XXI-Les non-dupes errent 1973-1974
version rue CB
18 Décembre 1973 note
(p42->) VOILA .
Il est certain que . . . il est certain qu'en me faisant vainement élever la
voix, là en voulant me chi . . . me taquiner, me chatouiller avant que je
commence mon truc d'aujourd'hui, on n'améliorera pas la chose, enfin, on ne
l'aura pas améliorée, du moins je suppose. Voilà, parce que tout de même, la
dernière fois , je . . . j'ai fait un effort , et qu'aujourd'hui j'aurais voulu
seulement , enfin , étendre de ces marges , si je puis dire , enfin dire des
choses mezzo voce comme on dit. Peut-être pour essayer de vous en éclaircir
pour vous , enfin , je dis pour vous-mêmes , la résonance. Cette résonance,
après tout, je la présume, puisque ce que j'ai dit c'était fait pour
l'obtenir. J'en ai eu des échos, mais je ne vois pas pourquoi aussi bien je
dirais pas ce que j'ai voulu obtenir.
Mon dit a été celui de ce noeud que j'ai pas introduit d'hier et dont la portée méritait
qu'on y insiste, ça veut dire : ne pouvait pas apparaître tout de suite. C'est
pas tellement ce noeud qui est important, c'est son d i r e.
Son dire
qu'en somme , la dernière fois , j'ai tenté de , de supporter comme ça,
suffisamment. Ce qu'il a de bien n'est-ce pas, ce noeud, c'est que, il
met justement tout à fait en évidence que ce dire , en tant qu'il est le mien
, y est impliqué . Ça veut dire que, de ce côté par où - remarquez j'ai
pas dit " la parole ", j'ai dit " le dire ", toute parole
n'est pas un dire, sans quoi, sans quoi toute parole serait un événement ce qui
n'est pas le cas , sans ça on ne parlerait pas de " vaines paroles " !
Un
" dire " est de l'ordre de l'événement. C'est pas un événement
survolant, c'est pas un moment du connaître. Pour tout dire, c'est pas de la
philosophie. C'est quelque chose qui est dans le coup . Dans le coup de ce qui
nous détermine en tant que c'est pas tout à fait ce qu'on croit. C'est pas
toute sorte de condition, comme ça, " locale ", de ceci, de cela, de
ce après quoi on bâille, du Réel, c'est pas ça qui nous, êtres parlants, nous
détermine. Et ceci tient très précisément à ce pédicule de savoir , court
, certes , mais toujours parfaitement noué , qui s'appelle notre inconscient, en tant que pour chacun de nous ce noeud a des supports bien par1iculiers.
C'est ainsi que , cahin-caha, comme j'ai pu ... j'ai construit
(p43->) cette
topologie par où j'ose cliver autrement ce que Freud supportait de ces termes
: 1 a r é a 1 i t é p s y c h i q u e. Car enfin ma topologie n'est
pas la même
, quelqu'un , quelqu'un , qui comme ça, parmi les gens qui viennent avec moi
causer, comme ça , a mis mon noeud, là, borroméen, comme ça, au même stade,
si je puis dire , n'est-ce pas , que le fameux oeuf foutu de quelque chose
qui - vous savez que c'est Freud , enfin, qui a fait ça ? - évidemment
, on pourrait faire la métaphore de la réserve nutritive avec ce qu'il . . .
ce qu'elle est censée nourrir, avec la jouissance d'une part et ce que vous
voudrez de l'autre, la . . . l'embryologie de l'âme. Bon.
Je
voudrais faire une remarque concernant ce qu'on appelle " l'amour ".
Parce que c'est ça, c'est ça, ce que j'ai appelé tout à l'heure la résonance,
la résonance chez vous, que vous le sachiez ou pas, de ce que la dernière fois
j'ai supporté de mon noeud borroméen, de mon dire.
