XIV- La logique du fantasme. 1966-1967
version rue CB
30 Mai 1967 note
(p273->)
Pour ceux
qui se trouvent par exemple revenir aujourd'hui après avoir suivi un temps mon
enseignement, il faut que je signale ce que j'ai pu ces dernières fois y
introduire d'articulation nouvelle.
L'une
importante qui date de notre antépénultième rencontre, est d'avoir désigné
expressément dirai je, puisque aussi bien la chose n'était pas à ceux qui
m'entendent, inaccessible, expressément le lieu de l'Autre et ce que jusqu'ici
je veux dire que depuis le début de mon enseignement j'ai articulé comme tel,
désigné le lieu de l'Autre dans le corps.
Le corps
lui-même est d'origine ce lieu de l'Autre en tant que c'est là que
d'origine s'inscrit la marque en tant que signifiant. Il était nécessaire que
je le rappelle aujourd'hui, au moment où nous allons faire le pas qui suit en
cette logique du fantasme qui se trouve vous le verrez confirmé à mesure de
notre avance qui se trouve pouvoir s'accommoder d'une certaine laxité logique
en tant que logique du fantasme elle suppose cette dimension dite de fantaisie
sous l'espèce où l'exactitude n'y est pas exigée au départ. Aussi bien ce
que nous pourrons trouver de plus rigoureux dans l'exercice d'une articulation
qui mérite ce titre de logique, inclut-il en soi-même le progrès
d'une approximation, je veux dire un mode d'approximation qui comporte en
lui-même non seulement une croissance, mais une croissance autant que
possible la meilleure, la plus rapide qui soit vers le calcul d'une valeur
exacte et c'est en ceci que, en nous référant à un algorithme d'une très
grande généralité, il n'est rien d'autre que celui le plus propre à assurer
le rapport d'un incommensurable idéal le plus simple qui soit, le plus espacé
aussi à resserrer ce qu'il continue d'irrationnel par son progrès lui-même,
je veux dire que cette incommensurabilité, de ce A que je ne figure que pour la
lisibilité de mon texte par être le nombre d'or, car ceux qui savent, savent
que cette sorte de nombre constitué par le progrès même de son approximation
est tout une famille de nombres si l'on peut dire, peut partir de n'importe où,
de n'importe quel exercice de rapports à cette seule condition que
l'incommensurable exige que l'approximation n'ait pas de terme tout en étant
pourtant parfaitement reconnaissable à chaque instant comme rigoureuse.
(p274->)
C'est de ceci donc qu'il s'agit, de saisir ce à quoi nous sommes confrontés sous la forme du fantasme, reflète une nécessité, eu
d'autres termes le problème qui, pour un Hegel, pouvait se contenir dans cette limite
simple que constitue la certitude incluse dans la conscience de soi-même.
Cette certitude de soi-même dont Hegel peut se permettre, étant donné
certaines conditions que j'évoquerai tout à l'heure qui sont conditions
d'histoire, de mettre en question le rapport avec une vérité cette certitude
dans Hegel et c'est là en quoi il conclut tout un procès par où la
philosophie est exploration du savoir elle peut se permettre d'y introduire le
Thalos, la fin et le but d'un savoir absolu. C'est pour autant qu'au niveau de
la certitude il se trouve pouvoir indiquer qu'elle ne contient pas en elle même
sa vérité. C'est en ceci que nous nous trouvons non pas pouvoir simplement
reprendre la formule Hégélienne, mais la compliquer, la vérité à laquelle
nous avons à faire tient en cet acte par où la fondation de la conscience de
soi-même, par où la certitude subjective est affrontée à quelque
chose qui, de nature, lui est radicale
Ce
qu'il s'agit donc d'introduire aujourd'hui, et d'autant plus rapidement que
notre temps aura été écourté, c'est ceci : l'expérience psychanalytique
introduit ceci : que la vérité de l'acte sexuel fait question dans l'expérience.
