séminaire XIV
La logique du fantasme -1966-1967
version
rue CB
16 novembre 1966 note
(p5->) Je vais, aujourd'hui, jeter quelques points qui participeront plutôt de la promesse.
Logique du fantasme,
ai-je intitulé cette année, ce que je compte pouvoir vous présenter
de ce qui s'impose au point où nous en sommes d'un certain
chemin. Chemin qui implique, je le rappellerai avec force aujourd'hui,
cette sorte de retour bien spécial que nous avons vu déjà
l'année dernière inscrit dans la structure et qui est proprement
dans tout ce que découvre la pensée freudienne fondamentale, ce
retour s'appelle répétition.
Répéter
ce n'est pas retrouver la même chose. Comme nous l'articulerons
tout à l'heure, contrairement à ce qu'on croit, ce
n'est pas forcément répéter indéfiniment.
Nous reviendrons donc à des thèmes que j'ai déjà
d'une certaine façon, situés depuis longtemps.
C'est bien aussi, parce que nous sommes au temps de ce retour et de sa fonction que j'ai cru ne pas pouvoir plus tarder à vous livrer ce que jusqu'ici j'avais cru nécessaire comme pointage minimum, de ce parcours, à savoir ce volume que vous vous trouvez avoir à votre portée, ce rapport à l'écrit qu'après tout d'une certaine façon je m'efforçais jusqu'à présent de retarder, c'est parce que cette année il sera sans doute possible d'en approfondir la fonction, que j'ai cru devoir franchir ce pas. Ces quelques points d'indication je les ai choisis au nombre de 5 :
1) Ce point consistant à vous rappeler
le point où nous en sommes concernant l'articulation logique du
fantasme ce qui sera mon thème.
2) Rappel du rapport de cette structure du fantasme
que je vous aurai rappelée, la structure comme telle du signifiant.
3) Quelque chose d'essentiel
et de vraiment fondamental qu'il convient de rappeler concernant ce que
nous devons cette année ( si nous mettons au premier plan ce que j'ai
appelé la logique ) une remarque essentielle concernant l'univers
du discours.
4) Quelques indications relatives à sa relation à l'écriture comme telle.
5) Le rappel de ce que nous indique Freud concernant ce qu'il en est du rapport de la pensée au langage et à l'inconscient.
Nous partirons de l'écriture de
ce que j'en ai déjà formé, à savoir :
la formule
( S barré, poinçon, petit a, entre parenthèses
- note du claviste)
Je rappelle que le représente, tient lieu, dans cette formule de ce dont il retourne concernant la division du sujet qui se trouve au principe de toute (p6->) la découverte freudienne et qui consiste en ceci : que le sujet est pour une part barré de ce qui le constitue proprement en tant que fonction de l'inconscient.
Cette formule est-elle quelque chose qui ait un lien, une connexion entre ce sujet ainsi constitué et quelque chose d'autre qui s'appelle " a " ? ( petit a - note du claviste )
" a " est un objet dont j'appelle la logique du fantasme qui consistera à déterminer le statut dans un rapport qui est un rapport logique à proprement parler. Chose étrange sur quoi vous me permettrez de ne pas m'étendre , je veux dire que ce que suggère de rapport à la fantasia à l'imagination, le terme de fantasme, je me plairais à en marquer le contraste avec le terme de logique dont j'entends le structurer. C'est sans doute que le fantasme tel que nous prétendons en instaurer le statut, n'est pas si radicalement antinomique qu'on peut le penser.
Le terme de " a " nous apparaîtra (mieux encore à mesure que nous marquerons ce qui permet de le caractériser comme valeur logique) beaucoup moins apparenté avec le domaine de ce qui est à proprement parler l'Imaginaire. L'Imaginaire qui s'y accroche, s'y accumule, l'objet " a " est un autre statut.
Il est souhaitable que ceux qui m'écoutent cette année aient pu en prendre quelque appréhension.
Cet objet " a " pour ceux pour qui c'est le centre de leur expérience n'est pas assez famillier pour voir sans crainte qu'il leur soit présentifié.
Qu'avez-vous besoin me disait l'un d'entre
eux d'inventer cet objet petit " a " ?
