêtre a beaucoup d'analogies. On ne sait jamais, une bonne rencontre !

(p152->) Un François Jacob est assez juif pour permettre de rectifier le non-rapport. Ce qui ne peut vouloir, dans l'état actuel de la connaissance, vouloir dire que remplacer cette disproportion, cette disproportion fondamentale dudit rapport par une autre formule, par quelque chose qui ne peut que concevoir que comme un détour voué à l'Erre, mais à une erre limitée par un noeud.

    Ouaih ! Je voudrais quand même pas vous quitter sans vous faire remarquer quelque chose, vous faire remarquer quelque chose qui, je pense, est opportun à cause de, je pense que vous avez eu des tas de petits papiers distribués par, parce qu'on me l'a annoncé, Michel Tomé et Pierre Soury, oui, c'est des petits papiers qui sont très importants parce que ils démontrent, ils démontrent quelque chose qu'il n'y a qu'un seul noeud borroméen orienté.

    Voilà. Alors, je voudrais, pour eux, comme ça, parce que probablement ils seront les seuls à apprécier, pour eux, faire remarquer ceci, hein, c'est que ce que j'ai apporté aujourd'hui comme ça, je ne sais pas ce que j'ai apporté aujourd'hui d'ailleurs, ce que j'ai apporté aujourd'hui, à savoir la remarque que, qu'il y a moyen de faire cycle avec deux cercles. Cette remarque a ses conséquences concernant leur proposition qu'il n'y a qu'un noeud orienté. Sur le fait qu'il n'y ait qu'un noeud orienté quand il y a trois ronds de ficelle, mais pas quand il y en a plus, je suis d'accord. Néanmoins, il y a quelque chose d'amusant, c'est que si vous transformez un de ces ronds en une droite infinie, c'était là la portée de la remarque que je leur avais faite. Mais, contre quoi ils ont eu raison de tenir. Je leur avais fait là remarque que c'était du côté de ce troisième qu'il y avait quelque chose qui me semblait imposer l'ex-sistence, non pas d'un noeud, mais de deux noeuds orientés.

      C'est à eux que je m'adresse, pour l'instant, n'est-ce pas, et c'est eux de ce fait que je charge de me répondre. C'est à eux que je m'adresse. Je ne pose pas de question. Je ne dis pas : est-ce qu'il ne leur semble pas, j'affirme. J'affirme que si il y en a un qu'on transforme en une droite infinie, là il n'y a plus un seul noeud comme orienté, mais deux noeuds . J'en ai pas fait le petit dessin, mais je vais le faire. Je vais le faire sur ce dernier bout de papier que j'ai fait exprès mettre en blanc, et je leur (p153->) marque ceci : c'est que la droite infinie n'est pas orientable. A partir de quoi l'orienterait-on ? Elle n'est orientable, c'est patent, c'est courant, qu'à partir d'un point choisi quelconque sur cette droite, et d'où les orientations divergent. Mais de diverger, ça ne lui en donne pas une. Alors, par rapport . . . vous allez voir que je m'en vais faire exactement ce qu'il ne faut pas faire, à savoir . . Ah ! quand même, j'y arrive. Bon. A savoir ceci, c'est que pour nous en tenir à une formulation simple :  

Faisons remarquer que dans le double cercle, il y a une orientation, à savoir ce que nous désignerons du mot gyrie. Non pas, bien sûr que nous puissions dire que c'est une dextro ou une lévogyrie. Chacun sait maintenant, car depuis le temps qu'on se casse la tête à le faire, il semble quand même non pas que ce soit démontré, mais qu'on puisse considérer que, enfin, il y a eu assez de gens assez astucieux pour se casser

la tête à, à faire quelque chose dont il serait concevable que nous l'envoyions comme message à quelqu'un qui serait d'une autre planète et qui serait la distinction de la droite et de la gauche. I1 n'y a pour ça, nous pouvons l'admettre, comme nous avons fini par l'admettre pour la quadrature du cercle, encore que là, ce soit démontré, nous pouvons admettre qu'il n'y a rien à faire. Mais, de distinguer les gyries comme étant deux, ça, nous pourrions le faire. Nous pourrions le faire avec des mots dans un message, pour les habitants d'une autre planète.

