XIV- La logique du fantasme. 1966-1967
version rue CB
10 Mai 1967 note
(p245->) Je
veux tout d'abord vous annoncer qu'à mon grand regret, je ne ferai pas ce séminaire
mercredi prochain, pour la raison qu'il y a la grève, qu'après tout,
j'entends, pour ma part, la respecter, outre les incommodités que cela nous
donnerait, il n'y aura donc de prochain séminaire que dans 15 jours : le 24
mai.
Quelqu'un a-t-il quelque observation à me faire sur ce que je vous ai communiqué
à la dernière séance ? Quelqu'un s'est-il fait une réflexion concernant ce
que j'ai écrit au tableau ? Il ne semble pas. Je ne sais pas si je dois ou non
en respirer, est-ce à cause de la profonde distraction avec laquelle on reçoit
ce que je fais inscrire ? Je me suis fait en rentrant chez moi un sang d'encre,
pour avoir écrit au tableau la formule de "a" ,
et tout de suite après la valeur de
je me suis livré à quelques
plaisanteries sur la table de logarithme, j'aurais mieux fait de vous préciser
que ce que j'écris là, n'était pas la valeur de « a » mais de
.
On ne s'imagine pas que « a » c'est 2,... C'est un chiffre plus élevé que 6/
l0ème,
La seconde erreur que j'ai faite, c'est à la suite d'une longue série d'égalités,
nommément celle qui s'inscrit par ,
à la fin j'ai écrit 1 a alors que c'était
qu'il
fallait écrire.
Nous continuons de nous avancer dans l'objet de cette année et bien sûr, cette logique que j'élabore sous le nom de logique du fantasme a une fin que j'ai plusieurs fois définie, et dont il faut qu'elle vienne à s'appliquer à quelque chose qui ne saurait être qu'une oeuvre de criblage, même à proprement parler de critique contre ce qui est avancé à un certain niveau d'expérience et sous une forme théorique qui parfois prête à défaut.
(p246->)
Dans ce dessin
j'ai ouvert à votre usage l'ouvrage qui ne m'avait pas manqué de nous paraître
important au moment où il a surgi, il est accessible à tout le monde,
puisqu'il a été traduit en français sous le nom de la névrose de base, de
quelqu'un qui ne manque ni de talent, ni de pénétration et qui s'appelle M.
BERGLER. Ouvrage que je vous recommande, à titre d'exemple, de support
occasionnel de ce à quoi peut servir notre travail ici. En vous le recommandant
à titre d'exemple, ce n'est pas vous le recommander à titre de modèle. C'est
pourtant un ouvrage d'un grand mérite, ce n'est pas certes par ces voies que
nous verrons d'aucune façon s'éclairer ce qu'il en est de la nature de la névrose.
Ce n'est pas dire non plus qu'il ne soit pas là, aperçu quelque ressort
essentiel.
Les notions de structure qui sont ici mises en avant, et qui, d'ailleurs, au
sens où j'emploie ce mot, ne sont pas le privilège de cet auteur, ce qui s'énonce
dans la notion de couche que pour la même raison en étage superficiel ou
profond ou inversement du profond au superficiel. Celle nommément dont part
l'auteur, c'est à savoir que dans les cas qu'il envisage, mais encore faut-il
ajouter, qu'il les considère de beaucoup comme les plus nombreux dans la névrose,
les cas définis à son sens, dans ce qu'il appelle la régression orale, se définissent
par quelque chose, qu'après tout je n'ai pas de raison - puisque c'est le résumé
en quelques lignes - de ne pas emprunter à son texte, "les névrosés
font surgir constamment la situation du triple mécanisme de l'oralité que
voici
1) je me créerai le désir masochique d'être rejeté par ma mère, en créant
ou déformant des situations dans lesquelles quelques substituts de l'image pré-oedipienne
de ma mère refusera mes désirs. Ceci est la couche plus profonde, celle dont
l'accès est le plus difficile, celle contre la révélation de laquelle le
sujet se défendra le plus fortement et le plus longtemps. Ceci pour les
auditeurs les plus novices de cette salle.
2) Je ne serai pas conscient de mon désir d'être rejeté et de ce que je suis
l'auteur de ce rejet, je verrai seulement que j'ai raison de me défendre. Mon
indignation est bien justifiée ainsi que la pseudo-agressivité que je témoigne
en face de ces refus.