L'amour,
dans tout ce que, ce qu'on s'est permis de bavocher dessus jusqu'à présent ,
c'est tout de même quelque chose qui se heurte à l'objection qu'on ne conçoit
pas comment l'être - si bien entendu vous avez de ça déjà entendu parler enfin,
on vous en rebat les oreilles dans la métaphysique et . . . et même ailleurs,
enfin , dans les sermons , on ne parle que de ça - comment l'être serait
à manipuler à partir d'aucun étant. Ceci présente une grande difficulté
logique. Puisque l'être quand on vous en parle, ce n'est pas rien, et ça débouche
dans cette aspiration qui serait faite à partir de Dieu, de l'amour. Je sais
bien que vous n'êtes pas croyants, n'est-ce pas ? Mais vous êtes encore
plus cons, comme j'ai déjà eu l'occasion de vous le dire la dernière fois,
parce que , même si vous n'êtes pas croyants , à cette aspiration , je vous
le montrerai tout au cours de ce que je vais vous dire aujourd'hui : à cette
aspiration, vous y croyez. Je ne dirai pas que vous la supposez : elle vous
suppose.
On essaie
de , en somme, de vider tout ça - ou de le remplir, qu'importe - en
le schématisant dans la vieille métaphore du connaître . On connaît qui on a
affaire - celui avec qui on a affaire , on le connaît dans l'amour . . .
Seulement, j'objecte : qu'est-ce que, c'est que l'être, sinon l'affaire
aseptisée des perfections imaginaires dont on rêve , dont vous-mêmes ,
je viens de vous le dire , quoi que vous en sachiez, vous rêvez, vous en rêvez
l'échelle. L'échelle dont le dernier échelon sera ou non ce Dieu dont j'ai
parlé tout à l'heure . . . mais si c'est pas celui-là, c'est un autre. Ce
qu'on appelle rêve éveillé. Seulement ce que démontre, justement l'étude du
rêve, du vrai, de celui qu'on fait quand on dort et qui vous sonne les cloches,
ça n'a quoi qu'on en dise, absolument rien à faire avec votre rêve, éveillé
ou pas. C'est même ce qui vous distingue comme êtres parlants : qu'il
y a un savoir que vous entendez dans le rêve , qui n'a rien à faire avec ce qui vous
en reste quand vous êtes prétendument vigiles. C'est bien pour ça qu'il
est si important,
L'amour, s'il est bien là la métaphore de quelque chose, il
Je voudrais vous suggérer ceci, enfin puisque nous sommes partis de deux points extrêmes , je vous propose , à propos du commandement de l'amour divin , que je vous ai évoqué la dernière fois en vous interpellant pour vous dire oui ou non , hein , ça fait deux ou trois ? - vous vous en souvenez peut-être , enfin , ceux qui étaient là - alors , je le modifie légèrement : quel effet ça vous fait si je l'énonce " tu aimeras ta prochaine comme toi-même " ? Ça fait tout de même sentir quelque chose, hein, c'est que ce précepte fonde l'abolition de la différence des sexes. Quand je vous dis qu'il n'y a pas de rapport sexuel, je n'ai pas dit que les sexes se confondent , bien loin de là ! sans ça quand même , comment même pourrais-je dire qu'il n'y a pas de rapport sexuel , qu'est-ce que ça voudrait dire ? C'est important à situer - vous ne l'avez sûrement pas encore fait - comme ça, pour le situer d'une façon exacte , je fais une petite remarque puisqu'aujourd'hui je me commente , il n'y a pas de rapport sexuel , eh bien c'est du même ordre , hein , que ce que j'ai conclu de ma deuxième conférence , celle qui n'a pas été tellement comprise : j'ai beaucoup parlé de l'occulte - et croyez bien, je me mets à la même place , hein - j'ai beaucoup parlé de l'occulte mais le point important , il y en a eu un ou deux à le remarquer, c'est que j'ai dit qu'il n'y a pas d'initiation. C'est la même chose que de dire qu'il n'y a pas de rapport sexuel. Ce qui ne veut pas dire que l'initiation , ça soit le rapport sexuel , parce qu'il ne suffit pas que deux choses n'existent pas pour qu'elles soient les mêmes ! Ouais . . .
Il
es: clair que, que l'amour, en somme, c'est là le problème
(p45->) Alors
là,
peut-être que je peux raccrocher ceci, enfin, qui est au coeur de mon
titre , enfin , sur lequel j'avais avancé un premier linéament dans mon
premier séminaire, hein. Est-ce que le rapport , dit complexe à juste
titre , d'un homme et d'une femme , on va le mettre au compte simplement d'avoir
fait ensemble ce que j'ai appelé, je le remarque, non pas erreur, mais errance,
viator, ai-je articulé - le voyage sur cette terre, la catégorie - la
catégorie comiquement qui justement nous exclut du monde,
est-ce que l'amour c'est ça : d'avoir fait un bout de chemin ensemble ?
