IX-L'IDENTIFICATION
Séminaire du 14 mars 1962
(->p273) (XIII/1) Dans le dialogue que je poursuis avec
vous, il y a forcément des hiatus, des saltus, des casus, des occasions, pour
ne pas parler du fatum. Autrement dit, il est coupé par diverses choses ; par
exemple hier soir nous avons entendu l'intéressante, l'importante communication
de Lagache à 1a séance scientifique de la Société sur la sublimation . Ce
matin, j'avais envie d'en repartir mais, d'un autre côté, dimanche j'étais
parti d'ailleurs, je veux dire d'une sorte de remarque sur le caractère de ce
qui se poursuit ici comme recherche. C'est évidemment une recherche conditionnée,
par quoi ? pour l'instant, par une certaine visée que j'appellerai visée d'une
érotique. Je considère ceci comme légitime, non pas que nous soyons de nature
essentiellement destinée à la faire quand nous sommes sur la route où elle
est exigée, je veux dire que nous sommes sur cette route un peu comme, au cours
des siècles, ceux qui ont médité sur les conditions de la science ont été
sur la route de ce quoi la science réussit effectivement. D'où ma référence
au cosmonaute qui a bien son sens, pour autant que ce à quoi elle réussissait
n'était certainement pas forcément ce à quoi elle s'attendait jusqu'à un
certain point, bien que les phases de sa recherche soient abolies, réfutées
par sa réussite.
Il
est certain qu'il y a chez les gens - nous employons ce terme au
sens le plus large, à moins que nous ne
En fait, si le fond du christianisme se
trouve dans la révélation paulinienne, à savoir dans un certain pas essen
La difficulté est ceci : c'est que le
chrétien ne se tient pas, et pour cause, à la hauteur de cette révélation et
que pourtant il la vit dans une société telle qu'on peut dire que même réduits
à la forme la plus laïque ses principes de droit sont tout de même issus
directement d'un catéchisme
C'est très sensible, ce que je dis, par
exemple, dès qu'on sort des limites de la chrétienté, dès qu'on va dans les
zones dominées par l'aculturation chrétienne, je veux dire non pas les zones
qui ont été converties au christianisme, mais qui ont subi les effets de la
société chrétienne. Je me souviendrai longtemps, d'une longue conversation
poursuivie une nuit de 1947 avec quelqu'un qui était mon guide pour une virée
faite en Égypte. C'était ce qu'on appelle un Arabe. I1 était, bien entendu,
par ses fonctions et par aussi la zone où il vivait, tout ce qu'il y a de plus
sous le coup de notre catégorie. C'était très net dans son discours cette
sorte d'effet de promotion de la question érotique. I1 était certes préparé
Quand il s'agit de l'érotique, que
devons-nous penser de ces normes ? Autrement dit, sommes-nous chargés
de donner par exemple justification à la subsistance pratique du mariage comme
institution à travers même nos transformations les plus révolutionnaires ?
Je crois qu'il n'y a nul besoin de tout
l'effort
Je
ne le crois absolument pas : les nécessités
Qu'est-ce qui en est pour nous le témoignage ?
Tout simplement l'existence de ce que
nous constatons, pour
Qu'est-ce que veut dire la névrose ? Quelle est
(->p278) (XIII/6) Il me semble que le droit, l'autorité
qui découle de ce que nous avons à apprendre du névrosé, c'est la structure
qu'il nous révèle et dans son fond ce qu'il nous révèle, à partir du moment
où nous comprenons que son désir c'est bien le même que le nôtre, et pour
cause. Ce qu'il vient peu à peu à révéler à notre étude, ce qui fait la
dignité du névrosé, c'est qu'il veut savoir. Et en quelque sorte c'est lui
qui
Le névrosé veut savoir quoi ? Ici je
ralentis mon débit pour que vous entendiez bien, car chaque mot a son
importance. I1 veut savoir ce qu'il y a de réel dans ce dont il est la passion,
à savoir ce qu'il y a de réel dans l'effet du signifiant, bien entendu ceci
supposant que nous en sommes arrivés assez loin pour savoir que ce qui
s'appelle désir dans l'être humain est impensable sinon dans ce rapport au
signifiant et les effets qui s'y inscrivent.
