J.LACAN gaogoa
séminaire XXIV-
L'insu que sait de l'une-bévue s'aile à mourre 1976-1977
texte de 30 pages version rue CB
8
février 1977 (-la
passe-) note
(p1->)
(Fig. 1-2. ) - . Ah ! Je me casse la tête contre, contre ce qu j'appellerai, à l'occasion, un mur, un mur, bien sûr, de mon invention, c'est bien ce qui m'ennuie . On n'invente pas n'importe quoi, et ce que j'ai inventé est fait, en somme, pour, pour expliquer, je dis expliquer, je ne sais pas très bien ce que ça veut dire, expliquer FREUD. Ce qu'il y a de frappant, c'est que, c'est que dans FREUD il n'y a pas, il n'y a pas trace de cet ennui, où plus exactement de ces ennuis, que j'ai, de ces ennuis que je vous communique, enfin , sous cette forme où je me casse la tête contre les murs. Ça ne veut pas dire que FREUD ne se tracassait pas beaucoup, mais ce qu'il en, ce qu'il en donnait au public était apparemment de l'ordre, je dis de l'ordre, d'une philosophie, c'est-à-dire que, qu'il y avait pas de, j'allais dire qu'il y avait pas d'os, mais justement, il y avait des os, et ce qui est nécessaire pour, pour marcher tout seul, c'est-à-dire un squelette.
Voilà. Je pense que là (Fig . 1 - 2 ) , vous reconnaîtrez la figure, si toutefois je l'ai bien dessinée, la figure ou j'ai d'un seul trait (Fig. 2) figuré l'engendrement du réel , et que ce réel se prolonge en somme par l'imaginaire, puisque c'est bien de ça qu'il s'agit sans qu'on sache très bien ou s'arrête le réel et l'imaginaire. Voilà c'est cette figure-là (Fig. 2) qui se transforme dans cette figure là (Fig. 1). Je ne vous le donne que parce que en somme c'est le premier dessin ou je ne m'embrouille pas, ce qui est, ce qui est remarquable parce que je m'embrouille toujours bien sûr.
Bon. Je voudrais quand même passer la parole à quelqu'un à (p2->) qui j'ai demandé de bien vouloir ici venir émettre un certain nombre de chose, et que, qui m'ont parues dignes, tout à fait dignes d'être énoncées. En d'autre termes, je ne trouve pas le nommé Alain Didier WEIL mal engagé dans , dans mon affaire . Tout ce que je peux dire c'est que, pour moi, je me suis beaucoup attaché à, à mettre à plat quelque chose. La mise à plat participe toujours du système. Elle y participe, elle en participe seulement, ce qui n'est pas beaucoup dire. Une mise à plat, par exemple celle que je vous ai faite avec le noeud borroméen, c'est un système ; j'essaie bien sûr, j'essaie bien sûr de le concasser ce noeud borroméen, et c'est bien ce que vous voyez dans ces deux images.
L'idéal, l'idéal du moi, en somme, ce serait d'en finir avec le symbolique, autrement dit, de ne rien dire. Quelle est cette force démoniaque qui pousse à dire quelque chose, autrement dit à enseigner, c'est ce sur quoi je n'arrive à, à me dire que c'est ça le surmoi, c'est ce que FREUD a désigné par le surmoi qui, bien sûr, n'a rien à faire avec aucune condition qu'on puisse désigner du naturel. Sur le sujet de ce naturel , je dois quand même vous, vous signaler quelque chose qui est paru à la Société Royale de Londres et qui est un essai sur la rosée . Ça a la grande estime d'un nommé HERSCHEL, et qui a fait quelque chose, quelque chose qui s'intitule : " Discours préliminaire sur l'étude de la philosophie naturelle ". Ce qui me frappe le plus dans cet essai sur la rosée, c'est que ça n'a aucun intérêt ? Je me le suis procuré bien entendu à la Bibliothèque Nationale où j'ai, comme ça, de temps en temps, quelque personne qui fait un effort pour moi, une personne qui, qui est là-bas musicologue et qui est, en somme pas trop mal placée pour me procurer , dans l'occasion, comme je n'avais aucun moyen de, (p3->) d'avoir le texte original, que à la rigueur, j'aurais pu arriver à lire c'est une traduction, ce que je lui ai réclamé. Elle a été traduite en effet, cet essai sur la rosée, cet essai sur la rosée a été traduit de son auteur, ce William Charles WALLS (?) , il a été traduit par le nommé TORDEU (?) , maître de pharmacie. Et, il faut vraiment énormément se forcer pour arriver à, à