Vous voyez
où ça va, hein ?
On se sera
entraidés . Ouais , il y aurait toujours , à l'horizon , enfin, cette
promesse. Et puis . . . et puis c'est vrai qu'il y a du vrai là-dedans, hein
? Quand on est un bonhomme et une bonne femme , comme ils disaient autrefois
, les existentialistes , je parle de la " bonne femme " , il ne leur
venait pas à l'idée de parler du " bonhomme ", Dieu sait pourquoi,
il est pourtant le meilleur. Un bonhomme et une bonne femme qui auraient fait
un bout de chemin ensemble. Il y aurait à l'horizon de l'amour le grand-père
et la grand-mère. Il y a ça dans l'inconscient. Il y a ça a u s s i.
Je
voudrais quand même suggérer que c'est peut-être pas tout . La question
que je pose : par quelle voie aime-t-on une femme . . . si je pose la
question, ça c'est un bateau lacanien, c'est sans doute que j'ai la réponse.
Mais il y en a beaucoup. Il n'y a même pas une question qui ait plus de réponses.
Naturellement, vous n'en savez aucune, parce que vous vous laissez mener par
le truc - par le tourbillon. Si on a d'abord les réponses, la première
chose à faire c'est de les compter, hein. Et il y en a une que je trouve très
bonne .
Comment un
homme aime-t-il une femme?
Par
hasard.
Ouais ,
celle-là , je vous l'ai déjà donnée , hein , c'est l'heur dont je
parle comme ça depuis pas tellement de temps , quand je dis que le
bon-heur, que ça ruisselle, qu'il y en a partout, que vous ne connaissez
que ça, même ! Il s'agirait seulement d'en avoir un petit peu plus le
sentiment, que vous êtes livrés à ce bonheur. Parce qu'enfin, il faut bien le
dire, pour prendre ma référence de tout à l'heure les circonstances
ne sont pas toujours à l'entraide quand il arrive que se produise entre un homme
et une femme l'amour, et puis puisque j'ai entendu tout à l'heure une
petite voix , là-bas
, qui poussait sa chansonnette , là , je voudrais tout de même faire remarquer
en marge que le compagnon de route , hein, ça devrait éveiller
plus d'échos
que vous ne croyez dans vos chères petites âmes , hein , ça fait partie
d'un certain vocabulaire , le vocabulaire du coin où on parle de " l'imagination
au pouvoir ". Je dois vous le dire , le gauchisme , ça me
paraît tout
Pour
l'imagination au pouvoir , c'est pas moi qui le leur fait dire ! Pas plus
d'ailleurs que je ne fais dire quoi que ce soit à personne. C'est ma fonction
plutôt d'écouter. Naturellement, enfin, ici je relance, mais c'est plutôt
parce que ce que j'écoute me sort par les oreilles . Bon .
Qu'est-ce
que je fais maintenant , hein ? Je vous donne un flash, comme ça, d'une autre
réponse.
D'une autre réponse qui est celle qui motive ma question. Il est évident
que . . . que je veux, comme ça , enfin , y regarder à deux fois . Parce que
si le dire est un événement, Dieu sait ce que ça peut avoir comme conséquences
! Bah, je vais quand même vous la donner.
L'amour ce n'est rien de plus qu'un dire, en tant qu'événement. Un dire
sans bavures. Et qu'il n'a, l'amour, rien à faire - avec la
vérité, c'est
beaucoup dire, puisque tout de même ce qu'il démontre , c'est qu'elle ne peut
pas se dire toute . Ce dire , ce dire de l'amour s'adresse
au savoir en tant qu'il est là, dans ce qu'il faut bien appeler l'inconscient.
Disons dans ce . . . ce noeud d'être, si vous
voulez, mais dans un tout autre sens, que ce qui d'abord partait de la confusion
- ce noeud, j'ai dit : c'est le mot noeud qui est important, c'est pas l'être, l'être
de ce noeud, que j'ai
dessiné la
dernière fois , et que ne motive que l'inconscient . Ça implique
donc , tout y compris , justement ce dire de la dernière fois, en tant que s'y
rend compte de la place de ce savoir. Ce qui constitue ce
dire n'est pas la connaissance, il ne l'est d'aucune façon , ce noeud , il n'est
une connaissance de quoi que ce soit. I1 implique
mon dire comme événement dans ce qu'il est. Avec
ses trois faces que c'est imaginable puisque j'en
ai fait image effective : que c'est
symbolique puisque je peux le définir comme noeud ; et que
c'est tout à fait
réel
de l'événement même de ce dire lequel événement consiste à ce que, quoi
qu'il en soit, chacun de vous peut lui donner du sens qu'il a.