3) Après quoi, je m'apitoierai sur moi‑-même,
en raison de ce qu'une telle «injustice» ne peut arriver qu'à moi et je
jouirai une fois de plus d'un plaisir masochique».
Je passe sur ce que Bergler y ajoute de ce qu'il appelle le point de vue
clinique, singulière différenciation d'ailleurs qu'il considère comme résumant
la genèse du triple élément génétique, cette forme ou aspect clinique se définissant
pour nous par l'intervention d'un surmoi dont la vigilance consiste précisément
à maintenir la présence l'élément qu'ici il désigne comme masochique, comme
élément toujours actif dans le maintien de la défense.
(p247->) Ce second point de vue est en lui-même à discuter et je
ne le ferai pas aujourd'hui. Ce que, aujourd'hui, sur ce sujet, j'avance est
ceci : que nulle part, n'est articulé en quoi ceci - qui au reste est juste que
dans la pulsion orale le sujet dit-on, veut être refusé - pourquoi il n'est
pas vrai de dire que la pulsion orale consiste à vouloir obtenir nommément le
sein. Si l'observation est fondée, dans sa position radicale, dans nul point de
ce travail de Bergler il n'est de quelque façon rendu compte de ce que ceci
veut dire au regard d'une pulsion définie comme orale et pourquoi en quelque
sorte au départ, ce qui en semble la tendance, disons, naturelle est ainsi
renversée. Point
important en ceci que de sa position naturelle que le sujet arguera pour
soutenir cette agressivité que Bergler dénomme justement pseudo, car ce n'est
pas une, laissant ouvert ce dont il s'agit au niveau d'une agressivité qui ne
serait pas pseudo.
Comme sur ce sujet, j'ai introduit un registre qui
est à proprement parler celui du narcissisme, équivalent à ce que dans la théorie
ordinairement reçue on appelle narcissisme secondaire, j'ai mis l'agressivité
comme étant sa dimension constitutive et comme distincte à ce titre de la pure
et simple agression, nous nous trouvons là dans un éventail de notions depuis
celle prétendue d'agression qui ne convient en presque aucun cas quand il
s'agit de phénomènes névrotiques. celui d'agressivité narcissique, enfin de
cette pseudo-agressivité que spécifie Bergler comme ressortant à un certain
niveau de la névrose orale.
Je pointe simplement ces distinctions sans leur
donner, pour l'instant, leur développement complet. Quoiqu'il en soit la
question se pose de ce qu'il convient de maintenir comme le statut jusqu'à présent
défini comme agressif d'un certain temps le la pulsion orale et pourquoi, dans
la névrose orale, cet accent de l'être référé est posé par Bergler comme
étant la plus radicale. La portée de ma remarque n'est pas d'en trancher quant
au fait, qu'en trancher impliquerait de chercher de quoi il parle, à savoir de
quelle névrose, de quel moment. Mais ceci qui manque dans un théorique à
savoir : s'il n'y aurait pas à se pencher au point où ici les choses s'arrêtent,
à savoir : sur ce que veut dire et pourquoi est pertinent le terme d'être
refusé. Être refusé suggère quelque suspens, questionnant, être refusé à
quel titre ? Être refusé en tant que quoi ? Ce n'est tout de même pas pour
nous à le supposer au seuil de la théorie analytique, chose nouvelle que ce
qui se passe quand nous nous présentons dans une relation, par exemple, qu'on
qualifiera d'intersubjective.
Vous savez à cet égard ce qui a pu être avancé
dans un certain mode de pensée qui est celui hégélien, dont Sartre, lui-même,
détachant un rameau, a mis en valeur l'accent qu'à un certain niveau il peut
prendre, comme celui qui a été qualifié de l'exclusion radicale et mutuelle
des consciences, du caractère incompatible de leur coexistence, que c'est ou
lui ou moi qui surgirait dès qu'à proprement parler apparaît la dimension du
sujet.