y trouver le moindre intérêt. Ça prouve que, que tous les phénomènes naturels ne nous intéressent pas autant, et la rosée tout spécialement, ça nous glisse, ça nous glisse à la surface. C'est tout de même assez curieux, c'est tout de même assez curieux que la rosée, par exemple, n'a pas l'intérêt que DESCARTES a réussi à donner à l'ar-en-ciel. La rosée est un phénomène aussi, aussi naturel que l'arc-en-ciel. Pourquoi est-ce que ça ne nous fait ni chaud, ni froid ? C'est très étrange et c'est bien certain que c'est en raison de son rapport avec le corps que nous nous, que ne nous intéressons pas aussi vivement à la rosée qu'à l'arc-en-ciel, parce que l'arc-en-ciel, nous avons le sentiment que ça débouche sur la théorie de la lumière, tout au moins nous avons ce sentiment depuis que DESCARTES l'a démontré. Oui . Enfin , je suis perplexe sur ce, sur ce peut d'intérêt que nous avons pour la rosée. Il est certain qu'il y a quelque chose de centré sur les fonctions du corps qui, qui est ce qui fait que nous donnons à certaine chose un sens. La rosée manque un peu de sens. Voilà tout au moins ce dont je témoigne après une lecture que j'ai faite aussi attentive que je pouvais de cet essai sur la rosée, et maintenant, je vais donner la parole à Alain Didier WEIL en m'excusant de l'avoir un petit peu retardé, il n'aura plus qu'une heure et quart pour vous parler au lieu de ce que je croyais avoir pu lui garantir, c'est-à-dire une heure et demi.
(p1->)
LACAN Alain Didier WEIL va vous parler de quelque chose qui a un rapport avec le savoir le " Je sais " ou le " Il sait " , c'est ce rapport entre le " Je sais " et le " Il sait " sur lequel il va jouer.
WEIL
Le point d'où j'étais arrivé à proposer au Dr LACAN mes élucubrations que
je vais vous soumettre me vient de ce que représente pour moi ce qu'on nomme
dans l'École Freudienne
" la passe ".
Effectivement, une rumeur circule depuis quelque temps dans l'École, dans l'École, c'est que les résultats de la passe qui fonctionnerait depuis un certain nombre d'année, ne répondraient pas aux espoirs que l'on avait été, qui y avaient été mis.
Étant donné que c'est cette idée, comme ça, qu'il y aurait un échec de la passe, c'est une, quelque chose que, personnellement , je supporte mal dans la mesure ou pour moi elle me semble garantir ce qui peut préserver d'essentiel et de vivant sur l'avenir de la psychanalyse, j'ai cogité un petit peu à la question, et il me semble avoir trouvé éventuellement les, ce qui pourrait rendre compte du fait que le jury d'agrément n'arrive peut être pas à utiliser, et à utiliser ce qui lui est transmis pour faire avancer les problèmes cruciaux de la psychanalyse.
Le circuit que je vais mettre en place devant vous prétend métaphoriser par un
long circuit dans lequel serait représentables les mouvements fondamentaux,
vous verrez que j'en désigne trois très précisément, à l'issue desquels un
sujet et son Autre peuvent arriver à un point très précis, très repérable,
que j'appellerai
- (schéma)
vous verrez pourquoi, et à partir du-(p2->)quel
j'articulerai ce qui me semble pouvoir être et le problème de la passe, et
celui de, peut-être, la nature de court-circuit, de ce qui pourrait
court-circuiter topologiquement ce qui se passerait au niveau du jury
d'agrément.
Bon. Je commence donc. Les sujets que je choisis pour vous présentifier nos deux partenaires analytiques peuvent vous être rendus familiers en ce qu'ils correspondraient d'une certaine façon aux deux protagonistes les plus absentifiés de l'histoire de La Lettre Volée que vous connaissez, ceux-là même dont, du début à la fin, il n'est pas question, à savoir l'émissaire, celui qui serait l'émissaire de la lettre qui est tellement exclu que Poe-même, je crois, ne le nomme même pas, et à savoir le récepteur de la lettre qui, nous le savons, Lacan nous l'a montré, est le roi. Si vous le permettez, je baptiserai pour la commodité de mon exposé le sujet du nom de Boseph, et je garderai au destin(at )aire son nom, celui du roi.