Et c'est
en quoi, comme toujours, je vous supplie de ne pas le comprendre trop vite.
Parce qu'évidemment, il faut que je pare, comme on dit , à toute sorte de précipitation
. C'est ce qui fait , à l'occasion, ma lenteur. Je suis
ici le Maître Jacques de ce que, il faille parer à toutes les interprétations
précipitées, c'est
rien qu'en ça que constitue ce qu'il peut dans ce dire y avoir d'exploit .
C'est pour ça qu'il faut que je tranche, et ça veut dire que j'abrège.
La portée
de ce noeud borroméen c'est que c'est de chacun des trois ronds de ficelle que
sa rupture d'ensemble s'ensuit . Alors que dans une chaîne simple - je vais
vous la mettre au ta-
comme ça, après ça et là aussi, que vous vous arrêtiez pour faire comme ça. Un chaîne simple de trois, hein, ce n'est que du rond du milieu que vous pouvez rompre les extrêmes, les deux autres restent noués. C'est justement | ![]() |
en ça que
consiste la différence du noeud borroméen, et du noeud borroméen d'autre part
avec le noeud olympique, c'est que dans le noeud olympique, aussi paradoxal que
ça paraisse, cette fois c'est d'enlever un quelconque des trois que les deux
autres restent noués. Mais c'est seulement symétrique de ce qui se passe dans
celui-ci pour le rond du milieu.
La
consistance de tout ça, certes, n'est qu'imaginaire, hein, sinon que nous la
redoublons du Symbolique, seulement à l'imaginer en tant que noeud , et qu'est-ce
que c'est , l'imaginer d'une part , mais le formuler en
tant que noeud, ça nous
pousse vers les formules mathématiques . Celles de ce qui est seulement à
peine ébauché, à savoir la théorie des noeuds, à ceci près que tout de même
ceci est bien le représentant du langage et que lalangue, écrite comme je le
fais, le reflète dans sa formation même, que plus pour tout dire nous nous
enfonçons à en parler, plus nous confirmons ce qui va de soi, que nous sommes
aussi bien dans le Symbolique et après quoi comment ne pas admettre le Réel,
réel
du fait que dans cette affaire nous y mettons notre peau ?
C'est-à-dire
ce qu'il peut y avoir de plus efficace, et aussi loin qu'on aille, de notre présence
réelle. Cette présence réelle, disons , rien de plus , enfin , qu'après tout
, il n'y a pas besoin du hasch pour vous la révéler, par sa transformation en
une substance légère. Nous y sommes assez dans cette affaire pour qu'on puisse
dire que l'important de ce qui là fait noeud, c'est que c'est ce rond de
ficelle, c'est ce qui fait consistance dans chacun de ces termes que je
distingue de trois catégories, ce qui fait consistance est strictement équivalent.
Puisque - donnez-moi ces petits ustensiles, je vais vous faire un cadeau, là
pendant que j'y suis, hein, ah! - ( le docteur Lacan lance les ronds de
ficelle dans l'assemblée ) si je dis que, comme le vous 1'ai
Ce qui est
important, à savoir qu'ils soient distincts, ça n'a justement d'importance ,
qu'ils soient distincts , qu'en tant qu'il faut qu'ils fassent trois. Ils
consistent d'abord et avant tout dans leur différence.
Comme ça,
si une mouche me piquait , enfin , je vous écrirais comme ça quelque chose au
tableau auquel je n'ai pas tellement envie, vu mon humeur d'aujourd'hui, de
donner un statut spécial, à savoir de vous mettre ça dans des . . . dans
une signifiance qui soit plus que . . . ébauchée. Voilà.
2
Je ne vais
pas mettre autour quelque chose , comme ça, quelque chose qui l'isole, qui
l'aseptise par précaution, je le mets tout cru
2
chiffre
de l'amour, hein, - " ils sont hors deux " - je vous l'ai dit,
c'est lalangue, enfin qui exprime la mathématique, hein.