Bien
sûr, l'importance de cette découverte ne prend son relief qu'à partir d'une
position du terme acte sexuel comme tel. Je veux dire pour des oreilles déjà
suffisamment formées à la notion de la prévalence du signifiant dans toute
constitution subjective d'apercevoir la différence qu'il y a entre une référence
vague à la sexualité, on peut à peine dire comme fonction, comme dimension
propre à une certaine forme de la vie, celle nommément la plus profondément
nouée à la mort, je veux dire entremêlée, entrecroisée à la mort.
Ce
n'est pas tout dire, à partir du moment où nous savons que l'inconscient c'est
le discours de l'autre, à partir de ce moment il est clair que tout ce qui fait
intervenir l'ordre de la sexualité dans l'inconscient n'y pénètre qu'autour
de la mise en question : l'acte sexuel est-il possible ? Y
a-t-il ce noeud définissable comme un acte où le sujet se fonde
comme sexué, c'est-à-dire : mâle ou femelle. L'étant en soi, ou
s'il ne l'est pas procédant dans cet acte à quelque chose qui puisse, fusse à
son terme, aboutir à l'essence pure du mâle ou du femelle.
Je
veux dire au démêlement, à la répartition sous une forme polaire de ce qui
est mâle et de ce qui est femelle, précisément dans la conjonction qu'il est
réuni dans quelque chose dont ce n'est pas ici à cette heure ni la première
fois que j'introduis le terme dans quelque chose que je nomme comme étant la
jouissance, j'entends comme dès longtemps inintroduite et nommément dans mon séminaire
sur l'éthique.
Il
est en effet exigible que ce terme de jouissance soit proféré, et proprement
comme distinct du plaisir comme en constituant l'au-delà, ce qui dans
La
jouissance, c'est-à-dire ce quelque chose qui a un certain rapport
au sujet en tant que cet affrontement au trou laissé dans un certain registre
d'acte questionnable, celui de l'acte sexuel. Il est, ce sujet, suspendu par une
série de modes ou d'états qui sont d'insatisfaction, voilà qui à soi seul
justifie l'introduction du terme jouissance qui aussi bien à tout instant est
nommément dans le symptôme se propose à nous comme indiscernable de ce
registre de la satisfaction puisque a tout instant pour nous, le problème est
de savoir comment un noeud qui ne se soutient que de malaises, et de
souffrances est justement ce par quoi se manifeste l'instance de la
satisfaction suspendue. C'est proprement ce, où le sujet se tient en tant
qu'il tend vers cette satisfaction.
Ici
la loi du principe du Plaisir, à savoir de la moindre tension, ne fait
qu'indiquer la nécessité des détours du chemin par où le sujet se soutient
dans la voie de sa recherche, recherche de jouissance, mais ne nous en donne pas
la fin qui est cette fin propre, fin pourtant entièrement masquée pour nous
dans sa forme dernière pour autant qu'on peut aussi bien dire que son achèvement
est si questionnable qu'on peut aussi bien partir de ce fondement, qu'il n'y a
pas d'acte sexuel, aussi bien celui-ci : qu'il n'y a que l'acte sexuel,
qui motive toute cette articulation. C'est en ceci que j'ai tenu à apporter la
référence dont chacun sait que je me suis servi depuis longtemps, la référence
à Hegel pour autant que ce procès de la dialectique des différents niveaux de
la certitude de soi-même, de la phénoménologie de l'esprit, comme il a
dit, ça suspend à un mouvement qu'il appelle dialectique et qui, assurément,
dans sa perspective pour être seulement tenu pour être dialectique d'un
rapport qu'il articule de la présence de cette conscience pour autant que sa vérité
lui échappe dans ce qui constitue le jeu du rapport d'une conscience de
soi-même à une autre conscience de soi-même dans le rapport de
l'intersubjectivité. Or il est clair qu'il était longtemps démontré ne
serait-ce que par la révélation de cette béance sociale en tant qu'elle
ne nous permet pas de résumer à l'affrontement d'une conscience à une
conscience nommément ce qui présente comme lutte celle du maître et de
l'esclave, ce n'est même pas à nous de faire la critique de ce que laisse
ouvert la genèse hégelienne. Ceci a été fait par d'autres et nommément par
un autre, par Marx pour le nommer et maintient la question de son issue et de
ses modes en suspens. Ce à quoi Freud arrive et reprend les choses en un point
analogique seulement de la position hégelienne s'inscrit déjà suffisamment
dans ce terme de jouissance pour autant que Hegel l'introduit.