Je pense qu'à prendre les choses il était grand temps, car
sans cet objet " a " dont les incidences se sont faites largement
sentir, il me semble que ce qui se fait comme analyse de la subjectivité
de l'histoire contemporaine que nous avons vécue est quelque chose
que nous avons baptisé sous le nom de totalitarisme, chacun, qui l'aura
compris pourra s'appliquer à y mettre la fonction , la catégorie
de l'objet .
Le
dans son rapport avec " a " joint dans cette formule écrite
:
poinçon, signe, pour conjoindre en lui ce qui peut s'en isoler.
double
rapport : + petit ou + grand
inclus ou exclu
ce qui suggère au premier plan de cette conjonction : la relation d'inclusion, ou d'implication à condition que nous la fassions réversible, pourvu qu'elle s'articule dans l'articulation logique qui s'appelle : Si .
dans ce sens, à savoir : le poinçon étant divisé
par la barre verticale, le sujet barré de rapport de Si et de "
a ".
(p7->)
Ceci nous arrête, il existe donc un sujet. Voilà ce que logiquement
nous sommes forcés d'écrire au principe d'une telle
formule. Quelque chose à nous se propose qui est la division de l'existence
de fait et de l'existence logique.
L'existence
de fait nous reporte à l'existe de : êtres ou pas parlé.
Ceci est en général vivant, en général parce que
ce n'est pas du tout forcé . Je dis le convive de pierre parce
qu'il n'existe pas seulement sur la scène que Mozart anime, il
se promène parmi nous tout le temps .
L'existence logique c'est autre chose et, comme telle a un autre statut. Il y a du sujet à partir du moment où nous faisons de la logique c'est-à-dire où nous avons à manier des signifiants.
Ce qu'il en est
de l'existence de fait : à savoir que quelque chose résulte
de ce qu'il y a du sujet au niveau des êtres qui parlent, c'est
quelque chose qui, comme toute existence de fait, nécessite que soit
établie déjà, une certaine articulation.
Or, rien ne prouve que cette articulation se fasse en prise directe.
Que ce
soit directement du fait qu'il y a des êtres vivants ou autres qui
parlent, qu'ils soient pour autant d'une façon immédiate
déterminés comme sujets.
Le si , et le si seulement, est là pour nous le rappeler.
Les articulations par lesquelles nous aurons à repasser , sont en elles-mêmes assez inhabituelles pour que je crois devoir vous indiquer la ligne générale de mon dessein dans ce que j'ai à expliquer devant vous.
" a " résulte
d'une opération de structure logique, elle effectuait non pas in
vivo, non pas même sur le vivant, non pas à proprement parler
au sens confus que garde pour nous le terme de corps , ce n'est pas nécessairement
la livre de chair , encore que ça puisse l'être et qu'après
tout, quand ça l'est, ça n'arrange pas si mal les
choses . Mais enfin, il appert que dans cette entité si peu appréhendée
du corps, il y a quelque chose qui se prête à cette opération
de structure logique qu'il nous reste à déterminer. C'est
le soin, le scyballe, le regard, la voix : ces pièces détachables
pourtant foncièrement reliées au corps , voilà ce dont
il s'agit dans l'objet petit a , pour faire du " a
" donc limitons-nous, puisque nous nous obligerons à quelque rigueur
de la logique, à signaler qu'il faut du prêt à le
fournir . Ca peut momentanément nous suffire. Ça n'arrange
rien pour ce en quoi nous avons à nous avancer, pour faire du fantasme
: il faut du prêt à le porter.
Je me permettrai ici d'articuler
quelques thèses sous leur forme la plus provocante puisqu'aussi
bien ce dont il s'agit c'est de décoller ce domaine des champs
de capture qui nous font revenir aux illusions les plus fondamentales de ce
qu'on appelle l'expérience psychologique et que ce que je
vais avancer c'est très préci-(p8->)-sément
ce qui fondera la consistance de tout ce que je vais cette année pour
vous dérouler.
Dérouler, je l'ai
déjà dit, il y a longtemps que c'est fait, quand dans la
4ème année de mon séminaire j'ai traité la
relation d'objet concernant l'objet " a ". Tout
est dit quant à la structure du rapport de " a " à
l'Autre , tout à fait spécialement et très
suffisamment amorcé dans l'indication que c'est de l'imaginaire
de la mère que va dépendre la structure subjective de l'enfant.