2 = 1 ou 3
2 = 1 v 3
Ah ! Ca
c'est simplement idiot , mais c'est pas idiot si on met - là il faut bien
que je mette quelques signes usités dans la logique, à savoir la parenthèse,
et que je me serve là du signe de l'implication équivalente, qui est justement
comme vous le savez ce qui fonde l'équivalence, hein. A quoi est-ce équivalent
? C'est équivalent à ceci que 2 ou 1 est égal à 2 ou 3.
Ce qui est
une formule sur laquelle vous . . . enfin que vous essaierez de situer, comme ça,
dans ce qui est donné dans les prémisses de la logique propositionnelle. Vous
en ferez ce que vous voudrez, hein, je laisse ça à vos soins.
Quelqu'un
dans la salle : - Qu'est-ce que ça veut dire, le v, Monsieur, c'est
un v ou un multiplié ?
Qu'est-ce
qu'il dit ? C'est un vel, c'est un " ou ", " ou ",
l'un ou l'autre ! C'est usité en logique, en logique , comme ça, écrite, on met
un petit v pour dire " ou ". Ça se lit : 2 égale 1 ou 3 , ceci
implique l'égalité de
2 ou 1 avec 2 ou 3 . . .
Pour vous en montrer l'intérêt , à savoir l'intérêt de ceci : de prendre dans le noeud borroméen que je vais quand même vous dessiner puisqu'il y a des gens qui ont l'air de prendre intérêt à ce
![]() |
que je dis, bon, que je vais vous dessiner comme ça, je ne sais pas si vous vous en souvenez, c'est ça, et voilà. L'intérêt de les prendre chacun comme moyen - puisqu'aujourd'hui c'est de sens que je parle - c'est de vous les pousser en avant , comme ça , interprétés. Voilà. Je suis assez tranquille, assez tranquille sur ceci que je prends garde à ce que vous ne donniez pas trop de sens |
et
trop vite à ce que je dis, il y a aussi un bon moyen, enfin, pour obtenir
le même résultat ,
c'est . . . c'est de vous en donner assez pour que vous le vomissiez, hein.
C'est-à-dire que je ne vais pas y procéder avec le dos de la cuillère.
Je vais vous dire des choses à vomir, et puis après tout, hein, vous aurez le
temps de de les ravaler, comme le chien de l'écriture. C'est
même là quelque
chose pour quoi il n'y a pas à reculer. Si je veux donner à ça exactement sa
portée, enfin, il faut bien y aller.
Prenons ceci pour le Symbolique, celui-là pour le Réel, celui-là pour l'Imaginaire. Si nous prenons ce Symbolique ( effacez-moi le tableau, s'il vous plaît, la chose ) pour jouant le rôle de moyen ( merci, vous êtes trop gentil ! ) pour jouant le rôle de moyen s
à supporter le
Réel d'une
part , l'Imaginaire de l'autre, respective
Voilà d'où
s'impérative la dimension du : " tu aimeras ton prochain comme toi-même ".
Soyez-en
dupe, vous n'errerez pas, je dois le dire.
Parce
qu'on ne peut pas dire que pareille religion , ce soit rien.
Puisque je vous l'ai dit la dernière fois, c'est la vraie, c'est
la vraie puisqu'elle
a inventé cette chose - cette chose sublime de la trinité. Elle
a vuqu'il en fallait trois. Qu'il fallait trois
ronds de ficelle de consistance strictement égale pour que " rien " fonctionne.
C'est quand même bien curieux que
à toutes les fins, ça produise ça quant à l'amour. Mais lisez Vie et règne
de l'amour dans Kierkegaard - ça vient de paraître chez Aubier, vous êtes
nombreux, vous allez tous vous ruer chez Aubier en sortant , hein parce que
d'habitude , quand je dis qu'il faut lire un livre , ça a des effets ! Moi j'en
ai un , déjà, alors . . . vous pouvez épuiser l'édition, mais lisez ça !
