IX-L'IDENTIFICATION
Séminaire du 2 mai 1962
(->p394) (XVIII/1) Ce n'est pas forcément dans l'idée de vous ménager, ni vous ni personne, que j'ai pensé aujourd'hui pour cette séance de reprise, à un moment qui est une course de deux mois que nous avons devant nous pour finir de traiter ce sujet difficile, que j'ai pensé à faire pour cette reprise une sorte de relais. Je veux dire qu'il y a longtemps que j'avais envie, non seulement de donner la parole à quelqu'un d'entre vous, mais même précisément de la donner à Mme Aulagnier. I1 y a très longtemps que j'y pense puisque c'est au lendemain dune communication qu'elle a faite à une de nos séances scientifiques
Cette
communication, je ne sais pourquoi
certains d'entre vous qui ne sont pas 1à malheureusement en raison d'une espèce
de myopie caractéristique de certaines positions que j'appelle par ailleurs
mandarinales puisque ce terme a fait fortune, ont cru voir je ne sais quel
retour à la Lettre de Freud alors qu'à mon oreille il m'avait semblé que Mme
Aulagnier avec une particulière pertinence et acuité, maniait la distinction
longuement mûrie déjà à ce moment là de la demande du désir.
Il y a tout de même quelque chance
qu'on reconnaisse mieux soi même sa propre postérité que ne le font les
autres. Aussi bien il y avait une personne qui était d'accord avec moi là-dessus
: c'était Mme Aulagnier elle-même. Je regrette donc d'avoir mis si
longtemps à lui donner la parole, peut-être le sentiment excessif
d'ailleurs de quelque chose qui toujours nous presse et nous talonne pour
avancer. Justement aujourd'hui nous allons un instant faire cette sorte de
boucle qui consiste à passer par ce qui dans l'esprit de quelqu'un d'entre
vous peut répondre fructifier concernant le chemin que nous avons
parcouru ensemble. Il est grand déjà depuis ce moment que j'évoque, et c'est très
spécialement à ce recoupement, ce carrefour constitué dans l'esprit de Mme
Aulagnier que (->p395) (XVIII/2) j'ai dit récemment sur l'angoisse,
qu'il se trouve qu'e11e m'a offert depuis quelques séances d'intervenir ici.
C'est donc en raison d'une
opportunité qui vaut ce qu'aurait value une autre, le sentiment d'avoir quelque chose à vous
communiquer et tout à fait à point sur l'angoisse, et ceci dans le rapport le
plus étroit de ce qu'elle a entendu comme vous de ce que je professe cette année
de l'identification, qu'elle va vous apporter quelque chose qu'elle a préparé
assez soigneusement pour en avoir comblé le texte.
Ce texte elle a eu la bonté de m'en
faire part, je veux dire que je l'ai regardé avec elle hier et que je n'ai cru,
je dois dire, que devoir l'encourager à vous le présenter. Je suis sûr qu'il
représente un excellent médium et j'entends par là quelque chose qui n'est pas
une moyenne de ce que, je crois, les oreilles les plus sensibles, les meilleures
d'entre vous peuvent entendre, et de la façon dont les choses peuvent être
reprises ; en raison de cette écoute je dirai donc après qu'elle ait conçu ce
texte quel usage j'entends lui donner dans la suite.
(->p396) (XVIII/3) TEXTE DE MADAME AULAGNIER
ANGOISSE ET IDENTIFICATION
Lors des dernières journées
provinciales, un certain nombre d'interventions ont porté sur la question de
savoir si on pouvait définir différents types d'angoisse. C'est ainsi qu'on
s'est demandé si l'on devait donner par exemple un statut particulier à
l'angoisse psychotique. Je dirai tout de suite que je suis d'un avis un peu différent
: l'angoisse, qu'elle apparaisse chez 1e sujet dit normal, chez le névrosé, ou
chez le psychotique, me parait répondre à une situation spécifique et
identique du moi et c'est là ce qui me paraît être un de ses traits caractéristiques.
Quant à ce qu'en pourrait appeler la
position du sujet vis à vis de l'angoisse, dans la psychose par exemple, on a
pu voir que si on n'essaye pas de mieux définir les rapports existants entre
affect et verbalisation on peut arriver à une somme de paradoxe qui
s'exprimerait ainsi d'une part le psychotique serait quelqu'un particulièrement
sujet à l'angoisse, c'est même dans la réponse en miroir qu'il susciterait
chez l'analyste que serait à chercher une des difficultés majeures de la
cure, d'autre part on nous dit qu'il serait incapable de reconnaître son
angoisse , qu'il la tiendrait à distance, s'en aliénerait.
On énonce par là une position insoutenable si on essaye pas d'aller un peu plus loin : en effet, que pourrait bien signifier reconnaître l'angoisse ? Elle n'attend pas et n'a pas besoin d'être nommée pour submerger le moi et je ne comprends pas ce qu'on pourrait vouloir dire en disant que le sujet est angoissé sans le savoir. On peut se demander si le propre de l'angoisse n'est pas justement de ne pas se nommer : le diagnostic, l'appellation, ne peut venir que du côté de l'autre, de celui face à qui elle apparaît. Lui, le sujet, il est l'affect angoisse, il la vit totalement et c'est bien cette imprégnation, cette capture de son moi qui s'y dissout qui lui empêche la médiation de la parole.
On peut, (mots
illisibles) faire un premier parallèle entre deux états qui pour
différents qu'ils soient, me paraissent présenter deux positions
extrêmes (mots
illisibles) aussi opposées que complémentaires, je veux
(->p397) XVIII/4) parler de l'orgasme.
Il y a dans ce
deuxième cas la même incompatibilité profonde entre la possibilité de le
vivre et celle de prendre la distance nécessaire pour le reconnaître et le définir
dans l'hic en nunc de la situation de déclenchant. Dire qu'on est angoissé
indique en soi d'avoir déjà pu prendre une certaine distance par rapport au vécu
affectif, cela montre que le moi a déjà acquis une certaine maîtrise et
objectivité vis à vis d'un affect dont à partir de ce moment on peut douter
qu'il mérite encore le nom d'angoisse. Je n'ai pas besoin ici de rappeler le rôle métaphorique, médiateur de la parole ni l'écart existant entre un vécu
affectif et sa traduction verbale.
A partir du moment où l'homme met en
mots ses affects, il en fait justement autre chose, il en fait par la parole un
moyen de communication, il les fait entrer dans le domaine de la relation et
l'intentionnalité ; i1 transforme en communicable ce qui a été vécu au
niveau du corps et qui comme tel en dernière analyse reste quelque chose de
l'ordre du non-verbal. Nous savons tous que dire qu'on aime quelqu'un n'a
que de très lointains rapports avec ce qui est en fonction de ce même amour
ressenti au niveau corporel : dire à quelqu'un qu'on le désire, nous rappelait
M. Lacan, c'est l'inclure dans notre fantasme fondamental, c'est aussi sans
doute en faire le témoignage, le témoin de notre propre signifiant. Quoi que
nous puissions dire à ce sujet, tout est fait pour nous montrer l'écart
existant entre 1'affect en tant qu'émotion corporelle, intériorisée, en tant
que quelque chose qui tire sa source la plus profonde de ce qui par définition
ne peut s'exprimer en mots, je veux parler du phantasme, et la parole qui nous
apparaît ainsi dans toute sa fonction de métaphore.