Ce qu'il s'agit ici pour nous d'indiquer c'est en quoi
ce rapport s'articule en termes proprement logiques, c'est-à-dire
relevant radicalement de la fonction du signifiant. Mais il est à noter
que pour qui résumait alors ce qui pouvait indiquer dans ce sens la moindre
faute concernant l'appartenance de chacun des termes de ces trois fonctions
qui pouvaient alors se désigner comme objet, au sens d'objet d'amour,
et de l'au-delà de celui-là. Notre actuel objet " a
" à savoir la référence à l'imagination
du sujet pouvait obscurcir la relation qu'il s'agissait de situer.
Ne pas situer au champ de l'Autre la fonction du " a
" ; dans le statut du pervers c'est la fonction du phallus ;
la théorie sadique du coït, il n'en est rien, alors que c'est
au niveau de la mère que ça fonctionne.
Qu'est-ce qui porte
le fantasme ? Ce qui porte le fantasme a deux noms qui concernent une seule
et même substance, si vous voulez bien ce terme, le réduire à
cette fonction de la surface telle que je l'ai articulé l'année
dernière . Cette surface primordiale qu'il nous faut pour faire
fonctionner notre articulation logique, vous en connaissez déjà
quelques formes. Ce sont des surfaces fermées, participant de la bulle
à ceci près qu'elles ne sont pas sphériques, appelons-les
: la bulle , nous verrons ce qui motive, ce à quoi s'attachera
l'existance de bulles dans le réel.
Cette
surface que j'appelle bulle a proprement deux noms : le désir
et la réalité.
Il est bien inutile de se fatiguer à articuler la réalité du désir, parce que primordialement le désir et la réalité sont dans un rapport de texture sans coupure, ils n'ont donc pas besoin de couture, pas besoin d'être recousus.
Il n'y a pas plus de réalité du désir qu'il n'est juste de dire l'envers de l'endroit , il y a une seule et même étoffe qui a un envers et un endroit, cette étoffe est-elle tissée de telle sorte qu'on passe sans s'en apercevoir, puisqu'elle est sans coupure et sans couture, de l'une à l'autre de ses faces, et c'est pour ça que j'ai fait devant vous tellement état d'une structure comme celle du plan projectif imagé dans la mitre ou le cross-cap. Qu'on passe d'une face à l'autre sans s'en apercevoir, ceci dit bien qu'il n'y en a qu'une, j'entends qu'une face, il n'en reste pas moins, comme dans les surfaces que je viens d'évoquer dont la forme parcellaire est dans la bande de Moebius, qu'il y a un endroit et un envers .
(p9->) Ceci est nécessaire à poser d'une façon originaire. Pour rappeler comment se fonde cette distinction de l'endroit et de l'envers en tant que déjà là avant toute coupure. Il est clair que qui (comme les animalcules dont font état les mathématiciens) y sera dans cette surface impliqué, n'y verra, à cette distinction pourtant sûre de l'endroit et de l'envers que goutte à cette distinction entre l'endroit et l'envers.
Les surfaces dont j'ai fait état devant vous depuis la plan projectif jusqu'à la bouteille de Klein, à ce qu'on peut appeler les propriétés extrinsèques, les surfaces ne sont pas les propriétés de la surface, c'est dans une troisième dimension que ça prend sa fonction, même le trou qui est au milieu du tore un être purement torique ne croyez pas qu'il s'aperçoit même de sa fonction , néanmoins cette fonction n'est pas sans conséquence puisque c'est d'après elle qu'il y a presque 6 ans déjà, jai essayé d'articuler pour ceux qui m'écoutaient alors , les rapports du sujet à l'Autre dans la névrose. C'est en effet de cette 3ème dimension de l'autre qu'il s'agit comme telle. C'est par rapport à l'autre et en tant qu'il y a là cet autreté qu'il peut s'agir de distinguer un endroit d'un envers, ce n'est pas encore distinguer réalité et désir ce qui est endroit ou envers primitivement au lieu de l'Autre dans le discours de l'Autre qui se joue à pile ou face, ça ne concerne en rien le sujet pour la raison qu'il n'y en a pas encore.