Lisez ça parce que il n'y a pas de logique plus implacable , on n'a jamais rien
articulé de mieux sur l'amour ; l'amour divin s'entend. Il n'y a pas la moindre
errance, tout est tracé logiquement. L'amour est charité, femme - curieux
lapsus - est charité, foi et espérance et grâce à ça la charité est,
vous le voyez dans l'art, enfin, assez lamentablement symbolisée par cette
femme aux seins innombrables , n'est-ce pas , à laquelle sont pendus
d'innombrables moutards . Mais c'est quand même quelque chose, de faire ça,
justement, c'est là l'origine de mon lapsus, de faire ça de l'image de
la femme. La finalité , la finalité en tant qu'il y a deux extrêmes et un moyen
, je vous le fais remarquer, toute la spécification de fins et
d'ailleurs de fins qui sont toujours articulables de réc . . . je n'ose pas dire
le mot réciprocité, il n'est pas juste en l'occasion. Mais je veux dire que,
aussi bien ce qui est le départ devient la fin que la fin fait fonction de départ
. Le rapport du corps et de la mort est articulé par l'amour divin d'une façon
telle qu'il fait d'une part que le corps devient mort , que la mort devient
corps d'autre part et c'est par le moyen de l'amour.
Mais
c`est tout à fait général que l'idée même de finalité soit quelque chose
qui soit attaché à l'intermédiaire du désir . L'amour
Je vous le
note en passant, l'amour chrétien n'a pas éteint, bien loin de là, le désir.
Ce rapport du corps à la mort, il l'a si je puis dire, baptisé amour. Mais je
n'insiste pas plus pour l'instant, je prends un autre joint. Très exactement ce
qui peut résulter de prendre, cette fois non plus le Symbolique, mais
l'Imaginaire comme moyen . Si comme tout à l'heure , et c'est en cela que s'épingle
ce que je vous ai articulé comme à vomir, je donne toujours ce sens sommaire
de la mort au Réel, comme constituant son noyau, et au Symbolique, car
jusqu'ici je n'ai pas eu à l'avancer, au Symbolique ce qu'il nous révèle par
son usage dans la parole, et spécialement dans la parole de l'amour, de
supporter ce qu'en effet toute l'analyse nous fait sentir - de supporter
la jouissance.
Alors ,
qu'est-ce que nous démontre le rond de ficelle de l'Imaginaire pris comme
moyen ? C'est que ce qu'il supporte, ce n'est rien de moins que ce qu'il faut
bien appeler l'amour. L'amour, si je puis dire , à sa place , celle qu'il a eue
depuis toujours . Et si, un temps dans mon Éthique , j'ai fait état de l'amour
courtois, de l'amour courtois dans ce qu'il imagine de la jouissance et de la
mort , c'est là quelque chose dont il est - j'allais dire miraculeux très
surprenant et bien fait pour nous retenir, que la féodalité l'ait produit, cet
ordre de l'amour courtois. Non pas que je croie que ce qui s'y témoigne
c'est quelque
chose d'une rectification , d'une contre-théorie de l'amour divin , d'une
compensation , mais bien plutôt d'un ordre antique par où se témoigne
justement combien restait plus qu'on ne croit de cet ordre antique dans la féodalité
.
Car
l'ordre antique n'a rien à faire avec celui que nous connaissons. Il est - je ne vois pas d'ailleurs pourquoi quelque économiste me contredirait
puisqu'au delà de l'âge féodal, il ne veut plus rien connaître - il
est ce qui se conservait dans l'aire féodale . Et pour tout dire , je vous prie
de le vérifier , je ne vois aucune distinction quant à l'accent, quant au sens
de l'amour, entre ce qui nous en reste : les théories, fort élégantes , de
l'amour courtois et tout le roman qui se déploie autour, je ne vois aucune différence
entre cela et ce dont nous témoigne la littérature de Catulle et l'hommage à
Lesbie, toute prostituée qu'elle fût.
(p52->) Je pense
qu'ici c'est-à-dire l'Imaginaire pris comme moyen, c'est
là le
fondement de
la vraie place de l'amour.
Comment a pu se produire ce déplacement
, après tout fécond, qui dans l'amour chrétien situe l'amour à la place -
vous verrez à la fin pourquoi
- à la place qui me semble être celle du désir ? La chose
n'a été possible
- et c'est en cela que je
parle de quelque chose à quoi j'ai un peu pensé, hein - c'est de ce que
le Christ enseigne. Je parle pas de sa passion , qui est la
passion du signifiant , je parle de son dire. Je parle de son dire ? " Imitez
le lys des champs ", qu'il profère . " II ne tisse ni ne file " ,
dit-il . Et c'est là le point important cette méconnaissance de la présence
dans la nature de ce que le savoir a mis quelques temps à découvrir, à savoir
que, qu'est-ce qui a plus tissé et plus filé que le lys des champs ? Proférer,
articuler ceci comme modèle, c'est là, proprement, ajouter à la méconnaissance
la dénégation , et la dénégation de quoi ? puisque ce
n'est qu'une métaphore ? La dénégation de l'inconscient.