Tout mon
montage va consister à substituer au court-circuit par lequel le conte de
Poe tient ses deux sujets hors du cheminement de la lettre un long circuit, en
chicane, par lequel la lettre, par• tant de la position , finira par aboutir
à la position . Les numérotations 1 et 4 que je vous indique vous indiquent
déjà que je serai amené à distinguer quatre places qui différencieront
quatre positions successives du sujet et de l'Autre.
Je commence
donc. Par ,
vous voyez que B, la série des B correspond au sujet Boseph, la série
des , ,
,
correspond à la progression de savoir du roi,
, ,
,
. . Par ,
si vous voulez je qualifie l'état, je dirais, d'innocence du
sujet, voire de niaiserie du sujet quand il se soutient uniquement de cette
position subjective qui est celle : " L'Autre ne sait pas ",
" Le roi ne sait pas "
(p3->)
Ne sait pas
quoi ? Eh bien tout simplement, peu importe le contenu de la lettre, tout simplement
ne sait pas que le sujet sait quelque chose à son endroit.
représente
donc l'ignorance radicale du roi. Donc, on pourrait dire que dans la position ,
ça serait la position niaise du cogito qui pourrait s'écrire : "Il ne sait
pas donc je suis" L'histoire ,
si vous voulez, cette position vous est familière dans la mesure où nous savons
que c'est une position que nous connaissons par l'analyse, l'analysant, bien
souvent, nous le savons, choisit son analyste en se disant, inconsciemment, en
se disant je le choisis celui-là parce que lui, je vais le rouler, et nous savons
que ce qu'il craint le plus, en même temps, c'est d'y arriver. Alors, à partir
de ce montage élémentaire, je continue.
Avant de
mettre en place le graphe de Lacan, voilà comment les choses se passent. Je
fais maintenant - l'histoire commence - je fais maintenant intervenir quelqu'
un. qui sera, que j ' appelle , vous voyez que j'ai nommé M,
M j'appellerai ça le messager, c'est-à-dire que, en ,
un jour, Boseph qui est en
va confier au messager dans la position
le message que
j'ai appelé petit .
Et, en
,
il lui dit : " L'Autre ne sait pas ",
" Le roi ne sait pas . " Le messager est fait pour cela, c'est bien
sûr
un traître. I1 transmet au roi le message
qui se transforme en ,
c'est-à-dire que le roi passe de la position de l'ignorant, de ,
à la position ,
d'un savoir élémentaire
qui est " L'Autre sait ",
c'est-à-dire le sujet sait quelque chose à mon endroit. A
(p4->)
J'ai
appelé ce message . C'est un retour sur le plan de l'axe, sur le
graphe, sur l'axe petit i(a) , si vous voulez, c'est la relation spéculaire. Un
autre message arrive à Boseph qui se placera, lui, sur la trajectoire de la
subjectivation, que j'ai dessinée en vert, qui arriverait directement donc,
sur le plan de, par le plan symbolique. Vous voyez donc que le point important
là est le fait que Boseph qui était dans la position d'une niaiserie, de la
niaiserie en , du fait de l'inversion du message qui lui revient, c'est-à-dire,
cette fois, " L'Autre sait " est déplacé ; il ne peut plus rester en
, il est déplacé, il se retrouve en
. Et, en , je dirai qu'il est là
dans la position du semblant, il peut encore se soutenir de la position que je
dirai être celle de la duplicité, puisque en , il peut encore se
dire :
"Oui, il sait, mais il ne sait pas que je sais qu'il sait."
