IX-L'IDENTIFICATION
Séminaire du 24 janvier 1962
(->p182) (IX/1) L'important pour ce qui nous concerne
pour la suite de notre séminaire, c'est que ce que j'ai dit hier soir concerne
évidemment la fonction de l'objet, du petit a dans l'identification du sujet,
c'est-à-dire quelque chose qui n'est pas immédiatement à la portée
de notre main, qui ne va pas être résolu tout de suite, sur lequel hier soir
j'ai donné, si je puis dire, une indication anticipée en me servant du thème
des trois coffrets. Cela éclaire beaucoup, ce thème des trois coffrets, mon
enseignement, parce que si vous ouvrez ce qu'on appelle bizarrement "les
Essais de Psychologie Appliquée" et que vous lisez l'article sur les trois
coffrets vous vous apercevrez que vous restez un petit peu sur votre faim en
fin de compte ; vous ne savez pas très bien où il veut en venir, notre père
Freud. Je crois qu'avec ce que je vous ai dit hier soir qui identifie les trois
coffrets à la demande, thème auquel, je pense, vous êtes dès longtemps
rompus qui dit que dans chacun des trois coffrets - sans cela il n'y
aurait pas de devinette, il n'y aurait pas de problème - il y a le petit
a, l'objet qui est en tant qu'il nous intéresse, nous analystes, mais pas du
tout forcément -l'objet qui correspond à la demande. Pas du tout forcément
non plus le contraire, parce que sans cela il n'y aurait pas de difficultés.
Cet objet, c'est l'objet du désir, et le désir où est-il ? I1 est au
dehors ; et là où il est vraiment, le point décisif, c'est vous, 1'analyste,
pour autant que votre désir ne doit pas se tromper sur l'objet, du
Il y a une chose que je vous dis en passant, c'est que j'ai quand même mis l'accent
devant un auditoire supposé non savoir sur quelque chose dans
lequel je n'ai peut-être pas mis ici assez mes lourds et gros sabots,
c'est-à-dire que le système de l'inconscient, le système psy, est un système
Reprenons maintenant notre bâton de pérégrin,
C'est une très jolie formule dans
laquelle on glisse sans cesse pour dire à quelqu'un "vous n'êtes pas sans
ignorer". Ce n'est pas vous qui avez tort, c'est le rapport du sujet au
signifiant qui de temps en temps émerge. Ce n'est pas simplement des menus
paradoxes, des lapsus que j'épingle là au passage. Nous les retrouverons, ces
formules, au bon détour. Et je pense vous donner la clef de ce pourquoi
"vous n'êtes pas sans ignorer" veut dire que ce que vous voulez dire.
Pour que vous vous y reconnaissiez, je peux vous dire que c'est bien à le sonder
que nous trouverons le juste poids, la juste inclinaison de cette balance où je
place devant vous le rapport du névrosé à l'objet phallique quand je vous dis
pour l'attraper ce rapport, il faut dire : "il n'est pas sans
l'avoir". Cela ne veut évidemment pas dire qu'il l'a. S'il l'avait, il n'y
aurait pas de question.
(->p185) (IX/4) Pour
en arriver là, repartons d'un petit rappel de la phénoménologie de notre névrosé concernant le point
où nous en
sommes : son rapport au signifiant. Depuis quelquefois je commence à vous
faire saisir ce qu'il y a d'écriture dans l'affaire au signifiant, d'écriture
originelle. Il a bien dû quand même vous venir à l'esprit que c'est
essentiellement à cela que l'obsédé a affaire tout le temps : ungeschehen
machon, faire que ça soit non advenu
Manifestement ça
se voit dans son comportement : ce qu'il veut éteindre c'est ce que l'
annaliste écrit tout au long de son histoire, l'annaliste - avec deux n
C'est les annales de l'affaire qu'il
voudrait bien inventer. gratter, éteindre. Par quel biais nous
atteint ce discours de Lady Macbeth quand elle dit que toute
l'eau de la mer n'effacerait pas cette petite tache si ce n'est
point par quelque écho
(->p186)
(IX/5) Nous n'allons pas nous contenter de
cette sorte de vérité aux yeux bandés. Le sujet, il est bien clair qu'il faut
que nous le trouvions à l'origine du signifiant lui-même ; "pour
sortir un lapin d'un chapeau", c'est comme cela que j'ai commencé à semer
le scandale dans mes propos proprement analytiques : le pauvre cher homme défunt,
et bien touchant en sa fragilité, était littéralement exaspéré par ce
rappel que je faisais avec beaucoup d'insistance parce qu'à ce moment c'est des
formules utiles que "pour faire sortir un lapin d'un chapeau il fallait l'y
avoir préalablement mis".
