IX-L'IDENTIFICATION
Séminaire du 23 mai 1962
(->p447)
(XXI/1)
Pourquoi un signifiant est-il
saisi de la moindre chose, peut-il saisir la moindre chose ? voilà la
question, une question dont peut-être il n'est pas excessif de dire qu'on
ne l'a point encore posée en raison de la forme qu'a prise classiquement la
logique. En effet le principe de la prédication qui est la proposition
universelle n'implique qu'une chose c'est que ce que l'on saisit ce sont des
êtres
nullifiables : dictum de omni et nullo. Pour ceux de qui ces termes ne sont pas
familiers et qui par conséquent ne comprennent pas très bien, je rappelle ce
qu'est ce que je suis entrain de vous expliquer depuis plusieurs fois, à savoir
de prendre le support du cercle d'Euler d'autant plus légitimement que ce
qu'il s'agissait de subsistuer est autre chose, le cercle d'Euler comme tout
cercle si je puis dire naïf, cercle à propos duquel la question ne se pose pas
de savoir s'il cerne un morceau, un lambeau. Le propre du cercle, détache-t-il
un lambeau de cette surface hypothétique impliquée, c'est qu'il peut se réduire
progressivement à rien. La possibilité de l'universel, c'est la
nullité. Tous
les professeurs, vous ai-je dit un jour - parce que j'ai choisi cet
exemple pour ne pas retomber toujours dans les mêmes problèmes - tous
les professeurs sont lettrés ; eh bien, si par hasard quelque part aucun
professeur ne mérite d'être qualifié de lettré, qu'à ceci ne tienne nous
aurons des professeurs nuls. Observez bien que ceci n'est pas équivalent à
dire qu'il n'y a pas de professeurs. La preuve, c'est que les professeurs nuls,
eh bien, nous les avons à l'occasion. Quand je dis "avoir", prenez
cet avoir au sens fort, au sens dont il s'agit. Ce n'est pas comme cela un mot
glissant, destiné à laisser échapper la savonnette. Quand je dis "nous
les avons", cela veut dire que nous sommes habitués à les avoir. De même
nous avons des tas de choses comme cela : nous avons la république, comme
disait un paysan avec qui je conversais il n'y a pas très longtemps cette année,
nous avons eu la grêle, et puis après les boy-scouts. Quelque
Nous avons par exemple aussi les |
|
nalysés ; mais, comme chacun sait, tous les psychanalystes devant être psychanalysés, le cercle des psychanalystes pourrait donc être tracé inclus au cercle des psychanalysés. Je n'ai pas besoin de dire que si notre expérience avec les psychanalystes n'avait pu être analysée, c'est probablement que les choses ne sont pas si simples, à savoir qu'après tout, ce n'est pas évident au niveau du professeur que le fait même de fonctionner comme professeur puisse aspirer au sein du professeur, à la manière d'un siphon, quelque chose qui le vide de tout contact avec les effets de la lettre, il est au contraire tout à fait évident pour le psychanalyste que tout est là. Il ne suffit pas de renvoyer la question à qu'est-ce que c'est que d'être psychanalysé ? Car bien entendu ce qu'on croit faire là, et bien sûr naturellement, ne serait que de détourner personne de mettre au premier plan la question de ce que c'est qu'être psychanalysé. Mais dans le rapport au psychanalyste, ce n'est pas cela qu'il s'agit de saisir, si nous voulons attraper la conception du psychanalyste c'est de savoir qu'est-ce que ça lui fait au psychanalyste d'être psychanalysé, ceci en tant que psychanalyste et non pas partie des psychanalysés. Je ne sais pas si je me fais bien entendre, mais je vais vous ramener une fois de plus au b-a-ba, à l'élémentaire. Si tout de même à entendre le plus vieil exemple de la logique, le premier pas que l'on fait pour pousser Socrate dans le trou, à savoir : "Tous les hommes sont mortels", depuis le temps qu'on nous tympanise avec cette formule, je sais bien que vous avez eu le temps de vous endurcir, mais pour tout être un peu frais, le fait même de la promotion de cet exemple au coeur de la logique ne peut pas ne pas être la source de quelque malaise, de quelque sentiment de (->p449) (XXI/3) l'escroquerie. Car en quoi nous intéresse une telle formule, si c'est l'homme qu'il s'agit de saisir ? A moins que ce dont il s'agisse - et c'est justement ce que les cercles concentriques de l'inclusion eulérienne
