XXIII-LE SINTHOME
Séminaire DU 11 mai 1976
(p1->) Bon,
je commence cinq minutes plus tôt. Voilà, la derrière fois, je vous ai fait,
en somme, la confidence que, que la grève, ça m'arrangeait très bien, je veux
dire que, comme je n'avais aucune envie de vous raconter quoi que ce soit parce
que j'étais moi-même embarrassé, - Est-ce que l'on
m'entend ? - Bon, est-ce que vous entendez comme ça ? Hein ? Parce que
je vais pas parler plus fort ! I1 se trouve que . . . Ça marche ou ça
ne marche pas ? Ça marche ? Hein ? Ça marche . . . parce que ça me serait très
facile de trouver un autre prétexte, le prétexte que ça ne marche pas par exemple
! Non pas que cette fois-ci je n'ai pas quelque chose à vous dire, mais
enfin, il est certain que la derrière fois, j'étais trop empêtré là, entre
mes noeuds et Joyce pour que j'eusse la moindre envie de, de vous en parler.
J'étais
embarrassé, maintenant je le suis un peu moins, parce que, parce que comme ça
j'ai cru trouver des trucs , enfin des trucs transmissibles. Je suis évidemment
plutôt actif, je veux dire que ça me provoque la difficulté ! De sorte que
pendant tous mes week-ends, je m'acharne à me casser la tête sur quelque
chose qui, qui ne va pas de soi, n'est-ce pas ; il ne va pas de soi que, que
j'ai trouvé ce qu'on appelle, enfin, le prétendu noeud borroméen, et
que
j'essaie de, de forcer les choses en somme, parce que Joyce il n'avait aucune
espèce d'idée du noeud borroméen. C'est pas qu'il n'ait pas fait usage du
cercle et de la croix. On ne parle que de ça même ; et, un nommé Clive Hart (?)
qui est un esprit éminent s'est consacré à commenter Joyce, et en fait
grand état de cet usage du cercle et de la croix, en fait grand usage, et dans
le livre qu'il a intitulé lui-même, " Structure in James Joyce
" et tout spécialement à propos de Finnegans Wake.
Alors,
la première chose que je peux vous dire, c'est que l'expression " Faut le
faire " a un style de maintenant, je veux dire que on l'a jamais autant
dit ;
et ça se loge tout naturellement dans la fabrication de ce noeud. " Il
faut le faire " ! " Il faut le faire ", ça veut dire quoi ? Ça
se réduit
à l'écrire ; ce qu'il y a de frappant, de curieux, c'est que ce noeud comme ça
appensée
ça permet
de, d'écrire autrement la pensée. C'est un appui à l'appensée, ce qui
justifie l'écriture que je viens de vous mettre là sur cette petite feuille de
papier blanc. C'est un appui à la pensée, à l'appensée, mais c'est curieux
qu'il la faille, cet appui, si je puis m'exprimer ainsi. C'est curieux que,
qu'il faille l'écrire pour en tirer quelque chose ; parce que il est tout à
fait manifeste que, que ça n'est pas, que ça n'est pas facile de se représenter
cette chaîne, puisqu'il s'agit, en réalité, non pas d'un noeud mais dune chaîne
, cette chaîne borroméenne, ça n'est pas facile de la voir fonctionner rien qu'à la
penser, cette fois-ci, en coupant le terme, en coupant le la
du, de penser. C'est pas facile . C'est pas facile même pour le plus simple,
et c'est bien en quoi ce noeud porte quelque chose avec lui, il faut l'écrire,
il faut l'écrire pour voir comment ça fonctionne, ce noeud bo .
Ça
fait penser à quelque chose qui est évoqué quelque part,
Une écriture, donc est un faire qui donne support à la pensée. A vrai dire, le noeud bo, en question, change complètement le sens de l'écriture. Ça donne à ladite, à ladite écriture, ça donne une autonomie. Et c'est une autonomie d'autant plus remarquable que il y a une autre écriture qui est celle sur laquelle Derrida a insisté, c'est à savoir celle qui résulte de ce qu'on pourrait appeler une précipitation du signifiant.