C'est assez dire, aussi, combien ce relief, dont
sous la portée des
L'Être refusé, est-il à prendre, dans cette occasion, comme concernant
l'objet. A la vérité, on en verrait facilement la justification en ceci : qu'être
refusé serait, dans ce registre, à proprement parler, se sauver soi-même de
l'engloutissement du partenaire à lui-même. Ce serait pour-être aussi un peu
trop simple que de répondre ainsi à la question du statut de l'Être refusé,
et dire que c'est trop simple est suffisamment souligné par ceci deux fois répété
dans les lignes que je viens de vous lire de Bergler, et qui associe à cette névrose
orale comme étant essentielle la dimension du masochisme. L'être refusé en
question est un refus de défaite est un refus humiliant écrit encore l'auteur
et c'est en ceci qu'il se permet d'introduire l'étiquette de masochisme, qu'il
qualifie de masochisme psychique, en l'occasion, consacrant en quelque sorte un
usage arbitraire du terme de masochisme dont je ne dis pas qu'il n'y est pas
dans tel texte de Freud prétexte à l'introduire, mais qui est pris dans cet
usage où il est maintenant de plus en plus courant et à proprement parler :
ruineux. L'allusion à la référence à l'objet au niveau de ce refus est là
ce qui pourrait justifier l'introduction de la dimension du masochisme à ce
niveau. Il est inexact de dire que ce qui caractérise le masochisme c'est le côté
pénible, assumé comme tel dans une situation. Aborder les choses sous cet
angle aboutit à cet abus de faire, de la dimension sado-masochiste, le registre
essentiel par exemple de toute la relation analytique. Il y a là une véritable
perversion autant de la pensée de Freud que de la théorie et de la pratique et
ceci est à proprement parler insoutenable quand la dimension du masochisme est
définie, sans doute par le fait que le sujet assume une position d'objet au
sens le plus accentué de ce que nous donnons au mot objet, pour le définir
comme cet effet de chute de déchet, de reste de l'avènement subjectif, le fait
que le masochiste instaure une situation réglée à l'avance, dans ses détails,
qui pour aller jusqu'à le faire séjourner sous une table dans la position d'un
chien, ceci fait partie d'une mise en scène, d'un scénario qui a son sens et
son bénéfice qui est, incontestablement, au principe d'un bénéfice de
jouissance quelque note que nous puissions y ajouter concernant le maintien, le
respect de l'intégrité du principe du plaisir. Que cette jouissance soit étroitement
liée à une manœuvre de l'Autre, qui s'exprime le plus communément
sous la forme du contrat, - quand je dis du contrat, je dis du contrat écrit
-est quelque chose qui dicte tout autant à l'autre et bien plus à l'Autre
qu'au masochiste lui-même, sa conduite, c'est ceci qui doit nous instruire
concernant le rapport qui donne sa spécificité, son originalité à la
perversion masochique et qui est hautement faite pour nous éclairer jusqu'en
son fond sur la part où joue l'Autre au sens où j'entends ce terme,
j'entends l'Autre, lieu où se déploie dans l'occasion une parole qui
est une parole de contrat. Réduire l'usage du terme masochique après cela à
être quelque chose qui
Celle-ci par exemple, qui nous montrerait, mais ce n'est pas aujourd'hui
que je ferai ce pas, si Freud a écrit quelque part que l'anatomie c'est le
destin,
Qu'est-ce qui motive ces besoins qui s'expriment dans ces biais paradoxaux et
toujours si mal définis ? Si on les rapporte purement et simplement au bénéfice
recueilli ou non à leur suite de la réalité, si on omet cette première étape
essentielle et à la lumière seule de laquelle, je dis étape, ce qui ressort
de ce résultat dans le réel, peut se juger, c'est l'articulation logique de la
position névrotique, dans le cas présent, aussi bien que toute les autres.
Sans une articulation logique qui ne fait pas intervenir aucun préjugé de ce
qui est à souhaiter pour le sujet, qu'en savez-vous ? Qu'en savez-vous si le
sujet a besoin de se marier avec tel ou tel ? S'il a loupé son mariage à tel détour,
si ce n'est pas pour lui une veine ? De quoi vous mêlez-vous ? Autrement dit,
alors que la seule chose à quoi vous ayez à faire c'est à la structure
logique de ce dont il s'agit. De ce dont il s'agit nommément et quant à une
position comme celle, pour la qualifier, du désir d'être rejeté, c'est à
savoir ce que le sujet à ce niveau, poursuit, quel est pour le névrotique, la
nécessité, le bienfait peut-être qu'il y a à être rejeté. Y épingler de
surplus le terme de masochique est dans l'occasion y introduire une note péjorative,
immédiatement suivie d'une attitude directive de l'analyste, qui peut aller,
jusqu'à l'occasion, devenir persécutive.
