J.LACAN                          gaogoa

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XXIII-le SINTHOME 
       
version rue CB                                                                     note

Séminaire du 9 DECEMBRE 1975

 

    (p1->) Ça ne peut pas durer comme ça. Je veux dire que vous êtes trop nombreux, vous êtes trop nombreux pour que, enfin, j'espère tout de même obtenir de vous ce que j'ai obtenu du public des États-Unis, où je viens d'aller. J'y ai passé quinze jours pleins et j'ai pu m'y apercevoir d'un certain nombre de choses, en particulier, si, si j'ai bien entendu, enfin, d'une certaine lassitude qui est ressentie, principalement par les analystes.

    J'y ai été, mon Dieu, je ne puis que dire que j'y ai été très bien traité, mais c'est, ce n'est pas, ça n'est pas dire grand chose, n'est-ce pas. Je m'y suis senti plutôt, pour employer un terme qui est celui dont je me sers pour ce qu'il en est de l'homme, j'y ai été humé, ou encore, si vous voulez bien l'entendre, aspiré, aspiré dans une sorte de tourbillon, qui, évidemment ne trouve son répondant que, que de ce que je mets en évidence par mon noeud.

    C'est en effet pas par hasard, n'est-ce pas, c'est peu à peu que vous avez vu, enfin, ceux qui, ceux qui sont là depuis un certain temps, que vous avez pu voir, c'est-à-dire entendre pas à pas comment j'en suis venu à exprimer par la fonction du noeud ce que j'avais d'abord avancé comme, disons, triplice du Symbolique, de l'Imaginaire et du Réel.

    Le noeud est fait dans l'esprit d'une, d'un nouveau " mos ", mode, n'est-ce pas, ou moeurs, d'un nouveau  " mos geometricus ". Nous sommes, en effet, au départ, toujours captivés par quelque chose qui est géométrique que j'ai qualifié la dernière fois, de comparable à un sac, c'est-à-dire à la surface.

    Il est très difficile, vous pouvez en faire l'essai, il est très difficile de penser, chose qui s'opère le plus communément le yeux fermés, il est très difficile de penser au noeud. On ne s'y retrouve pas, et, je ne suis pas tellement sûr, quoiqu'il y en ait, à mes yeux, toute apparence, de l'avoir correctement mis devant vous ; il me semble que il y a une faute, il y a une faute ici. Voilà. (correction de la figure II ).

    (p2->) C'est un noeud qui part de ceci, que vous connaissez bien, à savoir, à savoir ce qui fait que dans un noeud borroméen vous avez cette forme qui est telle qu'à l'occasion elle se redouble et que vous devez la compléter par deux autres ronds.

    Il y a une autre façon de redoubler cette forme pliée, en somme, vous voyez que j'essaie de vous mettre au fait, cette forme pliée, cette forme liée qui, qui s'accroche l'une à l'autre  il y a une autre façon qui consiste à user de ce que je vous ai déjà montré une fois, à l'occasion, à savoir de ceci (Fig. IV) à savoir de ceci, de ceci qui ne va pas sans constituer de soi un cercle fermé. Par contre, sous la forme suivante, vous voyez que (Fig. II) les deux circuits sont manipulables d'une façon telle qu'il peuvent se libérer l'un de l'autre. C'est même pour ça que les deux cercles, ici marqués en rouge, peuvent en constituer un noeud qui soit  à proprement parler borroméen, c'est-à-dire qui, du fait de la section d'un quelconque, libère les deux autres.

    L'analyse est en somme la réduction de l'initiation à sa réalité, c'est-à-dire au fait qu'il n'y a pas, à proprement parler d'initiation. Tout sujet y livre ceci qu'il est toujours et n'est jamais qu'une supposition, néanmoins ce que l'expérience ce que l'expérience nous démontre, c'est que cette supposition est toujours livrée à ce que j'appellerai une ambiguïté. Je veux dire que le sujet comme tel est toujours, non pas seulement double, mais divisé. Il s'agit de rendre compte de ce qui, de cette division, fait le Réel.

    En quoi FREUD, puisqu'il  nous faut y revenir, c'est lui qui a été le grand frayeur de cette appréhension, en quoi FREUD, dont en somme, si j'ai bien lu, je crois d'ailleurs l'avoir bien lu, si j'en crois le dernier Éric FROMM que vous pouvez vous procurer très aisément, si mon souvenirs est bon, chez GALLIMARD, et qui s'intitule de quelque chose qui, au moins sur  le dos du volume s'énonce comme la psychanalyse appréhendée à travers son " père " ( entre guillemets ) c'est-à-dire par FREUD, en quoi donc, si je l'ai bien lu, FREUD, FREUD un bourgeois, et un bourgeois bourré de préjugés, a-t-il atteint quelque chose qui fait la valeur propre de son dire et qui n'est certes pas rien, qui est la visée de dire sur l'homme la vérité.