Alors,
je vais maintenant écrire, avant d'aller plus loin, le premier épisode, sur
le graphe de Lacan : là , la position de l'Autre ;
Vous
voyez donc que notre sujet Boseph est en
. Je
vais main-(p5->)tenant
faire, introduire un autre graphe de Lacan. Je
continue donc. J'ai laissé, vous le voyez, Boseph en ,
se soutenant de la position de duplicité que je vous ai décrite puisqu'il est
en position de
Je vais
continuer donc, terminer les schémas avant de continue: Voici ,
,
et (...le
2 ...). Boseph que j'avais laissé en
,
ici, je le remets ici en ,
c'est-à-dire que, ici, il transmet
à ,
il lui transmet ,
il lui dit : " il sait mais il ne sait
Qu'est-ce
qui se passe donc quand le roi est en ,
c'est-à-dire quand il est dans
la position du savoir que je vous ai indiquée et que ce savoir est connu par
le retour du messager à Boseph, c'est. à-dire que Boseph peut penser :
" Le roi sait que je sais qu'il sait que je sais " ? Ce qui va se
produire à ce moment-là, et ce qui va nous introduire à la suite, c'est
que alors que en ,
Boseph, dans le semblant, pouvait encore prétendre à un
petit peu d'être, en se disant : " Il sait, mais je peux quand même "
" mais
il ne sait pas et je peux quand même en être encore ". En ,
du fait du savoir qu'on pourrait dire entre guillemets " absolu " de
l'Autre, Boseph, la posi
Si le roi
est dans une position, dans cette position , où
I1 faut,
avant que je continue, je voudrais que vous sentiez bien que puisque en , plus
rien ne peut être caché, alors s'ouvre pour le sujet
la dernière cachette,
c'est-à-dire celle qu'il ne savait pas cacher, et ce qu'il découvre,
c'est qu'en cachant volontairement, en ayant un mensonge qu'il pouvait designer,
il éludait en fait un mensonge dont il ne savait rien, qui l'habitait et qui le
constituait comme sujet.
Donc, ce
savoir dont il ne savait rien, va surgir en , au regard de l'Autre qui, désormais,
sait tout. Quand je dis - surgir au regard de l'Autre - c'est véritablement
au sens propre qu'il faut entendre cette expression, car ce qui surgit par le
regard de cet Autre, c'est précisément ce qui avait été soustrait, lors de
la création originaire du sujet, ce qui avait été soustrait du sujet, le
signifiant ,
et qui l'avait constitué, comme sujet
supportant la parole, comme sujet accédant à la parole dans la demande du fait
de la soustraction de ce signifiant . Or, que se passe-t-il?
Voici que ce signifiant
réapparaît dans le réel, car c'est ça qu'il faut
dire. Effectivement, le problème du refoulement originaire, on ne peut pas dire
que le retour du refoulé originaire se produit au sein du symbolique comme le
ferait le refoulement secondaire, puisqu'il en est lui-même l'auteur.
S'il revient, ça ne saurait être que dans le réel, et c'est en tant que tel
qu'il se manifeste, je dirais, par un regard, un regard du réel, devant lequel
le sujet est absolument sans recours.
Je ne vais
pas épiloguer 1à-dessus, mais si vous y réfléchissez, vous verrez
que la position de savoir impliquée par , par
Vous voyez,
c'est des pistes que je lance là, mais c'est pas le sujet, j'y reviens pas, il
faudrait également articuler le retour de ce
dans le réel, avec ce qu'il en
est du délire, articuler sérieusement l'aphanisis avec la position délirante,
dans la mesure où, dans les deux cas, le signifiant revient dans le réel,
mais,
cependant, on pourrait dire que dans le cas du non-psychotique, il se trouve qu'il perd la parole comme le psychotique, néanmoins on pourrait
( ? - comparer ? ) sa position à celle de ces peuples envahis par l'étranger qui font la
politique de la terre brûlée, qui brûlent tout, qui brûlent tout pour
maintenir quelque chose, c'est-à-dire pour que l'envahissement ne
soit pas total, et ce qui est maintenu, effectivement, ce qui reste une fois que
le sujet disparaît, parce que si vous y réfléchissez, ce qui se passe en ,
c' est que le signifiant de l'Urverdrängung revenant dans le réel, ce n'est
rien de moins que le refoulement originaire, le sujet de l'inconscient qui disparaît. Si vous voulez, la
barre de l'inconscient, cette barre qui sépare a
et , se barrant, fait
apparaître le
et le a dans le réel, et c'est
J'
en arrive maintenant au point le plus énigmatique de l'affaire, c'est
que de cette position où le sujet se trouve sidéré sous
Le point donc auquel j'arrive, c'est que le message délivré c'est le " C'est toi " , et je vais vous l'écrire d'une façon apportant du nouveau, je vais écrire une lettre qui va aller de à .
et
vont se rencontrer au niveau de ce message que j'expliciterai
maintenant plus avant comme étant cet énigmatique S () . Je vais vous en donner une
première écriture.
(p11->) Ce
que j'ai dessiné sur le schéma de gauche, c'est que quand Boseph, mis au pied
du mur, cette fois, ne peut dire qu'une parole au roi, du fait même qu'il
adresse cette parole au roi ; le roi, une dernière fois, est déplacé, émigre,
émigre du lieu ou il était, c'est-à-dire du réel, émigre de
nouveau dans le lieu, dans le lieu symbolique, et se trouve en position .