Le départ,
nous dit-il, est dans la lutte à mort du maître et de
La
jouissance après le terme de cette lutte à mort de pur prestige, nous
est-il dit, va être le privilège du maître. Pour l'esclave la voie
tracée dès lors sera celle du travail. Regardons les choses de plus près et
cette jouissance dont nous voyons dans le texte de Hegel qu'après tout je ne
puis pas ici produire et encore moins avec l'abréviation avec laquelle nous
sommes contraints aujourd'hui, de quoi le maître jouit-il ?
La chose
dans Hegel est très suffisamment aperçue. Le rapport instauré par
l'articulation du travail de l'esclave fait que si peut-être le maître
jouit, ce n'est point absolument à la limite, et à forcer un peu les choses.
Ce qui est à nos dépens, vous le verrez, nous dirions qu'il ne jouit que de
son loisir ce qui veut dire de la, disposition de son corps. En fait, il est bien loin d'en être ainsi.
. Nous le réindiquerons. Mais admettons que tout
ce dont il a à jouir comme chose il est séparé par celui-là qui est
chargé de les mettre à sa merci à savoir de l'esclave dont on peut dire dès
lors, je n'ai point à le défendre, je veux dire ce point vif, puisque déjà,
dans Hegel il est suffisamment indiqué qu'il y a pour l'esclave une certaine
jouissance de la chose , en tant que non seulement il l'apporte au maître, mais
a à la transformer pour la lui rendre recevable. Après ces rappels il convient
que je m'interroge , avec vous, que je vous fasse interroger sur ce
que dans un tel registre implique le mot jouissance. Rien, assurément, n'est
plus instructif que la référence à ce qu'on appelle le lexique pour autant
qu'il s'attache à des buts aussi précaires que l'articulation des significations; les termes inclus dans chaque article, lit-on quelque
part, dans la note de la préface de ce magnifique travail qui s'appelle le
Grand Robert. Les termes inclus dans chaque article constituent autant de
renvois, de chaînons, qui devront aboutir au moyen d'expression de la pensée.
L'astérisque, vous pourrez constater que dans chacun de ces articles qui
remplissent très bien leur programme, l'astérisque renvoie aux articles qui développent
longuement une idée suggérée d'un seul mot, moyennant quoi l'article
jouissance commence par le mot plaisir marqué d'une astérisque.
Ceci n'est
qu'un exemple, mais le mot ce n'est point par hasard qu'il nous présente ses
paradoxes, bien sûr jouissance n'a pas été abordé la première fois dans le
Robert, vous pouvez également étudier le mot dans le Littré. Vous y verrez
que son emploi le plus légitime varie du versant qu'indique l'étymologie qui
le rattache à la joie, à celui de la possession et de ce dont on dispose au
dernier terme, la jouissance d'un titre, que ce terme signifie quelque titre
juridique ou quelque papier représentant une valeur de bourse, avoir la
jouissance de quelque chose les dividendes par exemple, c'est de pouvoir le céder.
Le signe de possession c'est de pouvoir s'en démettre.