I1 doit en être de même concernant le
signifiant, et c'est ce qui justifie cette définition du signifiant que je vous
donne, cette distinction d'avec le signe : c'est que si le signe représente
quelque chose pour quelqu'un, le signifiant est autrement articulé, il représente le
sujet pour un autre signifiant
Revenons à notre point de départ, à
notre signe,
Un pas, une trace, le pas de Vendredi
dans l'Île de Robinson : émotion, le coeur battant devant cette trace. Tout
ceci ne nous apprend rien, même si de ce coeur battant devant cette trace il résulte
tout un piétinement autour de la trace ; cela peut arriver à n'importe quel croi
Ceci n'est pas un mauvais trait pour que nous y reconnaissions le passage du sujet
quand il s'agit de son rapport au signifiant, dans la mesure où vous savez déjà
que tout ce que je vous enseigne de la structure du sujet, tel que nous
essayons de l'articuler à partir de ce rapport au signifiant, converge vers l'émergence
de ces moments de fading proprement liés à ce battement en éclipse de ce qui
n'apparaît que pour disparaître et reparaît pour de nouveau disparaître, ce qui
est
Ceci dit, si la trace est effacée, le sujet en entoure la place d'un cerne quelque chose qui dès
lors le concerne, lui ; le repère de l'endroit où il a trouvé la trace, eh
bien, vous avez là la naissance du signifiant. Ceci implique tout ce processus
comportant le retour du dernier temps sur le premier, qu'il ne saurait y avoir
d'articulation d'un signifiant sans ces trois temps. Une fois le signifiant
constitué, il y en (->p188) (IX/7) a forcément deux autres avant. Un
signifiant, c'est une marque, une trace, une écriture, mais on ne peut pas le
lire seul. Deux signifiants c'est un pataquès, un coq à l'âne. Trois
signifiants, c'est le retour de ce dont il s'agit, c'est-à-dire du
premier. C'est quand le pas marqué dans la trace est transformé dans la
vocalise de qui le lit en "pas" que ce pas, à condition qu'on oublie
qu'il veut dire le pas, peut servir d'abord dans ce qu'on appelle le phonétisme
de l'écriture, à représenter "pas", et du même coup à
transformer la trace de pas éventuellement en le pas de trace.
Je pence que vous entendez au passage la
même ambiguïté dont je me suis servi quand je
vous ai parlé, à propos du mot d'esprit, du pas de sens, jouant sur l'ambiguïté
du mot sens avec ce saut, ce franchissement qui nous prend là où naît la
rigolade quand nous ne savons pas pourquoi un mot nous fait rire, cette
transformation subtile, cette pierre rejetée qui d'être reprise devient la
pierre d'angle, et je ferai volontiers le jeu de mots avec le
R de la formule
du cercle parce qu' aussi bien c'est en elle - je vous l'ai annoncé
l'autre jour en introduisant la -1 - que nous verrons que se mesure,
si je puis dire, l'angle vectoriel du sujet par rapport au fil de
C'est là que nous sommes suspendus et
c'est là que nous devons un peu nous habituer à nous déplacer, sur une substitution
par où ce qui a un sens se transforme en équivoque et retrouve son
sens. Cette articulation sans cesse tournante du jeu du langage, c'est dans ses
syncopes même que nous avons à
Je vous ai parlé à plus d'une reprise, à propos du signifiant, du caractère chinois, et je tiens beaucoup à désenvoûter pour vous l'idée que son origine est une figure imitative. Il y en a un exemple que je n'ai pris que parce que c'est lui qui me servait le mieux, j'ai pris le premier de celui qui est articulé dans ces exemples, ces formes archaïques dans l'ouvrage de Karlgren qui s'appelle "Grammata serica", ce qui veut dire exactement " les signifiants chinois"
Le premier dont il se sert sous la forme moderne est celui-ci
, c'est le caractère
Kho qui veut dire pouvoir. Dans le Tch'ouen qui est un ouvrage d'érudits, à
la fois précieux pour nous pour son caractère relativement ancien, mais
qui est déjà très érudit, c'est-à-dire très armé d'interpétations sur lesquelles
nous pouvons avoir à reprendre. Il semble que ce ne soit
pas sans raison que nous puissions nous fier à la racine qu'en donne le
commentateur et qui est bien jolie, c'est à savoir qu'il s'agit d'une schématisation
du
|
heurt de la colonne d'air qu'elle vient à pousser dans l'occlusive gutturale contre l'obstacle que |
lui oppose l'arrière de la langue contre le
palais. Ceci est d'autant plus séduisant que, si vous ouvrez un ouvrage de pho-(->p190)
(IX/9)nétique, vous trouverez une image qui est à peu
près celle-là pour vous traduire le fonctionnement de l'occlusive
Et avouez que ce n'est pas mal que ce soit ça qui
soit choisi pour figurer le mot pour voir la possibilité, la fonction axiale
introduit dans le monde par l'avènement du sujet au beau milieu du réel.