Derrida a
insisté, mais il est tout à fait clair que je lui ai montré la voie parce que,
parce que le fait que je n'ai pas trouvé d'autre façon de supporter le
signifiant que de l'écrire grand S, est déjà suffisante indication. Mais, ce
qui reste, c'est que le signifiant, c'est-à-dire ce qui se module dans la voix, n'a
rien à faire avec l'écriture. C'est en tout cas ce que démontre
parfaitement mon noeud bo . Ça change le sens de l'écri
dit-mansion
là aussi,
parce que je suis pas du tout sûr que ça ne vous ait pas échappé, c'est comme ça
que je l'écris : mansion du dit.
Ça a un
avantage, cette façon de l'écrire, c'est que ça permet de prolonger mansion
en
mensionge
et que ça
indique que le dit n'est pas du tout forcément vrai .
Voilà,
autrement dit, le dit qui résulte de ce qu'on appelle la philosophie n'est pas,
n'est pas sans un certain manque, manque à quoi j'essaie, j'essaie, j'essaie de
suppléer par ce recours à ce qui ne peut, dans le noeud bo, que s'écrire, ce
qui ne peut que s'écrire pour qu'on en tire un parti. I1 n'en reste pas moins
que ce qu'il y a de philia dans le philo, le philo qui commence le mot
philosophie, ce qu'il y a de philia peut prendre un poids.
C'est le temps, en
tant que pensé , pensé , non pas la pensée, mais le temps pensé. Le
temps pensé, c'est la philia ; et ce que je me permets, enfin, d'avancer, c'est que l'écriture,
dans l'occasion, change le sens, le mode de ce qui est en jeu, et ce qui est
en jeu c'est cette philia de la Sagesse, la Sagesse, qu'est-ce
que c'est, c'est ce qui n'est pas très facile à supporter autrement que de l'écriture,
de l'écriture du noeud bo elle-même. De sorte, qu'en somme, pardonnez
à mon infatuation, ce que j' ai fait, ce que j' essaie de faire avec mon noeud
bo, ça n'est rien de moins que la première philosophie qui me paraisse se
supporter.
La seule
introduction de ce noeud bo, de l'idée qu'il supporte un os, en somme, un os
qui suggère, si je puis dire, suffisamment quelque chose que j'appellerai dans cette occasion
osbjet
(p4->) qui
est bien ce qui, ce qui caractérise la lettre dont je l'accompagne, cet osbjet,
la lettre petit a ; et si je le réduis, cet osbjet à ce petit a, c'est précisément
pour marquer que la lettre en l'occasion, ne fait que témoigner de l'intrusion
d'une écriture comme autre, comme autre avec précisément un petit a .
L'écriture
en question vient d'ailleurs que du signifiant. C'est quand même pas d'hier que
je me suis intéressé à cette affaire de l'écriture et que j'ai en somme
promue la première fois que j'ai parlé du trait unaire : einziger Zug, dans
Freud.
J'ai donné du fait du noeud borroméen un autre support à ce trait unaire, un autre support que, comme ça, je ne vous ai pas encore sortis, que dans mes notes, j'écris D I . D I, ce sont des initiales, et ça veut dire droite infinie. La droite infinie en question, ça n'est pas la première fois que vous m'entendez en parler, c' est quelque chose que je caractérise de son équivalence au cercle :
C'est le
principe du noeud borroméen ; c'est que en combinant deux droites avec le
cercle, on a l'essentiel du noeud borroméen.
Pourquoi est-ce que la droite infinie a cette vertu, cette qualité ? C'est parce que c'est la meilleure illustration du trou . La topologie nous indique que dans un cercle, il y a un trou au milieu, et même qu'on se met à rêver sur ce qui en fait le centre, ce qui se prolonge dans toutes sortes d'effets de vocabulaire : le centre nerveux, par exemple, dont personne ne sait bien exactement ce que ça veut dire ; la droite infinie a pour vertu d'avoir le trou tout autour. C'est le support le plus simple du trou :
(p5->) Alors,
qu'est-ce que ceci nous donna à nous référer à la pratique ? C'est que l'homme,
l'homme est non pas, non pas Dieu, est
un composé trinitaire, un composé
trinitaire de ce que nous appellerons élément . Qu'est-ce qu'un élément ?