(p277->) Jouir de,
est autre chose que jouir. Rien plus que ces glissements de sens en tant qu'ils
sont cernés dans cette appréhension que j'ai appelée lexicale dans son
exercice dans le dictionnaire, nous montre à quel point la référence à la
pensée est bien ce qu'il y a de plus impropre pour désigner la fonction
radicale, j'entends de tel ou tel signifiant. Ce n'est pas la pensée qui donne
du signifiant l'effective et dernière référence, c'est de l'instauration qui
résulte des effets de l'introduction dans le réel, c'est pour autant que
j'articule d'une nouvelle façon ce rapport du mot jouissance à ce qui est pour
nous dans l'analyse en exercice, que le mot jouissance trouve et peu conserver
sa dernière valeur. Ceci, j'entends aujourd'hui vous en faire sentir la portée
s'ouvre la pure jouissance. A suivre les indices qui nous en donnent le
recoupement, peut-être certaines question s'effaceraient-elles sur
le sens de certaines positions paradoxales, nommément la masochiste.
Il vaut
mieux quelquefois que les portes les plus immédiatement ouvertes ne soient pas
franchies parce qu'il ne suffit pas qu'elles soient faciles à franchir, que ce
soit les vraies, je ne dis pas que ce soit là le ressort du masochisme, bien
loin de là, parce que, assurément, ce qu'il faut dire, c'est que s'il est
pensable que la condition de l'esclave soit la seule qui donne accès à la
jouissance, dans la mesure où précisément nous pouvons la formuler comme
sujet, nous n'en saurons jamais rien. Or le masochiste n'est pas un esclave, il
est au contraire comme je vous le dirai tout à l'heure, un petit malin.
Quelqu'un de très fort. Masochiste sait qu'il est dans la jouissance, c'est précisément
à son propos, à son terme, à votre usage pour ce qu'il est d'entendre sur
lui ce dont il s'agit, que tout ce discours progresse. Pour le faire progresser,
il convenait de montrer que dans Hegel il y a plus d'un défaut, le premier est
bien sûr, celui qui me permettait devant ceux qui m'entendent de le produire,
à savoir : que dès avant que je l'avance et que j'en parle avec le stade du
miroir, j'avais marqué qu'en aucun cas, cette sorte d'agressivité qui est
d'instance et de présence dans la lutte à mort de pur prestige, n'était rien
d'autre qu'un leurre et dès lors rendait caduque toute référence à elle
comme articulation première.
Je ne fais
que repointer au passage, les problèmes que pose et laisse béants la déduction
hégelienne concernant la société des maîtres, comment s'entendent-ils
entre eux, et puis la simple référence à ce qu'il en est à savoir, que
l'esclave pour qu'on en fasse un esclave, il n'est pas mort. Le résultat de la
lutte à mort est quelque chose qui n'a pas mis la mort en jeu, que le maître
n'a que le droit de le tuer. Mais que précisément c'est pour ça qu'il
s'appelle Servus, le Maître Servats, le sauve, c'est à partir de là que se
pose la véritable question qu'est-ce que le Maître sauve dans l'esclave ?
Nous sommes ramenés à la question de la loi primordiale de ce qui institue la
règle du jeu, à savoir celui qui sera, vaincu, on pourra le tuer, et si on ne
le tue pas, ce sera à quel prix ? C'est bien là que nous rentrons dans le
registre de la signifiance. Ce dont il s'agit dans la position du Maître est
ceci : les conséquences de l'introduction du sujet dans le Réel pour mesurer
ce qu'il en est concernant ses effets sur la jouissance, il convient de poser au
niveau de ce terme un certain nombre de principes, à savoir que si nous avons
introduit la
J'entends
que cette formule a exactement la portée, le relief que l'affirmation qu'il n'y
a que la matière introduite dans le champ de la connaissance, car après tout,
vous n'avez qu'à voir qu'avec l'évolution de la science, que cette matière en
fin de compte se confond si bien avec le jeu des éléments dans lesquels on la
résout, qu'il devient à la limite presque indiscernable de savoir ce qui
devant vous joue, si ce sont ces éléments signifiants derniers ceux de
l'atome, à savoir ce qu'ils ont en eux-mêmes de quasiment discernables
avec le progrès de votre esprit, le jeu de votre recherche, et ce qu'il en est
au dernier terme d'une structure que vous ne savez plus d'aucune façon
rapporter à ce que vous avez comme expérience en la matière.