Ce signifiant qu'il est lui-même
par sa position, à savoir en tant que névrose vivante, c'est si vous vous
rapportez à ma définition du signifiant - c'est d'ailleurs inversement
ce qui la justifie, c'est qu'elle est applicable - ce par quoi ce
cryptogramme qu'est une névrose, ce qui le fait comme tel, le névrosé, un
signifiant et rien de plus - car le sujet qu' il sert justement est
ailleurs - c'est ce que nous appelons son inconscient. Et c'est pour ça
qu'il est, selon la définition, que je vous en donne, en tant que névrose un
signifiant, c'est
Que ce qui justifie le névrosé comme
tel, le névrosé, pour autant que l'analyse - je laisse passer ce terme
emprunté au discours de mon ami Lagache hier - le"valorise", c'est pour autant que sa névrose vient contribuer à
l'avènement de ce discours exigé d'une érotique enfin constituée. Lui, bien
entendu, n'en sait rien et ne le cherche pas. Et nous aussi bien, nous
n'avons à le chercher que pour autant que vous êtes ici, c'est-à-dire
que je vous éclaire sur la signification de la psychanalyse par rapport à cet avènement
exigé d'une érotique, entendez de ce par quoi il est pensable que
l'être humain fasse aussi dans ce domaine - et pourquoi pas ? - la
même trouée et qui d'ailleurs aboutit à cet instant bizarre du cosmonaute dans
sa carapace. Ce qui vous laisse à penser que je ne cherche même pas à
entrevoir ce que pourra donner une érotique future.
Ce qu'il y a de certain, c'est que
les seuls qui y aient convenablement rêvé, à savoir les poètes, ont toujours
abouti à d'assez étranges constructions. Et si, quelque préfiguration peut
s'en trouver dans ce sur quoi je me suis arrêté avec quelque longueur, les ébauches
qui peuvent en être données justement dans certains points paradoxaux de la
tradition chrétienne, l'amour courtois, par exemple, ça a été pour vous
souligner les singularités tout à fait bizarre -que ceux qui en étaient les auditeurs s'en souviennent
- de certains sonnets
Ceci n'est proprement pensable que
justement pour autant que dans la jouissance le médium qui intervient, médium par où il est donné accès à son fond qui ne peut
être - je vous l'ai montré - que la chose, que ce médium ne peut être aussi qu'un signifiant. D'où
cet étrange aspect que prend à nos yeux la dame dans l'amour courtois. Nous ne
pouvons pas arriver à y croire parce que nous ne pouvons plus identifier à ce
point un sujet vivant à un signifiant, une personne qui s'appelle Béatrice
avec la sagesse et avec ce qu'était pour Dante l'ensemble, la totalité du
savoir.
(->p281) (XIII/9) I1 n'est pas du tout exclu par la nature
des choses que Dante ait effectivement couché avec Béatrice. Cela ne change
absolument rien au problème. On croit savoir que pas, cela n'est pas
fondamental dans la relation.
Ces remarques étant posées, qu'est-ce qui définit le névrosé ?
