Version rue CB note
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Avril 1978
(p1->) J’ai énoncé,
en le mettant au présent, qu’il n’y a pas de rapport
sexuel. C’est le fondement de la psychanalyse. Tout au moins me suis-je permis
de le dire. Il n’y a pas de rapport sexuel, sauf pour les générations
voisines, à savoir les parents d’une part, les enfants de l’autre. C’est
à quoi pare - je parle du rapport sexuel - c’est à quoi pare l’interdit de
l’inceste. Le savoir, c’est toujours en rapport avec ce que j’écris
« l’asexe », à condition de le faire suivre du mot qui est à
mettre entre parenthèse « ualité » ; l’asexe (ualité). Il
faut savoir comment s’y prendre avec cette sexualité. Savoir « comme
enfer », c’est tout au moins comme ça que je l’écris. J’ai commencé
dans un temps à faire, pour symboliser cette sexualité, une bande de Moebius.
Je voudrais maintenant corriger cette bande, je veux dire la tripler.
(p2->)
Ici nous pouvons dire que c’est plus simple : si ici c’est l’endroit,
c’est aussi l’envers, comme il apparaît de ce fait que ce qui était
l’envers ici revient là, c’est à dire que la bande de Moebius n’a
qu’un endroit et un envers.
Mais la distinction qu’il y a entre
ceci (II) et cela (I) tient à ce qu’il est possible d’avoir une
bande de Moebius qui, sur ses deux faces, est à la fois endroit et envers. Il
y a une seule face de chaque côté : c’est une bande de Moebieus qui a
pour propriété d’être bilatérale. Qu’est ce qu’on perd dans
l’abstraction ? On perd le tissu, on perd l’étoffe c’est à dire
qu’on perd ce qui se présente comme une métaphore. Aussi bien, je vous le
fais remarquer, l’art, l’art par lequel on tisse, l’art est aussi une métaphore.
C’est pourquoi je m’efforce de faire une géométrie du tissu, du fil, de la
maille. C’est tout au moins où me conduit le fait de l’analyse, car
l’analyse est un fait, un fait social tout au moins, qui se fonde sur ce
qu’on appelle la pensée qu’on exprime
comme on peut avec « lalangue » qu’on a – je rappelle que
cette lalangue, je l’écrivais en un seul mot dans le dessein d’y faire
sentir quelque chose. Dans l’analyse, on ne pense pas n’importe quoi et
pourtant c’est bien ce à quoi on tend dans l’association dite libre :
on voudrait penser n’importe quoi. Est-ce
ça que nous faisons ? Est-ce que c’est ça qui consiste à rêver ?
En d’autres termes : est-ce que nous rêvons sur le rêve ? Car
c’est ça qui est l’objection. L’objection, c’est que Freud, dans
« l’Interprétation des rêves » ne fait pas mieux. C’est ce qui
m’a fait délirer, il faut bien le dire, quand j’ai introduit la
linguistique dans ce qu’on appel une pâte bien efficace, tout au moins nous
le supposons, et qui est l’analyse.
" De
la syntaxe à l’interprétation ", c’est ce que nous propose (p3->)
Jean Claude Milner. Il est certain qu’il a toute les difficultés à passer de
la syntaxe à l’interprétation. Qu’est ce qu’il en était au temps de
Freud ? Il y a évidemment une question d’atmosphère comme on dit, de
coordonnées qu’on appelle culturelles. Je veux dire qu’on reste dans les
pensées et agir par l’intermédiaire de la pensée, c’est quelque chose qui
confine à la débilité mentale. Il faudrait qu’il existe un acte qui ne soit
pas débile mental. Cet acte, j’essaye de le produire par mon enseignement.
Mais c’est quand même du bafouillage. Nous confinons ici à la magie.
L’analyse est une magie qui n’a de support que le fait que, certes, il n’y
a pas de rapport sexuel, mais que les pensées s’orientent, se cristallisent
sur ce que Freud imprudemment a appelé le complexe d’Œdipe. Tout ce qu’il
a pu faire, c’est trouver dans ce qu’on appelait la tragédie, au sens où
ce mot avait un sens, ce qu’on appelait la tragédie lui a fourni, sous la
forme d’un mythe, quelque chose qui articule qu’on ne peut pas empêcher
un fils de tuer son père. Je veux dire par-là que le Laïos a bien fait
tout pour éloigner ce fils sur lequel une prédiction avait été faite, ça ne
l’a pas empêché pour autant, et je dirai d’autant plus, d’être tué par
son propre fils.
Je crois qu’en m’employant à la
psychanalyse, je la fais progresser. Mais en réalité je l’enfonce. Comment
diriger une pensée pour que l’analyse opère ? La chose qui en est le
plus près, c’est de se convaincre, si tant-est que ce mot ait
sens, c’est de se convaincre que ça opère. J’essaie de mettre ça
à plat. C’est pas facile. Dans le passage du signifiant, tel qu’il est
entendu, au signifié, il y a quelque chose qui se perd, en d’autres termes :
il ne suffit pas d’énoncer une pensée pour que ça marche. Élever la
psychanalyse à la dignité de la chirurgie par exemple c’est ce qui serait
bien souhaitable. Mais il est un fait c’est que le fil de la pensée n’y
suffit pas. Qu’est-ce que ça veut dire, d’ailleurs, le fil de la pensée ?
C’est une métaphore. C’est bien pourquoi j’ai été conduit à ce qui
est aussi une métaphore, à savoir à matérialiser ce fil des pensées.
J’y ai été encouragé par quelque chose qui n’est au fond que ce que je
disais au départ, à savoir cette triplicité
qui fonde le fait de la succession des générations. Il y en a trois,
trois générations entre lesquelles il y a du rapport sexuel. Ca entraîne bien
entendu toute une série de catastrophe et
c’est ce dont Freud somme toute s’est aperçu. Il s’en est aperçu, mais
ça ne s’est pas vu dans sa vie familiale ; parce qu’il avait pris la
précaution d’être fou d’amour pour ce qu’on appelle une femme, il faut
le dire, c’est une bizarrerie, c’est une étrangeté. Pourquoi le désir
passe-t-il à l’amour ? Les faits ne permettent pas de l’expliquer. Il
y a sans
Je m’imagine que l’analyse, je veux dire
en tant que je la pratique, c’est ce qui m’a rendu borné. C’est, il faut
le dire, une excellente méthode de crétinisation que l’analyse. Mais peut-être
que je me dis que je suis borné parce que je rêve, je rêve de l’être un
peu moins. Mettre à plat quelque chose, quoi que se soit, ça sert toujours. Il
y a quelque chose qui est frappant, c’est que mettre à plat ceci, on s’aperçoit
note:
bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire, ou
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