Dire
qu'il n'y a de jouissance que du corps, que ceci vous refuse les jouissances éternelles,
c'est bien là ce qui est en jeu dans ce que j'ai appelé valeur éthique du matérialisme,
à savoir ce qui consiste à prendre ce qui se passe dans notre vie de tous les
jours au sérieux. S'il y a question de jouissance, de la regarder en face et de
ne pas la repousser dans des lendemains qui chantent. Il n'y a de jouissance que
du corps, ceci répond très précisément à l'exigence de vérité qu'il y a
dans le freudisme.
Nous
voici donc laissant entièrement à son errance la question de savoir s'il
s'agit d'être ou de n'être pas. S'il s'agit d'être homme ou d'être femme
dans un acte qui serait l'acte sexuel, si ceci domine tout ce suspens de la
jouissance, c'est également ceci : que nous avons à prendre éthiquement au sérieux,
ce à propos de quoi s'élève ce quelque chose que nous pourrions appeler notre
droit de regard.
Oedipe
n'est pas un philosophe, c'est le modèle de ce dont il s'agit quant au rapport
de ce qu'il en est d'un savoir, et le savoir dont il fait preuve au moins nous
est-il indiqué dans la forme de l'énigme que c'est un savoir concernant
ce qu'il en est du corps. Par ceci, il rompt le pouvoir d'une jouissance féroce,
celle de la sphynge dont il est bien étrange qu'elle nous soit offerte sous la
forme d'une figure féminine vaguement, disons ni bestiale, ni féminine. Ce à
quoi il accède après cela, ce qui ne le rend pas, vous le savez, plus
triomphant pour cela c'est
Oedipe ne
savait pas ce dont il jouissait, j'ai posé la question de savoir si Jocaste,
elle, le savait, et même pourquoi pas, jouissait-elle ? de laisser Oedipe
l'ignorer.
Disons,
quelle part de la jouissance de Jocaste répond-elle à ce qu'elle
La
jouissance est dans ce fondement premier de la subjectivité du corps, ce qui
tombe dans la dépendance de cette subjectivation et pour tout dire s'efface à
l'origine la position du Maître, et c'est cela que Hegel entrevoit et justement
renonciation à la jouissance, possibilité de tout engager sur cette
disposition ou non du corps, non seulement du sien mais aussi de l'autre.
L'Autre
c'est l'ensemble des corps, à partir du moment où le jeu de la lutte sociale
simplement introduit que la lutte de rapport des corps sont dès lors dominés
par ce quelque chose qui aussi bien s'appelle la loi, Loi qu'on peut dire liée
à l'avènement du Maître, mais bien seulement si on l'entend l'avènement du
Maître absolu, c'est-à-dire la sanction de la mort comme devenue légale.
Ceci dès lors nous permet d'entrevoir que si l'introduction du Sujet comme
effet de signifiance gît dans cette séparation du corps et de la jouissance
dans la division mise entre les termes qui ne subsistent que l'un de l'autre,
c'est là pour nous que doit se poser la question de savoir comment la
jouissance est maniable à partir du sujet.
La réponse
est donnée par ce que l'analyse découvre comme approximation de ce rapport à
la jouissance sans doute, dans le champ de l'acte sexuel ce qu'elle découvre
c'est l'introduction de ce que j'ai appelé valeur de jouissance, c'est-à-dire
annulation de la jouissance comme telle, plus immédiatement intéressée dans
la conjonction sexuelle, ce qu'elle appelle la castration. Ceci ne résout rien.