Boseph disant "C'est toi" est en position . Le
S ( ), je l'écris de
la rencontre, de la communion entre
et , tous deux mettant à ce
moment-là en commun leur barre et c'est pour ça que j'ai écrit dans la
lunule et S
( ) . J'espère pouvoir expliciter ça plus rigoureusement dans ce
qui va suivre.
Le
point d'énigme sur lequel je voudrais revenir, c'est que dans le
message délivré en S ( ),
dans le "
C'est toi ", c'est que le sujet qui
(p12->) Ceci
dit, n'est-ce pas, que notre énonciation réponde, soutien
La
question, donc, où je vais aller plus avant, c'est que, si ce S (),
à laquelle accède Boseph en , s'il y accède,
ce dont ( selon ?) , ce que je montre, c'est
que c'est d'un certain lieu, peu importe le mot qu'il emploie, il est banal
-" C'est toi "-, c'est du baratin, c'est rien du tout, le
poids de vérité de ce message, c'est que c'est un lieu.
La
question que je vais poser maintenant et développer, c'est " Est-ce
que ce lieu d'où parle le sujet est transmissible ? " Peut-il arriver,
par exemple, dans le cas de la passe, peut-il arriver au Jury d' agrément ?
Bon. L'énigme du moment où un sujet est capable, plus que de tenir sa parole,
de la soutenir, c'est-à-dire d'être dans un point où il accède à
quelque chose qu'il faut bien reconnaître être d'une certitude et d'un certain
désir. Essayons d'en rendre compte, c'est pas facile, c'est pas facile, parce
que, justement, en S (
), l'objet du désir ou l'objet de la certitude,
c'est quelque chose dont on ne peut rien dire ; mais remarquez déjà, enfin, pour
mieux cerner
Puisque je
parle de confiance, vous voyez bien que ça. pose le problème du fait que, des
conditions par lesquelles un analyste a à être digne de confiance. En quoi l'
est-il ? Sommairement, je dirai pour l'instant que son désir ne
doit pas être placé comme celui que je viens de décrire, mais que son désir
ne doit pas
Tout ceci ne
rend pas compte encore pourquoi en S (), alors que le sujet n'a plus, n'a pas de
garantie, qu'est-ce qui fait qu' i1 accède au fait de pouvoir soutenir ce
qu'il dit ? Et comment
Mon hypothèse
transitoire, c'est de dire que dans la flèche rouge qui amène à -,
qui fait communier
et S (),
flèche
que j'ai écrite en haut, violet, qui
fait passer du fading
D à
S (), c'est là la passe,
le mouvement par
laquelle quelque chose de la passe peut être dit.
Maintenant,
approfondissons encore, si vous le voulez, le caractère scandaleux, c'
est le mot, du message transmis en S ()
, message de l'hérétique. Je vous l'ai
dit d'abord il n'y a plus ces deux divinités, il n'y a donc plus la
garantie de la cassette, le sujet parle, avec en lui, un répondant de ce
qu'il dit. Ce qui est très intéressant, quand nous lisons, - je fais une
parenthèse rapide - le manuel des Inquisiteurs, et ils sont intéressants
par ce qu'ils correspondent à la lettre à ce qui s'est passé dans un
Vous voyez que l'inquisiteur, il repère bien de quoi il s'agit c'est-à-dire
d'une articulation entre les deux Je, au niveau de ce
On
peut dire, à ce moment-là, que l'analysant n'a plus à se faire le porte
parole du maître, car il n'a plus à en être, il n'a plus à être, je dirais,
porté par le savoir du maître puisqu'il s' en fait le portant, et c' est ce
qu' il délivre en S (
) .
Je
tourne en rond pour me rapprocher petit à petit de plus en plus près du
vif de ce S (
) , c'est-à-dire au point où nous en
sommes, je pourrais dire que Boseph ça serait à l'issue de ce
parcours, qu'il serait responsable des graphes qu'i1 écrit et seulement
à ce moment-là. Maintenant, le problème est de rendre compte
effectivement de la nature de cette certitude et de cette jouissance de l'Autre
dont nous parle Lacan. Je suis obligé d'aller vite parce que le temps passe
effectivement.