Un élément, c'est ce qui fait un, autrement
dit, le trait unaire ; ce qui fait
un, d'une part, et ce qui, du fait de faire un, amorce la substitution. La
caractéristique
d'un élément, c'est que on procède à leur combinatoire.
Alors
Réel, Imaginaire et Symbolique, ça vaut bien, après tout, me
semble-t-il, l'autre triade dont, à entendre Aristote, enfin, on
nous faisait le jus de composer l'homme, à savoir : nous,
psuchè, soma ; ou
encore : volonté, intelligence, affectivité.
Voilà.
Ce que j'essaie d'introduire avec cette écriture, ça n'est rien moins que ce
que j'appellerai une logique de sacs et de cordes, parce que, évidemment, il y a
le sac . I1 y a le sac dont le mythe, si je puis dire, consiste, consiste dans
la sphère. Mais personne, semble-t-il, n'a suffisamment réfléchi
aux conséquences de l'introduction de la corde, et que ce
que la corde prouve, c'est qu'un sac n'est clos qu'à le ficeler, et que, dans toute sphère, il
nous faut bien imaginer quelque chose qui, bien sûr, est dans chaque point de la sphère
et qui la noue, cette chose dans laquelle on souffle, et qui la noue dune corde.
Les
gens écrivent leurs souvenirs d'enfance. Ça a des conséquences. C'est le
passage dune écriture à une autre écriture. Je vous parlerai dans un moment
des souvenirs d'enfance de Joyce, parce qu'évidement il me faut montrer en
quoi cette logique dite de sacs et de cordes est quelque chose qui peut nous aider, nous
aider à comprendre comment Joyce a fonctionné comme écrivain.
La
psychanalyse, c' est autre chose. La psychanalyse passe
par un certain nombre d'énoncés.
I1 n'est pas dit que la
psychanalyse mette dans la, dans la voie d'écrire. C'est bien ce que je suis
en train de vous, de vous imposer par mon langage, c'est que ça mérite d'y
regarder à deux fois, quand on vient demander au nom de je ne sais quelle
inhibition d'être mis en posture d'écrire. J'y regarde, quant à moi, à deux
fois, quand ça m'arrive comme à tout le monde, on vient me demander ça, de
lever je ne sais quelle inhibition d'écrire, parce que c'est pas du tout tranché
qu'avec la psychanalyse on y arrivera. Ceci suppose une inves-(p6->)
Quelqu'un,
un jour, est venu le voir et lui a demandé de parler de ce qui concernait une
certaine image. C'était une image qui reproduisait un aspect de la ville de
Cork . Alors, Joyce qui savait où attendre son type au tournant, lui a répondu
que c'était Cork . A quoi le type a dit, mais c'est bien évident que, que je
sais ce que c'est, un aspect de la ville, enfin la grand place, disons, de Cork
, je la reconnais. Mais, qu'est-ce qui encadre ? A quoi Joyce, qui
l'attendait au tournant, lui a répondu : " Cork ", c'est-à-dire ce
qui veut dire , traduit en français, du liège. Ceci est donné comme
illustration du fait que, dans Joyce, dans ce qu'il écrit, il en passe
toujours, il suffit de lire les, le petit tableau qu'il a donné du Ulysses,
qu'il a donné à Stuart Gilbert, qu'il a donné aussi, quoique un peu
différent, à Elie Naty , qu'il a donné à quelques autres, qu'il a donné à
Valery Larbaud, c'est
Et alors,
ceci, bien sûr, n' est pas sans évoquer mes petits
ronds qui, eux aussi, sont le support de quelque encadrement. La
question est la suivante : qu'est-ce qui se passe, quand par suite d'une
faute conditionnée pas uniquement par le
hasard, car ce que nous apprend la psychanalyse, c'est qu'une
faute ne se produit jamais par hasard, qu'il y a derrière tout lapsus,
pour appeler ça par
son nom, une finalité signifiante, à savoir que, que la
faute tend, s'il y a un inconscient, à vouloir exprimer quelque chose, non pas
seulement que le sujet sait, puisque le sujet réside, c'est ce que je
vous ai exprimé en son
temps par le rapport d'un signifiant à un autre signifiant, le
sujet réside
dans cette division-même ; que c'est la vie du langage, vie pour le langage
étant tout autre chose que ce qu'on appelle simplement vivre ; que ce qui
signifie mort pour le support somatique a tout autant de place dans ces pulsions
qui relèvent de ce que je viens d'appeler vie du langage.
