IX-L'IDENTIFICATION
Séminaire du 13 juin 1962
(->p498) (XXIV) Voici trois figures. La fig. 1 répond
à la coupure simple en tant que le plan projectif n'en saurait tolérer plus
d'une sans être divisé. Celle-là ne se divise pas, elle ouvre. Cette
ouverture est intéressante à montrer sous cette forme parce qu'elle permet de
visualiser pour vous, de matérialiser la fonction du point.
Voilà la figure 3 qui est une figure
intermédiaire. Ici vous voyez encore l'entrecroisement à la partie supérieure
du plan antérieur, qui devient postérieur pour revenir ensuite. Et vous pouvez
relever cela indéfiniment, je vous l'ai déjà fait remarquer. C'est bien ce
qui s'est produit au niveau extrême. C'est la même chose que ce bord là que
vous trouvez décrit à la figure 1. Cette partie que je désigne à la figure
1, nous allons l'appeler A. c'est cela qui se maintient à cet endroit de la
figure. La continuité de ce bord se fait avec ce qui derrière la surface en
quelque sorte oblique ainsi dégagée, se replie en arrière une fois que vous
avez commencé à lâcher le tout. De sorte que si on les recollait, cela se
rejoindrait comme à la figure 3. C'est pourquoi je l'ai indiqué en bleu sur
mon dessin. Le bleu est, en somme, tout ce qui perpétue la coupure elle-même.
Qu'en résulte-t-il ? C'est
que vous avez un creux, une poche dans laquelle vous pouvez introduire quelque
chose. Si vous passez la main celle-ci passe derrière cette oreille qui
est en continuité par l'avant avec la surface : ce que vous rencontrez derrière
c'est une surface qui
qui est dessinée ici par les limites de ce pointillé à la figure 2 pourrait se trouver de l'autre côté. Cette possibilité de deux oreilles, c'est ce que vous re trouverez lorsque quand vous avez réalisé
|
Qu'avez-vous alors ? Vous pouvez
l'imaginer aisément vous avec une sorte de plan qui en gauchissant vient, à un
moment, à se recouper lui-même selon une ligne qui passe alors derrière. Vous
avez donc, ici aussi, deux oreilles, une lamelle en avant, une lamelle en arrière.
Et le plan se traverse lui-même selon une ligne strictement limitée par
un point. I1 se pourrait que ce point fût placé juste à l'extrémité de
l'oreille postérieure, ce serait, pour le plan une manière de se recouper lui-même
qui serait tout aussi intéressante par certains côtés puisque c'est ce que
j'ai réalisé à la figure 5 pour vous montrer tout à l'heure la
façon dont il convient de considérer la structure de ce point.
Je sais personnellement que vous vous êtes
inquiétés déjà de la fonction de ce point puisque vous m'avez un jour posé
en privé la question de savoir pourquoi toujours, moi-même et les
auteurs, nous ne représentons sous cette forme, indiquant au centre une sorte
de petit trou. Il est bien certain que ce petit trou donne à réfléchir. Et
c'est justement sur lui que nous allons insister, car il livre la structure
tout-à -fait particulière de ce point qui n'est pas un point comme les
autres.
(->p501) (XXIV/4)
C'est ce sur quoi, maintenant, je vais
être amené à m'expliquer.
Sa forme un peu oblique, tordue, est
amusante, car l'analogie est frappante avec l'hélix, l'hantélix et même le
lobule, de la forme de ce plan projectif coupé, si l'on considère, qu'on peut
retrouver cette forme qui, foncièrement est attirée par la forme de la bande
de Moebius.
On la retrouve beaucoup plus simplifiée
dans ce que j'ai appelé un jour l'arum ou encore l'oreille d'âne. Ceci n'est
fait que pour attirer votre attention sur ce fait évident que la nature semble
en quelque sorte aspirée par ses structures, et dans des organes particulièrement
significatifs, ceux de ces orifices du corps qui sont en quelque sorte laissée
à part, distincts de la dialectique analytique. A ces orifices du corps, quant
ils montrent cette sorte de ressemblance pourrait se raccrocher une sorte de
considération de rattachement à la Naturwissen de ce point, lequel doit bien y
attenir, s'y refléter s'il a effectivement quelque valeur.