Voilà pourquoi il est tout à fait nécessaire de reprendre les choses comme
j'entends le faire cette année, et puisque nous y sommes, rappeler que si je
suis parti de l'acte sexuel dans sa structure d'acte, c'est en relation à ceci
: que le Sujet ne vient au jour par rapport d'un signifiant à un autre
signifiant et que ceci en exige, de ces signifiants, le matériel; faire un
acte, c'est introduire un rapport de signifiant, par contre, la conjoncture est
consacrée comme significative, c'est-à-dire comme une occasion de penser, met
l'accent sur la maîtrise de la situation par ce qu'on imagine que c'est la
volonté qui préside au fort-da du jeu de l'enfant, par exemple. Ce n'est pas
le côté actif de la motricité qui est là la dimension essentielle, ce côté
actif de la motricité ne se déploie que dans la dimension du jeu, c'est sa
structure logique qui distingue cette apparition du fort-da pris pour exemplaire
et est devenu maintenant un bateau. C'est parce que c'est la première thématisation
au signifiant sous forme d'opposition phonématique de certaines situations
qu'on peut qualifier d'actives, seulement au sens où désormais nous
appellerons actif ce qui a, au sens où je l'ai définie, la structure de
l'acte.
La mise en question de l'acte dans cette relation, si distordue, cachée,
exclue, mise à l'ombre, qu'est la relation entre deux êtres appartenant à
deux classes qui sont définitives pour l'état civil, et pour le conseil de révision
puisque précisément notre expérience nous a appris à voir pour n'être
absolument plus évidente, pour la vie familiale par exemple qui est assez
brouillée, ce qui définit l'homme et la femme, la théorie et l'expérience
analytiques apportent ici la notion de satisfaction,
Reprenons les choses sur un autre plan, à quoi l'acte sexuel satisfait-il
? On peut répondre légitimement et simplement : au plaisir. Je ne
connais qu'un seul registre où cette réponse soit pleinement tenable, c'est un
plan ascétique qui est tenu dans l'histoire par Diogène qui fait le geste
public de la masturbation, comme le signe cette affirmation théorique d'un Hédonisme
en raison-même de ce mode de satisfaction cynique, qu'on peut considérer comme
un traitement médical du désir. Il n'est pas sans se payer d'un certain prix,
puisque j'ai introduit la dimension politique, chose curieuse, il est tout à
fait sensible que ce type philosophique s'exclut lui-même, comme il se voit non
pas seulement aux anecdotes mais à la position du personnage dans son tonneau,
eut-il un visiteur comme Alexandre qui se paie d'une exclusion de la dimension
de la Cité.
II y a là quelque chose dont on aurait tort de sourire, c'est une face à
proprement parler ascétique, un mode de vivre, il n'est pas si courant qu'il
paraît, je n'en sais rien, je n'ai pas essayé.
Il ne faudra pas oublier ce lieu du plaisir, de la moindre tension. Seulement,
il est clair qu'il n'est pas suffisant ce lieu que bien d'autres modes, une très
grande variété de modes apparaissent de satisfaction au niveau de la recherche
impliquée par l'acte sexuel. Celle à laquelle donne corps notre cours de cette
année est ceci : de l'impossibilité de saisir l'ensemble de ces modes en
dehors d'une scrutation logique, seule capable de rassembler dans leurs variétés
comme dans leur ampleur, les différents modes de cette satisfaction. L'ensemble
dont il s'agit qui instaure ce que nous appellerons provisoirement et sous réserve
un être masculin, et un être féminin dans cet acte fondateur, que nous avons
évoqué au départ de notre discours de cette année, en l'appelant l'acte
sexuel. Si j'ai dit qu'il n'y a pas d'acte sexuel c'est au sens où cet acte
conjoindrait sous une forme de répartition simple dans la technique comme celle
du serrurier constituant le pacte
J'ai fait état en son temps, et en son lieu, du fameux « tu es ma femme».
Il ne suffit pas que je le dise pour que je reste son homme. Mais enfin, cela
suffirait-il, que ça ne résoudrait rien, je me fonde de ceci en quelque chose.