Ces pulsions
en question relèvent du rapport au corps, et le rapport au corps n'est, chez
aucun homme, un rapport simple. Outre que le corps a des
trous, c'est même au
dire de Freud, ce qui aurait dû mettre l'homme sur la voie, sur la voie de ces
trous abstraits, parce que ceci c'est abstrait, des ces trous abstraits qui
concernent l'énonciation de quoi que ce soit. Alors, il y a quelque chose qui
est, en somme, suggéré par, par cette référence c'est qu'il faut essayer de
se dépêtrer d'une idée essentiellement confuse qui est l'idée
d'éternité.
C'est une idée qui ne s'attache qu'au temps pensé, philia dont je parlais tout
à l'heure On pense, et il arrive même qu'on en parle à tort et à travers, on
pense un amour éternel. On ne sait vraiment pas ce qu'on dit, parce qu'on
entend par là l'autre vie, si je puis m'exprimer ainsi. Vous voyez comment tout
s'engage, et où, en somme, cette
Voilà.
Pour ce qui est de Joyce, je voudrais, j'aurais pu vous le lire à l' occasion,
mais enfin sachez que ça existe, ça existe et que vous pouvez le lire très
facilement en français, parce que il y a eu une traduction, une traduction
du " Portrait of the Artist as a Young Man " , Portrait,
non pas
" of the
Artist " ; car j'ai fait là naturellement un lapsus, " of an Artist "
- Portrait d'un Artiste comme un Jeune Homme - il y a une confidence que
nous fait Joyce qui concerne ceci, c'est que à propos de, de Tennyson de
Byron, enfin de choses qui se référaient à des poètes, il s'est trouvé que
des camarades l'ont ficelé à une barrière, non pas quelconque, elle était même
en fil de fer barbelé, et lui ont donné à lui, Joyce, James Joyce, le
camarade qui dirigeait toute l'aventure était un nommé Heron ( épelé ) - ce qui
n'est pas un
Alors , quel sens donner à ce dont Joyce témoigne ? A savoir
Alors
là, je trace, je franchis quelque chose dont il n'est pas forcé que vous le
suiviez : jusqu'où va, si je puis dire, la père-version, comme vous
savez, depuis le temps que je l'écris. Le noeud bo , c' est ça, c'est
la sanction du fait que Freud fait tout tenir sur la fonction du père. Le noeud
bo , n'est que la traduction de ceci, c'est que , comme on me le rappelait hier
soir, l'amour et, par dessus le marché, l'amour qu'on peut
qualifier d'éternel,
c'est ce qui se rapporte à la fonction du père, qui s'adresse à lui, et au
nom de ceci qui le père est porteur de la castration. C'est ce que Freud au moins
avance dans Totem et Tabou à savoir dans la référence à la première horde ; c'est
dans la mesure où les fils sont privés de femme qu'ils aiment le père. C'est
en effet quelque chose de tout à fait singulier et ahurissant que seule
sanctionne l'intuition de Freud, mais de cette intuition, à cette intuition,
j'essaie de donner un autre corps, précisément dans mon noeud bo qui est si
bien fait pour évoquer le mont Nebo ou, comme on dit, la Loi,
la Loi qui n'a absolument rien à faire avec les lois du monde réel, les lois
du monde réel
étant d'ailleurs une question qui reste toute entière ouverte, et la Loi, dans
l'occasion, est simplement la loi de l'amour, c'est-à-dire la perversion .
( père-version ). C'est très curieux qu' apprendre à écrire,
à écrire tout au moins mon noeud bo , serve à quelque chose. Et, ce que je
vais tout de suite, ce dont je vais tout de suite l'illustrer est ceci :
Supposez
qu'il y ait quelque part, nommément là (Fig.I),
supposez qu'il y ait là,
quelque part, une erreur, à savoir que les coupures fassent ici une faute, qu'est-ce
qu'il en résulte ?