L'analogie frappante de plusieurs de ces
dessins que j'ai faits avec les figures que vous trouvez à chaque page des
livres d'embryologie mérite aussi de retenir l'attention. Lorsque vous considérez
ce qui se passe, à peine franchi le stade de la plaque germinative, dans l'oeuf
des serpents ou des poissons pour autant que c'est ce qui se rapproche le plus,
à un examen qui n'est pas absolument complet dans l'état actuel de la science,
du développement de l'oeuf humain - vous trouvez quelque chose de
frappant, c'est l'apparition,
|
(->p502) (XXIV/5)
quelque
chose qui donne bien l'idée de la |
vertébré
et le prévertébré plus fortement que n'importe quel autre caractère, à
savoir l'existence de la chorde dont cette ligne primitive et le noeud de Hensen
sont le poínt de départ. I1 y a là certainement toute une série de
directions de recherches qui, je crois, mériteraient de retenir l'attention. En
tout cas, si je n'y ai point insisté, c'est qu'assurément ce n'est pas dans ce
sens que je désire m'engager. Si j'en parle à l'instant, c'est à 1a fois pour
réveiller chez vous un peu plus d'intérêt pour ces structures si captivantes
en elles-mêmes (->p503)
(XXIV/6) et aussi bien authentifier une remarque
qui m'a été faite sur ce que l'embryologie aurait ici à dire son mot, au
moins à titre illustratif.
Cela va nous permettre d'aller
plus
loin et tout de suite, sur la fonction de ce point.
Une discussion très serrée sur le plan
du formalisme de ces constructions topologiques ne ferait que s'éterniser et
peut-être pourrait vous lasser. Si la ligne que je trace ici sous la
forme d'une sorte d'entrecroisement de fibres, est quelque chose dont vous
connaissez déjà la fonction dans ce cross-cap, ce que j'entends vous
signaler c'est que le point qui le termine, bien sûr, est un point mathématique,
un point abstrait. Nous ne pouvons lui donner aucune dimension. Néanmoins nous
ne pouvons le penser que comme une coupure à laquelle il faut que nous
donnions des propriétés paradoxales, d'abord du fait que nous pouvons la
concevoir comme ponotiforme. D'autre part elle est irréductible. En d'autres
termes, pour la conception même de la surface nous ne pouvons la considérer
comme comblée. C'est un point-trou, si l'on peut dire. De plus, si nous
la considérons comme un point trou, c'est-à-dire fait
de l'accolement de deux bords, elle
serait en quelque sorte insécable dans le sens qui la traverse et on peut en
effet l'illustrer de ce type de coupure unique qu'on peut faire dans le
cross-cap ; il y en a qui Est-ce
qu'elle est en quelque sorte l'homologue et uniquement l'homologue de ce
|
la coupure, même lorsqu'elle s'en rapproche jusqu'à confondre avec ce point, fasse le tour de ce trou ? C'est en effet ce qu'il faut bien concevoir
(->p504) (XXIV/7)
car lorsque nous traçons une telle
coupure, voici à quoi nous aboutissons : prenez si vous
|
Il reste qu'en ce point quelque chose doit être maintenu qui est en quelque sorte l'amorce de la fabrication mentale de la surface, à savoir par rapport à cette coupure qui est celle autour de laquelle elle se construit réellement. Car cette surface que vous voulez montrer, il convient de la concevoir comme une certaine façon d'organiser un trou, ce trou dont les bords sont ici figurés. L'amorce est le point d'où il convient de partir pour que puissent se faire d'une façon qui construise effectivement la surface dont il s'agit, les jointements bord à bord qui sont ici dessinés, à savoir que ce bord-là, après bien sûr toutes modifications nécessaires à sa descente à travers l'autre surface, et ce bord-là viennent se joindre avec celui que nous avons amené dans cette partie de la figure 4 : a avec a'. L'autre bord, au contraire, doit venir se conjoindre, selon le sens général de la flèche verte, avec ce bord-là : d avec d' c'est un conjointement qui n'est concevable qu'à partir d'une amorce de quelque chose qui se signifie comme