HaL- L'Homme aux Loups- 1952-1953
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rue CB
(->p6) "L'HOMME AUX LOUPS" (N°I) note
En étudiants le cas "Dora", nous avons vu
que le transfert était lié à des anticipations subjectives chez l'analyste,
et que le contre-transfert pouvait être considéré comme la somme des
préjugés de l'analyste.
Il faut essayer de voir ce qu'apporte et ce que signifie ce
texte de l'Homme aux loups.
L' "Homme aux loups" est un personnage dont une
partie de son drame est son insertion pourrait-on dire "désinserrée"
dans la société. Il représente un certain trouble névrotique qui a été
qualifié, avant que Freud ne la voit, d'état maniaco-dépressif. Pour Freud,
il ne s'agit pas d'une telle classification nosographique, ce que présente l'
"Homme aux loups" doit être considéré comme une état qui est celui
suivant la guérison spontanée d'une névrose obsessionnelle.
Après l'analyse faite par Freud, ce personnage a présenté
un comportement psychotique.
Il faut noter que très précocement cet homme fut séparé
de tout ce qui se pouvait, sur la plan social, constituer pour lui un modèle...
Toute la suite de son histoire doit se voir et se situer sur ce contexte.
Freud a donc publié l'"Homme aux Loups", comme
l'histoire d'une névrose infantile. Cette névrose de l'enfance a eu des
manifestations variées et diverses dans leur structure. Si on y regarde de
près, on voit que ce sur quoi l'observation de Freud est concentrée c'est sur
la recherche passionnée, détaillée, contre les faits pourrait-on dire, de
l'existence ou de la non existence d'évènement traumatisants dans la prime
enfance.
Dans ses écrits Freud a souvent insisté sur la difficulté
qu'il eut à maintenir ses idées sur ce sujet, idées tirées de son champ
d'expérience. Même dans son propre groupe il y eu des ten-(->p7)tatives
pour diminuer et rendre plus acceptable au commun ces idées. Et de là
naquirent les scissions inaugurées par Jung et Adler.
Bien avant la déviation jungienne, dès le début des
recherches sur l'hystérie, ont fut frappé par la régularité d'apparition
d'histoires de séduction ou de viol s'avérant comme purement fantasmatiques.
Ceci n'est pas une objection absolument valable contre la réalité
d'évènements traumatiques de la prime enfance.
Une objection plus grave est le caractère stéréotypé de
la scène primitive : il s'agit toujours d'un coït à tergo. Et il y a là
quelque chose de très problématique : est-ce là un schéma, une image
phylogénique ressurgissant dans la reviviscence imaginaire (voir chapitre V de
l'observation).
Dans une analyse il est essentiel de ne pas détourner le
sujet de la réalisation de ce qui est recherché. Il est important que le sujet
fasse la réalisation pleine et entière de ce qui a été son
"histoire".
Qu'est-ce qu'une analyse ? C'est quelque chose qui doit
permettre au sujet d'assurer pleinement ce qui a été sa propre histoire.
Dans l'analyse de l'"Homme aux Loups" Freud n'a
jamais pu obtenir la réminiscence à proprement parler de la réalité
dans le passé de la scène autour de laquelle tourne pourtant toute l'analyse
du sujet.
La réalité de l'évènement est une chose, mais il y
a quelque chose d'autre : c'est l'historicité de l'évènement, c'est-à-dire
quelque chose de souple et de décisif qui fut une impression chez le
sujet et qui domina et qui fut nécessaire à expliquer la suite de son
comportement. C'est cela qui reste l'importance essentielle de la discussion de
Freud autour de l'évènement traumatique initial. Celui-ci fut reconstitué
très indirectement grâce au rêve des loups. C'est Freud qui apprend au sujet
à lire son rêve. Ce rêve se traduit comme un délire. Il n'y a qu'à
l'inverser pour (->p8) le traduire : Les loups
me regardent immobiles, très calmes : Je regarde une scène particulièrement
agitée. On peut y ajouter : "Ces loups ont de belles queues, gare à la
mienne" !
C'est ce rêve qui mène à la scène reconstruite et qui est
ensuite assumée par le sujet.
A noter, à propos de l'interprétation de ce rêve,
l'attention portée par Freud au travail du rêve : Pour lui la signification
d'un rêve se lit dans son travail d'élaboration, de transformation.
Cet évènement traumatique permet de comprendre tout ce qui
s'est passé ensuite et tout ce qui est assumé par le sujet : son histoire.
A ce propos, il n'est pas inutile de se demander qu'est-ce
que c'est que c'est que l'histoire. Les animaux ont-ils une histoire ?
L'histoire est-elle une dimension proprement humaine ?
L'histoire est une vérité qui a cette propriété que le
sujet qui l'assume en dépend dans sa constitution de sujet même et cette
histoire dépend aussi du sujet lui-même car il la pense et la repense à sa
façon.
Une psychanalyse est-elle achevée
quand l'analysé est capable d'avoir pleine conscience de lui-même ?
L'expérience de Freud exige que le sujet qui parle réalise sur un
certain champ - celui des rapports symboliques - une intégration difficile :
celle de sa sexualité qui est une réalité qui lui échappe en partie dans la
mesure ou il a échoué à symboliser d'une façon humaine certains rapports
symboliques.
L'expérience psychanalytique se situe pour le sujet sur la
plan de "sa vérité". La psychanalyse est une expérience "en
première personne".
Dans le cas de l'"Homme aux loups", pendant des
mois et des années des séances n'apportent rien. C'est un sujet isolé par sa
position de riche :
son Moi est un moi fort - (comme tout moi de (->p9)
névrotique )- . L' "Homme aux loups" n'arrive seulement pas à
assumer sa propre vie. Sa vie instinctuelle est "incluse",
"enkystée" : tout ce qui est d'ordre instinctuel survient comme un
raz de marée si il rencontre une femme jouant du chiffon à laver par terre, ou
du balai, et qui montre son dos et ses fesses.
Pendant des années donc cet homme parle et n'apporte rien,
il se mire seulement dans la glace : la glace c'est l'auditeur, c'est-à-dire
Freud en l'occurrence.
Le langage n'est pas seulement un moyen de communication,
quand un sujet parle, une part de ce qu'il dit a part de révélation pour un
autre.
Le progrès d'une analyse se juge quand on sait à quel
moment le "vous" équilibre le "je" dont il s'agit.
Dans l'analyse de l'"Homme aux loups", l'accent
reste très longtemps sur le Moi et sur un Moi irréfutable. C'est alors que
Freud fait intervenir un élément de pression temporelle. Et à partir de ce
moment là, l'analyse se déclenche : l'homme aux loups prend son analyse en
première personne : c'est "Je" qui parle et non plus "Moi"
.
A se rappeler
:
1. - L'évidence saisissable dans l'instant d'un regard
2. -Étape : Celle du problème : travail de cogitation du "working
through" .
3. - Étape : le moment de conclure : élément de hâte et d'urgence
propre à toute espèce de choix et d'engagement.
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note: bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire, ou si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un email. Haut de Page