L'ambiguïté est totale. Car un très grand nombre de mots s'articulent kho en
chinois, dans lesquels ceci nous servira de phonétique, à ceci près que les
complètes comme présentifiant le sujet à l'armature signifiante, et ceci,
sans ambiguïté et dans tous les caractères, est la représentation de la
bouche
Mettez ce signe au-dessus, c'est le signe
Kâ
qui veut dire grand. Il a manifestement quelque rapport avec la petite forme
humaine, en général dépourvue de bras. Ici, comme c'est d'un grand qu'il
s'agit, il a des bras. Ceci n'a rien à faire avec ce qui se passe quand vous
avez ajouté ce signe ta au signifiant précédent. Cela se lit désormais i,
mais ceci conserve la trace d'une prononciation ancienne dont nous avons des
attestations grâce à l'usage de ce terme à la rime dans les anciennes poésies,
nommément celles du Che King qui est un des exemples les plus fabuleux des mésaventures
littéraires puisqu'il a eu le sort de devenir le support de toutes sortes d' élucubrations
moralisantes, d'être la base de tout un enseignement très tortillé des
mandarins sur les devoirs du sou-(->p191)
(IX/10)verain, du peuple et du tutti quanti,
alors qu'il s'agit manifestement de chansons d'amour d'origine paysanne. Un peu
de pratique de la littérature chinoise - je ne cherche pas à vous faire
croire que j'en ai une grande, je ne me prend pas pour
(espace vide) (note du claviste) qui, lorsqu'il fait
allusion à son expérience de la Chine, il s'agit d'un paragraphe que vous
pouvez retrouver dans les livres à la portée de tous du père Wieger.
Quoi qu'il en soit, d'autres que moi ont éclairé ce chemin, nommément Marcel Granet, dont après tout vous ne perdriez rien à ouvrir le beau livre sur les danses et légendes et sur les fêtes anciennes de la Chine. Avec un peu d'efforts vous pourrez vous familiariser avec cette dimension vraiment fabuleuse qui apparaît de ce qu'on peut faire avec quelque chose qui repose sur les formes les plus élémentaires de l'articulation signifiante. Par chance, dans cette langue, les mots sont monosyllabiques : ils sont superbes, invariables, cubiques, vous ne pouvez pas vous y tromper. Ils s'identifient au signifiant, c'est le cas de le dire. Vous avez des groupes de quatre vers, chacun composé de quatre syllabes, la situation est simple. Si vous les voyez et pensez que de ça on peut faire tout sortir même une doctrine métaphysique qui n'a aucun rapport avec la signification originelle, cela commencera, pour ceux qui n'y seraient pas encore à vous ouvrir l'esprit. C'est pourtant comme cela : pendant des siècles on a fait l'enseignement de la morale et de la politique sur des ritournelles qui signifient dans l'ensemble "je voudrais bien baiser avec toi", je n' exagère rien, allez-y voir.
