HaL- L'Homme aux Loups- 1952-1953
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rue CB
"L'HOMME AUX LOUPS" (N°II) note
(->p10) La question qu'il faut poser est celle des rapports du Moi et de l'instinct
sexuel qui, chez l'homme, aboutit à l'instinct génital. L'observation de
l'"Homme aux loups" est significative et instructive à cet endroit.
L'"Homme aux loups" a une vie sexuelle réalisée, apparente, à
caractère "inclus" (-"compulsionnelle" pour Freud) - Il
s'agit d'un cycle de comportement qui, une fois déclenché, va jusqu'au bout et
qui est "entre parenthèse" par rapport à l'ensemble de la
personnalité du sujet. Cette sorte de parenthèse est frappante à côté de la
confidence d'une vie à caractère également clos et fermé. L' "Homme aux
loups" a honte de sa vie sexuelle, néanmoins elle existe et ponctue sa vie
adulte ravagé par une dépression narcissique.
L' "Homme aux loups" a eu avec sa soeur des
rapports proprement génitaux. Il n'y a pas d'arriération instinctive à
proprement parler chez lui. Il a des réactions instinctives très vives et prêtes
à pénétrer à travers l'opacité qui fixe et fait stagner sa personnalité
dans un état proprement narcissique. On trouve une virilité de structure
narcissique (termes adlériens presque affleurants) .
On peut partir du schéma classique du refoulement : le
refoulement est lié à la rivalité avec le père et qui est inassumable (rival
tout puissant) et sanctionné par une contrainte, une menace, celle de la
castration. Il y a donc dissociation entre la sexualité et le Moi; processus à
double face et ayant un résultat normatif et heureux (période de latence).
Mais le retour du refoulé provoque les névroses infantiles survenant dans la période
de latence.
Ici la rivalité avec le père est loin d'être réalisée et
est remplacée par une relation qui, dès l'origine, se présente comme une
affinité élective avec le père; l'Homme aux loups" aimait son père qui
était très gentil avec lui; il y a une (->p11)
préférence affective. Le père n'est pas le castrateur ni dans ses actes, ni
dans son être (il est vite bien malade, plus chartré (chatré ? ) que castrateur). Et
pourtant Freud nous dit que la peur de la castration domine toute l'histoire de
ce malade. Freud se demande si c'est en fonction d'un schéma phylogénique.
La relation d'ordre symbolique que le sujet cherche à conquérir
car elle lui apporte sa satisfaction propre, est la suivante : Tout se passe
comme si, sur le fondement d'une relation réelle, l'enfant, pour des raisons liées
à son entrée dans la vie sexuelle, recherchait un père castrateur : qui soit
le géniteur, le personnage qui punit : il cherche le père symbolique (pas son
père réel) ayant avec lui des rapports punitifs ( et cela juste après la séduction
de sa soeur) . L'enfant a une attitude provocatrice et il cherche une
satisfaction : être puni par son père. La différence entre ce père
symbolique et le père réel n'est pas chose rare.
Une autre chose est également importante pour éclairer
notre recherche : c'est l'instruction religieuse qui est donnée par une femme (
Freud considère cette instruction religieuse comme un facteur d'apaisement).
Dans le langage de Freud la sublimation a un sens différent
de l'image vulgaire qu'on s'en fait : c'est-à-dire le passage d'un instinct à
un registre plus sublime. Pour Freud, c'est l'initiation d'un sujet à un
symbole plus ou moins socialisé et objet de croyance universelle.
Pendant un certain temps, l'enfant est calmé grâce à cela.
Pour Freud, la religion est une illusion car sa structure
dogmatique lui paraît mythique.
Pour Freud, la satisfaction du désir de l'homme exige d'être
reconnue. Cette reconnaissance devient l'objet même du désir de l'homme. Quand
le petit d'homme ne trouve pas la forme d'une religion, il s'en fait une : c'est
la névrose obsessionnelle, (->p12) et c'est ce
que la religion évite. Ce que l'instruction religieuse apprend à l'enfant
c'est le nom du Père et de Fils. Mais il manque l'esprit : c'est-à-dire le
sentiment du respect. La religion traçait les voies par lesquelles on pouvait témoigner
l'amour pour le père, "sans le sentiment de culpabilité inséparable des
aspirations amoureuses individuelles" (Freud). Mais, pour l' "Homme
aux loups", il manquait une voix pleinement autorisée. Un père qui
incarne le bien, le père symbolique. Et la révolte liée au masochisme se
manifeste (critique religieuse que fait l'enfant) . Quand apparaît le répétiteur
qui peut incarner la fonction du père et qui dit : "la religion c'est des
blagues", tout cela ne tient pas longtemps. Car, dans ce cas, il n'y a pas
de super-ego : l'enfant n'a pas pu s'identifier à une image proprement
paternelle remplissant la fonction symbolique du Père. Pour cela et du même
coup il n'a pas pu réaliser non plus le complexe d'Oedipe normativant. Ses
relations, dans le triangle oedipien le montre identifié à la mère. L'objet
de ses désir est le père. On le sait grâce au rêve d'angoisse. Dans ses antécédents
immédiats se trouve l'attente du double don pour le jour de Noël. Le
"double don" manifeste sa duplicité par rapport au père¨ (le cadeau
de Noël manifeste la transcendance de l'enfant par rapport à l'adulte).
L'enfant est l'étranger échappant à l'ordre où on se reconnaît; l'enfant
sent qu'il y a tout un monde organisé du côté de l'adulte et auquel il n'est
pas initié à proprement parler. Le rapport enfant-adulte est d'amour mais cet
amour est aussi repoussé : l'enfant pige tout et d'un autre côté ne sait pas
tout. Et ceci explique que l'enfant s'introduise d'un seul coup dans un système
complet de langage en tant que système d'une langue et non épellation de la
réalité.