C'est un vœu d'appartenance, d'un pacte de préférence, au minimum, ça ne
situe absolument rien de l'homme ni de la femme. Tout au plus, peut-on dire que
ce sont deux termes opposés, il est indispensable qu'il y en ait deux, mais ce
qu'est chacun ou aucun est tout à fait exclu du fondement dans la parole quant
à ce qui est de l'union matrimoniale si vous voulez de toute une certaine
dimension, jusqu'à la dimension du sacrement, ne change absolument rien à ce
dont il s'agit, c'est à savoir de l'Être de l'homme ou de la femme. Ça laisse
en particulier, si complètement à côté, la catégorie de la féminité,
puisque j'ai pris l'exemple de : tu es ma femme, qu'il n'est jamais mauvais de
rapporter cet exemple, celui du maître même de la psychanalyse dont on peut
dire que pour lui, ce pacte a été extraordinairement prévalent, la chose a
frappé tous ceux qui font approché, uxorious, uxorieux, ainsi le qualifie
Jones après tant d'autres, mais dont après tout, ce n'est pas un mystère non
plus que sa pensée a buté jusqu'à la fin sur le thème : que veut une femme,
ce qui revient à dire, qu'est-ce être une femme.
Il faut ajouter que depuis 67 ans les forgeries psychanalytiques n'ont rien fait
pour que nous en sachions plus sur la jouissance féminine, quoique de la femme,
de la mère, on ne sait pas trop comment on s'exprime, nous parlions sans arrêt.
C'est quelque chose qui vaut qu'on le relève. C'est pourquoi il est important
de s'apercevoir, et ce schéma heuristique que je vous ai donné sous la forme
du : a - du 1 qui suit - et de l'autre, je vous rappelle ceci qui
est la monnaie de ce que nous articulons à cours de journées : que l'acte
sexuel implique un, élément tiers à tous les niveaux, savoir, par exemple,
que ce qu'on appelle la mère, dans l'œdipe, à laquelle est accroché tout le
ravalement de la vie amoureuse, en tous cas l'interdit qui reste toujours présent
dans le désir de ce fait, ou encore, le phallus en tant qu'il doit manquer à
celui qui l'a, c'est-à-dire à l'homme en tant que le complexe de castration
veut dire quelque chose qui n'est pas encore mis au jour, puisqu'il implique que
nous inventions à son propos, la portée d'une négation spéciale, s'il ne l'a
pas dans le registre et pour autant que l'acte sexuel peut exister, ça n'est
pas dire pour autant qu'il le perde. Le sujet de cette négation pourra, j'espère,
être abordé, avant la fin de cette année.
Que ce phallus, d'autre part, devient l'être du partenaire qui ne l'a pas,
c'est ici que nous trouvons sans doute la raison, pourquoi Aristote, si soumis
à la grammaire projective qu'il fut, nous dit-on à développer, l'éventail,
la liste, le catalogue des catégories, après avoir tout dit : la qualité, la
quantité, etc, ce qui suit dans la baraque, n'a absolument pas soulevé, encore
que la langue grecque soit, comme la nôtre, soumise à ce que Pichon appelle la
sexui-semblance, à savoir qu'il y a le fauteuil et qu'il y a la photo.
Amusez-vous à renverser l'orthographe ça vous
Quoiqu'il en soit, Aristote n'a jamais songé à soutenir à propos d'aucun étant,
de savoir s'il y avait une catégorie du sexe. Ou il n'était pas autant qu'on
dit guidé par la grammaire, ou bien il y a une omission.
Quand j'ai
parlé d'être masculin ou d'être féminin, qu'il y avait là un emploi fautif,
à savoir que l'être, est-il, comme dit Pichon, insexuable, que la quiddité du
sexe est peut-être manquante, qu'il n'y a peut-être que le phallus, ça
expliquerait bien des choses, en particulier, cette lutte sauvage qui s'établit
autour et qui est la raison visible, sinon dernière, de ce qu'on appelle la
lutte des sexes. Je crois aussi, que là encore la lutte des sexes est quelque
chose auquel d'ailleurs l'histoire démontre que ce sont les psychanalystes les
plus superficiels qui s'y sont arrêtés, néanmoins il reste qu'une certaine
Aleteia à prendre dans le sens avec l'accent que lui donne Heidegger, qui est
peut-être à proprement parler à instaurer quant à ce dont il s'agit
concernant l'acte sexuel. C'est ce qui justifie l'emploi par nous de ce schéma
pour ne pas faire de confusion avec d'autres choses concernant la fonction de la
coupure dont je vous ai dit parfois que telle que je la symbolise, je fais jouer
le plan projectif, je prétends non pas faire une métaphore, mais parler du
support réel de ce dont il s'agit. Ce a , ce un, cet Autre, cette
trinicité autour de laquelle
peut et doit
se développer un certain nombre de points que nous avons à mettre en relief à
ce propos, concernant ce qu'il en est, ce qui se rapporte au sexe, ce qui est du
symptôme et dont j'entends vous faire écouter, je ne saurais trop répéter
les choses quand il s'agit d'une catégorie nouvelle, répéter ce qui va servir
de base.