    (p3->) A quoi j'ai apporté cette correction qui n'a pas été pour moi sans peine, sans difficulté, qu'il n'y a de vérité qu'elle ne puisse que se dire, tout comme le sujet qu'elle comporte, qui ne puisse se dire qu'à moitié, qui ne puisse, pour l'exprimer comme je l'ai énoncé, que se mi-dire ?

    Je pars de ma condition qui est celle d'apporter à l'homme ce que l'écriture énonce comme, non pas une aide à lui, mais une aide contre lui. Et, de cette condition, j'essaie de me repérer. C'est bien pourquoi j'ai été vraiment d'une façon qui, qui vaudrait remarque, j'ai été conduit à cette considération du noeud qui, comme je viens de vous le dire, est à proprement parlé constitué par une géométrie, qu'on peut bien dire, interdite à l'Imaginaire, qui ne s'imagine qu'à travers toutes sortes de ré(s)istances , voire de difficultés. C'est à proprement parler ce que le noeud, en tant qu'il est borroméen, substantifie.

    Si nous partons en effet de l'analyse, nous constatons, c'est autre chose que d'observer, une des choses qui m'ont le plus frappé quand j'étais en Amérique, c'est ma rencontre qui était, certes, pas par hasard, qui était tout à fait intentionnelle de ma part, c'est ma rencontre avec CHOMSKY. J'en ai été, à proprement parler, je dirai, soufflé. Je le lui ai dit. L'idée dont je me suis rendu compte qu'elle était sienne, est en somme celle-ci dont je ne peux pas dire qu'elle soit d'aucune façon réfutable, c'est même l'idée la plus commune, et c'est bien qu'il l'ait devant, à mon oreille, simplement affirmée qui m'a fait sentir toute la distance où j'étais de lui. Cette idée qui est l'idée, en effet, commune est celle-ci, celle-ci qui me paraît précaire : La considération en somme, de quelque chose qui se présente comme un corps, un corps conçu comme pourvu d'organes, ce qui implique dans cette conception que l'organe est un outil (,) outil de prise, outil d'appréhension, et que  il n'y a aucune objection de principe à ce que l'outil s'appréhende lui-même comme tel, que, par exemple, le langage soit considéré par lui comme déterminé  par un fait génétique, il l'a exprimé en ces propres termes, devant moi, en d'autres termes, le langage soit lui  même un organe.

    Il me paraît tout à fait  saisissant, c'est ce que j'ai ex-(p4->)primé par le terme de " soufflé ", il me paraît tout à fait saisissant que de ce langage, on puisse faire retour sur lui même, comme organe . Si le langage n'est pas considéré sous ce biais, qu'il, qu'il est lié à quelque chose qui, qui dans le Réel, fait trou, il n'est pas simplement difficile, il est impossible d'en considérer le maniement.

    La méthode d'observation ne saurait partir du langage sans admettre cette vérité principielle que dans ce qu'on peut situer comme Réel, le langage n'apparaisse comme faisant trou.  C'est de cette notion, fonction, du trou que le langage opère sa prise dans le Réel.

    Il ne m'est, bien entendu, pas aisé de faire peser de tout son poids cette conviction sur vous. Elle m'apparaît inévitable de ce que il n'y a de vérité comme telle possible que d'évider ce Réel. Le langage, qui d'ailleurs mange ce Réel, je veux dire qui me permet d'aborder ce Réel quand ce Réel génétique, pour parler comme CHOMSKY, qu'en terme de signe, ou autrement dit de message, qui parle  (ou : qui part ? )  du gène moléculaire en le réduisant  à ce qui à fait la renommée de KRICK et de WATSON, à savoir cette double hélice d'où sont sensés partir ces divers niveaux qui organisent le corps à travers un certain nombre d'étages qui sont d'abord de la division du développement de la spécialisation cellulaire, puis ensuite de cette spécialisation de partir des hormones qui sont autant d'éléments sur lesquels se véhiculent, pour la direction de la formation organique, autant de sortes de messages. Toute cette subtilisation de ce qu'il en est du réel par tant dits de messages, mais ou ne se marque que le poids porté sur ce qu'il en est de l'efficace du langage, c'est-à-dire sur ceci que le langage n'est pas en lui même un message, mais il ne se sustente que de la fonction de ce que j'ai appelé le trou dans le Réel.