Le névrosé se livre à une
curieuse retransformation de ce dont il subit l'effet. Le névrosé, somme toute
est un innocent : il veut savoir. Pour savoir il s'en va dans la
direction la plus naturelle, et c'est naturellement du même coup par là qu'il
est leurré. Le névrosé veut retransformer le signifiant en ce dont il est le
signe. Le névrosé ne sait pas, et pour cause, que c'est en tant que sujet
qu'il a fomenté ceci l'avènement du signifiant en tant que le signifiant est
l'effaçant principal de la chose, que c'est lui, le sujet qui en effaçant tous
les traits de la chose, fait le signifiant. Le névrosé veut effacer cet
effacement, il veut faire que ça ne soit pas arrivé. C'est là le sens le plus
profond du comportement sommaire, exemplaire de l'obsessionnel. Ce sur quoi il
revient toujours, sans jamais bien entendu pouvoir en abolir l'effet - car
chacun de ses efforts pour l'abolir ne fait que le renforcer - c'est de
faire que cet avènement à la fonction de signifiant ne se soit pas produit,
qu'on retrouve ce qu'il y a de réel à l'origine, à savoir de quoi tout ça
est le signe. Ceci, je le laisse là indiqué, amorcé pour y revenir d'une façon
généralisée et en même temps plus diversifiée, à savoir
Ce détour donc est bien fait pour
situer, et justifier du même coup, la double visée de notre recherche, en tant
qu'elle est celle que nous poursuivons cette année sur le terrain de
l'identification.
Si extrêmement métapsychologique que
notre recherche puisse paraître à certains de ne pas le poursuivre exactement
sur l'arête où nous la poursuivons pour autant que l'analyse ne se conçoit
que dans cette visée des plus eschatologiques, si je puis m'exprimer ainsi,
d'une érotique, mais impossible aussi sans maintenir au moins à un certain
niveau la conscience du sens de cette visée de faire avec convenance dans la
pratique ce que vous avez à faire, c'est-à-dire bien sûr non pas
à prêcher une érotique, mais à vous débrouiller avec ce fait que, même chez les gens les plus normaux et à l'intérieur de l'application pleine et
entière, et de bonne volonté; des normes, eh bien, ça ne marche pas (que non
seulement, comme M. de la Rochefoucauld l'a dit, il y a des bons mariages, mais
il n'y en a pas de délicieux, nous pouvons ajouter que depuis ça s'est détérioré
un peu plus puisqu'il n'y en a même pas de bons non plus, je veux dire dans la
perspective du désir) il serait tout de même un peu invraisemblable que de
tels propos ne puissent pas être mis au premier plan dans une assemblée
d'analystes.
Ceci ne vous fait pas
pour autant les
propagandistes
Reprenons les choses où nous les avons laissées la dernière fois, à savoir au niveau de la privation. J'espère que je me suis fait entendre concernant ce sujet en tant que je l'ai symbolisé par ce (-1) , le tour forcément pas compté, compté en moins dans la meilleure hypothèse, à savoir quand il a fait le tour du tour, le tour du tore. Le fait que j'ai tout de suite tendu le fil qui rapporte la fonction de ce (-1) au fondement logique de toute possibilité d'une affirmation universelle, à savoir de la possibilité de fonder l'exception, - et c'est ça d'ailleurs qui exige la règle : l'exception ne confirme pas la règle, comme on le dit gentiment, elle l'exige ; c'est elle qui en est le véritable principe - bref, qu'en vous traçant mon petit cadran, à savoir en vous montrant que la seule véritable assurance de l'affirmation universelle est l' exclusion d'un trait négatif : "il n'a pas d'homme qui ne soit mortel", j'ai pu prêter à une confusion que j'entends maintenant
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rectifier
pour que vous sachiez sur quel terrain de principe je vous fais vous avancer.
Je vous donnais cette référence, mais il est clair qu'il ne faut pas la prendre pour une
|
déduction du
processus tout entier à partir du symbolique.