(->p192) (IX/11)
|
Ceci veut dire "i", qu'on commente grand pouvoir, énorme. Cela n'a bien entendu absolument aucun rapport avec cette conjonction. "i" ne veut pas tellement plus dire grand pouvoir que ce petit mot pour lequel en français il n'y a pas vraiment quelque chose qui nous satisfasse : |
je suis forcé de le traduire par l'impair au sens que le mot impair peut prendre de glissement, de faute, de faille, de chose qui ne va pas, qui boîte, en anglais si gentiment illustré par le mot "odd". Et comme je vous le disais tout à l'heure, c' est ce qui m'a lancé sur le Che King. A cause du Che King, nous savons que c'était très proche du kho, au moins en ceci : c'est qu'il y avait une gutturale dans la langue ancienne qui donne l' autre implantation de l'usage de ce signifiant pour désigner le phonème i.
|
Si vous ajoutez cela ![]() Si vous mettez ici, à la place du signe de l'arbre, |
Ce petit détour, je le considère, a
son utilité pour vous faire voir que le rapport de la lettre au langage n'est
pas quelque chose qui soit à considérer dans une ligne évo-(->p193)
(IX/12)lutive. On ne part pas d'une origine épaisse, sensible, pour dégager de là une forme
abstraite. I1 n'y a rien qui ressemble à quoi que ce
soit qui puisse être conçu comme parallèle au processus dit du concept même
seulement de la généralisation. On a une suite d'alternances où le signifiant
revient battre l'eau, si je puis dire, du flux par les battoirs de son moulin, sa
roue remontant à chaque fois quelque chose qui ruisselle, pour de nouveau retomber,
s'enrichir, se compliquer, sans que nous puissions jamais à aucun
Voilà qui va vous mener au point où aujourd'hui le pas que j'ai à vous faire faire, une
grande part des illusions qui nous arrêtent net, des adhérences imaginaires, dont
peu importe que tout le monde y reste plus ou moins les pattes prises comme des
mouches, mais pas les analystes, c'est très précisément lié à ce que
j'appellerai les illusions de la logique formelle. La logique formelle est une
science fort utile, comme j'ai essayé la dernière fois de vous en pointer l'idée,
à condition que vous vous aperceviez qu'elle vous pervertit en ceci que puisqu'elle
est la logique formelle elle devrait vous interdire à tout instant de lui donner le
moindre sens. C'est bien entendu ce à quoi avec le temps on en est venu. Mais
les grands sérieux, les braves, les honnêtes de la logique symbolique connus
depuis une cinquantaine d'années, ça leur donne je vous assure un sacré mal
parce que c'est pas facile de construire une logique telle qu'elle doit être
si elle répond vraiment à son titre de logique formelle, en ne s'appuyant strictement
que sur le signifiant, en s'interdisant tout rapport et (->p194)
(IX/13) donc tout appui intuitif sur ce
qui peut s'insurger du signifié dans le cas où nous faisons des fautes, en général
c'est là-dessus qu'on se repère. Je raisonne mal parce que dans ce
cas-là, il en résulterait n'importe quoi : ma grand'mère la tête à
l'envers. Qu'est-ce que cela peut nous faire ? Ce n'est pas en général
avec ça qu'on nous guide parce que nous sommes très intuitifs ; si on fait de
la logique formelle, on ne peut que l'être.
(espace vide) (le claviste)
Or l'amusant est que le livre de base
d'une logique symbolique, enserrant tous les besoins de la création mathématique,
les Principia Mathematica de Bertrand Russell arrive tout près de ce but : ils
s'arrêtent considérant comme une contradiction qui mettrait en cause toute la
logique mathématique, ce paradoxe dit de Bertrand Russell dont le biais frappe
la valeur de la théorie dite des ensembles. En quoi se distingue un ensemble
d'une définition de classe, la chose reste ambiguë puisque, ce que je vais
vous dire et qui est admis par n'importe quel mathématicien, c'est à savoir
que ce qui distingue un ensemble d'une classe, ce n'est rien d'autre que
l'ensemble sera défini par des formules qu'on appelle axiomes, qui seront posées
sur le tableau en des symboles réduits à des lettres auxquelles s'
(espace vide) (le claviste)
Il n'y a absolument aucune autre signification de cette logique dite symbolique par
rapport à la logique traditionnelle, sinon cette réduction à
des lettres, je vous garantis vous pouvez m'en croire, sans que j'aie
plus à m'engager dans
des exemples. Quelle est donc la vertu,
forcément qui est bien
quelque part, pour que ce soit en raison
de cette seule différence qu'ait pu être développé un
monceau de conséquences dont
je vous assure que l'incidence dans le développement
de quelque chose qu'on appelle les mathématiques
n'est pas mince par
Alors, à partir de là, comment les auteurs viennent-ils à s'étonner de ce qu'on appelle le paradoxe de
Russell ?