Le Un pour commencer par le milieu, est le plus litigieux, concernant
cette prétendue union sexuelle. C'est-à-dire le champ où il est mis en
question de savoir s'il peut se produire l'acte de partition que nécessiterait
la répartition des fonctions définies comme mâle et femelle, nous avons dit déjà
avec la métaphore du chaudron que j'ai rappelée la dernière fois, qu'il y a
ici, provisoirement, quelque chose que nous ne pouvons désigner que de la présence
d'un trou.
Il y a quelque chose qui ne colle pas, qui ne va pas de soi, et qui est ce que
j'ai rappelé tout à l'heure : l'abîme qui sépare toute promotion, toute
proclamation de la bipolarité mâle et femelle de tout ce que nous donne l'expérience
concernant l'acte qui la fonde. C'est de là, de ce champ Un, de ce Un
fictif, de ce Un auquel se cramponne tout une théorie analytique dont
vous m'avez entendu à maintes reprises dénoncer les fallaces, il importe de
poser que c'est de ce champ (p254->) désigné,
numéroté, non assumé comme unifiant, au moins jusqu'à ce que nous en ayions
fait la preuve, que c'est de là que parle toute vérité en tant que pour nous
analystes et pour bien d'autres avant même que nous soyions apparus quoique pas
bien longtemps pour une pensée qui date du tournant marxiste, la vérité
n'a pas d'autre forme que le symptôme. Le symptôme, c'est-à-dire la
signifiance des discordances entre le Réel et ce pourquoi il se donne, l'idéologie
si vous voulez, mais à une condition c'est que pour ce terme, vous alliez
jusqu'à y inclure la perception elle-même, la perception c'est le modèle de
l'idéologie, c'est un crible par rapport à la réalité, pourquoi s'en étonner,
puisque tout ce qui existe d'idéologie depuis que le monde est plein de
philosophes, n'est jamais construite que sur une réflexion première qui
portait sur la perception. J'y reviens, ce que Freud appelle, le fleuve de boue
concernant le plus vaste champ de la connaissance, toute cette part de la
connaissance inondante, dont nous émergeons à peine pour l'épingler du terme
de connaissance mystique, à la base de tout ce qui s'est manifesté au monde de
cet ordre, il n'y a que l'acte sexuel, envers de la formule : il n'y a pas
d'acte sexuel. La position freudienne, il est tout à fait superflu de prétendre
s'y rapporter en quoi que ce soit, si ce n'est pas prendre à la lettre ceci :
qu'à la base de tout ce qu'a apporté jusqu'à présent de satisfaction, la
connaissance, je dis la connaissance, je l'ai épinglée ici pour la distinguer
de ce qui est né de nos jours sous la forme de la science, de tout ce qui est
de la connaissance, il n'y a à son origine que la sexualité.
Lire dans Freud qu'il y a dans le psychisme des fonctions desexualisées,
ça veut dire qu'il faut chercher le sexe à leur origine, ça ne veut pas dire
qu'il y a ce qu'on appelle en tel lieu, pour des besoins politiques, la fameuse
sphère non conflictuelle, par exemple, un moi plus ou moins fort, plus ou moins
autonome qui pourrait avoir une appréhension plus ou moins aseptique de la réalité.
