IX-L'IDENTIFICATION
Séminaire du 4 avril 1962 textes et références
(->p346)
(XVI
Ceux qui pour diverses raisons, personnelles ou pas, se sont distingués par leur absence à cette réunion
de la Société qu'on appelle provinciale vont se sentir en proie à un petit
aparté ; car pour le moment, c'est aux autres que je vais m'adresser, pour
autant que je suis avec eux en reste, en un reste gentil. Peut-être le
soupçon leur en est-il venu, car j' ai dit quelque chose à ce petit
congrès. Ca a été pour défendre la part qu'ils ont prise et cela n'allait
pas chez moi, je dois le dire, sans recouvrir quelque insatisfaction à leur
endroit.
Il faut quand
même un peu philosopher
sur la nature de ce qu'on appelle un congrès. C'est en principe une de ces
sortes de rencontre où l'on parle, mais où chacun sait que quelque chose qu'il
dise participe de quelque indécence, de sorte qu'il est bien naturel qu'il ne
s'y dise que des riens pompeux, chacun restant pour l'ordinaire vissé dans son
rôle à garder.
Ceci n'est pas tout
à fait ce qui se
passe à ce que nous appelons, plus modestement, nos journées. Mais depuis
quelque temps tout le monde est très modeste. On appelle ça colloque,
rencontre. Cela ne change rien ..... au fond de l'affaire, cela reste toujours
des congrès.
(->p347) (XVI/2) I1 y a la question des rapports. I1 me
semble que ce terme vaut qu'on s'y arrête parce qu'enfin il est assez drôle à
y regarder de près : rapport à quoi, de quoi, rapport entre quoi, voire
rapport contre quoi, comme on dit le petit rapporteur. Est-ce que c'est
vraiment bien ça, qu'on veut dire ? I1 faudrait voir. En tout cas si le mot
rapport est clair quand on dit : "le rapport de M. Untel sur la situation
financière ", on ne peut tout de même pas dire qu'on soit tout à fait à
l'aise pour donner un sens qui doit être analogue à un terme comme
"rapport sur l'angoisse" par exemple. Avouez que c'est assez curieux
qu'on fasse un rapport sur l'angoisse, ou sur la poésie d'ailleurs, ou sur un
certain nombre de termes de ce genre. J'espère tout de même que l'étrangeté
de la chose vous apparaît, et spécifique pas seulement des congrès de
psychanalystes mais un certain nombre d'autres congrès, disons, de philosophes
en général.
Le terme rapport, je dois dire, fait hésiter
; aussi bien dans un temps, je n'hésitais pas à appeler moi-même
discours de que je pouvais avoir à dire sur des termes analogues :
"Discours sur la causalité psychique", par exemple. Cela fait précieux.
Je suis revenu à rapport comme tout le monde.
Tout de même ce terme et son usage est
fait pour vous faire poser la question justement du degré de convenance à quoi
se mesurent ces rapports étranges à leurs étrangers objets. I1 est bien
certain qu'il y a certaine proportion des dits rapports à un certain type
constituant de la question à quoi il se rapporte : le vide qui est au centre de
mon tore par exemple
C'est bien là que nous retrouvons cette dimension
(->p349) (XVI/4) Cela ne veut tout de même pas dire que
le sans, si
, de la misère dans le Banquet de Platon. La
réussit son coup parce qu'elle est
Alors, où est la limite impardonnable
en cette affaire - parce qu'enfin c'est bien de ça qu'il s'agit : c'est du
style de ce qui peut se communiquer dans un certain mode de communication que
nous essayons de définir, celui qui me force à revenir sur l'angoisse ici, non
pas histoire de reprendre ni de faire la leçon à ceux qui en ont parlé, non
sans défaillances- limite évi
(->p350)
(XVI/5) Je n'irai sûrement pas ici à parodier sur le
rugissement fameux du vomissement de l'Éternel devant une tiédeur quelconque
une certaine chaleur aboutit aussi très bien - ça se sait - à la stérilité.
Et à la vérité, notre morale, une moralité qui déjà se tient très bien,
la morale chrétienne, dit qu'il n'y a qu'un seul péché : le péché contre l'esprit. Eh bien, nous, nous dirons qu'il n'y a pas de péché contre le désir,
pas plus qu'il n'y a de crainte de l'aphanisis, au sens où l'entend M. Jones.