Si
la parole est la clef magique et indispensable qui seule peut
Il est certain que le psychotique n'attend pas l'analyse pour connaître
l'angoisse, il est certain aussi que pour tout sujet la re-(->p398)
(XVIII/5)lation analytique est dans ce domaine un
terrain privilégié. Cela n'est pas pour nous étonner si l'on admet que
l'angoisse a les rapports les plus étroits avec l'identification. Or, si dans
l'identification il s'agit de quelque chose qui se passe au niveau du désir, désir
du sujet par rapport au désir de l'Autre, il devient évident que la source
majeure de l'angoisse en analyse va se trouver dans ce qui en est l'essence même
: le fait que l'Autre est dans ce cas quelqu'un dont le désir le plus
fondamental est de ne pas désirer, quelqu'un qui par cela même s'il permet
toutes les projections possibles, les dévoile aussi dans leur subjectivité
fantasmatique et oblige le sujet à se poser périodiquement la question de
ce qui est le désir de l'analyste, désir toujours présumé, jamais défini,
et par là même pouvant à tout instant devenir ce lieu de l'autre d'où surgit
pour l'analysé l'angoisse.
Mais avant d'essayer de définir les paramètres de la situation anxiogène, paramètres
qui ne peuvent se dessiner
qu'à partir des problèmes propres à l'identification, on peut se poser une
première question d'ordre plus descriptif qui est ce11e-ci :
qu'entendons-nous quand nous parlons d'angoisse orale, de castration, de
mort
Essayer de différencier ces différents termes au niveau d'une sorte d'étalonnage quantitatif est impossible : il n'y a pas d'angoissomètre, on n'est pas peu on très angoissé : on l'est ou on ne l'est pas. La seule voie permettant une réponse à ce niveau est celle de nous placer à la place qui nous revient celle de celui qui seul peut définir l'angoisse du sujet à partir de ce que cette angoisse lui signale. S'il est vrai, comme l'a fait remarquer M. Lacan, qu'il est fort difficile de parler de l'angoisse en tant que signal au niveau du sujet, il me parait certain que son apparition désigne, signale l'Autre en tant que source en tant que lieu d'où elle a surgi, et il n'est peut être pas inutile de rappeler à ce propos qu'il n'existe pas d'affect que nous supportions plus mal chez l'autre que l'angoisse, qu'il n'y a pas d'affect auquel nous risquions plus de répondre de façon parallèle. Le sadisme, l'agressivité peut par exemple susciter chez le partenaire une réaction inverse, masochique ou passive, l'angoisse ne peut provoquer que la fuite ou l'angoisse. Il y a ici une réciprocité de réponse qui n'est pas sans poser de question.
M Lacan s'est insurgé contre cette tentative faite par plusieurs qui seraient
à la recherche d'un "contenu de l'angoisse" ; cela me rappelle ce
qu'il avait dit à propos de tout autre chose que pour sortir un lapin d'un
chapeau il fallait l'y avoir mis : et bien je me demande si l'angoisse
n'apparaît pas justement non seulement quand le lapin est (->p399)
(XVIII/6) sorti mais quand il s'en est allé brouter l'herbe, quand le chapeau
ne représente que quelque chose qui
rappelle le tore, mais qui entoure un lieu noir dont tout contenu nommable s'est
évaporé, face auquel le moi n'a plus aucun point de repère, car la première
chose que 1'on puisse dire de l'angoisse c'est que son apparition est signe de
l'écroulement momentané de tout repère identificatoire possible. C'est
seulement en partant de là qu'on peut répondre peut-être à la question
que je posais quant aux différentes dénominations que nous pouvons donner à
l'angoisse, et non pas au niveau de la définition d'un contenu, le propre du
sujet angoissé étant, pourrait-on dire d'avoir perdu son contenu.
Il ne me semble pas en d'autres termes
que l'on puisse traiter de l'angoisse en tant que telle, pour prendre un
exemple, je dirai qu'en fait cela me paraîtrait aussi faux que vouloir définir
un symptôme obsessionnel en restant au niveau du mouvement automatique qui peut
le représenter. L'angoisse ne peut nous apprendre quelque chose sur
elle-même que si nous la considérons comme la conséquence, le résultat
d'une impasse où se trouve le moi, signe pour nous d'un obstacle surgi entre
ces deux lignes parallèles et fondamentales dont les rapports forment la clef
de voûte de toute la structure humaine, soit l'identification et la castration.
C'est les rapports entre ces deux pivots structurants chez les différents
sujets que je vais essayer d'esquisser pour tenter une définition de ce qu'est
l'angoisse, ce dont, selon les cas, elle nous donne le témoignage.
M. Lacan, dans le séminaire du 4 avril
auquel je me réfère, tout au long de cet exposé. nous a dit que la castration
pouvait se concevoir comme un passage transitionnel entre ce qui est dans le
sujet en tant que support naturel du désir, et cette habilitation par la loi grâce
à quoi il va devenir le gage par où il va se désigner à la place où il a à
se manifester comme désir".
Ce passage transitionnel est ce qui doit
permettre d'atteindre l'équivalence pénis-phallus. c'est-à-dire
ce qui était en tant que support naturel le lieu où se manifeste le désir en
tant qu'affect, en tant qu'émoi corporel, doit devenir, céder la place à un
signifiant, car ce n'est qu'à partir du sujet et jamais à partir d'un objet
partiel, pénis ou autre, que peut prendre un sens quelconque le mot désir. Le
sujet demande et le phallus désire, disait M. Lacan, 1e phallus mais jamais
le pénis. Le pénis, lui n'est qu'un instrument au service du signifiant
phallus et s'il peut être un instrument fort indocile c'est justement parce
que, en tant que phallus, c'est le sujet qu'il désigne, et pour que ça marche
il faut que l'Autre
Ce qui différencie sur le plan de la
jouissance l'acte masturbatoire du coït, différence évidente mais impossible
à expliquer physiologiquement, c'est bien que le coït, pour autant que les deux
partenaires aient pu dans leur histoire assumer leur castration, fait qu'au
moment de l'orgasme le sujet va retrouver, non pas comme certains l'ont dit une
sorte de fusion primitive - car après tout on ne voit pas pourquoi la
jouissance la plus profonde que l'homme puisse éprouver devrait forcément être
liée à une régression tout aussi totale - mais au contraire ce moment privilégié
où pour un instant il atteint cette identification toujours cherchée
et toujours fuyante où il est, lui sujet, reconnu par l'autre comme l'objet de
son désir le plus profond mais où en même temps, grâce à la jouissance de
l'autre, il peut se reconnaître comme celui qui le constitue en tant que
signifiant phallique : dans cet instant unique demande et désir peuvent pendant
un instant fugitif coïncider, et c'est cela qui donne au moi cet épanouissement
identificatoire dont tire sa source la jouissance.
Ce qu'il ne
faut pas oublier c'est que
si dans cet instant demande et désir coïncident, la jouissance porte toutefois
en elle la source de l'insatisfaction la plus profonde ; car si le désir est
avant tout désir de continuité, la jouissance est par définition quelque
chose d'instantané : c'est cela qui fait que tout de suite se rétablit l'écart
entre désir et demande, et l'insatisfaction qui est aussi gage de la pérennité
de la demande.