Dire qu'il y a des rapports à la vérité, je dis la vérité, que l'acte
sexuel n'intéresse pas ceci, est proprement, ce qui n'est pas vrai, il n'y en a
pas. Je m'excuse de ces formules à propos desquelles je suggère que leur
tranchant peut-être un peu trop vivement senti, mais je me suis fait cette
observation, d'abord que tout ça est impliqué dans tout ce que j'ai énoncé,
pour autant que je sais ce que je dis, mais aussi cette remarque que le fait que
je sache ce que je dis, ça ne suffit pas pour que vous l'y reconnaissiez, parce
que dans le fond, la seule sanction de ce que je sais de ce que je dis, c'est ce
que je ne dis pas, ce n'est pas mon sort propre, mais celui de tous ceux qui
savent ce qu'ils disent. C'est cela qui rend la communication très difficile -
c'est ce qu'on dit et on le dit - mais dans bien des cas, il faut considérer
que c'est inutile parce que personne ne remarque que le nerf de ce que vous
avez à faire entendre, c'est justement ce que vous ne dites jamais. C'est
ce que les autres disent qui continue à faire son bruit, et plus encore, entraîne
des effets, c'est ce qui nous force de temps en temps et même plus souvent qu'à
notre tour, à nous employer au balayage, une fois qu'on s'est engagé dans
cette voie, on a aucune raison de finir, il y a eu autrefois un nommé Hercule
qui a, paraît-il, achevé son travail dans les écuries du nommé Augias, c'est
le seul cas que je connaisse : le nettoyage dans les écuries.
(p255->) Quand
il s'agit d'un certain domaine, il n'y a qu'un seul domaine, semble-t-il, et je
n'en suis pas sûr, qui n'ait pas de rapport avec l'acte sexuel en tant qu'il
intéresse la vérité, c'est la mathématique au point où elle conflue avec la
logique, mais je crois que c'est ce qui a permis à Russell de dire qu'on ne
sait jamais, si ce qu'on y avance est vrai. Je ne dis pas vraiment vrai, c'est
vrai en fait, à partir d'une position définitionnelle de la vérité. Si tel,
tel, axiomes sont vrais, alors un système se développe, dont il y a à juger
s'il est ou non consistant. Quel est le rapport de ceci avec ce que je viens de
dire, à savoir, avec la vérité pour autant qu'elle nécessiterait la présence,
la mise en question de l'acte sexuel comme tel. Je ne suis pas sûr - même après
avoir dit ça - que ce merveilleux, ce sublime déploiement moderne de la mathématique
logique, soit tout à fait sans rapport avec le suspens de s'il y a ou non, un
acte sexuel. Il suffirait d'entendre le gémissement d'un Cantor, c'est sous la
forme d'un gémissement, qu'à un moment donné de sa vie, il énonce qu'on ne
sait pas que la grande difficulté, le grand risque de la mathématique, c'est
d'être le lieu de la liberté. On sait que Cantor l'a payé très cher. De
sorte que la formule, que le vrai concerne le réel en tant. que nous y sommes
engagés par l'acte sexuel, par cet acte sexuel dont j'avance d'abord qu'on est
pas sûr qu'il existe, quoiqu'il n'y ait que lui qui intéresse la vérité, me
paraîtrait la formule la plus juste au point où nous en arrivons; donc le
symptôme, tout symptôme, c'est en ce lieu de l'un troué qu'il se
noue. C'est en cela qu'il comporte toujours - quelque étonnant que ça nous
paraisse - sa face de satisfaction, je dis au symptôme. La vérité sexuelle,
est exigeante, et il vaut mieux y satisfaire un peu plus que pas assez du point
de vue de la satisfaction un symptôme à ce titre, nous pouvons concevoir qu'il
soit plus satisfaisant que la lecture d'un roman policier. Il y plus de rapports
entre un symptôme et l'acte sexuel, qu'entre la vérité et le « je ne
pense pas» fondamental dont je vous ai rappelé au début de ces réflexions,
que l'homme y aliène son « je ne suis pas» trop peu supportable. C'est
par rapport à quoi notre alibi de l'être rejeté tout à l'heure, encore que
pas tellement agréable, peut nous paraître plus supportable. Fini pour
l'instant avec l'Un, il fallait qu'ici je l'indique.
Passons à l'Autre comme le lieu où prend place le signifiant. Je ne
vous ai pas dit jusqu'ici, qu'il était là le signifiant. Parce que le
signifiant n'existe que comme répétition, parce que c'est lui qui fait venir
la chose dont il s'agit comme vraie. A l'origine on ne sait pas d'où il sort.
Il n'est rien, que ce trait qui est aussi coupure, à partir duquel la vérité
peut naître.
L'Autre, c'est le réservoir de matériel pour l'acte. Le matériel,
s'accumule, très probablement du fait que l'acte est impossible. Quand je dis
ça, je ne dis pas qu'il n'existe pas, ça ne suffit pas pour le dire, puisque
l'impossible c'est le Réel, simplement. Le Réel pur. La définition
du possible exigeant toujours une première symbolisation. Si vous excluez cette
symbolisation, elle vous apparaîtra plus naturelle, cette formule :
l'impossible c'est le Réel.