Le paradoxe de Russell est
celui-ci : on parle de l' ensemble de tous les ensembles qui ne se
comprennent pas eux-mêmes. Il faut que j'éclaire un peu cette histoire qui peut
vous sembler au premier abord sèche. Je vous l'indique tout de suite. Si je
vous y intéresse, du moins je l'espère, c'est avec cette visée qu'il y a le
plus étroit rapport - et pas seulement homonymique, justement parce qu'il
s'agit
de signifiant et qu'il s'agit par conséquent de ne pas comprendre - avec
la position du sujet analytique, en tant que lui aussi, dans un autre sens du
mot comprendre et si je vous dis de ne pas comprendre c'est pour que vous
puissiez comprendre de toutes les façons que lui aussi ne se comprend pas
lui-même.
Passer par là n'est pas inutile, vous allez le voir, car nous allons sur cette
route pouvoir critiquer la fonction de notre objet. Mais arrêtons-nous un instant sur ces ensembles qui ne se
comprennent pas eux-mêmes. I1 faut évidemment pour concevoir ce dont il
s'agit partir, puisque nous ne pouvons quand même pas dans 1a communication ne
pas nous faire des concessions de références intuitives, parce que les références
intuitives vous les avez déjà. I1 faut donc les bousculer pour en mettre
d'autres. Comme vous avez l'idée qu'il y a une classe et qu'il y a une classe
mammifère, il faut tout de même (->p197)
(IX/16) que j'essaie de vous indiquer qu'il faut
se référer à autre
Mais considérant maintenant les ensembles qui ne se comprennent pas eux-mêmes ; cela n'est pas moins concevable, c'est même le cas le plus ordinaire. Et puisque nous sommes théoriciens des ensembles et qu'il y a déjà une classe de l'ensemble des ensembles qui se comprennent eux-mêmes, il n'y a vraiment nulle objection à ce que nous fassions la classe opposée - j'emploie classe ici parce que c'est bien là que l'ambiguïté va résider - : la classe des ensembles qui ne se comprennent eux-mêmes, l'ensemble de tous les ensembles qui ne se comprennent pas eux-mêmes. Et c'est là que les logiciens commences à se casser la tête, à savoir qu'il se disent : cet ensemble de tous les ensembles qui ne se comprennent pas eux-mêmes, est-ce qu'il se comprend lui-même ou est-ce qu'il ne se comprend pas ?
Dans un cas comme
dans l'autre, il va choir dans la contradiction. Car si, comme selon
l'apparence, il se comprend lui-même, (->p198)
(IX/17) nous voici en contradiction avec le départ qui nous disait qu'il agissait
d'ensembles qui ne se comprennent pas eux-mêmes.
D'autre part, s'il ne se
comprend pas, comment l'excepter justement de ce que donne cette définition, à
savoir qu'il ne se comprend pas lui-même?
Cela peut vous sembler assez bébé,
mais le fait que ça frappe au point de les arrêter, les logiciens qui ne sont
pas précisément des gens de nature à s'arrêter à une vaine difficulté, et
s'ils y sentent quelque chose qu'ils peuvent appeler une contradiction mettant
en cause tout leur édifice, c'est bien parce qu'il y a quelque chose qui doit
être résolu et qui concerne, si vous voulez bien m'écouter, rien d'autre que
ceci, qui concerne la seule chose que les logiciens en question n'ont pas
exactement en vue, à savoir que la lettre dont ils se servent c'est quelque
chose qui a en soi-même des pouvoirs, un ressort, auquel ils ne semblent
point tout à fait accoutumés. Car si nous illustrons ceci en application de ce
que nous avons dit qu'il ne s'agit de rien d'autre que de l'usage systématique
d'une lettre, de réduire, de réserver à la lettre sa fonction signifiante
pour faire sur elle, et sur elle seulement, reposer tout l'édifice logique,
nous arrivons à ce quelque chose de très simple que c'est tout à fait et
tout simplement, que cela revient à ce qui se passe quand nous chargeons la
lettre a, par exemple, si nous nous mettons à spéculer sur l'alphabet, de représenter
comme lettre a toutes les autres lettres de l'alphabet.
De deux choses l'une : ou les autres
lettres de l'alphabet, nous les énumérerons de b à z, en quoi la lettre a
Il n'y a là aucune espèce de difficulté, il ne devrait y en avoir d'autant moins que ceux qui en voient une sont justement ceux-là qui ont inventé la notion d'ensemble pour faire face aux déficiences de la notion de classe et par conséquent soupçonnent qu'il doit y avoir autre chose dans la fonction de l'ensemble que dans la fonction de la classe.