escamotent -, ce n'est pas de savoir qu'il y a un
cercle de mortels et à l'intérieur le cercle de l'homme, ce qui n'a
strictement aucun intérêt, c'est de savoir qu'est-ce que ça lui fait à
l'homme d'être mortel, d'attraper le tourbillon qui se produit quelque part au
centre de la notion d'homme de ce fait de sa conjonction au prédicat mortel, et
que c'est bien pour ça que nous courrons après quelque chose ; quand nous
parlons de l'homme, c'est justement à ce tourbillon, à ce trou qui se fait là
dans le milieu quelque part que nous touchons. |
J'ouvrais
récemment un excellent livre
d'un auteur américain dont on peut dire que l'œuvre accroît le patrimoine de
la pensée et de l'élucidation logique. Je ne dirai pas son nom parce que
vous allez chercher qui c'est. Et pourquoi est-ce que je ne le fais pas ?
Parce que, moi, j'ai eu la surprise de trouver dans les pages où il travaille
si bien un tel sens si vif de l'actualité du progrès de la logique, où
justement mon huit intérieur intervient.
Il n'en fait pas du tout le même usage
que moi. Néanmoins je me suis amené à la pensée que quelques mandarins parmi
mes auditeurs viendraient me dire un jour que c'est là que j'ai péché. Sur
l'originalité du passage de M. Jakobson, je compte en effet la plus forte référence.
Il faut dire que dans ce cas je crois avoir commencé à pousser en avant la métaphore
et la métonymie dans notre théorie quelque part du côté du discours de Rome
qui est paru. - c'est en parlant avec Jakobson qu'il m'a dit : "Bien
sûr, cette histoire de la métaphore et de la métonymie, nous avons tordu cela
ensemble, souvenez-vous, le 14 juillet 1950". Pour le logicien en
question, il y a longtemps qu'il est mort, et son petit huit intérieur précède
incontestablement sa promotion ici. Mais quand il entre d'un bon pas dans son
examen de l'universel affirmatif, il use d'un exemple qui a le mérite de ne pas
traîner partout. I1 dit : "Tous les saints sont des hommes, tous les hommes
sont passionnés, donc tous les saints sont passionnés," I1 ramasse cela
parce que vous devez bien sentir, dans un tel exemple, que le problème est bien
de savoir où est cette passion prédicative la plus extérieure, de ce
syllogisme universel de savoir quelle sorte de passion revient au cœur pour
faire la sainteté.
(->p450) (XXI/4) Tout cela, j'y ai pensé ce matin, je
veux dire à vous le dire comme cela pour vous faire sentir ce dont il s'agit
concernant ce que j'ai appelé un certain mouvement de tourbillon. Qu'est-ce
que nous essayons de serrer avec notre appareil concernant les surfaces, les
surfaces au sens que nous entendons leur donner d'un usage ici qui, pour
rassurer mes auditeurs inquiets, est peut être, de mes excursions, peu
classique, mais est tout de même quelque chose qui n'est rien d'autre que de
renouveler, de réinterroger la fonction kantienne du schème ? Je pense que le
radical illogisme à l'expérience et l'appartenance de
l'inclusion. Le rapport de l'extension à la compréhension, au cercle d'Euler -
toute cette direction s'est engagée avec le temps logique - est-ce que dans le fourvoiement même elle n'est pas le rappel de
ce qui fut, à son départ, oublié, ce qui fut à son départ l'objet dont il
s'agit - fût-il le plus pur : est-il ou sera-t-il,
quoi qu'on fasse, l'objet du désir - et que s'il s'agit de le cerner pour
l'attraper logiquement, c'est-à-dire avec le langage, c'est que
d'abord il s'agit de le saisir comme objet de notre désir, l'ayant saisi de le
garder, ce qui veut dire l'enclore et que ce retour de l'inclusion au premier
plan de la formation logique, il trouve sa racine dans ce besoin de posséder où
se fonde notre rapport à l'objet en tant que tel du désir.