Bien sûr, ceci nous explique comment il se fait que la forme légale la plus
simple et la plus .claire de l'acte sexuel en tant qu'il est institué dans une
formation régulière
Quand nous
parlons de l'acte sexuel, au niveau où il nous intéresse, nous, analystes,
c'est précisément pour autant que la jouissance est en cause. Comme
je vous l'ai rappelé la dernière fois, Dieu n'a pas dédaigné d'y veiller. Il
suffit que la femme entre dans le jeu d'être cet objet que nous désigne si
bien le mythe biblique d'être cet objet phallique pour que l'homme soit comblé,
ce qui veut dire exactement parfaitement floué, à savoir, ne rencontrant que
son complément corporel.
La découverte
de l'analyse est précisément de s'apercevoir que c'est uniquement dans la
mesure où l'homme ne serait pas floué au point de ne retrouver que sa propre
chair, rien d'étonnant que dès lors il n'y ait là qu'une seule chair puisque
c'est la sienne, c'est justement dans la mesure où cette opération de flouage
ne se produit pas, c'est-à-dire où la castration est produite,
s'il y a oui ou non chance d'un acte sexuel. Mais alors, qu'est-ce que veut
dire ce qu'il en est de la jouissance, puisque la caractéristique d'un acte
sexuel qui serait fondé serait dans le fait de ce manque à la jouissance
quelque part.
Cette
interrogation sur ce qu'il en est de la jouissance en fonction tierce, c'est ce
qui nous est donné dans une autre approche qui s'appelle exacte à l'inverse de
ce pas de l'acte sexuel qui s'appelle, uniquement à cause que c'est dans un
sens inverse concernant une certaine progression logique qui s'appelle à cause
de cela, la régression. C'est ici que notre algorithme en tant qu'il confronte
le a avec le Un soit vers l'intérieur comme je l'ai déjà dessiné
a se
rabattant sur le 1, lui donnant la différence de a - 1
II y a aussi
une autre façon de traiter la question. Par la fonction
(p281->) Vous
ne pouvez que voir que ce fait privilégié que le
soit égal au a
Ces
objets qui en sont l'enjeu, mais aussi la forgerie. Ces objets pris aux frontières,
ces objets qui fonctionnent au niveau des bords du corps. Ces objets que nous
connaissons bien dans la dialectique de la névrose, ces objets sur lesquels
nous aurons à revenir encore et maintes fois pour bien définir ce qui fait
leur prix et leur valeur, leur qualité d'exception. Je n'ai pas besoin de les
rappeler pour ce qui en est de l'oral et de ce qu'on appelle aussi l'anal. Mais
ces autres aussi, supérieurs, moins connus, au registre plus intime qui par
rapport à la demande est constitué comme le désir et qui s'appellent le
regard et la voix. Ces objets pour autant que eux, ne sauraient d'aucune façon
être pris par la domination quelle qu'elle soit du signifiant fut-elle
entièrement constituée au rang de domination sociale, ces objets qui de leur
nature y échappent.
Qu'est-ce
à dire, est-ce là, puisque pour l'esclave il n'y a du côté de l'Autre
qu'une jouissance supposée. Hegel est trompé en ceci que c'est pour l'esclave
qu'il y a la jouissance du Maître, mais la question qui vaut, je vous l'ai posée
tout à l'heure, ce dont on jouit, jouit-il, et s'il est vrai que quelque
chose du réel de la jouissance ne peut subsister qu'au niveau de l'esclave, ce
sera bien alors dans cette partie laissée en marge du champ de son corps que
constitue les objets dont je viens de rappeler la liste, c'est à cette place
que doit se poser la question de la jouissance. Rien ne peut retirer à
l'esclave la fonction de son regard, ni de sa voix, ni celle de ce qu'il est
dans sa fonction de nourrice, puisque c'est dans cette fonction que l'antiquité
nous le montre, ni non plus dans sa fonction d'objet déjeté, d'objet de mépris,
à ce niveau se pose la question de la jouissance, c'est une question, comme
vous le voyez c'est même une question scientifique.