Mais s'il y a des simulacres de
l'angoisse, il y a encore bien plus de simulacres de jouissances, car pour que
cette situation identificatoire, source de la vraie jouissance, soit possible,
encore faut-il que les deux partenaires aient évité l'obstacle majeur
qui les guette et qui est que pour l'un des deux ou pour les deux l'enjeu soit resté fixé sur l'objet partiel,
enfin, d'une relation duelle où eux, en tant
que sujets, n'ont pas de place ; car ce que nous montre tout ce qui est lié à
la castration, c'est bien que loin d'exprimer la crainte qu'on le lui coupe même
si c'est ainsi que le sujet peut le verbaliser ce dont il s'agit c'est de la
crainte qu'on le lui laisse et qu'on lui coupe tout le reste, c'est-à-dire qu'on
en veuille à son pénis ou à l'objet partiel, support et source du
plaisir, et qu'on le nie, qu'on le méconnaisse en tant que sujet. C'est pour
cela que l'angoisse a non seulement
Nous allons alors essayer de voir quels
sont les obstacles que le sujet peut rencontrer sur ce plan, ils ne représentent
pas autre chose que les sources même de toute angoisse. Pour cela nous aurons
à nous reporter à ce que nous appelons les relations d'objet prégénitales,
à cette époque entre toutes déterminante pour le destin du sujet où la médiation
entre le sujet et l'autre, entre demande et désir s'est faite autour de cet
objet dont la place et la définition restaient fort ambiguës et qui est dit
l'objet partiel.
La relation entre le sujet et cet objet
partiel n'est pas autre chose que la relation du sujet à son propre corps, et
c'est à partir de cette relation qui reste pour tout humain fondamentale, que
prend son point de départ et se moule toute la gamme de ce qui est inclus dans
le terme de relation d'objet.
Que l'on s'arrête à la phase orale,
anale ou phallique, on y rencontre les mêmes coordonnées. Si je choisis la
phase orale, c'est simplement parce que, pour le psychotique dont nous parlerons
tout à l'heure, elle me parait être le moment fécond de ce que j'ai appelé ailleurs
1'ouverture de la psychose.
Par quoi pouvons-nous la définir
? Par une demande qui dès le début nous dit-on est demande d'autre
chose. Par une réponse aussi qui est non seulement, et d'une façon évidente,
réponse à autre chose, mais est et c'est un point qui me parait fort important
, à ce qui constitue ce qui est un cri, un appel peut-être, comme demande
ou comme désir. Quand la mère répond aux cris de l'enfant, elle les reconnaît
en les constituant comme demande. mais ce qui est plus grave c'est qu'elle les
interprète sur le plan du désir : désir de l'enfant de l'avoir auprès
d'elle, désir de lui prendre quelque chose, désir de l'agresser, peu importe.
Ce qui est certain c'est que par sa réponse l'Autre va donner la dimension
désir au cri du besoin et que ce désir dont l'enfant est investi est toujours
au début le résultat d'une interprétation subjective, fonction du seul désir
maternel, de son propre fantasme. C'est par le biais de l'inconscient de l'Autre
que le sujet fait son entrée dans le monde du désir, son propre désir à lui
il aura avant tout à le constituer en tant que réponse, en tant
qu'acceptation ou refus de prendre la place que l'inconscient de l'autre lui désigne.
(->p402) (XVIII/9) I1 me semble que le premier temps du mécanisme-clef
de la relation orale qui est l'identification projective, part de la mère : il
y a une première projection sur le plan du désir qui vient d'elle, l'enfant
aura à s'identifier ou à combattre, à nier une identification qu'il pourra
ressentir comme déterminante.
Et à ce premier stade de l'évolution
humaine c'est aussi la réponse qu'il pourra faire au sujet la découverte de
ce que cache sa demande. Dès ce moment, la jouissance qui n'attend pas
l'organisation phallique pour entrer en jeu prendra ce côté révélation
qu'elle gardera toujours car si la frustration est ce qui signifie au sujet l'écart
existant entre besoin et désir, la jouissance par la marche inverse lui dévoile,
en répondant à ce qui n'était pas formulé, ce qui est au-delà de la
demande, c'est-à-dire le désir. Or, que voyons-nous dans ce
qu'est la relation orale ? Avant tout, que demande et réponse se signifient
pour les deux partenaires autour de la relation partielle bouche-sein. Ce
niveau, nous pourrons l'appeler celui du signifié : la réponse va provoquer
au niveau de la cavité orale une activité d'absorption, source de plaisir ; un
objet externe, le lait va devenir substance, propre, corporelle : l'absorption,
c'est de là qu'on tire son importance et sa signification.
A partir de cette première réponse,
c'est la recherche de cette activité d'absorption, source de plaisir, qui va
devenir le but de la demande. Quant au désir, c'est ailleurs qu'il va falloir
le chercher, bien que ce soit à partir de cette même réponse, de cette même
expérience d'assouvissement du besoin qu'il va se constituer.
En effet, si la relation
bouche-sein et l'activité absorption-nourriture sont le numérateur
de l'équation représentant la relation orale, il y aussi un dénominateur,
celui qui met en cause la relation enfant-mère, et c'est là que peut se
situer le désir. Si, comme je le pense, l'activité d'allaitement en fonction
de l'investissement dont est de part et d'autre l'objet, à cause du contact et
des expériences corporelles au niveau du corps pris au sens large qu'elle
permet à l'enfant représenté par sa scansion répétitive même la phase
fondamentale essentielle du stade oral, il faut bien se rappeler que jamais
autant qu'ici ne semble éclatant de vérité le proverbe qui dit "la façon
de donner vaut mieux que ce qu'on donne". Grâce ou à cause de cette façon
de donner, en fonction de ce que cela lui révélera du désir maternel, l'enfant
va
appréhender la différence entre don de nourriture et don d'amour.
Parallèlement à l'absorption
nourriture, nous verrons alors se
A partir de cette équation qui mutatis
mutandis ne pourrait reconstituer pour les différentes phases de l'évolution
du sujet. Quatre éventualités sont possibles : elles aboutissent à ce qu'on appelle la normalité, la névrose, la perversion, la psychose.
J'essayerai de les schématiser en les
simplifiant bien sûr d'une façon un peu caricaturale et voir les rapports existants
dans chaque cas entre identification et angoisse.
La première de
ces voies est sans doute
la plus utopique, c'est celle où nous aurons à imaginer que l'enfant puisse
trouver dans le don de nourriture le don d'amour désiré. Le sein et la
réponse maternelle pourront alors devenir symboles d'autre chose, l'enfant
entrera dans le monde symbolique, il pourra accepter le défilé de la chaîne
signifiante. La relation orale en tant qu'activité d'absorption pourra être
abandonnée et le sujet évoluera vers ce qu'on appelle une solution normative.