L' "Homme aux loups" voulait donc son cadeau de
Noël et celui de son anniversaire. Pour lui, qui se considère comme le fils de
son seul Père, il veut aussi un don d'amour réel. Et (->p13)
autour de cela se cristallise le rêve-cauchemar essentiel. C'est un rêve
d'angoisse. Celle-ci n'est pas toujours liée au retour du refoulé dans la
conscience (le refoulé étant quelque chose qui n'a pas été mémorisé
symboliquement).
Il y a deux mémoires à distinguer. L'enfant se souvient de
quelque chose qui a existé et qui ne peut pas être remémoré sur le plan
symbolique. Et cela détermine pourtant tout son comportement ultérieur qui
donne cette "sexualité fendue en éclats" : c'est le drame du
développement de cet enfant.
Dans l'analyse de ce rêve il y a deux plans :
1°) les mythes qui sont dans le registre de sa tentative
d'assumer les mythes socialisant (le conte à une valeur de satisfaction
suturante qui introduit l'enfant dans un moyen de communication qui le
satisfait).
2°) Après ça, il n'y a plus rien et c'est Freud seul qui interprète
ce rêve qui a la valeur de l'irruption de la scène primitive elle-même dans
la conscience nocturne.
Pour le comprendre il faut l'inverser, ce rêve. La réalité
visée a été abolie par ce renversement : fenêtre ouverte : c'est l'inverse
du voile qui enveloppe le sujet : c'est un miroir où il va se voir lui-même
regardant (sous la forme de ces animaux qui le regardent) - une scène agitée :
le père et la mère ayant un coïtus à tergo. Ceci entraîna un relâchement
sphinctérien dû à la terreur. (Ceci représentant un cadeau organique
du bébé). Le malade a oublié cette scène qui est inintégrable à sa
mémoire consciente. Elle ressurgit quand il tente de médiatiser son désir en
créant un rapport symbolique avec le père. Dans son inconscient il s'agit d'un
rapport homo-sexuel passif. Mais celui-ci est refoulé par une exigence
narcissique. Qu'est-ce que le narcissisme ? Une relation libidinale avec le
corps propre ? Le rapport narcissique est centré par une réflexion: une image
spéculaire, narcissique et une identification à l'autre. Il y a une ambiguïté
totale (->p14) le sujet est à la fois lui
et l'autre. Autre chose : il y a un rôle de l'image imprégnate dans
l'érotisation de l'image de l'autre. Là se posent toutes les question de la
bi-sexualité. Féminisé dans l'inconscient, sujet sur le plan du Moi, choisit
avec la dernière énergie la position justement opposée. Comment
expliquer cela ? En se référent aux rapports qui, dans la nature, existent
entre la parade et la pariade : il y a une relation à une certaine image
dont l'affrontement est réalisé de façon assez contingente. Il
s'établit une réaction de parade : c'est une sorte d'épreuve qui donne un
changement dans l'attitude des partenaires et l'un et l'autre, et l'un par
rapport à l'autre, se reconnaissent. Par là se complète une sorte de schéma
inné et les rôles sont fixés, répartis une fois pour toute. Peut-on dire
qu'il y a quelque chose d'analogue dans la référence imaginaire aux
personnages dans la scène primitive ? D'où conflit entre une impression
féminisante et une expérience du corps complet ; spéculaire (voir la leçon
de Freud sur la féminité) . Le rapport à une image univoque et
phallique nous met en présence du phénomène qui, dans l'expérience clinique
garde un caractère original. Tout se passe comme si un phénomène de relation
imaginaire à lui-même recouvrait, éteignait tout ce qui est de l'autre
registre. D'où l'identification à la mère dans la scène primitive est
rejetée : l'image de l'identification féminine est du côté de l'image du
corps morcelé, en arrière pour le malade. Et c'est pourquoi la libido
narcissique, confirmation narcissique, doit amener une dénégation absolue de
sa teneur (ou teinte - le mot manque dans le texte) homosexuelle : il y a
prévalence de l'image complétée (phallique) du corps. La réévocation
de l'image morcelée du corps provoque la résurgence d'un état
antérieur du Moi et cela donne de l'angoisse. Ainsi s'explique le
caractère narcissique de l'affirmation virile du sujet et, de là, vient aussi
la difficulté (->p15) pour atteindre un objet
hétéro-sexuel.
L'identification à la soeur est certaine (il y a un an et
demi de différence entre eux = bonne différence : "note sensible" au
sens que cela a en musique) . A ce point que, quand la soeur est morte, elle est
comme résorbée en lui-même. Il ne peut pas pour cela accepter les problèmes
avancés de sa soeur qui lui aurait donné accès à un stade proprement
génital.
Pour que l'identification se produise chez l'homme, ce doit
être par l'intermédiaire d'un modèle réalisé : adulte, féminin ou masculin
(il y a une différence avec les animaux : chez eux l'épreuve est passivante
pour l'un, motivante pour l'autre).
L'homme s'anticipe dans son image complétée avant qu'il
l'ait atteinte. D'où fantasme de castration : le pénis peut être pris ou
enlevé.
L'identification narcissique est fragile et toujours
menacée.
L'école française a touché à quelque chose de juste en
liant l'oblativité à la maturation de la fonction génitale. Mais ce lien est
très complexe. Le sens véritable de l'oblativité se trouve dans une relation
de don constitutive d'un accès plein à la sexualité humaine . (L'altruisme
est différent qui est lié à une identification narcissique de l'autre).
L'oblativité véritable est une relation symbolique qui fait
que le désir de l'homme se reconnaît et se médiatise par le désir de l'autre
: sorte de coupure du désir de l'autre.
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note: bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire, ou si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un email. Haut de Page