Le sujet commence
avec la coupure. Si nous prenons, de ces surfaces, la plus exemplaire
parce que la plus simple à manier à savoir le cross-cap , plan
projectif, une coupure, mais pas n'importe laquelle, je le rappelle pour
ceux pour qui ces images ont quelque présence.
En ces traits imaginaires dont les parois antérieures et postérieures viennent se croiser, si c'est ainsi que nous représentons la structure de ce dont il s'agit , toute coupure qui franchira cette ligne imaginaire instaure un changement total de la surface, à savoir que cette surface toute entière devient ce que nous avons appris à découper dans cette surface sous la nom d'objet " a " , à savoir que tout entière, la surface devient un disque aplatissable, avec un endroit et un envers dont |
on doit dire qu'on ne peut pas passer de l'un à l'autre sauf franchir un bord. Ce bord , c'est précisément ce qui rend ce franchissement impassable, du moins pouvons-nous ainsi articuler sa fonction in initio , la bulle , par cette première coupure riche d'une implication qui ne saute pas aux yeux tout de suite par cette première coupure, devient un objet " a " . Cet objet " a " garde, parce que ce rapport il l'a dès l'origine pour quoi que ce soit puisse s'en expliquer , un rapport fondamental avec l'Autre. |
En effet, le sujet n'est point encore apparu avec la seule coupure par où cette bulle qu'instaure le signifiant dans le réel, laisse choir d'abord cet objet étranger qu'est l'objet " a " .
(p->10) Il faut et il suffit, dans la structure indiquée, qu'on s'aperçoive de ce qu'il en est de cette coupure, pour s'apercevoir aussi, qu'elle a la propriété en se redoublant simplement, de se rejoindre .
Autrement dit que c'est la même chose de faire une seule coupure ou d'en faire deux.
On peux considérer la béance de ce qu'il y a entre les deux tours qui n'en font qu'un, comme l'équivalent de la première coupure. Mais si je fais dans le tissu où il s'agit d'exercer cette coupure, une double coupure, j'en dégage, j'en destitue ce qui a été perdu dans la première coupure, à savoir : une surface dont l'endroit se continue avec l'envers. Je restitue la non-séparation primitive de la réalité et du désir.
Comment nous définirons réalité, ce que j'ai appelé tout à l'heure le prêt à porter le fantasme, c'est-à-dire ce qui fait son ordre et nous verrons alors que la réalité toute la réalité humaine, n'est rien d'autre que montage du symbolique et de l'imaginaire. |
Que le désir au centre de cet appareil, de ce cadre que nous avons appelé réalité, c'est aussi bien à proprement parler ce qui couvre comme je l'ai articulé, ce qui importe de distinguer de la réalité humaine et qui est à proprement parler le réel qui n'est jamais qu'entre aperçu, entre aperçu comme le masque facile qui est celui du fantasme, à savoir la même chose que ce qu'a appréhendé Spinoza, quand il a dit que le désir c'est l'essence de l'homme . À la vérité, ce mot homme est un terme de transition impossible à conserver dans un système athéologique, ce qui n'est pas le cas de Spinoza , à cette formule Spinozienne, nous avons à substituer simplement cette formule dont la méconnaissance à conduit la psychanalyse aux aberrations les plus grossières, à savoir : que le désir est l'essence de la réalité.
Mais ce rapport à
l'Autre , sans lequel rien ne peut être aperçu du
jeu réel de ce rapport , c'est ce dont j'ai essayé
de dessiner pour vous en recourant au vieux support des cercles d'Euler,
la relation comme fondamentale assurément elle est insuffisante comme
représentation, mais si nous l'accompagnons de ce qu'elle
supporte en logique, elle peut servir à faire ressortir le rapport du
sujet " a " , se dessine comme un premier cercle qu'un autre
cercle suit, que l'autre vient recouper, le " a " est leur intersection
;
C'est par là qu'à jamais dans cette relation d'un Vel originalement structuré, qui est celui où j'ai essayé d'articuler pour vous il y a déjà trois ans l'aliénation , le sujet ne saurait s'instituer que comme un rapport de manque à ce " a " qui est de l'Autre , sauf à vouloir se situer dans l'Autre , à ne l'avoir également qu'amputé de cet objet " a ".