Le noeud borroméen a cet aspect, c'est-à-dire
comme vous ne l'auriez certainement pas imaginé à prendre les choses, comme ça,
de nature imaginaire, c'est-à-dire que, comme vous le voyez, grand I
qui est là n'a plus qu'à foutre le camp ; il glisse, il glisse exactement
(Fig.I) Et alors,
ce que je suggère, c'est ceci, c'est que, c'est pas compliqué à voir, supposez
qu'ici, là, je le marque bien là, pour montrer qu'il passe par dessus, supposez
que la correction de cette erreur, de cette faute, de ce lapsus dont après tout
il y a rien de plus commun à imaginer, pourquoi ça n ' arriverait-il
pas que, qu' un noeud ne soit pas borroméen, que ça rate. J' ai dix mille
fois fait des erreurs , au tableau, en le dessinant. Voilà exactement ce qui
se passe et où j'incarne l'ego, ici, l'ego comme correcteur de ce rapport
manquant, de ce qui ne noue pas borroméennement à ce qui fait noeud de Réel
et d'Inconscient, dans le cas de Joyce.
Bon, par cet artifice d'écriture, je dirai que se restitue le noeud borroméen, et vous le voyez, ça n'est pas que d'une face du noeud borroméen qu'il s'agit, c'est d'un fil ; la différence entre la géométrie commune oui est celle d'où sort le mot face, la géométrie, c'est, c'est des choses qui jouent sur les faces ; les polyèdres, c'est, c'est tout plein de faces, de faces, d'arêtes et de sommet. Mais, le noeud nous introduit, le noeud qui est chaîne dans l' occasion, le noeud nous introduit à une tout autre dimension, dont je dirais que, à la différence de l'évidence, de la face, de la face géométrique, c'est évidé, et justement parce que c'est évidé, ça n'est pas évident.
(p12->) I1
y a quelqu'un qui, dans un temps, m'a interpellé - pourquoi est-ce
qu'il ne dit pas le vrai sur le vrai ? - il ne dit pas le vrai sur le vrai,
parce que dire le vrai sur le vrai, c'est dire c'est un mensonge. Le vrai
in-tensionnel que je me permettrai ici d'écrire : l'in-tension. J'ai
déjà distingué l'in-tension du mot ex-tension. Le vrai
intensionnel écrit comme ça, ça peut de temps en temps toucher à quelque
chose de réel, mais ça, pour le coup, c'est par hasard. On n'imagine pas à
quel point on fait de raté dans l'écriture. Le lapsus calami
n'est pas premier par rapport au lapsus linguae, mais ça peut être
conçu comme touchant
au réel. Je sais bien que mon noeud qui est ce par quoi, et uniquement
ce par quoi s'introduit le réel comme tel - faut pas se frapper - ça ne va pas
tellement loin, il y a que moi qui en aie le maniement, mais autant en faire
usage, puisque ça
me sert à vous expliquer quelque chose, on
peut bien tolérer puisque c'est ça la situation où vous êtes, que, que je
folâtre avec mes faibles moyens, mais c' est une façon d'articuler précisément
ceci que toute sexualité humaine est perverse si nous suivons bien ce
que dit Freud. Il n'a jamais réussi à concevoir ladite sexualité autrement
que perverse, et c'est bien en quoi j'interroge ce que j'appellerai la fécondité de
la psychanalyse. Vous m'avez entendu très souvent énoncer ceci que la psychanalyse
n' a même pas été foutue d' inventer une nouvelle perversion. C'est triste !