Nous ne pouvons dire qu'en aucun cas nous puissions nous reprocher de ne pas
assez bien désirer. Il n'y a qu'une chose et ça nous n'y pouvons rien - il n'y a qu'une chose à redouter c'est une obtusion à reconnaître la courbe
propre à la démarche de cet être infiniment plat dont je vous démontre la
propulsion nécessaire sur cet objet fermé que j'appelle ici le tore, qui n'est à vrai dire que la forme, la plus innocente que la dite courbure puisse
prendre puisque dans telle autre forme qui n'est pas moins possible ni moins répandue,
il est dans la structure même de ces formes où je vous ai un peu introduits la
dernière fois, que le sujet se déplaçant se retrouve avec sa gauche placée
à droite et ceci sans savoir comment ça a pu arriver, comment ça s'est fait.
Ceci à cet endroit, tous ceux qui ici m'écoutent n'ont rien à cet endroit de
privilégié ; jusqu'à un certain point je dirai que moi non plus ; ça peut
m'arriver comme aux autres.
La seule différence entre eux et moi jusqu'à présent,
il me semble, ne résidait que dans le travail que j'y mets pour autant que j'en
donne un petit peu plus qu'eux.
Je puis dire que dans un certain nombre de choses
Il
me semble néanmoins que ce qui s'est révélé là une certaine
Faute vraiment de partir de là, de
s'accrocher à ça comme à une sorte de poignée ferme et pour n'avoir fait que
tourner autour par je ne sais quelle pudeur - car vraiment à de certains
moments, je dirai presque tout le temps - et jusque dans ces rapports dont j'ai
parlé pour le je ne sais quoi qui tient de cette sorte de manque qui n'est pas
le bon, jusque dans ces rapports quand même vous pouvez connoter en marge de je
ne sais (->p352) (XVI/7) quoi qui était toujours la convergence
s'imposant avec une espèce d'orientation d'aiguille, de boussole, que le seul
terme qui pouvait donner une unité à cette sorte de mouvement d' oscillation
autour de quoi la question tremblait, c'était ce terme : le rapport de
l'angoisse au désir de l'Autre ; et c'est ceci que je voudrais, parce qu'il
serait faux, vain, mais non sans risque de ne pas ici marquer quelque chose au
passage qui puisse être comme un germe pour empêcher tout ce qui s'est dit
sans doute d'intéressant au fur et à mesure des heures de cette petite réunion
où des choses de plus en plus accentuées arrivaient à s'énoncer, pour que
ceci ne se dissipe pas, pour que ceci se raccorde à notre travail,
permettez-moi d'essayer ici très massivement comme en marge et presqu'en
avance mais non aussi sans une pertinence de points exacts, au point où nous étions
arrivés de ponctuer un certain nombre de repères premiers, sans la référence,
qui ne devraient à aucun moment vous faire défaut.
Si le fait que la jouissance en tant que
jouissance de la chose, est interdite en son accès fondamental, si c'est là
que je vous ai dit pendant toute l'année du séminaire sur l' Éthique, si c'est
dans cette suspension, dans le fait qu'elle est, cette jouissance, aufgehohen,
suspendue, proprement que gît le plan d'appui où va se constituer comme tel et
se soutenir le désir - ça c'est vraiment l'approximation la plus
lointaine de tout ce que le monde peut dire - vous ne voyez pas que nous
pouvons formuler que l'Autre, cet Autre en tant qu'à la fois il se pose être
et qu'il n'est pas, qu'il est à être, l'Autre ici quand nous nous avançons
vers le désir nous voyons bien
Première approche : allons-nous
dire que ce rapport que j'articule en disant que le désir de l'homme c'est le désir
de l'Autre, ce qui bien sûr entend dire quelque chose, mais maintenant ce qui
est en question, ce que déjà ça introduit c'est qu'évidemment je dis tout
autre chose. Je dis que le désir x du sujet ego est le rapport au désir de
l'Autre, serait par rapport au désir de l'Autre dans un rapport beschränkung,
de limitation, viendrait à se configurer dans un simple champ d'espace vital ou
non, conçu comme homogène, viendrait se limiter par leurs heurts. Image
fondamentale de toutes sortes de pensées quand on spécule sur les effets d'une
conjonction psycho-sociologique. Le rapport du désir du sujet, du sujet
au désir de l'Autre n'a rien à faire avec quoi que ce soit
d'intuitivement supportable de ce registre.