Il est un fait qu'on n'a pas prouvé que l'acte sexuel, la possibilité, dans
aucun système formel. Qu'est-ce que ça prouve qu'on ne puisse pas le prouver ?
(p256->) maintenant
que nous savons très bien que non-décidabilité n'implique pas du tout
irrationalité, qu'on définit, qu'on cerne, parfaitement, qu'on écrit des
volumes entiers sur ce domaine du statut de la non-décidabilité, et qu'on peut
parfaitement la définir logiquement. En ce point, alors, qu'est-ce que c'est,
cet Autre ? Quelle est sa substance ? Je me suis laissé dire - car à la
vérité, faut croire que je m'en laisse de moins en moins dire, puisque je ne
l'entends plus - pendant un temps, que je camouflais dans ce lieu de l'Autre
l'esprit. L'ennuyeux, c'est que c'est faux. L'Autre, à la fin des
fins, vous ne l'avez pas encore deviné, c'est le corps.
Pourquoi appellerait-on quelque chose comme un volume, un objet, en tant que
soumis aux lois du mouvement, en général, comme ça, un corps. Pourquoi
parlerait-on de la chute des corps ? Quelle curieuse extension du mot corps !
Quel rapport entre une petite balle qui tombe de la tour de Pise et le corps
Ceci dit, quel est le premier effet, l'effet le plus radical de cette irruption
de l'Un en tant qu'il représente l'acte sexuel au niveau du corps, eh
bien c'est ce qui fait quand même notre avantage sur un certain nombre de spéculations
dialoguées, sur les rapports de l'Un et du Multiple, nous savons
que ce n'est pas du tout si dialectique que ça. Quand cet Un fait
irruption au champ de l'Autre, c'est-à-dire au niveau du corps, le corps
tombe en morceaux, le corps morcelé, voilà ce que notre expérience nous démontre
exister aux origines subjectives. L'enfant rêve de dépeçage, il rompt la
belle unité de l'empire du corps maternel, ce qu'il ressent comme menace c'est
d'être par elle déchiré. Il ne suffit pas de découvrir ces choses et de les
expliquer par une petite mécanique, un petit jeu de balle, l'agression, se reflète,
se réfléchit, revient, repart, qui a commencé ? Avant cela, il pourrait être
utile de mettre en suspens sa fonction à ce corps morcelé, c'est-à-dire le
seul biais par où il nous a intéressé en fait, à savoir : sa relation à ce
qui peut en être de la vérité en tant qu'elle-même est suspendue, à l'Aleteïa
et au caractère recelé de l'acte sexuel. A partir de là, bien sûr, la notion
de l'Éros sous la forme que j'ai
Il vaut mieux se diriger dans la voie de ce que j'appelle système consistant,
logique. Car en effet, il faut que nous en arrivions maintenant à ceci
Ceci est spécifiquement cartésien, le Sujet ne sait rien de lui, sinon
qu'il doute, le doute, comme dit le jaloux qui vient de voir par le trou de la
serrure, un arrière-train en position d'affrontement avec les jambes qu'il
connait bien ! Il se demande si ce n'est pas Dieu et son âme ! Le fondement du
sujet de Descartes, son incompatibilité avec l'étendue n'est pas raison
suffisante à identifier à l'étendue le corps, mais son exclusion de sujet est
par contre par là, fondée, et à le prendre par le biais que je vous présente,
la question de son intime union avec le corps, je parle du Sujet, non pas
de l'âme, n'en est plus une. Il suffit de réfléchir à ceci
Ce sont là des vérités topologiques dont je ne trancherai pas ici si elles
ont rapport ou non avec l'acte sexuel, mais toute élaboration possible de ce
qu'on appelle l'algèbre de Boole exige ceci; qui nous donne l'image de ce qu'il
en est du sujet à ce joint entre ce que nous avons défini comme l'Un et
l'Autre. Le Sujet est toujours d'un degré structural
au-dessous de ce qui fait son corps, c'est ce qui explique aussi que
d'aucune façon sa passivité à savoir ce fait par quoi il dépend d'une marque
du corps ne saurait être d'aucune façon compensé par aucune activité
fut-elle son affirmation en acte.
De quoi l'Autre est-il l'Autre ? - J'en suis chagrin, le temps
d'une
note
:
bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire, ou
si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par avance
de m'adresser un
émail.
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