    I1 suffit qu'ils aient la notion d'horizon, qui donne du même coup, celle de plan. Si ces deux cercles (Fig.III-3), nous les mettons eux seuls à plat, c'est ce qui est supposé par la notion d'horizon , nous pouvons dire par exemple que nous définissons l'un d'entre eux comme étant plus éloigné du point dont sur la droite nous partirons comme point de vue, et qu'il y a quelque chose d'externe, qui, comme vous le voyez, du fait ( ou - du fait de la loi mise en valeur par Soury et Tomé ! ) ( ou - de la droite, mis en valeur par Souris et Tomé ), concernant le noeud de ces deux cercles (p154->) et, d'un côté dextrogyre, si nous définissons la dextrogyrie par le fait que le plus externe ( passe au-dessous ) passe au-dessus de la bande du cercle, du rond de ficelle, et que il y en a un autre qui de ce fait, passe au-dessus également, puisque c'est ainsi que nous définirions la gyrie, mais il se trouve être dans un sens différent au regard du cercle. I1 y a donc, à ce cercle, deux orientations, celle-ci, et celle-là, celle-ci dextrogyre, celle-ci lévogyre ; nous sommes incapables de dire laquelle est dextro, laquelle est lévo, nous sommes incapables de la transmettre dans un message, aucune manipulation du noeud à trois - je l'ai essayé pour avoir eu l'espoir que le noeud  borroméen nous donnerait peut-être ça -, aucune manipulation du noeud à trois ne donne sans ambiguïté la définition de lévo, ou du dextro. Nous nous trouverons toujours devant cette situation d'avoir deux gyries, mais que de les définir par le fait que la bande la plus externe passe sur l'autre bande, et que c'est ça qui devrait donner l'orientation, échoue toujours. Puisque vous le voyez là, si nous définissons le fait que la bande la plus externe passe sur l'autre, nous nous trouvons devant une ambiguïté est-ce celle-ci ou est-ce celle-là ? Par contre, l'ex-sistence des deux gyries est par là manifestée. I1 y a deux gyries, deux noeuds borroméens orientés,  non pas seulement un, à partir du moment où de l'un des trois, nous faisons une droite infinie, en tant que la droite infinie est définie comme non orientable, c'est-à-dire, si vous le voulez encore, que nous avons la différence avec ce sur quoi on raisonné à juste titre Soury et Tomé, c'est à savoir que il y a trois centrifuges, nous allons mettre un petit e pour dire centrifuge - allant vers l'extérieur - il y a trois centripètes, trois i, il peut y avoir un i et deux e, un e et deux i.  

    (p155->) Ces diverses spécifications sont celles sur lesquelles s'appuient, s'appuient Soury et Tomé, pour démontrer que il n'y a qu'un seul noeud orienté.

    Si nous avons une droite, une barre sans orientation, nous avons alors une zéro, une i, une e, et c'est à partir de là que ne devient pas semblable l'ordre, à savoir qu'il y ait un sans orientation, un à direction centrifuge, vers l'extérieur, un à direction vers l'intérieur.

 

                                                    

    Ceci a de l'intérêt , puisque pour leur démonstration, ils sont partis de la notion du même, à savoir que dans toutes réduisant toutes les projections, toutes les mises à plat qu'ils ont faites, ils ont démontré que de ces diverses mises à plat résultait le fait que c'était le même. C'était le même, si je puis dire, de tous les points de vue de mises à plat, mais il suffit que un pris d'ailleurs, du non point de vue ex-siste, pour qu'il démontre les orientations, à savoir le noeud borroméen, en tant qu'orienté comme étant deux. Il n'est certes pas orienté le noeud, ceci du fait que les trois le sont, si un des trois ne l'est pas, et il suffit pour cela qu'il soit colorié , ce qui veut dire identique à lui-même ceci rend compréhensible qu'il y en nait deux, dès qu'il est soit colorié, soit désorienté, ce qui le distingue. Il y en avait déjà deux pour peu qu'un seul se spécifie. Cette remarque consiste à dire que un seul noeud colorié suffit, suffit à être l'équivalent du fait qu'un des noeuds n'est pas orienté. Le mot orientable qui est dans le vocabulaire de ce qui vous a été distribué frappé . Le mot orientable veut déjà dire qu'il y a deux orientations. Le noeud certes pourrait les résorber, ces orientations entre elles. Mais il ne les résorbe pas dès lors, dès lors que sur l'un des éléments du noeud on fait cette chose de le distinguer par le fait qu'il n'est pas orientable, c'est-à-dire qu'on le transforme en une droite.