Un premier pas serait d'avancer que si
mesure veut dire mesure de grandeur, il n'y a point entre eux de commune mesure
et rien qu'à dire ça, nous rejoignons l'expérience. Qui a jamais trouvé une
commune mesure entre son désir et quiconque à qui il a affaire comme désir ?
Si on ne met pas ça d'abord dans toute science de l'expérience,
quand on a le titre de Hegel, le vrai titre de la "Phénoménologie de l'esprit",
on peut tout se permettre, y compris les prêcheries délirantes sur les
bienfaits de la génitalité. C'est ça et rien d'autre que veut dire mon introduction du symbole
, c'est quelque chose
destiné à vous suggérer que
, multiplié par
, (->p355)
(XVI/10) le produit de mon désir par le désir
de l'Autre ça ne donne et ça ne peut donner qu'un manque : -1, 1e défaut
du sujet en ce point précis :
X
= - 1
Résultat : le produit d'un désir par
l'autre ne peut être que ce manque, et c'est de là qu'il faut partir pour
tenir quelque chose. Ceci veut dire qu'il ne peut y avoir aucun accord, aucun
contrat sur le plan du désir, que ce dont il s'agit dans cette identification
du désir de l'homme au désir de l'Autre, c'est ceci que je vous montrerai dans
un jeu manifeste en faisant jouer pour vous les marionnettes du phantasme en
tant qu'elles sont le support, le seul support possible de ce qui peut être au
sens propre une réalisation du désir. Eh bien, quand nous en serons arrivés là
- vous pouvez quand même déjà voir indiqué dams mille références :
les références à Sade, pour prendre les plus proches, le phantasme : "un
enfant est battu" , pour prendre un des biais premiers avec lesquels j'ai
commencé à introduire ce jeu - ce que je montrerai c'est que la réalisation
du désir signifie, dans l'acte même de cette réalisation, ne peut signifier
qu'être l'instrument, que servir le désir de l'Autre qui n'est pas l'objet
que vous avez en face dans l'acte mais un autre qui est derrière.
Il s'agit là du terme possible
dans la réalisation du phantasme, ce n'est qu'un terme possible et avant
de vous êtres faits vous-même l'instrument de cet autre dans un hyper espace,
vous avez bel et bien affaire à des désirs réels. Le désir existe, est
constitué, se promène à travers le monde et il exerce ses ravages avant toute
tentative de (->p356) (XVI/11) de vos
imaginations érotiques ou pas pour le réaliser ; et même il n'est pas exclu
que vous le rencontriez comme tel, le
désir de l'Autre, de l'Autre réel tel que je l'ai défini tout à l'heure.
C'est en ce point que naît l'angoisse ; l'angoisse c'est bête comme chou. C'est incroyable qu'à aucun moment je n' ai vu même l'ébauche de ceci qui semblait à certains moments, comme on dit, être un jeu de cache-tampon, qui est tellement simple. On a été chercher l'angoisse, et plus exactement ce qui est plus originel que l'angoisse : la préangoisse, l'angoisse traumatique. Personne n'a parlé de cela : l'angoisse, c'est la sensation du désir de l'Autre. Seulement, comme bien entendu, chaque fois que quelqu'un avance une nouvelle formule, je ne sais pas ce qui se passe, les précédentes filent dans le fond le vos poches ou n'en sortent plus. Il faut quand même que j' image ça - je m'excuse - et même grossièrement pour faire sentir ce que je veux dire, quitte après cela à ce que vous essayez de vous en servir, et cela peut servir dans tous les endroits où il y a angoisse.
Petit apologue qui n'est peut-être pas le meilleur. La vérité, c'est que je
l'ai forgé ce matin, me disant qu'il fallait que j'essaie de me faire
comprendre. D'habitude je me fais comprendre à côté, ce qui n'est pas si mal.