le recouvrement, aussi ponctuel que vous le voudrez de cette surface par elle-même en un point, c'est-à-dire de quelque chose qui est ici en un petit point où elle est fendue et où elle vient à se recouvrir elle même. C'est autour de cela que le processus de construction s'opère. Si vous n'avez pas cela, si vous considérez que la coupure B que vous avez faite ici traverse le point-trou non pas en le contournant comme les autres coupures à un tour mais au contraire en venant le couper ici, à la manière dont, dans un tore, nous pouvons considérer qu'une coupure se produise ainsi :
(->p505) (XXIV/8)
Que devient cette figure ? Elle prend un autre et tout différent aspect. Voici ce qu'elle devient :
Elle devient purement et simplement la
plus simplifiée du reploiement en avant et en arrière de la surface figure 4,
c'est-à-dire que ce que vous avez vu figure 4 s'organiser selon une
forme qui vient s'entrecroiser bord à bord selon quatre segments, le segment a
venant sur le segment a' : c'est un segment qui porterait le n° 1 par rapport
à un autre qui porterait le n° 3 par rapport à la continuité de la coupure
ainsi dessinée ; puis un n° 2 avec le segment n° 4.
Ici dernière figure, vous n'avez que
deux segments. Il nous faut les
( Or ce bord est tout à fait
essentiel dans la bande de Moebius. En effet,
Comme je vous l'ai fait remarqué une bande de Moebius est aussi simple que cela. Une bande de Moebius n'a qu'un bord. Si vous suivez son bord vous avez fait le tour de tout ce qui est bord sur cette bande et en fait ce n'est qu'un trou, une chose qui peut apparaître comme purement circulaire ; en soulignant les deux cotés, en inversant l'un par rapport à l'autre s'accolant, il resterait qu'il serait nécessaire pour qu'il s'agisse |
bien d'une bande de Moebius, que nous conservions sous une forme aussi
réduite que possible l'existence d'un trou. C'est bien effectivement ce qui
nous indique le caractère irréductible de la fonction de ce point. Et si nous
essayons de l'articuler, de montrer sa fonction nous sommes amenés, en le
désignant comme point-origine de l'organisation de la surface sur le plan
projectif, à y retrouver des propriétés qui ne sont pas complètement celles
du bord de la surface de Moebius, mais qui sont tout de même quelque chose qui
est tellement un trou que si on entend le supprimer par cette opération de
section par la coupure passant par ce point, c'est en tout cas un trou qu'on
fait apparaître de la façon la plus incontestable.
Une autre façon de mettre en valeur la
fonction de ce point : le cross-cap ne peut pas se dessiner purement et
simplement comme quelque chose qui serait divisé en deux par une ligne ou
s'entrecroiseraient les deux surfaces. I1 faut qu'il reste ici quelque chose qui
au-delà du point l'entoure, quelque chose comme une circonférence, si réduite
soit-elle une surface qui permette de faire communiquer les deux lobes supérieurs,
si l'on peut dire, de la surface ainsi structurée. C'est cela qui nous montre
la fonction paradoxale et organisatrice du point.
Mais ce que ceci nous permet d'articuler
maintenant, c'est que ce point est fait de l'accolement des deux bords d'une
coupure, coupure qui ne saurait elle-même d'aucune façon être retraversée,
être sécable, coupure que vous voyez ici à la façon dont je l'ai pour vous
imagée, comme déduite de la structure de la surface et qui telle qu'on peut
dire que si nous définissions arbitrairement quelque chose comme intérieur et
comme extérieur - en mettant par exemple en bleu sur le dessin ce qui est
intérieur et en rouge ce qui est extérieur - à l'un des bords de ce
point l'autre se présenterait ainsi puisqu'il est fait d'une coupure, si
minimale que vous puissiez la supposer, de la surface qui vient se superposer à
l'autre. Dans cette coupure privilégiée ce qui s'affrontera sans se rejoindre
ce sera un extérieur avec un intérieur, un intérieur avec un extérieur.