(p156->) Je, non pas propose, mais je crois avoir suffisamment indiqué ce qu'il en est du noeud comme doublement orienté, et que c'est cela seul qui explique par le rapprochement que j'ai fait avec le colorié qu'un de ces noeuds soit, du fait de ne pas être orientable, de ce fait-même colorié, impose qu'il y a deux noeuds, et c'est bien pour cela que le colorié et orienté à la fois, cela fait deux.

    Sans doute, viendra-t-il à la pensée de Tomé et de Soury, sans doute, viendra-t-il à leur pensée que la mise à plat, ici, introduit un élément suspect; néanmoins, je leur indique ceci, ceci qui est :

que les mêmes articulations concernant l'orientation valent si ces deux noeuds, si ces deux cercles, nous les dessinons de la façon suivante que je crois que la perspective indique assez et qui ne fait aucune référence à l'extériorité d'une des courbes de l'un par rapport à la courbe de l'autre. Il y en a ni d'externe, ni d'interne avec la seule référence à ces façons spatialisées de dire, mises dans les trois dimensions, de représenter les deux cercles, les cercles qui font cycles, déjà avec cette façon, il y a moyen de démontrer qu'il y a deux noeuds, et non pas un seul orienté, deux noeuds borroméens à trois et orientés.

    Voilà, je m'en tiendrai là pour aujourd'hui.

(p157->)

 

LES BINAIRES ET LA LIAISON DES BINAIRES

Qu'est ce qu'un binaire ? C'est un couple, comme (GAUCHE, DROITE), comme (DESSUS, DESSOUS), comme (BLANC, NOIR), comme (YING, YANG), comme (ALLUMER, ÉTEINDRE).

Ce texte va présenter une notion de liaison, une notion de liaison des binaires entre eux. Et ceci grâce à deux cas, le cas du jeu de pile ou face, et le cas du va et vient électrique.

Le cas du jeu de pile ou face

Le fonctionnement est connu, il ne s'agit ici que de la mise en place d'un langage pour en parler.

Je vais introduire cinq binaires.

I1 y a deux joueurs. I1 n'y a pas d'empêchement à les appeler JE et TU.

I1 y a deux positions, gagner et perdre, elles seront appelées GAGNE et PERD. 

Il y a deux éventualités, qui ne sont pas simples à définir, parce que elles ont chacune une définition double. 
JE GAGNE est équivalent à TU PERD. JE PERD est équivalent à TU GAGNE. 
L'éventualité BLANC, c'est ou bien JE GAGNE ou aussi bien TU PERD. 
L'éventualité NOIR, c'est ou bien JE PERD où aussi bien TU GAGNE. 
Ainsi: 
(1) BLANC = JE GAGNE 
(2) BLANC = TU PERD 
(3) NOIR = JE PERD 
(4) NOIR = TU GAGNE 
(5) JE GAGNE = TU PERD 
(6) JE PERD = TU GAGNE

I1 y a deux tirages, PILE et FACE.