Cela vous évite de vous tromper à la bonne place. Là je vais essayer de me
faire comprendre à la bonne place et vous éviter de faire erreur. Supposez ici
dans une enceinte fermée s.............(illisible) ...gieuse de
trois mètres.................(illisible) (->p357)
(XVI/12) pour que j'aie la taille du dit mâle,
en plus je suis revêtu d'une dépouille à la taille du dit mâle qui a 1 m 75,
à peu près la mienne. Je me mire, je mire mon image ainsi affublée dans
l'oeil à facettes de la dite mante religieuse. Est-ce que c'est ça
1'angoisse ?
C'en est très près. Pourtant en vous
disant que c'est la sensation du désir de l'Autre, cette définition se
manifeste ce qu'elle est, à savoir purement introductive. Il faut évidemment
vous référer à ma structure de sujet, c'est-à-dire connaître tout le discours antécédent pour comprendre que si c'est de l'Autre avec un
grand A qu'il s'agit, je ne peux pas me contenter de ne pas aller plus loin pour
ne représenter dans 1'affaire que cette petite image de moi en mante mâle
dans l' oeil à facettes de l'autre. Il s'agit à proprement parler de l'appréhension
pure du désir de l'Autre comme tel si justement je méconnais quoi ? mes
insignes : à savoir que moi je suis affublé de la dépouille du mâle. Je ne
sais pas ce que je suis comme objet pour l'Autre. L'angoisse, dit-on, est
un affect sans objet mais ce manque d'objet, il faut savoir où il est : il est
de mon côté. L'affect d'angoisse est en effet connoté par un défaut d'objet,
mais non pas par un défaut de réalité. Si je ne me sais plus objet éventuel
de ce désir de 1'Autre, cet Autre qui est en face de moi, sa figure m'est
entièrement mystérieuse dans la mesure surtout où cette forme comme telle que
j'ai devant moi ne peut en effet non plus être
constituée pour moi en objet, mais où tout de même je peux sentir un mode de
sensations qui font toute la substance de ce qu'on appelle l'angoisse, de
cette (->p358) (XVI/13) oppression
indicible par où nous
arrivons à la dimension même du lieu de l'Autre en tant qu'y peut apparaître le désir.
|
C'est cela l'angoisse. Ce n'est qu' à partir de là que vous pouvez comprendre les divers biais que prend le névrosé pour s'en arranger de ce rapport avec le désir de l'Autre. Alors, au point où nous en sommes, ce désir, je vous l'ai montré la dernière fois |
comme inclus nécessairement
dans la demande de l'Autre. Ici d' ailleurs qu'est-ce que vous retrouvez
comme vérité première si ce n'est le commun de l'expérience quotidienne ? Ce
qui est angoissant pour quiconque, pas seulement pour les petits enfants, mais
pour les petits enfants que nous sommes tous, c'est dans quelque demande ce qui
peut bien se cacher de cet x, de cet x impénétrable et angoissant par
excellence du " qu'est-ce qu'il peut bien à cet endroit vouloir
? " Ce que la configuration ici demande, vous le voyez bien : c'est un médium
entre demande et désir. Ce médium, il a un nom, ça s'appelle le phallus. La fonction phallique, ça n'a absolument pas d'autre sens que d'être
ce qui donne la mesure de ce champ à définir, à l'intérieur de la demande
comme le champ du désir, et aussi bien, si on veut, que tout ce que nous
raconte la théorie analytique, la doctrine freudienne en la matière consiste
justement à nous dire que c'est par là en fin de compte que tout s'arrange.
Je ne connais pas le désir de l'Autre :
l' angoisse, mais j'en connais l'instrument : le phallus et qui que je sois, je
suis prié d'en passer par là et de ne pas faire d'
,
" puisse-t-il ne jamais m'avoir enfanté ! " à la limite et ce
qu'on appelle la baraka dans la tradition sémite et même biblique à
proprement parler, à savoir le contraire ce qui me fait le prolongement vivant,
actif de la loi père, du père comme origine de ce qui va se transmettre comme désir.