(p11->)
Le rapport du sujet à l'objet " a " comporte ce que l'image
d'Euler prend comme sens quand elle est portée au niveau de simple
représentation des deux opérations logiques qu'on appelle
réunion et intersection.
La réunion : la liaison du sujet à l'Autre ,
L'intersection : définit l'objet " a ".
L'ensemble de ces deux opérations logiques sont celles mêmes que j'ai mises, originaires en disant que le " a " est le résultat effectué d'opérations logiques qui doivent être deux. Qu'est-ce à dire ? Que c'est essentiellement dans la représentation d'un manque, en tant qu'il court, que s'institue la structure fondamentale de la bulle que nous avons appelée d'abord : l'étoffe du désir. Ici, dans le plan du rapport imaginaire, s'instaure une relation exactement inversée de celle qui lie le Moi à l'image de l'Autre. Le Moi est doublement illusoire, illusoire en ceci : qu'il est soumis aux avatars de l'image, c'est-à-dire aussi bien livré à la fonction du faux-semblant. Il l'est aussi en ceci : qu'il instaure un ordre logique, perverti, dont nous verrons dans la théorie psychanalytique la formule, pour autant qu'elle franchit imprudemment cette frontière logique qui suppose qu'à un moment quelconque donné et qu'on suppose primordial, de la structure, ce qui est rejeté peut s'appeler : « non-moi » , c'est que précisément ce que nous constatons l'ordre dont il s'agit qui implique sans qu'on le sache et en tout cas, sans qu'on le dise, l'entrée en jeu du langage n'admet d'aucune façon une telle complémentarité , c'est ce qui nous fera mettre au premier plan de notre articulation, la discussion de la fonction de la négation.
Chacun sait qu'il pourra s'apercevoir dans ce recueil qui est mis à votre portée, ce que j'ai à Sainte-Anne, lors d'un séminaire, articulé : la secondarité , la Verneinung (dénégation) , scandée par Hippolyte, elle y est articulée assez précisément pour que d'ores et déjà il ne puisse aucunement être admis qu'elle surviendrait d'emblée au niveau de cette première scission que nous appelons : plaisir et déplaisir.
Pourquoi, dans ce manque
instauré par la structure de la bulle, qui fait l'étoffe
du sujet, il n'est aucunement question de nous limiter aux termes désormais
désuets pour les confusions qu'il implique, en terme de négativité.
Le signifiant ne saurait aucunement n'est pas seulement ce qui apporte ce qui n'est pas là, le Fort-Da, en tant qu'il se représente la présence ou l'absence maternelle n'est pas là l'articulation exhaustive de l'entrée en jeu du signifiant, ce qui n'est pas là, le signifiant ne le désigne pas, il l'engendre. Ce qui n'est pas là, à l'origine, c'est le sujet lui-même. Autrement dit : à l'origine il n'y a pas de Das Ein sinon dans l'objet " a " , c'est-à-dire sous une formée aliénée qui reste marquée jusqu'à son terme, toute énonciation concernant le Das-ein .
(p12->) Est-il besoin de rappeler qu'il n'y a de sujet que par un signifiant et pour un autre signifiant ?
L'Urverdrängung ou refoulement originaire c'est ceci : ce qu'un signifiant représente pour un autre signifiant, ça ne mord sur rien, ça ne constitue absolument rien, ça s'accommode d'une absence absolue de Das ein. Pendant environ 16 siècles au minimum, les hiéroglyphes égyptiens sont restés solitaires autant qu'incompris dans le sable du désert. Il est clair , il a toujours été clair pour tout le monde, que ceci voulait dire que chacun des signifiants gravés dans la pierre au minimum, représentait un sujet pour les autre signifiants. Si ça 'en était pas ainsi personne n'aurait pris ça pour une écriture .
Il n'est nullement nécessaire qu'une écriture veuille dire quelque chose pour qui que ce soit, pour qu'elle soit une écriture, et pour que comme telle manifeste que chaque signe représente un sujet pour celui qui le suit.