Mais pour que l'entant puisse assumer
cette castration, qu'il puisse renoncer au plaisir que lui offre le sein en
fonction de ce petit billet, de cette traite aléatoire sur le futur, il est nécessaire
que la mère ait elle-même pu assumer sa propre castration, il faut que dès ce moment, que
dès cette relation dite duelle, le troisième terme, le père, soit présent en tant que référence maternelle. Seulement
dans ce cas, ce
qu'elle cherchera chez l'enfant ne sera pas une satisfaction au niveau d'une
érogénéité
corporelle, qui en fait un équivalent phallique, mais une relation qui, en la
constituant comme mère, la reconnaît tout autant comme femme du père.
Le don de nourriture sera alors pour
elle le pur symbole d'un don d'amour et parce que ce don d'amour ne sera pas
justement le don phallique que le sujet désire, l'enfant pourra maintenir son
rapport à la demande ; le phallus, il aura à le chercher ailleurs, il entrera
dans le complexe de castration qui seul peut lui permettre de s'identifier à
(->p404) (XVIII/14) autre chose qu'à un
S .
La deuxième éventualité, c'est que
pour la mère elle même la castration soit restée quelque chose de mal assumé
: alors tout objet capable d'être pour l'autre la source d'un plaisir et le but
d'une demande risque de devenir pour elle l'équivalent phallique qu'elle désire.
Mais pour autant que le sein n'a pas d'existence privilégiée sinon en fonction
de celui à qui il est indispensable, soit l'enfant, nous voyons se faire cette
équivalence enfant phallus, qui est au centre de la génèse de la plupart des
structures névrotiques.
Le sujet alors au cours de son évolution
aura toujours à affronter le dilemme de l'être ou de l'avoir quelque soit
l'objet corporel, sein, pénis, phallus, qui devient le support phallique. Ou
bien il aura à s'identifier à celui qui l'a, mais faute d'avoir pu dépasser le
stade du support naturel, faute d'avoir pu accéder au symbolique, l'avoir
signifiera toujours pour lui avoir châtré l'Autre, ou bien il renoncera à
l'avoir, il s'identifiera alors au phallus en tant qu'objet du désir de
l'autre, mais devra alors renoncer à être lui, le sujet du désir.
Ce conflit identificatoire entre être
l'agent de la castration où le sujet qui la subit est ce qui définit cette
alternance continuelle, cette question toujours présente au niveau de
l'identification qui cliniquement s'appelle une névrose.
La troisième
éventualité est celle
que nous rencontrons dans la perversion. Si cette dernière a été définie le
négatif de la névrose, cette opposition structurale nous la retrouvons au
niveau de l'identification. Le pervers est celui qui a éliminé le conflit
identificatoire ; sur le plan que nous avons choisi, l'oral, nous dirons que
dans la perversion le sujet se constitue comme si l'activité d'absorption
n'avait d'autre but que de faire de lui l'objet permettant à l'Autre une
jouissance phallique. Le pervers n'a pas et n'est pas le phallus il est cet
objet ambigu qui sert un désir qui n'est pas le sien, il ne peut tirer sa
jouissance que dans cette situation étrange où la seule identification qui lui
soit possible est celle qui le fait s'identifier non pas à l'autre ni au
phallus mais à cet objet dont l'activité procure la jouissance à un phallus
dont il ignore l'appartenance. On pourrait dire que le désir du pervers est de
répondre à la demande phallique. Pour prendre un exemple banal, je dirai que
la jouissance du sadique a besoin pour apparaître d'un Autre pour qui, en se
faisant fouet, surgisse le plaisir.
Si j'ai parlé de demande phallique. ce
qui est un jeu de mots, c'est que pour 1e pervers, l'autre n'a pas d'existence
sinon en tant que support presque anonyme d'un phallus pour lequel le pervers
accomplit ses rites sacrificiels.
La réponse perverse porte toujours en
elle une négation de l'autre en tant que sujet, l'identification perverse se fait
toujours en fonction de l'objet source de jouissance pour un phallus aussi
puissant que fantasmatique.
I1 y a encore un mot que je voudrais
dire sur la perversion en général. Je ne pense pas qu'il soit possible de la
définir si on reste sur le plan que nous pourrions, entre guillemets, appeler
"sexuel", bien que ce soit à ça que semble nous mener les vues
classiques en cette matière. La perversion est - et en cela il , ce semble
rester très proche des vues freudiennes - une perversion au niveau de la jouissance, peu importe la partie
corporelle mise en jeu pour l'obtenir. Si je
partage la méfiance de M. Lacan sur ce qu'on appelle la génitalité c'est
qu'il est fort dangereux de faire l'analyse anatomique. Le coït le plus
anatomiquement normal peut être aussi névrotique, ou aussi pervers que ce
qu'on appelle une pulsion prégénitale : ce qui signe la normalité, la névrose,
ou la perversion, ce n'est qu'au niveau du rapport entre le moi et son
identification permettant ou non la jouissance que vous pouvez le voir.
Si on voulait réserver le diagnostic de
perversion aux seines perversions sexuelles, non seulement on n'aboutirait à
rien, car un diagnostic purement symptomatique n'a jamais rien voulu dire. mais
encore nous serions obligés de reconnaître qu'il y a bien peu de névrosés
alors qui y échappent. Et ce n'est pas non plus au niveau d'une culpabilité
dont le pervers serait exempt que vous trouverez la solution : i1 n'y a pas,
tout au moins à ma connaissance, d'être humain assez heureux pour ignorer ce
qu'est la culpabilité. La seule façon d'approcher la perversion, c'est celle
d'essayer de la définir là où elle est, soit au niveau d'un comportement
relationnel. Le sadisme est loin d'être toujours méconnu ou toujours tenu en
brèche chez l'obsessionnel ; ce qu'il signifie chez lui, c'est bien la
persistance de ce qu'on appelle une relation anale, soit une relation où
il s'agit de posséder ou d'être possédé, une relation où l' amour que 1'on éprouve
ou dont on est l'objet ne peut être signifié au sujet qu'en fonction de cette
possession qui peut justement aller jusqu'à la destruction de l'objet.
L'obsessionnel, pourrait-on dire est vraiment celui qui châtie bien parce
qu'il aime bien : il est celui
Le sadisme devient une perversion quand
la fessée n'est plus recherchée ou donnée comme signe d'amour, mais quand
e11e est en tant que telle assimilée par le sujet à la seule possibilité
existant de faire jouir un phallus ; et la vue de cette jouissance devient la
seule voie offerte au pervers pour sa propre jouissance.
On a beaucoup parlé de l'agressivité
dont 1'exhibitionnisme tirerait sa source : on le montre pour agresser l'autre,
sans doute, mais ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que l'exhibitionniste est
convaincu que cette agression est une source de jouissance pour l'Autre.