Parce qu'après tout si la perversion c'est l'essence de l'homme, quelle infécondité
dans cette pratique ! Eh bien je pense que grâce à Joyce , nous touchons
quelque chose à quoi je
Je me suis
arrêté à ceci , c' est que ce qui me frappe quand on lit ce texte, et
surtout ses commentateurs, c'est que le nombre d'énigmes que Joyce, son texte,
contient, c'est quelque chose non seulement qui foisonne, mais on peut dire sur
lequel il a joué, sachant très bien qu'on s'occuperait, et qu'il y aurait des
joy
Alors l'énigme,
heureusement, comme ça, dans un temps, je m'y suis intéressé, j'écris ça
( E indice e, E, un grand E ) ; il s' agit de l' énonciation et de l'énoncé,
et l' énigme consiste en leur rapport du grand E au petit e, à savoir de
pourquoi diable un tel énoncé a-t-il été prononcé. C'est une
affaire d'énonciation, et l'énonciation, c'est l'énigme, l'énigme
portée à la puissance de l'écriture, c'est quelque chose qui vaut la peine
qu'on s'y arrête. Est-ce que ça ne serait pas là la conséquence, la
conséquence de ce raboutage (Fig.I)
si mal fait que, un ego de fonctions énigmatiques, de fonctions réparatoires.
Que Joyce soit l'écrivain par
excellence de l'énigme, c'est ce que je vous incite j'aurais pu vous en citer
maints exemples, s'il n'était pas si tard, mais je vous
conseille d'aller le vérifier.
" Ulysse " en traduction française, ça existe, ça se trouve chez,
chez Gallimard, si vous n' avez pas le vieux volume du temps de Sylvia Beach.
Je vais
quand même pointer quelques petites choses qui me paraissent notables avant de
vous quitter. I1 faut bien que vous réalisiez que ce que je vous ai dit des
rapports de l'homme à son corps, qui tient tout entier à ce que je vous ai
dit, dans le fait que l'homme dit que le corps, son corps, il
l'a, déjà à
dire son, c'est dire que il le possède, qu'il le possède comme un meuble, bien
entendu, et que ça n'a rien à faire avec quoi que ce soit qui permette de définir
strictement le sujet. Le sujet ne se définit dune façon correcte que de ce qui
fait le rapport, que de ce qui fait que un sujet est un signifiant en tant
qu'il est représenté auprès d'un autre signifiant.
Je
voudrais ici vous dire quelque chose qui pourrait peut-être quand même freiner
un tout petit peu ce qui fait gouffre, dans ce qu'il nous est permis de serrer
par l'usage de ce noeud (p14->) borroméen, de cette père-version. I1 y a quelque
chose quand même
condansation
Vous
voyez que je me livre à l'occasion . . . Ouaih ! Le Réel est-il droit,
c'est bien ce que ce dont je voudrais aujourd'hui poser la question devant vous.
Je voudrais aussi vous faire remarquer que, dans la théorie de Freud, le Réel
n'a rien à faire avec le monde, parce que ce qu'il nous explique dans quelque
chose qui concerne précisément l'ego, à savoir le Lust-Ich, c'est qu'il
y'a une étape de narcissisme primaire et que ce narcissisme
primaire se caractérise
de ceci, non pas qu'il n'y ait pas de sujet, mais qu'il n'y a pas de rapport
de l' intérieur à l' extérieur. J'
aurai sûrement à y revenir,
je ne dis pas forcément devant vous, après tout je n'ai aucune espèce de
certitude, à l'heure actuelle, que l'année prochaine, je possèderai encore
cet amphithéâtre, mais supposez que je trouve quelque part un endroit de soixante-dix
m2 , eh ben ça fera, ça fera la place pour huit
personnes, en comptant moi, et c'est le meilleur de ce que je souhaite.
I1
faudrait encore que je dise quelques mots, je les avais préparés, quelques
mots de l'épiphanie, la fameuse épiphanie de Joyce, que vous
rencontrerez à
tous les tournants. Car, je vous prie de contrôler ceci, c'est que quand
il en donne une liste, toutes ses épiphanies sont toujours caractérisées de
la même chose et qui est très précisément ceci : la conséquence qui résulte
de cette erreur, à savoir que l'Inconscient est lié au Réel,
chose fantastique, Joyce lui-même n'en parle pas autrement.
Voilà les
quelques indications que je voulais vous dire pour cette dernière séance : on
pense contre un signifiant, c'est le sens que j'ai donné au mot de l'appensée
;
on s'appuie contre un signifiant pour penser. Voilà, je vous libère.
note: bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire,
ou si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par
avance de m'adresser un émail.
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commentaire revu ce 27 août 2005