Si nous appelons ça,
Urverdräng, ceci veut dire qu'il nous paraît conforme à
l'expérience de penser que ce qui se passe , à savoir qu'un
sujet émerge, le sujet barré , comme quelque chose qui vient d'un
lieu où il est supposé inscrit dans un autre lieu où il
va s'inscrire à nouveau, à savoir de la même façon
que j'ai structuré autrefois la fonction de la métaphore
en tant qu'elle est le modèle de ce qui se passe quant au retour
du refoulé .
C'est pour autant qu'à l'égard de ce signifiant premier dont nous allons voir lequel il est. Le sujet barré qu'il abolit vient à surgir à une place où nous allons pouvoir donner aujourd'hui une formule qui n'a pas encore été donnée . Le sujet barré comme tel, c'est ce qui représente pour un signifiant ce signifiant d'où il a surgi un sens, j'entends par sens exactement ce que je vous ai fait entendre au début d'une année sous la formule :
"Colourness green ideas sleep furiously"
qui peut se traduire ainsi :
des idées vertement fuligineuses
s'assoupissent avec fureur "
Faute de savoir qu'elles s'adressent toutes à ce signifiant
du manque du Sujet que devient un certain premier signifiant dès que
le sujet articule son discours à savoir, ce dont tous les psychanalystes
se sont assez bien aperçu, (encore qu'ils ne surent rien dire qui
vaille ) à savoir : " a " qui à ce niveau remplit précisément
la fonction que Frege distingue du signe sous le nom de Bedeutung (signification)
.
C'est
la première Bedeutung, l'objet " a " , le premier
référent, le première réalité, la Bedeutung
qui reste, parce qu'elle est après tout ce qui reste de la (p13->)
pensée à la fin de tous les discours à savoir, ce que le
poète peut écrire sans savoir ce qu'il dit . Quand il s'adresse
à sa mère intelligence pour qui la douceur coulait : quelle est
cette négligence qui laisse tarir son lait ? À savoir, un regard
saisi, qui est celui qui se transmet à la naissance de la clinique, à
savoir ce qu'un de mes élèves récemment au congrès
de l'Université Johns Hopkins, a appelé la " vois
" dans le mythe littéraire .
À savoir, aussi ce qui reste de tant de pensées dépensées sous forme d'un fatras pseudo-scientifique et qu'on peut aussi bien appeler par son nom, je l'ai fait il y a longtemps concernant la littérature analytique et qu'on appelle de la merde, de l'aveu d'ailleurs, des auteurs . Je veux dire qu'à une toute petite défaillance de raisonnement près, concernant la fonction de l'objet " a " , tels d'entre ont pu articuler qu'il n'y a aucun support au complexe de castration que ce qu'on appelle l'objet anal ce n'est pas là un épinglage de pure et simple appréciation, mais plutôt la nécessité d'une articulation dont le seul énoncé doit retenir, puisque, après tout, il ne se formule pas des notions qualifiées, puisque ce sera cette année notre méthode concernant la logique du fantasme montrant dans la théorie analytique où elle vient à trébucher.
Qu'on entende bien que cette faute est raisonnée, c'est-à-dire arraisonnable, ce n'est pas obligatoire , et l'objet " a " en question peut se montrer de telle notice (?) , peut se montrer tout à fait nu.
Ce que nous aurons l'occasion de montrer.
Je veux tout de même marquer ce qui empêche d'admettre certaines interprétations qui ont été données de la fonction de la métaphore, dont je viens de vous donner l'exemple le moins ambigu avec quoi que ce soit qui en fasse une sorte de rapport proportionnel.
Quand j'ai écrit
que la substitution , le fait d'enter un signifiant substitué à
un autre signifiant sur la chaîne signifiante est à la source ,
à l'origine de toutes significations, ce que j'ai articulé
sous la forme aujourd'hui : le surgissement de ce sujet barré comme
tel, je vous ai donné la formule, ce qui exige de nous la tâche
de lui donner un statut logique. Mais pour vous montrer tout de suite l'urgence
de cettte tâche, observez que la confusion fut faite de ce rapport à
4 : le S'
le S et le s , du signifié avec ses relations de proportions
qu'un de mes auditeurs, (M. Perelman) , 'auteur d'une théorie
de l'argumentation promouvant une rhétorique abandonnée,
articule la métaphore, y voyant la fonction de l'analogie et que
c'est du rapport du signifiant à un autre , un troisième
le reproduit en faisant surgir un signifié idéal, qu'il
fonde, la fonction de la métaphore à quoi j'ai répondu
en son temps, c'est d'une telle métaphore que peut surgir
la formule qui a été donnée, à savoir :
(p14->) L'autre registre substantifiant l'inconscient, serait constitué par ce rapport étrange d'un signifiant à un autre signifiant dont on nous ajoute que c'est de là que le langage prendrait son lest .