(->p284) (XIII/12)
La part vide où il
n'y a rien dans mon
cadran, il faut à ce niveau là encore la considérer comme détachée. Le
(-1) qu'est le sujet à ce niveau en lui-même n'est nullement
subjectivé, il n'est nullement encore question ni de savoir, ni de
non-savoir. Pour que quelque chose arrive de l'ordre de cet avènement,
il faut que tout un cycle soit bouclé dont la privation n'est donc que le
premier pas. La privation dont il s'agit est privation réelle pour laquelle
avec le support d'intuition dont vous me concéderez qu'on peut bien m'en
accorder le droit, je ne fais là que suivre les traces même de la tradition,
et la plus pure ; on accorde à Kant l'essentiel de son procédé, et ce
fondement du schématisme j'en cherche un meilleur pour essayer de vous le
rendre sensible, intuitif - le ressort de cette privation réelle, je
l'ai forgé. Ce n'est donc qu'après un long détour que peut advenir pour le
sujet ce savoir de son rejet originel. Mais d'ici là, je vous le dis tout de
suite, il s'est passé assez de choses pour que quand il viendra au jour, le
sujet sache non pas seulement que ce savoir le rejette, mais que ce savoir est
lui-même à rejeter en tant qu'il s'avèrera être toujours soit
au-delà, soit en-deçà de ce qu'il faut atteindre pour la réalisation
du désir.
Autrement dit que si jamais le sujet, ce
qui est son but depuis le temps de Parménide, arrive à l'identification,
le
même, que
de penser et d'être
à ce moment-là
il se trouvera lui-même irrémé
Ce en quoi consiste le renversement à
quoi nous sommes sollicités de faire face à cette occasion, c'est de nous
apercevoir que si légitime que puisse être cette adoration du point de vue d'une élation affective, il n'en reste pas moins que ce 1 n'est rien
d'autre que
la réalité d'un assez stupide petit bâton. C'est tout. Le premier chasseur, je
vous l'ai dit, qui sur une côte d'antilope a fait une coche pour se souvenir
Donc, au niveau de la privation dont il
s'agit, en tant que le sujet est d'abord objectivement cette privation dans la
chose, cette privation, qu'il ne sait pas qu'il est du tour non compté, c'est
de là que nous repartons pour comprendre ce qui se passe. Nous avons d'autres
éléments d'information pour que de là il vienne se constituer comme désir et
qu'il sache le rapport qu'il y a de cette constitution à cette origine en tant
qu'elle peut nous permettre de commencer d'articuler quelque rapport symbolique
plus adéquat que ceux jusqu'ici promus concernant ce qu'est sa structure de désir,
au sujet. Ceci ne nous fait pas pour autant présumer de ce qui se maintiendra
de la notion de la fonction du sujet quand nous l'aurons mis en situation de désir
; c'est ce que nous sommes bien forcés de parcourir avec lui, selon une méthode
qui n'est que celle en somme de l'expérience ; c'est le sous-titre de la
phénoménologie de Hegel "Wissenchaft der Erfahrung" : science de l'expérience. Nous suivons un chemin analogue avec les données différentes qui
sont celles qui nous sont offertes.
Le pas suivant est centré - je
pourrais aussi bien ici ne pas marquer d'un titre le chapitre, je le fais à des
fins didactiques - c'est celui de la frustration. C'est au niveau
C'est ici que le sujet va conquérir
l'essentiel, ce que j'ai appelé cette seconde dimension, en tant qu'elle est
fonction radicale de son propre repérage dans sa structure si tant est que métaphoriquement,
mais non sans prétendre atteindre dans cette métaphore la structure même de
la chose, nous appelons structure de tore cette seconde dimension en tant
qu'elle constitue parmi tous les autres 1'existence de lacs irréductibles à
un point, de lacs non évanouissants. C'est dans l'Autre que vient nécessairement
s'incarner cette irréductibilité des deux dimensions pour autant que, si elle
est quelque part sensible, ce ne peut être - puisque jusqu'à présent le
sujet n'est pour nous, que le sujet en tant qu'il parle - que dans le
domaine du symbolique. C'est dans l'expérience du symbolique que le sujet doit
rencontrer la limitation de ses déplacements qui lui fait entrer d'abord dans
l'expérience la pointe, si je puis dire, l'angle irréductible de cette
duplicité des deux dimensions.