En S ( ), il se passe un phénomène contradictoire qui est celui dune communion - ce mot est de Lacan, dans les
Formations de l' Inconscient - vous le trouverez - est celui d'une communion coïncidant
avec une séparation entre le sujet et l'Autre. Le
paradoxe,
Pour
ça, je suis obligé de faire un rapide retour en arrière qui
est celui du point où nous étions en -,
point de désêtre ;
Un exemple :
un analysant dans cette position où pour lui le savoir de l'Autre se ballade
comme ça dans le réel, presse son analyste, pour voir de quelle façon
l'analyste va se manifester, d'où il parle, lui téléphone un jour pour
presser un rendez-vous, pour voir la réaction. L' analyste répond :
" S'il le fallait , nous nous verrions. " Le message, le signifiant n'a
rien de très original, pourtant ce message fait effet d'interprétation radicale
pour l'analysant et l'effet étant d'arriver à revéhiculer 1'Autre dans son
lieu symbolique, tout simplement à cause de l'articulation syntaxique qui a
fait que l' analyste, en trouvant la formule, "s'il le fallait", par
l'introduction du il, s'assujettissant comme l'analysant à la dominance, à la prédominance
du signifiant.
(p18->) Dans
le point, n'est-ce pas, -,
où le sujet est sans recours.
Le paradoxe
invraisemblable auquel on débouche, si on peut dire, c'est comment un signifiant,
ce signifiant du S ( ) peut-il
assumer cette impensable contradiction,
c'est à la fois, ce qui maintient ouvert la béance de ce qui ne cesse pas de
ne pas s'écrire, quand vous lisez, quand vous entendez une musique qui vous
boule
Vous voyez
que cette gageure pourtant est ce qui est réalisée
De cette, si
vous voulez, de cette rencontre, du sujet et de l'Autre, quelques précisions,
trois précisions .
D'abord, il s'agit d'une communion, il ne s'agit pas d'une collaboration.
Nous savons ce dont le sujet est capable quand il se fait collaborateur.
Autre point, ce mode de communion qui se produit en
On pourrait
dire, si vous voulez, que la barre du sujet et
Bon, comme
il est tard, je vais donc terminer par le problème de la passe en, en sautant
un certain nombre de choses. Reprenons notre histoire de Boseph. Pouvons-nous
dire que Boseph, tel que les choses se sont passées a
passé la passe ? C'est-à-dire, nous voyons
Le
roi lui même, qui serait en R4 , dans la position de l' analyste, lui, est capable de
reconnaître le lieu d'où parle Bosep
J'en reviens
à ma question, si toute la valeur du message S () est
qu'il est émis d'un
certain lieu comment ce lieu peut être transmis ? Arriver jusqu'au jury? Parce
que en S (), Boseph peut soutenir ce qu'il dit, mais au nom d'une
vérité qu'il
se trouve éprouver, mais dont il ne sait rien. II ne sait rien de ce lieu.
Autrement dit, si Boseph est dune certaine façon dans la passe, je ne dirai pas
pour autant qu'il occupe la position du
Nous faisons maintenant
un pas de plus, et nous disons main-(p23->)tenant
qu'en tant que lieu, ce lieu ne se dit pas tel quel, et ne peut pas arriver tel
quel au Jury. Bon, je vais illustrer de la façon suivante. Quand vous
entendez, n'est-ce pas, quand vous entendez un analyste lacanien, un
disciple lacanien parler du passant Lacan, puisque Lacan s'est défini comme ne
cessant pas de passer la passe, quand vous l' entendez ce passeur, est-ce
que vous pouvez dire qu'en entendant ce passeur, vous entendez d'où parle Lacan
? vous ne pouvez pas le dire. D' où parle Lacan, le S ()
de Lacan, vous pouvez le repérer éventuellement quand vous l'entendez, mais,
ou quand vous le lisez, mais quand vous l' entendez, je vous ferai remarquer,
et je fais un pas de plus là, qu' il se supporte toujours d'un écrit.
Autre exemple : Pensez-vous que ce qui était advenu de la psychanalyse avant que Lacan n' y mette la main
soit imputable uniquement au fait que les
analystes d'alors étaient des mauvais passeurs, où bien que le jury d'agrément
qui les représentait l'agréait d'une façon qui n'était pas ça ?
Les deux hypothèses sont peut-être vraies, mais pas suffisantes.