Telles sont les propriétés que je! vous présente. On pourrait exprimer celle-ci sous une forme savante, plus formaliste, plus dialectique, (->p508) (XXIV/11) sous une forme qui me paraît non seulement suffisante, mais nécessaire pour pouvoir ensuite imager la fonction que j'entends lui donner pour notre usage.
Je vous ai fait remarquer que la double coupure est la première forme de coupure qui introduise dans la surface définie comme cross-cap du plan projectif la première coupure, la coupure minimale qui obtienne la division de cette surface. Je vous ai déjà indiqué la dernière fois ce à quoi aboutissait cette division et ce qu'elle signifiait. Je vous l'ai montré dans des figures très précises que vous avez je l'espère, toutes prises en note, et qui consistaient à vous prouver que cette division a justement pour résultat de diviser la surface en 1°) une surface de Moebius, c'est-à-dire une surface unilatère du type de la figure que voici :
Celle-ci conserve, si l'on peut dire, en elle une partie seulement des propriétés de la surface appelée cross-cap, et, justement cette partie particulièrement intéressante et expressive qui consiste dans la propriété unilatére ; et dans celle que j'ai depuis toujours mise en valeur lorsque j'ai fait circuler parmi vous de petits rubans de Moebius de ma fabrication, à savoir qu'il s'agit d'une surface gauche, qu'elle est, dirons nous dans notre langage, spécularisable, que son image dans le miroir ne saurait lui être superposée, qu'elle est structurée par une dissymétrie foncière. Et c'est tout l'intérêt de cette structure que je vous démontre c'est que la partie centrale au contraire, ce que nous appellerons la pièce centrale, isolée par la double coupure, tout en étant manifestement celle
qui emporte avec elle la véritable structure de tout l'appareil appelé cross-cap, il suffit
de la regarder, dirai-je pour le voir, il
suffit d'imaginer que, dune façon quelconque,
se rejoignent ici les bords dans les points
de correspondance qu'ils présentent visuelle
|
Mais avec cette coupure, ce qui apparaît,
c'est une surface qui a cet aspect que vous pouvez, je pense, maintenant considérer
comme quelque
Nous n'épuiserons pas aujourd'hui le
sujet, mais nous essaierons d'introduire aujourd'hui pour vous que cette
figure, dans sa fonction schématique, est assez exemplaire pour nous permettre
de trouver la relation de S
coupure de a, la formalisation du fantasme dans son
rapport avec quelque chose qui s'inscrit dans ce qui est le reste de la surface
dite plan projectif ou cross-cap quand la pièce centrale en est en
quelque sorte énucléée. Il s'agit d'une structure spéculisable, foncièrement
dissymétrique qui va nous permettre de localiser le champ de cette dissymétrie
du sujet par rapport à l'Autre, spécialement concernant la fonction
essentielle qu'y joue l'image spéculaire.
Voici en effet ce dont il s'agit la
vraie fonction imaginaire, si l'on peut dire, en tant qu'elle intervient au
niveau du désir, est une relation privilégiée avec a, objet du désir, terme
du fantasme. Je dis terme puisqu'il y en a deux, S
et a, liés par la
fonction de la coupure. La fonction de l'objet du fantasme, en tant qu'il est
terme de la fonction du désir, cette fonction est cachée.