I1 y a deux règles, qui ne sont pas simples à définir, parce que elles ont chacune une définition double ou quadruple. Il s'agit du passage d'un tirage PILE ou FACE à une éventualité BLANC ou NOIR. "Si PILE alors BLANC" est équivalent à "Si FACE alors NOIR". "Si PILE alors NOIR" est équivalent à "Si FACE alors BLANC". Un tirage contraire implique une éventualité contraire.
La règle A, c'est "Si PILE alors BLANC" ou aussi bien "Si FACE alors NOIR".
La règle B, c'est "Si PILE alors NOIR" ou aussi bien "Si FACE alors BLANC".
Ainsi :
(7) A "Si PILE alors BLANC"
(8) A = "Si FACE alors NOIR"
(9) B = "Si PILE alors NOIR"
(10) B = "Si FACE alors BLANC"
(11) "Si PILE alors BLANC" _ "Si FACE alors NOIR"
(12) "Si PILE alors NOIR" _ "Si FACE alors BLANC" 
Ainsi: 
(13) A = "Si PILE alors JE GAGNE" 
(14) A = "Si PILE alors TU PERD" 
(15) A = PILE, JE GAGNE 
(16) A = PILE, TU PERD 
(17) A = "Si FACE alors JE PERD"
(18) A = "Si FACE alors TU GAGNE" 
(19) A = FACE, JE PERD 
(20) A = FACE, TU GAGNE 
(21) B = "Si PILE alors JE PERD " 
(22) B = "Si PILE alors TU GAGNE" 
(23) B = PILE, JE PERD 
(24) B = PILE, TU GAGNE 
(25) B = "Si FACE alors JE GAGNE"

(p158->)

Les binaires et la liaison des binaires page deux.

voici donc introduits cinq binaires : -
- (JE,TU) 
- (GAGNE,PERD) 
- (BLANC,NOIR) 
- (PILE,FACE) 
- (A, B) 
Ce sont les deux joueurs, les deux positions, les deux éventualités, les deux tirages, les deux règles.

Ces cinq binaires ne sont pas indépendants les uns des autres, ils sont liés. Ils sont liés par les formules (1) (2) (3) (4) (7) (8) (9) (10) (13) (14) (15) (16) (17) (18) (19) (20) (21) (22) (23) (24) (25) . . . Ces formules sont très redondantes. La liaison des binaires, c'est une façon de se débarrasser de cet encombrement et de cette redondance. Ces formules ont une invariance, elles sont invariantes par " inversion paire ". Toutes les formules numérotées sont invariantes par " inversion paire ".

Qu'est ce qu'une inversion paire ?

Exemple : Soit la formule : 
(53) " La règle A, c'est que le tirage PILE mette le joueur JE dans la position GAGNE " Voici plusieurs autres formules qui se déduisent d'elle par " inversion paire ". 
(54) "La règle B, c'est que le tirage FACE mette le joueur TU dans la position PERD" I1 y a eu inversion de quatre éléments. 
(55) "La règle B, c'est que le tirage FACE mette le joueur JE dans la position GAGNE" Il y a eu inversion de deux éléments. 
(56) "La règle A, c'est que le tirage FACE mette le joueur TU dans la position GAGNE" I1 y a eu inversion de deux éléments. 
(57) "La règle A, c'est que le tirage PILE mette le joueur TU dans la position PERD" I1 y a eu inversion de deux éléments. 
(58) "La`règle B, c'est que le tirage PILE mette le joueur JE dans la position PERD" I1 y a eu inversion de deux éléments. 
(59) "La règle B, c'est que le tirage PILE mette le joueur TU dans la position GAGNE" I1 y a eu inversion de deux éléments. 
(60) "La règle A, West que le tirage FACE mette le joueur JE dans la position PERD" I1 y a eu inversion de deux éléments. 
(53) "La règle A, c'est que le tirage PILE mette le joueur JE dans la position GAGNE" I1 y a eu inversion de zéro éléments.

Exemple : Le passage de la formule "PILE,JE GAGNE" à la formule "FACE,TU PERD", n'est pas une inversion paire.

Une formule, qui se déduit d'une formule vraie par inversion paire, est vraie.

Une formule est équivalente à une formule qui se déduit d'elle par inversion paire.

Comment sont liés les cinq binaires ?

( JE,TU ) et ( GAGNE,PERD ) et ( BLANC,NOIR ) sont liés. 
Ils sont liés par les formules (1) (2) (3) (4) .