L'obsessionnel, lorsqu'il vit une
tendance exhibitionniste, essaye pourrait-on dire, de leurrer l'autre : il
montre ce qu'il pense que l'autre n'a pas et convoite, il montre ce qui a pour
lui en effet les rapports les plus étroits avec l'agressivité. Pensez à ce
qui se passe chez l'Homme aux Rats : la jouissance du père mort est le dernier
de ses soucis, montrer au père mort ce que lui-ci, l'Homme aux Rats,
pense que le père mort aurait désiré lui arracher fantasmatiquement, voilà
bien quelque chose qui s'appelle agressivité et de cette agressivité
l'obsessionnel tire sa jouissance:
Le pervers, lui, ce n'est jamais qu'à travers une jouissance étrangère qu'il cherche 1a sienne. La perversion, c'est justement ça : ce cheminement en zig-zag, ce détour qui fait que son moi est toujours, quoi qu'il fasse, au service d'une puissance phallique anonyme ; peu lui importe qui est l'objet, il lui suffira qu'il soit capable de jouir, qu'il puisse en faire le support de ce phallus à qui il s'identifiera et seulement à l'objet présumé capable de lui procurer la jouissance. C'est pour cela que, contrairement à ce qu'on voit dans la névrose, l'identification pervers, comme son type de relation d'objet est quelque chose dont ce qui frappe c'est la stabilité, l'unité.
Et nous arrivons maintenant à la quatrième éventualité, la plus difficile à
saisir : c'est la psychose.
(->p407) (XVIII/14) Le psychotique est un sujet dont la
demande n'a jamais été symbolisée par l''Autre, pour qui 1e réel et
symbolique, fantasme et réalité, n'ont jamais pu être délimités faute
d'avoir pu accéder à cette troisième dimension qui seule permet cette différenciation
indispensable entre ces ceux niveaux, soit l'imaginaire. Mais ici, même en
essayant de simplifier au maximum les choses, nous sommes obligés de nous
situer au début même de l'histoire du sujet, avant la relation orale,
c'est-à-dire au moment de 1a conception.
La première amputation que subit le
psychotique se passe avant sa naissance : il est pour sa mère l'objet de son
propre métabolisme ; la participation paternelle est par elle niée,
inacceptable : il est, dès ce moment et pendant toute la grossesse, l'objet
partiel venant combler un manque fantasmatique au niveau de son corps. Et dès
sa naissance, le rôle qui lui sera par elle assigné sera celui d'être le témoin
de la négation de sa castration. L'enfant, contrairement à ce qu'on a
souvent dit, n'est pas le phallus de la mère, il est le témoin que le sein
est le phallus, ce qui n'est pas la même chose. Et pour que le sein soit le
phallus, et un phallus tout puissant, il faut que la réponse qu'il apporte soit
parfaite et totale. La demande de l'enfant ne pourra être reconnue pour rien
d'autre qui ne soit demande de nourriture, la dimension désir au niveau du
sujet doit être niée ; et ce qui caractérise la mère du psychotique, c'est
1'interdiction totale faite à l'enfant d'être le sujet d'aucun désir.
On voit alors dès ce moment comment va
se constituer pour le psychotique sa relation particulière à la parole,
comment dès le début il lui sera impossible de maintenir sa relation à la
demande ; en effet, si la réponse ne s'adresse jamais à lui qu'en tant que
bouche à nourrir, qu'en tant qu'objet partiel, on comprend que pour lui toute
demande au moment même de sa formulation porte en elle la mort du désir. Faute
d'avoir été symbolisée par l'Autre, il sera, lui, amené à faire coïncider dans la réponse symbolique et
réel. Puisque quoi qu'il demande c'est de la
nourriture qu'on lui donne, ce sera la nourriture en tant que telle qui deviendra pour lui le signifiant clef. Le symbolique, dès ce moment, fera
irruption dans le réel ; au lieu que le don de nourriture trouve son équivalent
symbolisé dans le don d'amour, pour lui tout don d'amour ne pourra se
signifier que par une absorption orale. Aimer l'autre ou en être aime se
traduira, pour lui en termes d'oralité : l'absorber ou en être absorbé. Il y
aura pour lui toujours une contradiction fondamentale entre demande et désir
. car, ou bien il maintient sa demande et sa demande le
Le
psychotique est toujours obligé d'aliéner son corps en tant que
Dans la psychose, l'autre et son désir, c'est au niveau de la
relation fantasmatique du sujet à son
propre corps qu'il faudrait le définir.
Or
qu'avons-nous vu ? Que ce soit chez le sujet dit normal, chez le
Mais à partir du moment où le désir de l'Autre devient
quelque
(->p409)
(XVIII/16) Mais devenir l'objet d'un désir auquel
nous ne pouvons plus donner de nom, c'est devenir nous-même un objet sans
nom ayant perdu toute identité possible, c'est devenir un objet dont les
enseignes n'ont plus de sens puisqu'elles sont pour 1'Autre indéchiffrables ce
moment précis où le moi se reflète dans un miroir qui lui renvoie une image
qui n'a plus de signification identifiable, c'est cela l'angoisse. En l'appelant
orale, anale, ou phallique, nous ne faisons qu'essayer de définir quelles étaient
les enseignes dont le moi se parait pour se faire reconnaître si ce n'est que
nous en tant que ce qui apparaît dans le miroir qui pouvons le faire, c'est que
nous sommes les seuls à pouvoir voir de quel type sont ces enseignes qu'on nous
accuse de ne plus reconnaître. Car si, comme je le disais au début, l'angoisse
est l'affect qui le plus facilement risque de provoquer une réponse réciproque,
c'est bien qu'à partir de ce moment nous devenons pour l'Autre celui dont les
enseignes sont tout aussi mystérieuses, tout aussi inhumaines. Dans l'angoisse,
ce n'est pas seulement 1e moi qui est dissout, c'est aussi l'Autre en tant que
support identificatoire.
Dans ce même sens, je me placerai en
disant que la jouissance et l'angoisse sont les deux positions extrêmes où peut
se situer le moi dans la première, le moi et l'Autre pour un instant échangent
leurs enseignes, se reconnaissent comme deux signifiants dont la jouissance
partagée assure pendant un instant l'identité des désirs ; dans l'angoisse le
moi et l'autre se dissolvent, sont annulés dans une situation où le le désir
se perd faute de pouvoir être nommé.
Si maintenant, pour conclure, nous
passons à la psychose, nous
S'il est vrai que c'est l'Autre qui nous
constitue en nous reconnaissant comme objet de désir, que sa réponse est ce
qui nous fait prendre conscience de l'écart existant entre demande et désir et
que c'est par cette brèche que nous entrons dans le monde des signifiants, et
bien pour le psychotique cet Autre est celui qui ne lui a jamais signifié autre
chose qu'un trou, qu'un vide au centre même de son être. L'interdiction qui là
a été faite quant au désir fait que la réponse lui a fait appréhender non
pas un écart, mais une antinomie fondamentale entre
Pour le psychotique
- et je
m'excuse de m'en tenir à de simples formules - l'autre est introjecté au
niveau de son propre corps, au niveau de tout ce qui entoure cette béance première
qui seule est ce qui le désigne en tant que sujet.
L'angoisse est pour lui liée à ces moments spécifiques où à partir de cette béance apparaît quelque chose qui pourrait se nommer désir ; car pour qu'il puisse l'assumer il faudrait que le sujet accepte de se situer à la seule place d'où il puisse dire "je", soit qu'il s'identifie à cette béance qui, en fonction de l'interdiction de l'Autre, est la seule place où il soit reconnu comme sujet. Tour désir ne peut le renvoyer qu'à une négation de lui-même ou à une négation de l'Autre.