C'est en articulant de la façon la plus précise ce
a au point de carence de l'Autre, qui est aussi le point où le sujet reçoit
de cet autre, comme lieu de la parole, sa marque majeure, celle du trait unaire,
elle qui distingue notre sujet de la transparence connaissante de la pensée
classique comme sujet entièrement attaché au signifiant en tant que ce
signifiant est le point tournant de son rejet, à lui sujet, de toute la
réalisation signifiante c'est en montrant, à partir de la formule S
<> a comme
structure du fantasme, la relation de cet objet avec la carence de l'Autre que
nous voyons comment à un moment tout bascule, tout s'efface dans
la fonction signifiante devant la montée, l'irruption de cet objet. C'est là ce
vers quoi nous pouvons avancer quoique ce soit la zone la plus voilée, la plus
difficile à articuler de notre expérience. Car justement nous en avons le contrôle
en ceci que par ces voies qui sont celles de notre expérience, voies que nous
parcourons, le plus habituellement celles du névrosé, nous avons une structure
qu'il ne s'agit pas du tout de mettre ainsi sur le dos de (->p511)
(XXIV/13) boucs émissaires. A ce niveau, le névrosé
comme le pervers, comme le psychotique lui-même, ne sont que des faces de
la structure normale. On me dit souvent après ces conférences ; quand vous
parlez du névrosé et de son objet qui est la demande de l'Autre, à moins que
sa demande ne soit l'objet de l'Autre, que ne nous parlez-vous du désir
normal ! Mais justement, j'en parle tout le temps. Le névrosé, c'est le normal
en tant que, pour lui, l'Autre avec un A, a toute l'importance. Le pervers,
c'est le normal en tant que pour lui le Phallus, - le grand que nous
allons identifier à ce point qui donne à la pièce centrale du plan projectif
toute sa consistance - le Phallus a toute l'importance. Pour le
psychotique le corps propre, qui est à distinguer dans sa place, dans cette
structuration du désir, le corps propre a toute l'importance.
Et ce ne sont ici que des faces
où
quelque chose se manifeste de cet élément de paradoxe qui est celui que je
vais essayer d'articuler devant vous au niveau du désir.
Déjà, la dernière fois, je vous en ai
donné un avant-goût en vous montrant ce qu'il peut y avoir de distinct
dans la fonction en tant qu'elle émerge du fantasme, c'est-à-dire
de quelque chose que le sujet fomente, essaie |
dans le fantasme
obsessionnel, de cette tentative toujours renouvelée et toujours impuissante de
cette destruction de l'image spéculaire en tant que c'est elle que
l'obsessionnel vise, qu'il sent comme obstacle à la réalisation du fantasme
fondamental. Je vous ai montré que ceci éclaire fort bien ce qui se passe au
niveau du fantasme non point sadique mais sadien, c'est-à-dire
celui que j'ai eu l'occasion d'épeler devant vous, pour vous avec vous, dans le
séminaire sur l'éthique, pour autant que, réalisation d'une expérience intérieure
qu'on ne peut entièrement réduire aux contingences du cadre connaissable d'un
effort de pensée concernant la relation du sujet à la nature, c'est dans
l'injure à la nature que Sade essaie de définir l'essence du désir humain. Et
c'est bien là ce par
(->p512) (XXIV/15) quoi, aujourd'hui déjà, je pourrais
pour vous introduire la dialectique dont il s'agit. Si quelque part nous pouvons
encore conserver la notion de connaissance, c'est assurément hors du champ
humain. Rien ne fait obstacle à ce que nous pensions, nous autres positivistes,
marxistes, tout ce que vous voudrez, que la nature elle se connaît. Elle a
sûrement ses préférences. Elle ne prend pas, elle, n'importe quel matériau.
C'est bien ce qui nous laisse depuis quelque temps le champ, nous, pour en
trouver des tas d'autres, et de drôles qu'elle avait drôlement laissé de côté
De quelque façon qu'elle se
connaisse, nous n'y voyons aucun obstacle. Il est bien certain, que tout développement
de la science, dans toutes ses branches, se fait pour nous d'une façon qui rend
de plus en plus claire la notion de connaissance. La connaturalité avec quelque
moyen que ce soit dans le champ naturel, est ce qu'il y a de plus étranger, de
toujours plus étranger au développement de cette science. Est-ce que ce
n'est pas justement cela qui rend si actuel que nous avancions dans la structure
du désir telle que notre expérience justement, effectivement, nous la
fait sentir tous les jours ? Le noyau du désir inconscient et son rapport
d'orientation, d'aimantation, si l'on peut dire, est absolument central par
rapport à tous les paradoxes de la méconnaissance humaine. Et est-ce que
son fondement ne tient pas en ceci que le désir humain est une fonction
acosmique ?