L'angoisse de castration donc, vous
allez voir ici qu'elle a deux sens et deux niveaux ; car si le phallus est cet
élément de médiation qui donne au désir son support, en bien la femme n'est
pas la plus mal partagée dans cette affaire parce qu'après tout pour elle
c'est tout simple : puisqu'elle ne l'a pas, elle n'a qu'à le désirer ; et ma
foi dans les cas les plus heureux, c'est en effet une situation dont elle s'accommode
fort bien. Toute la dialectique du complexe de castration en tant que pour elle,
elle introduit l'Oedipe, nous dit Freud, cela ne veut pas dire autre chose.
Grâce à la structure même du désir humain, la voie pour elle nécessite moins de détours
- la voie normale - que pour l'homme. Car pour l'homme, pour que son
phallus puisse servir à ce fondement du champ du désir,
va-t-il (->p360) (XVI/15) falloir
qu'il le demande pour l'avoir ? C'est bien quelque chose comme ça dont il
s'agit au niveau du complexe de castration, c'est d'un passage transitionnel de
ce qui en lui est le support naturel, devenu à demi étranger, vacillant du désir
à travers cette habilitation par la loi, ce en quoi ce morceau, cette livre de
chair va devenir le gage, le quelque chose par où il va se désigner à la place
où il a à se manifester comme désir à l'intérieur du cercle de la demande.
Cette préservation nécessaire du champ de la demande qui "humanise"
par la loi le mode de rapport du désir à son objet, voilà ce dont il s'agit
à ce point et ce qui fait que le danger pour le sujet est non pas, comme on le
dit dans toutes ces déviations que nous faisons depuis des années d'essayer de
contrarier l'analyse, que 1e danger pour le sujet n'est pas d'aucun abandon de la
part de l'Autre, mais de son abandon de sujet à la demande. Car pour autant qu'
il vit, qu'il développe la constitution de son rapport au phallus étroitement
sur le champ de 1a demande, c'est là que cette demande n'a à proprement parler
pas de terme : car ce phallus encore qu'il faille pour introduire, pour
instaurer ce champ du désir, qu'il soit demandé - comme vous le savez - il n'est à proprement parler pas au pouvoir de 1'Autre d'en faire 1e
don sur le plan de la demande. C'est dans la mesure où la thérapeutique
n'arrive point à résoudre mieux qu'elle ne l'a fait la terminaison de
l'analyse, n'arrive pas à la faire sortir du cercle propre à la demande,
qu'elle bute, qu'elle se termine à la fin sur cette forme revendicatoire, sur
cette forme inassouvissable, end-liche que Freud dans son dernier
article, "L'analyse terminée et interminable", signe comme angoisse
non résolue de la castration
Faut-il qu'avant de vous quitter,
je vous indique quelques-uns de ces petits points qui vous donneront
satisfaction pour vous montrer que nous sommes à la bonne place en nous référant
à quelque chose qui soit dans notre expérience du névrosé ? Qu'est-ce que
fait, par exemple, l'hystérique ou la névrosée obsessionnelle dans le
registre que nous venons d'essayer de construire, qu'est-ce qu'ils font
l'un et l'autre en cet endroit du désir de l'Autre comme tel ?
Avant que nous soyons tombés dans leur panneau en les incitant à jouer tout le jeu sur le plan de la demande, à nous imaginer - ce qui n'est pas d'ailleurs une imagination absurde- que nous arriverons à la limite à définir le champ phallique comme l'intersection de deux frustrations, qu'est-ce qu'ils font spontanément ?
(->p362)
(XVI/17) L'hystérique, c'est bien simple ;
l'obsessionnel aussi, mais c'est moins évident. L'hystérique n'a pas besoin
d'avoir
assisté à notre séminaire pour savoir que le désir de
Pourquoi ? C'est ce que bien
sûr vous
pourrez, dans la suite de nos propos voir comme parfaitement calculable du seul
fait de la fonction du phallus qui peut toujours ici passer de l'un à l'autre
des deux partenaires de l'hystérique.