Cette formule, dite
du langage réduit , je pense que vous le savez maintenant repose sur
une erreur qui est d'induire dans ce rapport à 4 la structure d'une
proportionnalité. On voit mal aussi bien ce qui peut en sortir puisque
le rapport du S/S devient difficile à interpréter.
L'inconscient
est structuré comme un langage lequel est à prendre au pied de
la lettre.
Et
puisqu' il s'avère que je ne remplis pas les 5 points aujourd'hui,
je veux scander ce qui est ici à la clé de toute structure et
ce qui rend l'entreprise, qui s'est trouvée ainsi, articuléeet
s'est trouvé au début du petit recueil qui concerne le rapports
de mon audienceau Congrès de Bonneval , il est erroné de structurer
sur un mythe de langage réduit aucune déduction de l'inconscient
pour la raison suivante : il est de la nature de tout et d'aucun signifiant
de ne pouvoir en aucun cas se signifier lui-même.
L'heure est assez avancée pour que je ne vous impose pas dans la hâte,dl'écriture de ce point inaugural de toute théorie des ensembles, qui implique que cette théorie ne peut fonctionner qu'à partir d'un axiome dit de spécification, c'est à savoir : qu'il n'y a d'intérêt à faire fonctionner un ensemble, que s'il existe un autre ensemble qui puisse définir par la définition de certains X dans le premier comme satisfaisant librement à une certaine proposition. Librement veut dire : indépendamment de toute quantification .
Il résulte que je commencerai ma prochaine leçon par ces formules. A poser un ensemble quelconque en y définissant la proportion que j'ai indiquée comme y spécifiant de X , en supposant que X n'est pas membre de lui-même , ce qui nous intéresse c'est qu'il s'impose dès qu'on veut introduire le mythe d'un langage réduit , qu'il y a un langage qui ne l'est pas, c'est-à-dire qui constitue par exemple, l'ensemble des signifiants le propre de l'ensemble des signifiants je vous le montrerai en détail, comporte ceci de nécessaire : si nous admettons seulement que le signifiant ne saurait se signifier, mais comporte ceci de nécessaire : qu'il y a quelque chose qui n'appartient pas à cet ensemble il n'est pas possible de réduire le langage simplement , les réponses à ceci sont : que le langage ne saurait constituer un ensemble fermé , autrement dit : qu'il n'y a pas d'univers du discours.
Les vérités que
je viens d'énoncer sont simplement celles qui sont apparues d'une
façon confuse à la période naïve de l'instauration
de la théorie des ensembles - le paradoxe de Russell n'est pas
un paradoxe mais un image - le catalogue des (p15->)
catalogues qui ne se contient pas, ou bien il se contient lui-même et
il manque à sa définition, ou bien il ne se contient pas lui-même
et alors il manque à sa mission, ce n'est nullement un paradoxe
, on a qu'à déclaré qu'à faire un tel
catalogue, on ne peut le pousser jusqu'au bout, et pour cause !
Ce que je vous ai énoncé
: que dans l'univers du discours il n'y ait rien qui contient tout,
voilà qui nous incite à être tout spécialement prudent
quant au minimum de ce qu'on appelle tout et partie et à exiger
à l'origine que nous distinguions l'un de la totalité
que justement je viens de réfuter disant qu'au niveau du discours il
n'y a pas d'univers, ce qui laisse encore en suspens. Distinguer
cet un de l'un comptable qui de sa nature se dérobe et se glisse
à être un , à se répéter et se refermant lui-même,
instaurant le manque dont il s'agit quand il s'agit d'instituer
le sujet.
note
:
bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire, ou
si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par avance
de m'adresser un
émail.
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