fantasme
et au niveau du a que pour le désir il
authentifie, dès aujourd'hui je vous indiquerai la parenté des paradoxes avec
cette image même que vous donne ce
schéma de la |
Mais n'allons pas trop vite, a , lui, assurément est la coupure de S. La sorte de réalité que nous visons dans cette objectalité ou cette objectité que nous sommes seuls à définir, est vraiment pour nous ce qui unifie le sujet. Et qu'avons-nous vu dans le dialogue de Socrate avec Alcibiade ? Et qu'est-ce que cette comparaison de cet homme porté au pinacle de l'hommage passionné avec une boîte : cette boîte merveilleuse, comme toujours, elle a existé partout où l'homme a su se construire des objets figures de ce qu'est pour lui l'objet central, celui du fantasme fondamental, elle contient quoi, dit Alcibiade à Socrate ? L'. Commençons à entrevoir ce que cet est : quelque chose qui ne doit pas avoir un mince rapport avec ce point central qui donne son accent, sa dignité à l'objet a. Mais les choses, en fait sont à inverser au niveau de l'objet. Ce Phallus, s'il est si paradoxalement constitué (->p515) (XXIV/18) qu'il faut toujours faire très attention à ce qui est la fonction enveloppante et la fonction enveloppée, je crois que c'est plutôt au coeur de l' qu'Alcibiade cherche ce à quoi il fait appel, en ce moment où le Banquet se termine, dans ce quelque chose que nous sommes seuls à être capables de lire, quoique ce soit évident puisque ce qu'il cherche, ce devant quoi il se prosterne, ce à quoi il faisait cet appel impudent, c'est à quoi ? Socrate comme désirant, dont il veut l'aveu. Au coeur de l' ce qu'il cherche dans l'objet se manifeste comme étant le pur eron, car ce qu'il veut ce n'est pas nous dire que Socrate est aimable, c'est nous dire que ce qu'il a désiré le plus au monde c'est de voir Socrate désirant. Cette implication subjective la plus radicale au coeur de l'objet lui-même du désir où je pense que tout de même vous vous retrouvez un peu, simplement parce que vous pouvez le faire rentrer dans le vieux tiroir du désir de l'homme et du désir de l'Autre. C'est quelque chose que nous allons pouvoir pointer plus précisément. Nous voyons que ce qui l'organise c'est la fonction ponctuelle, Centrale du Phallus. Et là, nous avons notre vieil enchanteur pourrissant ou pas, mais enchanteur assurément, celui qui sait quelque chose sur le désir, qui envoie notre Alcibiade sur les roses en lui disant quoi ? De s'occuper de son âme, de son moi, de devenir ce qu'il n'est pas : un névrosé pour les siècles plus tard, un enfant de Théo.
Et pourquoi ? Qu'est-ce que c'est que ce renvoi de Socrate à un être aussi admirable qu'Alcibiade ? En ce que l' c'est manifestement lui qui l'est, comme je crois l'avoir manifesté devant vous, c'est purement et manifestement que le Phallus, Alcibiade l'est. Simplement, personne ne peut savoir de qui il est le Phallus. Pour être Phallus à cet état-là, il faut avoir une certaine étoffe. Il n'en manquait pas assurément et les charmes de Socrate restent sans prise sur Alcibiade, sans aucun doute. Il passe sur les siècles qui ont suivi de l'éthique théologique vers cette forme énigmatique et fermée, mais que le banquet pourtant nous indique au point de départ et avec tous les compléments nécessaires, à savoir qu'Alcibiade, manifestant son appel du désirant au coeur de l'objet privilégié ne fait rien d'autre que d'apparaître dans une position de séduction effrénée par rapport à celui que j'ai appelé le con fondamental, que pour comble d'ironie Palton a connoté du nom propre du Bien lui-même Agathon - le Bien suprême n'a pas d'autre nom dans sa dialectique. Est-ce qu'il n'y a pas là quelque chose qui montre suffisamment qu'il n'y a rien de nouveau dans notre recherche ? Elle retourne au départ, pour cette fois, comprendre tout ce qui s'est passé depuis.
(->p516) (XXIV/19)
note: bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire,
ou si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par
avance de m'adresser un émail.
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