Mais, ceci nous
y viendrons
dans le détail. Et
A ceci près ne vous étonnez pas
qu'avec de tels moyens l'angoisse n'affleure que de temps en temps, qu'elle ne
soit pas là tout le temps, qu'elle soit même beaucoup plus et beaucoup mieux écartée
chez l'hystérique que chez l'obsessionnel, la complaisance de l'Autre étant
beaucoup plus grande que celle quand même d'un mort qu'il est toujours difficile
quand même de maintenir présent si l'on peut dire. C'est pourquoi l'
obsessionnel de temps en temps chaque fois que ne peut pas être répété à
satiété tout l'arrangement qui lui permet de s' en arranger avec le désir de
l'Autre, voit ressurgir bien sûr d'une façon plus ou moins débordante
l'affect d'angoisse. De là, seulement à retourner en arrière, vous pouvez
comprendre que l'histoire phobique marque un premier pas dans cette tentative
qui est proprement le mode névrotique de résoudre le problème du désir de
l'Autre, un premier pas, dis-je, de la façon dont ceci peut se résoudre.
C'est un pas comme chacun sait, celui-là, qui est loin bien sûr
d'arriver à cette solution relative de la relation d'angoisse.
(->p364) (XV/19) Bien au contraire, ce n'est que
d'une façon
. Le facteur commun que constitue le petit
dans
tout désir a du désir est là en quelque sorte extrait et révélé. C'est ce
sur quoi je mettrai l'accent la prochaine fois pour repartir à partir de la
phobie, pour préciser en quoi exactement consiste cette fonction du phallus.
Aujourd'hui en gros que voyez-vous
? C'est qu'en fin de compte la solution que nous apercevons du problème du
rapport du sujet au désir dans son fond radical, se propose ainsi : puisque de
demande il s'agit et qu'il s'agit de définir le désir, eh bien disons le
grossièrement : le sujet demande le phallus et le phallus désire. C'est aussi
bête que ça. C'est de là tout au moins qu'il faut partir comme formule radicale
pour voir effectivement ce qu'il en est fait dans l'expérience. Ce modèle se
module autour de ce rapport du sujet au phallus en tant que, vous le voyez, il
est essentiellement de nature identificatoire et que s'il y a quelque chose qui
effectivement peut provoquer ce surgissement d'angoisse lié à la crainte
d'une perte, c'est le phallus. Pourquoi non pas le désir ? Il n'y a pas de
crainte de l'aphanisis, il y a la crainte de perdre le phallus parce que seul le
phallus peut donner son champ propre au désir.
Mais maintenant qu'on ne nous parle pas
non plus de défense contre l'angoisse. On ne se défend pas contre l'an-(->p365)
(XVI/20)goisse, pas plus qu'il n'y a de crainte
de l'aphanasis. L'angoisse est au principe des défenses, mais on ne se défend
pas contre l'angoisse. Bien sûr, si je vous dis que je consacrerai toute une
année à ce sujet de l'angoisse, c'est vous dire que je ne prétends pas
aujourd'hui en avoir fait le tour, que ceci ne pose pas de problème. Si
l'angoisse - c'est toujours à ce niveau que vous a défini presque
caricaturalement mon petit apologue, que se situe l'angoisse - si
l'angoisse peut devenir un signe, c'est bien sûr que transformée en signe, elle
n'est peut-être pas tout à fait la même chose que 1à où j'ai essayé
de vous la poser d'abord dans son point essentiel.
Il y a aussi un simulacre de l'angoisse.
A ce niveau, bien sûr, on peut être tenté d'en minimiser la portée, pour
autant qu'il est vraiment sensible que si le sujet s'envoie à lui-même
des signes d'angoisse c'est manifestement pour que ça soit plus gai. Mais c'est
tout de même pas de là que nous pouvons partir pour définir la fonction de
l'angoisse ; et puis enfin pour dire, comme j'ai prétendu uniquement le faire
aujourd'hui, des choses massives, qu'on s'ouvre à cette pensée que si Freud
nous a dit que l'angoisse est un signal qui passe au niveau du moi, il faut
quand même savoir que c'est un signal pour qui ? pas pour le moi, puisque c'est
au niveau du moi qu'il se produit. Et ça aussi j'ai regretté beaucoup que dans
notre dernière rencontre, cette simple remarque, personne n'ait songé à la
faire.
note: bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire,
ou si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par
avance de m'adresser un émail.
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