Mais, pour autant que l'Autre est
introjecté au niveau de son propre corps, que cette introjection est la seule
chose qui lui permette de vivre. J'ai dit ailleurs que pour le psychotique la
seule possibilité de s'identifier à un corps imaginaire unifié serait celle
de s'identifier à l'ombre que projetterait devant lui un corps qui ne serait pas
le sien. Toute négation de l'Autre serait pour lui l'équivalent d'une
auto-mutilation qui ne ferait que le renvoyer à son propre drame
fondamental.
Si chez le névrosé c'est à partir de
notre silence que nous pouvons trouver les sources déclenchant son angoisse,
chez le psychotique c'est à partir de notre parole, de notre présence. Tout ce
qui peut lui faire perdre conscience que nous existons en tant que différents
de lui, en tant que sujets autonomes et qui par là même pouvons le reconnaître,
lui comme sujet, devient ce qui peut déclencher son angoisse. Tant qu'il parle,
il ne fait que répéter un monologue qui nous situe au niveau de cet Autre
introjection qui le constitue, mais qu'il vienne à nous parler alors, pour
autant que nous pouvons en tant qu'objet devenir le lieu où il a à reconnaître
son désir, nous verrons se déclencher son angoisse ; car désirer, c'est avoir
à se constituer comme sujet, et pour lui la seule place d'où il puisse le
faire c'est celle qui le renvoie à son gouffre.
Mais ici encore, en conclusion, vous le
voyez, on peut dire que l'angoisse apparaît au moment où le désir fait du
sujet quelque chose
(->p411)
(XVIII/18) Il y a un point que je n'ai pas traité
et que je laisserai de côté je le regrette, car il est pour moi fondamental et
j'aurais voulu pouvoir le faire, malheureusement i1 aurait fallu, pour que je
puisse l'inclure, que j'ai plus de maîtrise vis-à-vis du sujet que j'ai essayé de traiter
- je veux parler du fantasme. Lui aussi est
intimement lié à l'identification et à l'angoisse, à tel point que j'aurais
pu dire que l'angoisse apparaît au moment où l'objet réel ne peut plus être
appréhendé que dans a signification fantasmatique, que c'est dès ce moment
puisque toute identification possible du moi se dissout et qu'apparaît
l'angoisse.
Mais si c'est
la même histoire, ce
n'est pas le même discours et pour aujourd'hui je m'arrêterai ici. Mais avant
de conclure ce discours je voudrais vous apporter un exemple clinique très
court sur les sources d'angoisse chez le psychotique.
Je
ne vous dirai rien d'autre de l'histoire, sinon qu'il s'agit
Et puis, dans une séance où comme par
hasard il est question du problème du contact et de la parole, où il m'explique
que ce qu'il ne peut supporter c'est "la forme de la demande", que la
"poignée de main est un progrès sur les civilisations salutantes,
verbales où la parole
Dans cette même séance, au moment où
il aborde le problème de la parole de la femme, il me dit tout à coup "ce
qui m'inquiète, c'est ce qu'on m'a dit sur les amputés, qu'ils sentiraient des
choses par le membre qu'ils n'ont plus". Et, à ce moment, cet homme dont
le discours garde dans sa forme délirante une dimension d'une précision, d'une
exactitude mathématique, commence à chercher ses mots, à
s'embrouiller, me dit ne plus pouvoir suivre ses pensées et finalement il
prononce cette phrase que je trouve vraiment fort quant à ce que c'est pour le
psychotique son image du corps "un fantôme, ce serait un homme sans
membres et sans corps qui par son intelligence seule percevrait des sensations
fausses d'un corps qu'il n'a pas. Ca, ça m'inquiète énormément".
"Percevrait des sensations fausses
d'un corps qu'il n'a pas", cette
Toujours dans cette même séance il
dira lui-même mieux que je ne pourrais le faire où est pour lui la
source de l'angoisse : "Vous avez peur de vous regarder dans un miroir, car
le miroir ça change selon les yeux qui le regardent, on ne sait pas trop ce
qu'on va y voir, si vous achetez un miroir doré c'est mieux..." On a
l'impression que ce dont il veut s'assurer c'est que les changements sont du
miroir.
Vous le voyez :l'angoisse apparaît au moment où il craint que je ne puisse
devenir un objet de désir ; car, à partir de ce
moment-là le surgissement de son désir impliquerait pour lui la nécessité
d'assumer ce que j'ai appelé le manque fondamental qui le constitue.
A partir de ce moment, l'angoisse surgit
; car sa position de fantôme, de robot, n'est plus soutenable : il risque de ne
plus pouvoir nier ses sensations fausses d'un corps qu'il ne peut reconnaître.
Ce qui provoque son angoisse, c'est bien le moment précis où face à
l'irruption de son désir il se demande quelle image de lui-même va lui
renvoyer le miroir et cette image il sait qu'elle risque d'être celle du
manque, du vide, de ce qui n'a pas de nom, de ce qui rend impossible toute
reconnaissance réciproque et que nous, spectateurs et auteurs involontaires du
drame, appelons angoisse.
(->p413) (XVIII/20)
M. LACAN
J'aimerai bien, avant d'essayer de
pointer la place de ce discours que certaines des personnes que j'ai vues avec
des mimiques diverses interrogatives, d'attente, mimiques qui se sont précisées
à tel ou tel tournant du discours de Mme Aulagnier, veuillent bien simplement
indiquer les suggestions, les pensées produites chez eux à tel ou tel détour
de ce discours à titre de signe que ce discours a été entendu. Je ne regrette
qu'une chose : il a été lu. Cela me fournira à moi-même les appuis sur
lesquels j'accentuerai plus précisément les commentaires.
M. AUDOUARD.
Ce qui m'a frappé associativement,
c'est véritablement l'exemple clinique que vous avez porté à la fin de
l'exposé, c'est cette phrase du malade sur la parole qu'il compare à une roue
dont diverses personnes ne voient jamais la même partie. Cela m'a paru éclairer
tout ce que vous avez dit et ouvrir - je ne sais pas pourquoi d'ailleurs - toute une amplification des thèmes que vous avez présentés.
Je crois avoir à peu près compris le sens de l'exposé ; je n'ai pas l'habitude des schizophrènes, mais en ce qui concerne les névrosés et les pervers l'angoisse en tant qu'elle ne peut pas être objet de symbolisation parce qu'elle est justement la marque que la symbolisation n'a pas pu se faire et se symboliser c'est vraiment disparaître dans une sorte de non-symbolisation d'où part à chaque instant l'appel de l'angoisse c'est évidemment quelque chose d'extrêmement riche mais qui peut-être sur un certain plan logique demanderait quelques éclaircissements. Comment en effet est-il possible que cette expérience fondamentale qui est en quelque sorte le négatisme de la parole vienne se symboliser et qu'est-ce qui se passe donc pour que de ce trou central jaillisse quelque chose que nous ayons à comprendre. Enfin, comment naît la parole ? Quelle est l'origine du signifiant dans ce cas précis de l'angoisse en tant quelle ne peut pas se dire, à l'angoisse en tant qu'elle se dit ? I1 y a peut-être là un mouvement qui n'est pas sans rapports avec cette roue qui tourne, qui aurait peut-être besoin d'être un peu éclairé et précisé
M. VERGOTTE
Je me suis demandé s'il n'y a pas deux
sortes d'angoisses ;
M AULAGNIER
Vous ne croyez pas que quand on refuse d'être sujet c'est
LACAN
Nous sommes bien au coeur du problème.