Le Begriff évoque la saisie parce que
c'est de courir après la saisie d'un objet de notre désir que nous avons forgé
le Begriff. Et chacun sait que tout ce que nous voulons posséder pour le désir,
et non pour la satisfaction d'un besoin nous fuit et se dérobe. Qui ne l'évoque
dans le prêche moraliste ! Nous ne possédons rien enfin ! I1 faudra quitter
tout cela, dit le célèbre cardinal, comme c'est triste ! Nous ne possédons
rien, dit le prêche moraliste, parce qu'il y a la mort.
Ce qu'on nous promet au niveau du fait de la mort réelle n'est pas ce qui est en question ; ce n'est pas pour rien qu'une longue année je vous fis promener dans cet espace que mes auditeurs ont qualifié d'entre-deux-morts. La suppression de la mort réelle n'arrangerait rien à cette affaire du dérobement de l'objet du désir parce qu'il s'agissait de l'autre mort, celle qui fait que même si nous étions pas mortels, si nous avions promesse de vie éternelle, la question reste toujours ouverte si cette "vie éternelle", je veux dire dont serait écartée toute promesse de la fin, n'est pas concevable comme une forme de mourrir éternellement.
Elle l'est assurément puisque c'est
notre condition quotidienne,
Déjà le physiologiste le plus génial,
on peut dire, de tous ceux qui ont le sens de ce biais de l'approche biologique,
Bichat : "La vie, dit-il," est l'ensemble des forces qui résistent
à la mort. "Si quelque chose de notre expérience peut se réfléchir,
peut un jour prendre sens ancré sur ce plan si difficile, c'est cette précession
produite par Freud de cette formule du tourbillon de la mort sur les flancs de
laquelle la vie se cramponne pour ne pas y passer. Car la seule chose à ajouter
pour rendre à quiconque cette fonction tout à fait claire, est qu'il suffit de
ne pas confondre la mort avec l'inanimé, quand dans la nature inanimée il
suffit que nous baissant nous ramassions la trace de ce que c'est qu'une forme
morte, le fossile, pour que nous saisissions que la présence du mort dans la
nature c'est autre chose que l'inanimé.
Est-il bien sûr que c'est là,
coquilles et déchets, une fonction de la vie ? C'est résoudre un peu aisément
le problème quand il s'agit de savoir pourquoi la vie ça se tortille comme ça.
Au moment de reprendre la question du signifiant déjà abordée par la voie de
la trace, il m'est venu l'idée ironique, soudain sortant des dialogues
platoniciens, de penser que cette empreinte un tant soit peu scandaleuse dont
Platon fait état pensant à la marque laissée dans le sable du stade par les
culs nus des bien aimés, expressions vers lesquelles se précipitait l'adoration
des amants et dont la bienséance consistait à l'effacer, ils auraient mieux
fait de la laisser en place. Si les amants avaient été moins obnubilés par
l'objet de leur désir, ils auraient été capables d'en tirer parti et d'y voir
l'ébauche de cette curieuse ligne que je vous propose aujourd'hui, telle est
l'image de l'aveuglément que porte avec lui trop vif tout désir.
Repartons donc de notre ligne qu'il faut
bien prendre sous la forme où
Cette ligne, pour nous,
nous l'appelons
la coupure, une ligne - c'est notre départ - qu'il nous faut tenir
a priori pour fermée. C'est là l'essence de sa nature signifiante.