    Il y a pour cela la voie de notre nouveau " mos geometricus " , c'est-à-dire de la substance qui résulte de l'efficace, de l'efficace propre du langage, et qui se supporte de cette fonction de trou, pour l'exprimer en terme de ce fameux noeud borroméen, où je me fie, disons que il repose tout entier sur l'équivalence d'une droite infinie avec un cercle (Fig. V ) .

(p5->)

   

    Le schéma du noeud borroméen est celui-ci (Fig. a-b ). Je veux dire, pour le marquer, ceci tout autant que mon dessin ordinaire, celui qui s'articule ainsi, ceci autant que le dessin ordinaire est à proprement parler un noeud borroméen.

    De ce fait, de ce fait, il est également vrai que ceci en est un (Fig. VI ). Je veux dire qu'à y substituer le couple d'une 

droite supposée infinie avec un cercle, on obtient le même noeud borroméen. Il y a quelque chose qui répond de ce chiffre trois qui est l'orée, si je puis dire, d'une exigence, laquelle est à proprement parler l'exigence propre du noeud. Elle est liée à ce fait que pour rendre compte correctement du noeud borroméen, c'est à partir du trois que spécialement s'origine une exigence.

        Il est possible, avec une manipulation fort  simple de rendre ces trois droites infinies parallèles. (Fig. VIII). Il suffira pour

ça d'assouplir, je dirai, ce qu'il en est du faux cercle déjà plié, le cercle en rouge, dans cette occasion. C'est à partir de trois qu'il

(p6->) nous faut définir ce qu'il en est du point à l'infini de la droite , comme ne prêtant pas, ne prêtant en aucun cas à faire faute à ce que nous pouvons appeler leur concentricité.

Je veux dire que ces trois points à l'infini, mettons-les ici, par exemple, doivent être, sous quelque forme que nous les supposions, que nous pouvons aussi bien inverser ces positions je veux dire faire que, que cette première droite à l'infini si l'on peut dire, soit par rapport aux autres enveloppante, au lieu d'être enveloppée. C'est la caractéristique de ce point à l'infini, que de ne pouvoir être situé, comme on pourrait

s'exprimer, d'aucun côté.

Mais ce qui est exigible à partir du nombre trois, c'est que pour le figurer de cette façon imagée, on doit énoncer, préciser que ces trois droites complétées de leur point à l'infini, il ne s'en trouvera pas une, vous sentez bien que si je les ai mises ici toutes les trois en rouge, c'est qu'il y a des raisons pour lesquelles j'ai

dû les tracer ici d'une couleur différente. Il n'y en aura pas une qui, d'être enveloppée par une autre ne se trouvera enveloppante par rapport à l'autre, car c'est à proprement parler ceci qui constitue la propriété du noeud borroméen.

    Je vous ai maintes fois familiarisé avec ceci, c'est que le noeud borroméen, si l'on peut dire, dans le troisième dimension, consiste dans ce rapport qui fait que ce qui est enveloppé par rapport à l'un de ces cercles se trouve enveloppant par rapport à l'autre. C'est en cela que est exemplaire ceci que vous voyez ordinairement sous la forme de la sphère armillaire, usée, dont on use pour ce qu'il en est des sextants, se présente tou-(p7->)

jours ainsi, à savoir que pour le tracer d'une façon claire, le cercle bleu ira toujours se rabattre de la façon suivante autour du cercle qu'ici j'ai dessiné en vert, et que, enfin, le cercle rouge, selon le rabattement ( . . . ? )

 

      Par contre, la différence entre ce cercle et cette disposition ordinaire dans toute  manipulation de la sphère armillaire se trouvera distancé si, disons, ce cercle qui apparaît moyen se trouve, ce cercle, se trouve substituée la disposition suivante,

à savoir qu'il ne pourra pas être rabattu parce que il sera enveloppant par rapport au cercle rouge, et enveloppé par rapport au cercle vert.
       Je redessine ce qu'il en est : vous voyez qu'ici le cercle vert se trouve ainsi situé par rapport au cercle bleu et au cercle rouge.
       Même mes hésitations sont ici significatives, elles manifestent la maladresse avec laquelle nécessairement ce qu'il en est du noeud borroméen, type même du noeud, est manipulé. Le caractère fondamental de cette utilisation du noeud est de permettre d'illustrer la triplicité qui résulte d'une consistance qui n'est affectée que par l'Imaginaire d'un trou comme fonfamental qui ressortit au Symbolique, et, d'autre part, d'une ex-sistence, 

écrit comme je le fais e-x-tiret- s-i-s-t-e-n-c-e , qui, elle, appartient au  Réel qui en est le caractère fondamental.