Or
le pervers, c'est ça qu'il est. La perversion est à la recherche de ce point
de perspective pour autant qu'il peut faire surgir l'accent de la jouissance,
mais il le recherche d'une façon expérimentale. La perversion tout en ayant le
rapport le plus intime à la jouissance est comme la pensée de la science :
c'est une opération du sujet en tant qu'il a parfaitement repéré ce moment de disjonction par quoi le sujet déchire le corps de la jouissance mais qui
sait que la jouissance n'a pas seulement été dans ce processus jouissance aliénée
qu'il y a aussi ceci : qu'il reste quelque part une chance qu'il y ait quelque
chose qui en ait réchappé, je veux dire que tout le corps n'a pas été pris
dans le processus d'aliénation.
(p282->) C'est
de ce point, du lieu de "a", que le pervers interroge ce qu'il en est de la
fonction de la jouissance. A ne jamais saisir que d'une façon partielle et si je
puis dire dans la perspective, je ne dirai pas du pervers, car on peut dire que
les psychanalystes n'y comprennent rien, y en a-t-il pas un, récemment,
qui posait l'équation à ce propos : que ne saurait à la fois le pervers, être
sujet et jouissance, et que dans la mesure où il était jouissance, il n'était
plus sujet. Le pervers reste sujet dans tout le temps de l'exercice de ce qu'il
pose comme question à la jouissance, la jouissance qu'il vise, c'est celle de
l'Autre en tant que lui en est peut-être bien le seul reste. Mais s'il le
pose par une activité de Sujet, ce que ceci nous permet de remonter ne peut se
faire qu'à une seule condition c'est que nous nous apercevions que ces termes
sado-masochiste, par exemple, comme on les noue, n'ont de sens que si nous
les considérons comme des recherches sur la voie de ce que c'est que l'acte
sexuel, des rapports que nous appelons sadiques entre telle ou telle vague unité
du corps social, n'ont d'intérêt que dans ceci : qu'elle figure quelque chose
qui intéresse les rapports de l'homme et de la femme.
Vous
verrez la prochaine fois, qu'à oublier ce rapport fondamental, on laisse échapper
tout moyen de saisir ce qu'il en est dans le sadisme et le masochisme, ceci ne
voulant pas dire non plus qu'en aucune façon, ces deux termes figurant des
rapports comparables à ceux du mâle et du femelle. Un personnage, je dois
dire, d'une incroyable naïveté, écrit quelque part cette vérité : que le
masochisme n'a spécifiquement rien de féminin. Les raisons qu'il en donne sont
au niveau de formuler qu'assurément si le masochisme était féminin ça
voudrait dire qu'il ne serait pas une perversion puisqu'il serait naturel à la
femme d'être masochiste.
A
partir de là on voit bien que les femmes naturellement ne peuvent être qualifiées
de masochistes puisqu'étant une perversion, ce ne saurait être quelque chose
de naturel. Voilà le genre de raisonnement dans quoi on s'embourbe, non pas
certes sans une certaine intuition, je veux dire la première, à savoir qu'une
femme n'est pas naturellement masochiste, elle n'est pas naturellement
masochiste, et pour cause ! c'est parce que s'il était en effet masochiste, ça
voudrait dire qu'elle est capable de remplir le rôle que le masochiste donne à
une femme, ce qui, bien entendu, donne un tout autre sens dans ce cas à ce que
serait le masochisme féminin. Elle n'a justement, la femme, aucune vocation
pour remplir ce rôle. C'est ce qui fait la valeur de l'entreprise masochiste.
C'est pourquoi vous me permettrez de terminer aujourd'hui sur ce point, en vous
promettant comme point d'arrivée, ce qui est mis en question par cette
introduction de la perversion en vous permettant de vous indiquer comme point
que nous mettrons enfin, j'espère, quelque ordre, au moins un peu plus de clarté
concernant ce dont il s'agit : quand il s'agit du masochisme.
note
:
bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire, ou
si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par avance
de m'adresser un
émail.
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