Rien ne pourra jamais nous prouver, (->p452)
(XXI/6) puisqu'il est de la nature de chacun de
ces tours de se fonder comme différents, rien dans l'expérience ne peut nous
permettre de se fonder comme étant la même ligne. C'est justement cela qui nous
permet d'appréhender le réel. C'est en ceci que son retour étant
structuralement différent, toujours une autre fois, si cela se ressemble, alors
il y a suggestion, probabilité que la ressemblance vienne du réel. Aucun autre
moyen d'introduire d'une façon correcte la fonction du semblable. Mais ce
n'est là qu'une indication que je vous donne. A passer plus loin, il me semble
que je l'ai maintes fois répété si ce n'est, pour n'avoir point à y revenir,
que, tout de même la rappelant, je vous renvoie à cette oeuvre d'un génie précoce et comme tous les génies précoces trop précédemment disparu, Jean
Nicaud, "la Géométrie du Monde Sensible", où le passage concernant
la ligne axiomatique- peut-être quelques-uns d'entre vous qui
s'intéressent authentiquement à notre progrès peuvent s'y reporter - montre bien comment l'escamotage de la fonction du cercle signifiant dans cette
analyse de l'expérience sensible est chimérique, même l'auteur, malgré
l'incontestable intérêt de ce qu'il promeut, au paralogisme que vous ne
manquerez pas d'y trouver. Nous prenons au départ cette ligne dont l'existence
de la fonction des surfaces topologiquement définies a servi d'abord à
renverser pour vous l'évidence trompeuse que l'intérieur de la ligne fût
quelque chose d'univoque, puisqu'il suffit que la ligne se dessine sur une
surface définie d'une certaine façon , le tore par exemple pour qu'il soit
apparent que, tout en restant dans sa fonction de coupure, elle ne saurait
d'aucune façon y remplir la même fonction que la surface que vous me
permettrez sans plus d'appeler ici fondamentale, celle de la sphère, à savoir
de définir un lambeau de nullifiable par exemple. Pour ceux qui viennent ici
pour la première fois, ceci veut dire une ligne fermée ici dessinée ou encore
celle-ci qui ne saurait en aucune façon se réduire à zéro,
c'est à savoir que la fonction de la coupure qu'elles introduisent dans la
surface est quelque chose qui à chaque fois fait problème. Je pense que ce
dont il s'agit concernant le signifiant, c'est de cette liaison réciproque qui
fait que si d'une part, comme je vous l'ai rendu sensible la dernière fois à
propos de 1a surface de Moebius, cette jolie petite oreille contournée dont je
vous ai donné quelques exemplaires, la coupure médiane par rapport à son
champ la transforme en une surface autre qui n'est plus cette surface de Moebius.
Si tant est que la surface de Moebius est -là-dessus je fais plus
d'une réserve - peut-être dite n'avoir qu'une face, assurément
celle qui résultait de la coupure en avait deux, de faces. Ce dont il s'agit
pour nous, prenant ce biais d'interroger les effets du désir par l'abord du
|
Quand je vous dit que c'est à partir de
la coupure que s'organisent les formes de la surface dont il s'agit, pour nous,
dans notre expérience, d'être capables de faire venir au monde l'effet du
signifiant, je l'illustre - je ne l'illustre pas pour la première fois - : voici la sphère, voici notre coupure centrale prise par le biais
inverse du cercle d'Euler ce qui nous intéresse, ce n'est pas le morceau
|
qui
est nécessairement par la ligne fermée, sur la sphère, détaché, c'est la
coupure ainsi produite et, si vous voulez, d'ores et déjà le trou. I1 est bien
clair que tout doit être donné de ce qui nous trouverons à la
Certains m'ont dit : que ne référez-vous à l'embryologie vos images ? Croyez bien qu'elles n'en sont jamais bien loin. C'est ce que devant vous j'explique, mais ce ne serait qu'un alibi parce qu'ici me référer à l'embryologie c'est m'en remettre au pouvoir mystérieux de la vie dont on ne sait pas bien sûr pourquoi elle croit devoir ne s'introduire dans le monde que par le biais, l'intermédiaire de cette globule, de cette sphère qui se multiplie, se déprime, s'invagine, s'avale elle-même, puis
singulièrement , du moins jusqu'au niveau du batracien le blastopore, à savoir
ce quelque chose qui n'est pas un trou dans la
|
(->p454)
(XXI/8) s'est rentré dans l'autre. Il y a assez
de médecins ici qui ont fait un tout petit peu d'embryologie élémentaire pour
se rappeler ce quelque chose qui se met à se diviser en deux pour amorcer ce
curieux organe que l'on appelle canal neurentérique complètement injustifiable
par aucune fonction, cette communication de l'intérieur du tube neural avec le
tube digestif étant plutôt à considérer comme une singularité baroque de l'évolution
d'ailleurs promptement résorbée : dans l'évolution ultérieure on n'en parle
plus.