C'est à cela que va au maximum me
servir le sché
(->p289) (XIII/17) Cette dimension de perte essentielle à
la métonymie, perte de la chose dans l'objet, c'est là le vrai sens de cette
thématique de l'objet en tant que perdu et jamais retrouvé, le même qui est
au fond du discours freudien et sans cesse répété. Un pas de plus, si nous
poussons la métonymie plus loin, vous le savez, c'est la perte de quelque chose
d' essentiel dans l'image, dans cette métonymie, qui s'appelle le moi, à ce
point de naissance du désir, à ce point de pâleur où Augustin s'arrête
devant le nourrisson, comme fait Freud devant son petit-fils 18 siècles
plus tard. C'est faussement qu'on peut dire que l'être dont je suis jaloux, le
frère, est mon semblable : il est mon image au sens où l'image dont il s'agit
est image fondatrice de mon désir. Là est la révélation imaginaire,
Après la privation réelle, la
frustration imaginaire. Mais, comme pour la privation réelle, j'ai aujourd'hui
bien essayé de vous situer à quoi elle sert au terme qui nous intéresse,
c'est-à-dire dans la fondation du symbolique. De même, nous avons
ici à voir comment cette image fondatrice révélatrice du désir va se placer
dans le symbolique. Ce placement est difficile. I1 serait bien entendu tout à
fait impossible si le symbolique n'était là, si - comme je l'ai rappelé,
martelé depuis toujours et assez longtemps pour que ça vous entre dans la
tête si
l'Autre et le discours où le sujet a à se placer ne l'attendaient depuis
toujours et dès avant avant sa naissance et que par l'intermédiaire au moins
de sa mère, de sa nourrice : on
S'il y a, vous le savez, quelque chose
à quoi on peut dire qu'au départ le névrosé s'est laissé prendre, c'est à
ce piège ; et il essaiera de faire passer dans la demande ce qui est l'objet de
son désir, d'obtenir de l'Autre, non pas la satisfaction de son besoin, pour
quoi la demande est faite, mais la satisfaction de son désir, à savoir d'en
avoir l'objet, c'est-à-dire précisément ce qui ne peut se
demander - et c'est à l'origine de ce qu'on appelle dépendance dans les
rapports du sujet à l'Autre, - de même qu'il essaiera plus
paradoxalement encore de satisfaire par la conformation de son désir, à la
demande de l'Autre : et il n'y a pas d'autre sens, de sens correctement articulé
j'entends, à ce qui est la découverte de l'analyse et de Freud, à l'existence
du Surmoi comme tel. I1 n' y a pas d'autre définition correcte, j'entends pas
d'autre qui permette d'échapper à des glissements confusionnels.
Je pense sans aller plus loin, que les
résonnances
pratiques, concrètes de tous les jours, à savoir l'impasse du névrosé, c'est
d'abord et avant le problème des impasses de son désir, cette impasse sensible
à chaque instant, grossièrement sensible, et à quoi vous le voyez toujours se
buter. C'est ce que j'exprimerai sommairement en disant que pour (->p291)
(XIII/19) son désir il lui faut la sanction d'une
demande. Qu'est-ce que vous lui refusez, sinon cela qu'il attend de vous que
vous lui demandiez de désirer congrûment ? Sans parler de ce qu'il attend de sa
conjointe, de ses parents, de sa lignée et de tous les conformismes qui
l'entourent. Qu'est-ce que ça nous permet de construire et d'apercevoir ?