    (p8->) Cette méthode, puisqu'il s'agit de méthode, est une méthode qui se présente comme sans espoir, sans espoir d'aucune façon de rompre le noeud constituant du Symbolique, de l'Imaginaire et du Réel. A cet égard, elle se refuse ce qui constitue, il faut le dire, et d'une façon tout à fait lucide, une vertu, une vertu même théologale, et c'est en cela que notre appréhension analytique de ce qu'il en est de ce noeud est le négatif de la religion. On ne croit plus à l'objet comme tel, et c'est en ceci que je nie que l'objet puisse être saisi par aucun organe, puisque l'organe en lui-même est perçu comme un outil, et qu'étant aperçu comme un outil, comme un outil séparé, il est à ce titre, conçu comme un objet.

    Dans le conception de CHOMSKY, l'objet n'est lui-même abordé que par un objet. C'est à la restitution en tant que telle du sujet, en tant que lui-même ne peut être que divisé, divisé par l'opération elle-même du langage, que l'analyse trouve sa diffusion. Elle trouve sa diffusion en ceci qu'elle met en question le science comme telle, science pour autant qu'elle fait d'un objet un sujet, alors que c'est le sujet qui est de lui-même divisé.

    Nous ne croyons pas à l'objet, mais nous constatons le désir et de cette constatation du désir, nous induisons la cause comme objectivée. Le désir de connaître rencontre des obstacles. C'est pour incarner cet obstacle que j'ai inventé le noeud, et que au noeud il faut se rompre. Je veux dire que c'est le noeud, le noeud seul qui est le support, le support concevable d'un rapport entre quoique ce soit et quoique ce soit que le noeud, s'il est abstrait d'un côté, doit être pensé et conçu comme concret.

    Ce dans quoi, puisqu'aujourd'hui, vous le voyez  bien, je suis fort las, fort las de cette épreuve américaine où, comme je vous l'ai dit, j'ai été certainement récompensé, car j'ai pu ces figures que vous voyez ici plus ou moins substantialisées, substantialisées par l'écrit, par le dessin, j'ai pu en faire, ce que j'appellerai agitation, émotion.  Le senti comme mental, le sentimental est débile, parce que toujours par quelque biais réductible à l'Imaginaire. L'imagination de consistance va tout (p9->)  droit à l'impossible de la cassure, mais c'est en cela que la cassure peut toujours être le Réel, le Réel comme impossible, et qui n'en est pas moins compatible avec ladite imagination et la constitue même. Je n'espère pas, d'aucune façon, sortir de la débilité que je signale de ce départ. J'en sors comme quiconque, que dans la mesure de mes moyens, c'est-à-dire comme sur place, sur ne s'assurant d'aucun progrès vérifiable autrement qu'à la longue. C'est de façon fabulatoire que j'affirme que le Réel, tel que je le pense dans mon pen-se, s-e, dans mon pen-se- léger, ne va pas sans comporter réellement, le réel m'entend effectivement, sans comporter réellement le trou qui y subsiste de ce que sa consistance ne soit rien de plus  que celle de l'ensemble du noeud qu'il fait avec le Symbolique et l'Imaginaire. Noeud qualifiable du borroméen, soit intranchable sans dissoudre le mythe qu'il rend du sujet, le sujet comme non supposé, c'est-à-dire comme réel, pas plus divers que chaque corps signalable du parlêtre, corps qui n'a de statut respectable, au sens commun du mot, que de ce noeud.