Mais peut-être les choses prendraient-elles un tour nouveau à être prises comme un métabolisme, une métamorphosme guidée par des éléments de structure dont la présence et l'homogénéité avec le plan dans lequel nous nous déplaçons dans la tenue du signifiant sont le terme d'un isolement en quelque sorte prévital de la trace de quelque chose qui pourrait peut-être nous mener à des formalisations qui même sur le plan de l'organisation de l'expérience biologique pourraient s'avérer fécondes, quoi qu'il en soit, ces deux trous isolés à la surface de la sphère, ce sont eux qui rejoints l'un à l'autre et très prolongés puis conjoints, nous ont donné le tore. Cela n'est pas nouveau. Simplement je voudrais bien articuler pour vous le résultat ; le résultat d'abord, c'est que
s'il y a quelque chose qui pour nous
supporte l'intuition du tore, c'est cela : un
macaroni qui se rejoint, qui se mord la queue ;
c'est ce qu'il y a de plus exemplaire dans
la fonction du trou. Il y en a un au milieu
du macaroni et il y a un courant d'air, ce qui fait qu'en passant à travers du cerceau |
puis il y en a un
autre
plus formidable encore qui met un trou au coeur de la surface qui est là trou
tout en étant en plein extérieur. L'image du forage est introduite ; car ce
que nous appelons trou, c'est cela c'est ce couloir qui s'enfoncerait dans une
épaisseur, image fondamentale qui quant à la géométrie du monde sensible n'a
jamais été suffisamment distinguée. Et puis l'autre trou qui est le trou
central de la surface, à savoir le trou que j'appellerai le trou courrant
d'air, ce que je prétends avancer pour poser nos problèmes, c'est que ce trou
courrant d'air irréductible, si nous le cernons d'une coupure, c'est
proprement là que se tient, dans les effets de la fonction signifiante, a
,
l'objet en tant que tel. Ceci veut dire que l'objet est raté, puisqu'il ne
saurait
surface s'articuler autrement. Le trou ici dessiné à la surface de la sphère, nous pouvons énoncer, formuler, souhaiter que chaque point soit conjoint à son point antipodique, que sans nulle division de |
la béance, la béance s'organise en surface de cette façon qui l'esquisse complètement sans le médium de cette division intermédiaire. Je vous l'ai montré la dernière fois et je vous le remontrerai : ceci nous donna la surface qualifiée de bonnet ou de cross-cap, à savoir quelque chose dont il convient que vous n'oubliez pas que l'image que je vous ai donnée n'est qu'une image à proprement parler tordue puisque ce qui semble à tout un chacun qui pour la première fois a à y réfléchir, ce qui y fait obstacle, c'est la question de cette fameuse ligne d'apparente pénétration de la surface à travers elle-même qui est nécessaire pour la représenter dans notre espace. Ceci que je désigne ici dune façon tremblée, est fait pour indiquer qu'il faut la considérer comme vacillante, non pas fixée.. En d'autres termes nous n'avons jamais à tenir compte de tout ce qui se promène ici d'un côté à l'extérieur de la surface, qui ne saurait passer à l'extérieur de ce qui est de l'autre cote puisqu'il n'y a pas de réelle
rencontre des faces,
mais au contraire ne saurait passer que de l'autre côté
à l'in térieur donc de l'autre
face, je dis l'autre par rapport à
l'observateur ici placé. Donc de représenter les choses ainsi concernant cette forme de surface, ne tient qu'à une certaine incapacité des formes intuitives de l'espace à trois dimensions pour permettre le support d'une image qui rende réellement compte de la continuité obtenue sous le nom de cette nouvelle surface dite cross-cap, le bonnet en question. En d'autres termes, qu'est-ce que cette surface soutient ? Nous l'appelle- |
rons
- puisque ce sont là les thèses que j'avance d'abord, et nous nous