(BLANC,NOIR) et (PILE,FACE) et (A,B) sont liés. Ils sont liés par les formules (7) (8) (9) (10).

(JE,TU) et (GAGNE,PERD) et (PILE,FACE) et (A,B) sont liés. 
Ils sont liés par les formules (13) (14) (15) (16) (17) (18) (19) (20) (21) (22) (23) (24) (25) . . .
(53) (54 ) (55) (56) (57) (58) (59) (60) .

(p159->)

Les binaires, et la liaison des binaires page trois.

Les binaires en général

Un binaire a deux éléments, c'est un couple, c'est un couple de contraires ou encore c'est un couple d'inverses. L'inverse ou le contraire d'un élément, c'est l'autre élément.

N'importe quel couple est il un binaire ? Non. Il vaut mieux réserver l'appellation de binaire à ceux qui sont vraiment un couple de contraires. Comment distinguer? Un critère, c'est de considérer comme un binaire, un couple qui figure dans une liaison de binaires. Ca fait des surprises, ça révèle comme couple de contraires des couples qui à première me font baroque hétéroclite.

Quand il y a plusieurs binaires, une liaison entre ces binaires, c'est une liaison entre éléments de ces binaires qui est invariante par inversion paire.

Qu'est ce qu'une inversion paire ? C'est défini par l'exemple de la page deux. Qu'est ce qu'une liaison entre éléments de binaires ? Ce n'est pas défini. Dans le cas du jeu de pile ou face, ce sont des formules vraies où les éléments de binaires figurent comme mots. Qu'est ce que l'invariance d'une liaison par une transformation ? Ce n'est pas défini. Dans le cas du jeu de pile ou face, c'est le fait que par la transformation une formule vraie devient une formule vraie.

Il y a dans ce texte des phrases où figurent des éléments de binaires et qui ne sont pas invariantes par inversion paire. Toutes les formules numérotées sont invariantes par inversion paire. Certaines formules numérotées expriment l'invariance par inversion paire d'autres formules. Et elles mêmes ont l'invariance par inversion paire.

Exprimer la liaison des éléments de plusieurs binaires est malaisé, redondant, encombrant. L'habitude à ce sujet là est mauvaise, c'est, pour limiter la redondance et l'encombrement, de ne conserver que quelques représentants de la liaison des éléments. C'est stérilisant. La liaison des binaires permet d'échapper à l'encombrement sans perdre les invariances. Mais ça permet aussi d'échapper à la difficulté d'exprimer la liaison des éléments.

Le cas du va et vient électrique

C'est un montage électrique courant. Ca s'appelle un " va et vient ".

Soit n un entier. I1 y a n commutateurs à deux positions. Il y a un appareil électrique, par exemple une lampe, qui peut être allumé ou éteint. Le montage fait que il peut être allumé ou éteint à partir de n'importe lequel des n commutateurs.

Quels sont les binaires ? I1 y en a ( n + 1 ). 
- ( ALLUME, ÉTEINT ) , pour la lampe. 
- les deux positions , pour chaque commutateur.

L'usage courant, c'est d'utiliser un seul commutateur à la fois, les autres restant comme ils sont, et alors en inversant ce commutateur, si la lampe était allumée elle s'éteint, et si la lampe était éteinte elle s'allume.

Un autre usage serait d'inverser deux commutateurs à la fois, et de vérifier que

la lampe ne change pas d'état.

Les ( n + 1 ) binaires, correspondant à n commutateurs et une lampe, sont liés.

Les n binaires correspondant aux n commutateurs sont indépendants, c'est-à-dire qu'on peut placer les commutateurs dans n'importe quelle position indépendamment les uns des autres.

En fait, n binaires quelconques, pris parmi les ( n + 1 ), sont indépendants.

Le va et vient électrique le plus courant, c'est une lampe et deux commutateurs.
Ca fait trois binaires qui sont liés et deux à deux indépendants.

note: bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire, ou si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un émail. Haut de Page 
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relu ce 19 août 2005