Vous voyez bien tout de suite là le point sur lequel on s'embrouille. Je trouve
que ce discours est excellent en tant que le maniement de certaines des notions
que nous trouvons ici a permis à Mme Aulagnier de mettre en valeur, d'une façon
qui ne lui eût pas été autrement possible, plusieurs dimensions de son expérience.
Je vais reprendre ce qui m'a paru remarquable dans ce qu'elle a produit, Je dis
tout de suite que ce discours me parait rester à mi-chemin, C'est une sorte de
conversion, vous n'en doutez pas, c'est bien ce que j'essaie d'obtenir de vous
par mon enseignement, ce qui n'est pas, mon Dieu, après tout une prétention si
unique dans l'histoire qu'elle ait pu être tenue pour exorbitante. Mais i1 est
certain que toute une part du discours de Mme Aulagnier et très précisément
le passage où dans un souci d'intelligibilité, aussi bien le sien que celui de
ceux auxquels elle s'adresse, à qui elle croit s'adresser, retourne à des
formules qui sont celles contre lesquelles je vous avertis, je vous adresse, je
vous mets en garde, et non point simplement parce que c'est chez moi une forme
de tic ou d'aversion, mais parce que leur cohérence avec quelque
L'idée d'une antinomie, par exemple,
quelconque, quelle qu'elle soit, de la parole avec l'affect, encore qu'elle soit
d'expérience empiriquement vérifiée, n'est néanmoins pas quelque chose sur
lequel nous puissions articuler une dialectique, si tant est ce que j'essaie de
faire devant vous ait une valeur, c'est-à-dire vous permette de développer
aussi loin qu'il est possible toutes les conséquences de l'effet que l'homme
soit un animal condamné à habiter le langage. Moyennant quoi, nous ne
saurions d'aucune façon tenir l'affect pour quoi que ce soit sans donner dans
une primarité quelconque. Aucun affect significatif, aucun de ceux auxquels
nous avons affaire de l'angoisse à la colère et à tous les autres, ne peut même
commencer d'être compris sinon dans une référence où le rapport de x au
signifiant est premier. Avant de marquer des distorsions, je veux dire que par
rapport à certains franchissements qui seraient l'étape ultérieure, je veux
bien entendu marquer le positisme de ce que déjà lui a permis 1e seul usage de
ces termes au premier plan desquels sont ceux dont elle s'est servie avec
justesse et adresse le désir et la demande. Il ne suffit pas d'avoir entendu
parler de ceci qui - si on s'en sert dune certaine façon, mais ce ne sont
pas tout de même des mots tellement ésotériques que chacun ne puisse se
croire en droit de s'en servir - il ne suffit pas d'employer ces termes :
désir et demande, pour en faire une application exacte. Certains s'y sont risqués
récemment et je ne sache pas que le résultat en ait été d'aucune façon ni
brillant ce qui après tout n'aurait qu'une importance secondaire - ni même
ayant le moindre rapport avec la fonction que nous donnons à ces termes.
Ce n'est pas dans le cas de
Mme Aulagnier, mais ce qui lui a permis d'atteindre à certains moments une tonalité
qui manifeste quelle sorte de conquête, ne serait-ce que sous forme de
question posée, le maniement des termes nous permet pour désigner la première
très impressionnante ouverture qu'elle nous a donnée. Je vous signalerai ce
qu'elle a dit de l'orgasme ou plus exactement de la jouissance amoureuse.
S'il m'est permis de m'adresser à elle comme Socrate pouvait
Comme nous l'a dit Mme Aulagnier, à propos de ce que c'est que la jouissance de l'amour, en repoussant une fois pour toutes cette fameuse référence à la fusion dont justement nous qui avons donné un sens tout à fait archaïque à ce terme de fusion, cela devrait nous mettre en éveil. On ne peut pas à la fois exiger que ce soit au bout d'un processus qu'on arrive à un moment qualifié et unique et en même temps supposer que ce soit par un retour à je ne sait qu'elle différenciation primitive. Bref, je ne relirai pas son texte parce que le temps me manque, mais dans l'ensemble il ne me paraîtrai pas inutile que ce texte auquel certes je suis loin de donner la note 20/20, je veux dire le considérer comme un discours parfait, soit considéré plutôt comme un discours définissant un échelon à partir duquel nous pourrons situer les progrès auxquels nous pourrons nous référer à quelque chose qui a été touché ou en tout cas parfaitement saisi, attrapé, compris par Mme Aulagnier.
Bien sûr, je ne dis pas qu'elle nous donne là son dernier mot , je dirai m^me plus : à plusieurs reprises elle indique les points où il lui semblerai nécessaire de s'avancer pour compléter ce qu'elle dit et sans doute une grande part de ma satisfaction vient des points qu'elle désigne. Ce sont justement ceux-là même qui pourraient être tournés, si je puis dire. Ces deux points, elle les a désignés à propos du rapport psychotique à son propre corps d'une part - elle a dit qu'elle avait beaucoup de choses à dire, elle nous en a indiqué un petit peu - et d'autre part à propos du fantasme dans l'obscurité dans la quelle elle l'a laissé ma paraîtrait suffisamment indicative du fait que cette ombre est dans les groupe un peu générale. C'est un point.
Second point que je trouve très remarquable dans ce qu'elle nous a apporté,
c'est ce qu'elle a apporté quand elle nous a parlé de la relation perverse.
Non certes que je souscrive en tous points à ce qu'elle a dit sur ce sujet, qui
est vraiment d'une audace incroyable. C'est pour la féliciter hautement d'avoir
été en état, même si c'est un pas à rectifier, de l'avoir fait tout de
même; pour ne point le qualifier autrement, ce pas, je dirai que c'est la
première fois, non pas seulement dans mon entourage - et en cela je me
félicite d'avoir été ici précédé - que vient en avant quelque chose, une
certaine façon, un certain ton pour parler de la relation perverse qui nous
suggère l'idée qui est proprement ce (->p417)
(XVIII/24 qui m'a empêché d'en parler jusqu'ici
parce que je ne veux pas passer
Si j'ai
évoqué des dieux ce n'est
point pour rien, car aussi bien eussè-je pu évoquer le thème des métamorphoses
et tout le rapport mystique, certain rapport païen au monde qui est celui dans
lequel la dimension perverse a sa valeur je dirai classique.
C'est la première fois que j'entends
parler d'un certain ton qui est vraiment décisif, qui est l'ouverture dans ce
champ où justement le moment où je vais vous expliquer ce que c'est que le
phallus, nous en avons besoin.