permettrons ensuite de donner son sens à l'usage que je vous proposerai de
qui comble
la béance malgré l'apparte nance qui fait de tous ces points que |
structure. Néanmoins ce qui est ainsi indiqué par
cette forme ainsi encerclée n'est pas autre chose que la possibilité
au-dessous, si l'on peut s'exprimer ainsi, de ce point de passer d'une
surface extérieure à l'autre. C'est aussi la nécessité d'indiquer qu'un
cercle non privilégié sur cette surface, un cercle réductible si vous le
faites glisser, si vous l'extrayez de son apparence de mi-occultation
au-delà de la limite apparemment ici de recroisement et de pénétration
pour l'amener à s'étendre, à se développer ainsi vers la moitié inférieure
de la figure, et donc à s'isoler ici en une
forme à l'extérieur de la figure, devra toujours ici contourner quelque chose qui ne lui permet pas en aucune façon de se transformer en ce qui serait son autre forme, la forme privilégiée d'un cercle en tant qu'il fait le tour du point privilégié et qu'il doit se figurer sur la surface en question celle-ci en effet d'aucune façon ne saurait lui être équivalente, puisque cette forme est quelque chose qui passe autour du point privilégié, du point structural autour duquel est supportée toute la structure de la surface ainsi définie. |
Ce
point double et point simple à la fois autour duquel est supportée la
possibilité même de la structure entrecroisée du bonnet ou du cross-cap, ce
point c'est par lui que nous symbolisons ce qui peut introduire un objet a
quelconque à la place du trou. Ce point privilégié nous en connaissons les
fonctions et la nature : c'est le phallus, le phallus pour autant que c'est par
lui comme opérateur qu'un objet a peut être mis à la place même où nous ne
saisissons dans une autre structure (tore) que son contour. C'est là la valeur
exemplaire de la structure du cross-cap que j'essaie d'articuler devant
vous : la place du trou,
(->p458) (XXI/12) c'est au principe ce point d'une structure spéciale en tant qu'il s'agit de le distinguer des autres formes de points, celui-ci par exempte défini par le recoupement d'une coupure sur elle-même, première forme possible à donner à notre huit intérieur. Nous coupons quelque chose dans un papier par exemple et un point sera défini par le fait que la coupure repasse sur l'endroit déjà coupé. Nous savons bien que ceci n'est nullement nécessaire pour que la coupure ait sur la surface une action complètement définissable et y introduise ce changement dont il s'agit que nous prenions le support pour imager certains effets du signifiant. Si nous prenons un tore et le coupons ainsi, ça fait cette forme que nous avons ici dessinée, passant de l'autre côté du tore, vous voyez bien qu'a aucun moment cette coupure ne se rejoint elle-même. Faites-en l'expérience sur
quelque vieille chambre à air,
vous verrez ce que cela donnera .
cela donnera ma surface continue
organisée de telle sorte qu'elle
se retourne deux fois sur elle même avant de se rejoindre. Si elle ne s'était
retournée qu'une fois, ce serait une surface de Moebius. Comme elle se retourne
deux fois, cela fait une surface
|
Mais l'intérêt c'est de voir
qu'est-ce
qu'est exactement ce point privilégié en tant que comme tel il intervient, il
spécifie le lambeau où il reste irréductiblement, lui donnant l'accent
particulier qui lui permet pour nous à 1a fois de désigner la fonction selon
laquelle un objet
Que si dans le fantasme le sujet par un
mirage en tous points parallèle à celui de l'imagination du stade du miroir,
quoique d'un
note: bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire,
ou si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par
avance de m'adresser un émail.
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