A savoir de ce qu'il tisse et qu'il file : ce savoir sans
quoi il n'y a pas de juste situation de l'amour si ce en quoi consiste l'amour,
c'est très précisément
ce dire, ce dire qui part, remarquez-le , de l'Imaginaire pris comme moyen. Ce
qu'il y a dans l'amour courtois, c'est que ce qui restait encore dans Platon
suspendu à l'imaginaire
du beau , c'est cela qui se cristallise, qui, dans l'amour comme moyen , prend
corps , à l'opposé si je puis dire , car tout ceci peut se faire, s'articuler
par une série triple d'oppositions à l'Imaginaire de l'amour tel qu'il
s'articule dans le Banquet, s'oppose à le prendre comme moyen de ce qu'il en
est de l'amour courtois .
Chose qui
mérite d'être avancée. Ne croyez pas que , si j'ai
Il a été
poussé ailleurs , à savoir là où le Réel lui-même est un moyen entre
le Symbolique et l'Imaginaire. Et si ce Réel, c'est là l'audace, enfin
de mon interprétation d'aujourd'hui, enfin, de ce soir , - si ce Réel est
bien la mort - c'est une figuration grossière mais si ce Réel est bien
la mort
là où le désir fut chassé, si vous me permettez de parler en
termes d'événement - là où le désir fut chassé, ce que nous avons, c'est
le masochisme. Non certes, bien sûr, en tant qu'il serait, en quoi que
ce soit , le véhicule de la mort - ça il n'y a que les psychanalystes pour le
croire, les pauvres petits, hein ! instinct de vie, instinct de mort, il n'y
a que de ça qu'ils s'occupent dans leur interprétation ; ils sont tout à fait
à côté de la plaque - mais que ce soit le masochisme qui là les ait
suscités , ça ne fait aucun doute , la jonction , l'emploi comme moyen .
comme moyen pour unir , pour unir la jouissance et le corps ,
L'amour
est l'imaginaire spécifique de chacun , ce qui ne l'unit qu'à un certain
nombre de personnes pas choisies du tout au hasard. Il
y a là le ressort du
plus-de-jouir. Il y a le rapport du réel d'un certain savoir
et l'amour bouche le trou. Comme vous le voyez, hein, c'est un peu coton.
C'est un
peu coton mais quand même, ce qu'il faut que je vous
Le noeud
borroméen - c'est quelqu'un de charmant qui m'écoute , enfin , qui m'a
envoyé tout un papier là-dessus - le noeud borroméen , ça a été
abordé par des voies mathématiques, comme vous le savez, je vous l'ai dit, la
théorie des noeuds en est encore au b ,a, ba ; l'amusant c'est que il s'est découvert
, non pas à prendre les choses au niveau des noeuds, mais à celui de la
tresse.
Ah ! Qu'est-ce
que c'est qu'une tresse ?
D'abord ,
ça a des rapports avec trois, sans ça, ça ne s'appellerait pas tresse . . .
un , deux , trois . . . Comment est-ce que je fais avec ça une tresse ?
N'importe qui s'est occupé des cheveux
Après ça
donc vous aurez là 2, 3, 1, et si vous continuez encore une fois le truc , vous
aurez là , au bi du bout , 3 , 2 , 1. Bon . Figurez
Faites
l'essai de ceci, à savoir de ne faire que trois temps de
la tresse, ce que vous obtiendrez ce n'est pas le noeud borroméen, c'est ça. Ceci
pour vous dire à quel point il est facile de tomber dans le moyen. Et que la face, la face équivalente
de ce que j'ai situé de l'amour comme étant ce lien essentiel du Réel et
du
Symbolique , c'est que pris comme moyen , ça a toutes les chances d'être ce
que ça est aussi du niveau de la finalité, à savoir ce qu'on appelle un pur
ratage.
note:
bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire, ou
si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par avance
de m'adresser un émail. Haut
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