(Schéma)
Si tant est que la demande se renouvelle
selon les
(->p292)
(XIII/20) Inversement
le cercle sur le premier tore d'une demande vient ici se superposer dans l'autre
tore. Le tore ici support de 1`Autre, de 1'Autre imaginaire de la frustration,
vient ici se superposer au cercle vide de ce tore, c'est-à-dire
remplir la fonction de montrer cette interversion : désir chez l'un, demande
chez l'autre, demande de l'un, désir de l'autre, qui est le noeud où se coince
toute la dialectique de la frustration. Cette dépendance possible des deux
topologies, celle d' un tore à celle de l'autre, n'exprime en somme rien
d'autre que ce qui est le but de notre schème en tant que nous le faisons
supporter par le tore. C'est que si l'espace de l'intuition kantienne, je
dirais, doit grâce au nouveau schème que nous introduisons être mis entre
parenthèses, annulé, aufgehoben, comme illusoire parce que l'extension
topologique du tore nous le permet à ne considérer que les propriétés de la
surface, nous sommes sûrs du maintien, de la solidité, si je puis dire, du
volume du système sans avoir à recourir à l'intuition de la profondeur. Ce
qui, vous voyez, et ce que ceci image, c'est qu' à nous maintenir, dans toute
la mesure où nos habitudes intuitives nous le permettent, dans ces limites, il
en résulte que puisqu'il ne s'agit entre les deux surfaces que d'une
substitution par application bi-univoque, encore qu'elle soit inversée,
à savoir qu'une fois découpée ce sera dans ce sens sur l'une des surfaces et
dans cet autre sur l'autre.
(schéma)
(->p293) (XIII/21) I1 n'en reste
pas moins que ce que ceci
rend sen
Mais ce que montre ce schéma, c'est
avec évidence la carence de l'harmonie idéale qui pourrait être exigée de 1'objet à la demande, de la demande à l'objet, illusion qui est suffisamment démontrée
par l'expérience, je pense, pour que nous ayons éprouvé le besoin de
construire ce modèle nécessaire de leur nécessaire discordance. Nous en savons, le ressort, et bien entendu, si j'ai l'air de n'avancer qu'à pas de
lenteur, croyez-moi : aucune stagnation n'est de trop, si nous voulons
nous assurer des pas suivants. Ce que nous savons déjà, et ce qu'il y a ici de
représenté intuitivement, c'est que l' objet lui-même comme tel, en
tant qu'objet du désir, est l' effet de l'impossibilité de l'Autre de répondre
à la demande. C'est ce qui se voit ici manifestement dans ce sens qu'à la dite
demande, quelque soit son désir, l'Autre ne saurait y suffire, qu'il
laisse forcément à découvert la plus grande part de la
(Schéma) |
|
|
Supposons le sujet à constituer sur une
sphère cosmique. La surface d'une sphère infinie, c'est un plan : le plan du
tableau noir indéfiniment prolongé.
Voilà le sujet : un trou
quadrangulaire, |
(->p295) (XIII/23)
![]() |
à savoir, avec le vide comblé ici,
deux trous qui restent dans la sphère de surface infinie. Il ne reste plus qu'à
tirer sur chacun des bords de ces deux trous pour constituer le sujet à la
surface infinie comme constituée en somme par ce qui est toujours un tore même
s'il a une |
Voilà ce que cela veut dire au maximum
la relation du sujet avec le grand Tout. Nous verrons les applications que nous
pourrons en faire.
Ce qui est important
ici à saisir,
c'est que pour ce recouvrement de l'objet à la demande si l'Autre imaginaire
ainsi constitué dans l'inversion des fonctions du cercle du désir avec celui
de la demande, l'Autre pour la satisfaction du désir du sujet doit être défini
comme sans pouvoir. J'insiste sur ce "sans", car avec lui émerge une
nouvelle forme de la négation où s'indiquent à proprement parler les effets
de la frustration. Sans est une négation, mais pas n'importe laquelle : c'est
une négation-liaison que matérialise bien, dans la langue anglaise,
l'homologie conformiste des deux rapports des deux signifiants : within et without. C'est une exclusion liée qui déjà en soi seul indique son
renversement.
Un pas de plus, faisons-le, c'est
celui du"pas sans".
(->p296) (XIII/24) L'Autre sans doute s'introduit dans la
perspective naïve du désir comme sans pouvoir, mais essentiellement ce qui le
lie à la structure du désir c'est le "pas sans". Il n'est pas
note: bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire,
ou si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par
avance de m'adresser un émail.
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commentaire
relu en septembre 2002