Mais ceci nous intéresse, car qu'est-ce
que cela veut dire ?
Comme je vous 1'ai indiqué hier soir,
l'objet métonymique du désir, ce qui dans tous les objets représente ce petit
a électif, où le sujet se perd, quand cet objet vient au jour métaphorique,
quand nous venons à le substituer au sujet qui, dans la demande est
venu à se syncoper, à s'évanouir, pas de trace : S, nous le révélons, le
signifiant de ce sujet, nous lui donnons son nom : le bon objet. Le sein de la mère,
La question que nous avons à poser,
c'est établir la différence qu'il y a de cet usage que nous faisons de la mamme avec la fonction qu'il prend par la définition, par exemple, de la classe
mammifère. Le mammifère se reconnaît à ceci qu'il a des mammes. Il est entre
nous assez étrange que nous soyons aussi peu renseignés sur ce qu'on en fait
effectivement dans chaque espèce. L'éthologie des mammifères est encore
rudement à la traîne puisque nous en sommes, sur ce sujet comme pour la logique
formelle, à peu près pas plus loin que le niveau d'Aristote (excellent
l'ouvrage "l'Histoire des Animaux"). Mais nous, est-ce que c'est
cela que veut pour nous dire le signifiant mamme pour autant qu'il est l'objet
autour de quoi nous substantifions le sujet dans un certain type de relations
dites prégénitales ?
I1 est bien clair que nous en faisons un
tout autre usage, beaucoup plus proche de la manipulation de la lettre E dans
notre paradoxe des ensembles, et pour vous le montrer, je vais vous faire voir
ceci : A (+1+1+1) c'est que parmi ces un de la demande, dont nous avons révélé
la signifiance concrète, est-ce qu'il y a ou non le sein lui-même
? En d'autres termes,
(->p201)
(IX/20) I1 est bien évident qu'il ne
l'est pas
parce que vos oraux qui adorent les seins, ils adorent les seins parce que ces
seins sont un phallus. Et c'est même pour ça qu'il est possible que le sein
soit aussi phallus, que Mélanie Klein le fait apparaître tout de suite aussi
vite comme le sein dès le départ, en nous disant qu'après tout c'est un petit
sein plus commode, plus portatif, plus gentil.
Vous voyez bien que poser ces
distinctions structurales peut-nous mener quelque part, dans la mesure où
le sein refoulé réémerge, ressort dans le symptôme, au même simplement dans
un coup que nous n'avons pas autrement qualifié : la fonction sur l'échelle
perverse à produire de ce quelque chose d'autre qui est l'évocation de l'objet
phallus.
La chose s'inscrit ainsi
Qu'est-ce que l'a ? Mettons à sa
place la petite balle de ping-pong, c'est-à-dire rien,
n'importe quoi, n'importe quel support du jeu d'alternance du sujet dans le
fort-da. Là vous voyez qu'il ne s'agit strictement de rien d'autre que du
passage du phallus de a+ à a- et que par là nous voyons dans le rapport
d'identification, puisque nous savons que dans ce que le sujet assimile c'est
lui dans sa frustration, nous,
lui
1 en tant qu'assumant la signification de l'Autre comme
tel, a le plus grand
(a X -a)
(->p202) (IX/21)
Ce produit de a par -a, qui
formellement fait un moins a au carré :
nous serrerons pourquoi une négation
est irréductible : quand il y a affirmation et négation, l'affirmation de la négation
fait une négation, la négation de l' affirmation aussi - nous voyons là
pointer dans cette formule même du
, nous retrouvons la nécessité
de la mise en jeu à la racine de ce produit du racine de - I,
Ce dont il s'agit, ce n'est pas
simplement de la présence ni de l'absence du petit a, mais de la conjonction
des deux, de la coupure. C'est de la disjonction du a et du -a qu'
il
s'agit, et c'est là que le sujet vient à se loger comme tel, que
l'identification a à se faire avec ce quelque chose qui est l'objet du désir.
C'est pour ça que le point où, vous le verrez, je vous ai amenés aujourd'hui,
est une articulation qui vous servira dans la suite.
note: bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire,
ou si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par
avance de m'adresser un émail.
Haut de
Page
commentaire
relu et corrigé en août 2002