La troisième chose, c'est ce qu'elle
nous a dit à propos de son expérience des psychotiques. Je n'ai pas besoin de
souligner l'effet que ça peut faire, je veux dire qu'Audouard en a assurément
témoigné. Là encore ce qui m'apparaît éminent, c'est justement ce par quoi
ça nous
|
petit
cycle que je vous ai introduit
|
si ce n'est qu'à partir de cela que
tout peut naître, il faut toujours savoir à quel niveau on le fait intervenir
ce terme sujet. Et malgré elle, parce que c'est à nous qu'elle parle et parce
que c'est à elle et parce qu'il y a encore quelque chose qui n'est pas encore
acquis, assumé malgré tout quand elle parle de ce choix par exemple qu'il y a
à être sujet ou objet à propos dans la relation au désir, eh bien, malgré
elle, Mme Aulagnier se laisse glisser à réintroduire dans le sujet la
personne avec toute la dignité subséquente que vous savez que nous lui donnons
dans nos temps éclairés : personnologie, personnalisme, personnalité et tout
ce qui s'en
"A Mina son
miroir fidèle Montre, hélas, des traits allongés Ah ciel, oh Dieu, s'écrit-elle Comme les miroirs sont changés. |
C'est effectivement ce que vous dit
votre psychotique, montrant l'importance ici de la fonction, non pas de l'idéal
du moi, mais du moi idéal comme place où viennent se former les
identifications proprement moïques, ceci comme place où l'angoisse se produit,
l'angoisse que je vous ai qualifiée de sensation du désir de l'Autre. La
ramener, cette sensation du désir de l'Autre, à la dialectique du désir
propre du sujet en face du désir de l'Autre, voilà toute la distance qu'il y a
entre ce que j'avais amorcé et le niveau déjà très efficace où s'est
soutenu tout le développement de Mme Aulagnier.
Mais ce niveau en quelque sorte, comme
elle l'a dit, conflictuel qui est de référence de deux désirs déjà dans le
sujet constitué, ce n'est pas là ce qui d'aucune façon peut nous suffire pour
situer la différence, la distinction qu'il y a dans les rapports du désir par
exemple au niveau des quatre espèces ou genres qu'elle a pour nous définis
sous les termes
(->p420) (XVIII/27) Que la parole, en effet, fasse défaut
en quelque chose à propos de l'angoisse, c'est en ceci que nous ne pouvons méconnaître
comme un des paramètres absolument essentiels qu'elle ne peut désigner qui
parle, qu'elle ne peut référer à ce point i (a) le je du discours lui-même,
le je qui dans le discours se désigne comme celui-là qui actuellement
parle et l'associe à cette image de maîtrise qui se trouve à ce moment
vacillante. Et ceci a pu lui être rappelé parce que j'ai noté dans ce qu'elle
a bien voulu prendre comme point de départ à propos du séminaire du 4 avril,
rappelez-vous l'image vacillante que j'ai essayé de dresser devant vous
de ma confrontation obscure avec la mante religieuse et de ceci que, si j'ai
d'abord parlé de l'image qui se reflétait dans son oeil, c'était pour dire
que l'angoisse commence à partir de ce moment essentiel où cette image est
manquante. Sans doute le petit a que je suis pour le fantasme de l'Autre est
essentiel, mais où il manque ceci - Mme Aulagnier ne le méconnaît pas,
car elle l'a rétabli à d'autres passages de son discours - la médiation
de l'imaginaire- c'est ça qu'elle veut dire, mais ce n'est point encore
suffisamment articulé - c'est le i de a qui manque et qui est là en
fonction.
Je ne veux pas pousser plus loin parce
que vous vous rendez bien compte qu'il ne s'agit de rien moins que de la reprise
du discours du séminaire, mais c'est là que vous devez sentir l'importance de
ce que nous introduisons. Il s'agit de ce qui va faire la liaison dans l'économie
signifiante de la constitution du sujet à la place de son désir. Et vous devez
ici entrevoir, supporter, vous résigner à ceci qui exige de nous quelque chose
qui parait aussi loin de vos préoccupations ordinaires, enfin d'une chose qu'on
peut décemment demander à d'honorables spécialistes comme vous qui ne venez
tout de même pas ici pour faire de la géométrie élémentaire.
Rassurez-vous, ce n'est pas de la géométrie, puisque ce n'est pas de la
métrique, c'est quelque chose dont les géomètres n'ont eu jusqu'à présent
aucune espèce d'idée : les dimensions de l'espace. J'irai jusqu'à vous dire
que M. Descartes n'avait aucune idée des dimensions de l'espace.
Les dimensions de
l'espace, c'est
quelque chose d'un autre côté qui a été décidé, valorisé par un certain
nombre de plaisanteries faites autour de ce terme comme la quatrième ou la
cinquième dimension et autres choses qui ont un sens tout à fait précis et
mathématiques, mais dont il est toujours assez marrant d'entendre parler par
les incompétents, de sorte que quand on parle de ça on a toujours le sentiment
qu'on fait ce qu'on appelle de la science-fiction et ça a malgré tout
quand même assez
(->p421) (XVIII/28) Mais après tout vous verrez que nous avons notre mot à dire la-dessus. J'ai commencé à l'articuler en ce sens que psychiquement je vous ai dit que nous n'avons accès qu'à deux dimensions ; pour 1e reste il n'y a qu'une ébauche, qu'un au-delà. Pour ce qui est de 1'expérience, en tout cas pour une hypothèse de recherche qui peut nous servir à quelque chose, de bien vouloir admettre qu'il n'y a rien de bien établi au-delà - et c'est déjà bien suffisamment riche et compliqué - de l'expérience de la surface. Mais ça ne veut pas dire que nous ne pouvons pas trouver dans l'expérience de la surface à elle toute seule le témoignage qu'elle, la surface, est plongée dans un espace qui n'est pas du tout celui que vous imaginez avec votre expérience visuelle de l'image spéculaire. Et
pour tout dire, ce petit objet qui
n'est
rien quand le noeud le plus élémentaire,
non pas celui quo je n'ai fait que faute
d'avoir pu me faire tresser une cordelette |
porter en
lui-même un certain nombre de
questions que j'introduis en vous disant que la troisième dimension ne suffit
absolument pas à rendre compte de la possibilité de cela. Pourtant un noeud
quand même, c'est quelque chose qui est à la portée de tout le monde, ce
n'est pas à 1a portée de tout le monde de savoir ce qu'il faisait en faisant
un noeud, mais enfin cela a pris une valeur métaphorique : les noeuds du
mariage, les noeuds de 1'amour. Les noeuds sacrés ou pas, pourquoi est-ce qu'on en parle
Ce
sont des modes tout à fait simples, élémentaires, de mettre à votre porté le
caractère usuel si vous
voulez bien vous y mettre et devenu, une fois usuel, support possible d'une
conversion qui, si elle se réalise montrera bien tout de même après-coup
que peut-être ces termes doivent avoir quelque chose à faire avec ces références
de structure dont nous avons besoin pour distinguer ce qui se passe par exemple
à ces échelons que Mme Aulagnier a divisés en allant du normal au
psychotique. Est-ce qu'à ce point de jonction où pour le sujet se
constitue l'image noeud, l'image fondamentale, l'image qui permet la médiation
entre le sujet et son désir, est-ce que nous ne pouvons pas introduire
des distinctions fort simples et, vous le verrez, tout à fait utilisables en pratique, qui nous permettent de
nous représenter d'une façon
plus simple et moins source d'antinomie, d'aporie, d'embrouillis, de labyrinthe
finalement, que ce que nous avions jusqu'ici à notre disposition, à savoir
cette notion sommaire par exemple d'un intérieur et d'un extérieur qui a en
effet bien l'air
note: bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire,
ou si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par
avance de m'adresser un émail.
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