Si Lacan a, à un temps donné, rappelé aux analystes qu'ils feraient mieux de lire Freud que de lire Fénichel , qu'est-ce qu'il leur a dit en leur rappelant Ça : sinon que pour, s' ils voulaient réellement agréer Freud, il leur fallait un passeur, j'allais dire digne de cette définition, c'est-à-dire le dispositif topologique, l'écrit de Freud qui témoigne que Freud ne disjoint pas ce qu'il dit du lieu d'où il le dit, et que si on veut opérer comme dans certaines sociétés de psychanalyse un nivellement dans l'oeuvre de Freud, vous entendez que dans le nivellement, le mot vel est barré, c'est-à-dire qu'on en entend plus la dimension du parlêtre Freud.
Ce à
quoi l'on aboutit, c' est effectivement à une prise de possession de la théorie
que l'on peut mettre en cassette. Qu'est-ce qui se passe, n'est-ce
pas, le danger, si l'analyste donc ne se fait pas tenant, c'est-à-dire si, je
pourrais dire que la lecture même de Freud, du
passeur Freud, en tant que manifestant sa division n'opère pas sur eux-mêmes
un effet de division, c'est-à-dire cette exigence du S (
),
qui fait sentir que Freud en lui témoigne de ce lieu indivisible de ce qu'il
dit et qui en fait le répondant hérétique de sa parole. Parce que le propre
d'un écrit, n'est-ce pas, je vous donne ce dernier exemple, avant de
conclure, le propre d'un écrit quelqu'il soit, c'est que dans un écrit, le
sujet de l'énoncé et le sujet rte l'énonciation peuvent bien être présents,
mais ce n'est pas pour autant que l'écrit sera passeur. L'écrit
sera passeur que si les deux " je " sont de façon transmissible
articulés ..
Prenez
l'exemple un peu caractéristique de l'interprète, du comédien : l'interprète
déchiré quand il interprète un texte, un écrit, il sera déchirant pour
ce jury qu' est le spectateur, ses pleurs vous arracheront des pleurs ; qu' il
dise qu' il joue la comédie, on peut dire que s'il pleure, s'il est bouleversé,
quelque part, c'est son énonciation qui est mise en branle par les signifiants
de l'auteur, En sorte que ce que je vous dis, c'est que ce n'est pas l'interprète
qui est le passeur du texte, c'est le texte qui est le passeur de l' énonciation,
du comédien.
J'ai même entendu dire à
l'École Freudienne, ce sont des chose qui se disent,
que certains des passants qui auraient été agréé par le jury, si le passant est
agréé c' est qu' il
avait su susciter chez son passeur une énonciation
du passeur qui , e11e, passe auprès du Jury, et qui , passant, fait
passer le reste, c' est
J'en
reviens
à mon point de départ pour vous montrer que c'est encore plus compliqué
que ça. Si l'auteur lui-même dont je parle jouait son propre rôle dans
la fiction que je vous disais, ça ne prouve pas, s'il jouait son propre
personnage, qu'il le jouait à la perfection, criant de vérité, comme on dit,
c'est arrivé à de grands auteurs comme Molière, ça ne prouve pas que ni
si le hasard - acceptez cette fiction - si le hasard de la vie le faisait
rencontrer la même situation que celle qu'il avait décrite à son person
J'en arrive donc à l '
idée que l' auteur n' est pas du tout superposable à
celui qu'il met en scène, et j'en reviens à Boseph, je
Je répondrai assez simplement, et je dirai que, dans le
fond, le Passant c'est l'écrivant de celui qui a mis en place, qui a écrit
Si j'imagine les réactions, n'est-ce pas, négatives, qu'on me rétorquera
de dire que un écrit pourrait faire fonction de passeur auprès d'un Jury,
j'ai d'ailleurs incidemment appris par Jean Clavreul que c'est une proposition
qu'il avait faite, il y a quelques années, de penser à cette notion d'un écrit
comme passeur, l' objection qu'on me fera immédiatement, c'est de dire,
faire d'un écrit un passeur effectivement, alors il s'agit de
faire un rapport, un rapport alors pourquoi pas une maîtrise universitaire?
Naturellement la réponse que je donnerai, et de suite à ce contradicteur
Bon, en
conclusion, ce que je vous dirai, c'est que ce n'est pas pour autre chose que
les conséquences mêmes de cette hypothèse de travail
......
note:
bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire, ou
si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par avance
de m'adresser un émail. Haut
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commentaire revu ce 15 mai 2005