    Alors, après cette épuisante tentative, puisqu'aujourd'hui je suis fort las, j'attends de vous ce que j'ai reçu, ce que j'ai reçu plus aisément qu'ailleurs en Amérique à savoir que quelqu'un me pose à propos d'aujourd'hui une question quelqu'elle soit, même si elle manifeste  que dans mon discours, mon discours aujourd'hui, discours que je reprendrai la prochaine fois, en abordant ceci que JOYCE se trouve d'une façon privilégiée avoir visé par son art le quart terme, celui que de diverses façon je vous ai là figuré, qu'il s'agisse du rond rouge qui est à l'extrême, à droite, (Fig. II) ou qu'il s'agisse aussi bien du rond noir ici (Fig. II)       ?        ou qu'il s'agisse encore de ceci (Fig. VIII) que vous voyez que c'est d'une façon particulière encore, particulière en ceci que c'est toujours le même cercle plié qui se trouve ici, dans une position spéciale, à savoir deux fois infléchi, c'est-à-dire pris, pris d'une façon qui est correspondante, qui se figure à peu près ainsi : pris quatre fois, si l'on peut dire, avec lui-même, ce qui permet effectivement de s'apercevoir que, de même qu'ici c'est deux fois que chacun de ces cercles coincent la boucle figurée par ce cercle plié, ici, par contre, c'est quatre fois  que ce petit cercle, ou le cercle vert, par exemple (p10->) celui qui est ici, ou le cercle bleu le coincent, puisqu'aussi bien, c'est de coinçage, essentiellement qu'il s'agit.

    C'est donc de JOYCE que ce quatrième terme, ce quatrième terme en tant qu'il complète le noeud de l'Imaginaire, du symbolique et du Réel, que j'avancerai que par son art, et c'est là tout le problème : comment un art peut-il viser de façon expressément divinatoire à substantialiser dans sa consistance, sa consistance comme telle, mais aussi bien son ex-sistence, et aussi bien ce troisième terme qui est le trou, comment par son art, quelqu'un a-t-il pu viser à rendre comme tel, au point de l'approcher d'aussi près qu'il est possible ce quatrième terme, celui à propos de quoi aujourd'hui j'ai voulu simplement vous montrer qu'il est essentiel au noeud borroméen au noeud borroméen en lui-même.

    J'attends donc que s'élève une voix quelle quelle soit. (partie qui paraîtra avec les prochains séminaires)

(p11->)

 

(p12->)

 

 

(p13->) Interventions :

L.- Alors ! Qu'est-ce qui a pu vous paraître discutable dans ce que j'ai avancé aujourd'hui ?

X.- ( . ? . )

L.- Pardon ?

X.- Ce n'est pas une question sur le noeud lui-même, c'est une question plutôt historique . . . Qu'est-ce qui vous a amené à croire au début, que vous trouveriez quelque chose chez CHOMSKY ? . . . Pour moi, c'est quelque chose qui m'aurait jamais venu en tête ( ? ) .

L.- Ben ! C'est bien pour ça que j'ai été soufflé, c'est certain. Mais ça ne veut pas dire que je ne - on a toujours cette sorte de faiblesse, n'est-ce pas - et il y a un reste d'espoir. Je veux dire que CHOMSKY s'occupant de linguistique, je pouvais espérer voir une point d'appréhension de ce que je montre concernant le Symbolique, c'est-à-dire qu'il garde, même quand il est faux quelque chose du trou. Il est impossible par exemple, de de ne pas qualifier ce faux trou l'ensemble constitué par la Symptôme et le Symbolique, mais que d'un autre côté, c'est en tant qu'il est accroché au langage que le Symptôme subsiste au moins, si nous croyons que par une manipulation dite interprétative, c'est-à-dire jouant sur le sens, nous pouvons  modifier quelque chose au symptôme. Cette assimilation chez CHOMSKY de quelque chose qui, à mes yeux, est de l'ordre du symptôme, c'est-à-dire qui confond le symptôme et le Réel, c'est très précisément ce qui m'a soufflé.

X.- . . . une question peut-être oisive sur . . .

L.- Comment ? C'est  pour vous . . . .

X.- . . . une question peut-être oisive sur . . . .

L.- oiseuse ?

X.- Étant américain . . .

L.- Oui ! Vous êtes américain, et . . . je vous remercie. Je constate simplement qu'il n'y a, une fois de plus, n'est-ce pas, qu'un américain pour m'interroger. Enfin, je ne peux pas dire combien j'ai été comblé, si je puis dire, par le fait que, en Amérique, j'ai eu des gens qui avaient, qui me témoignaient par quelque côté que j'avais, enfin, que mon discours n'était pas vain, n'est-ce pas .

X.- . . . Oui, pour moi essayant de comprendre la possibilité de plusieurs discours à Paris (?), il me semble impossible que quelqu'un ait pu concevoir que CHOMSKY, éduqué dans la tradition nouvelle né de la logique mathématique et qu'il a pris chez QUINE et GOODMAN, à Harvard . . .

L.- Mais QUINE n'est pas bête du tout, hein !

X.- . . .

(p14->) L- Est-ce que je peux attendre de quelqu'un de Français quelque chose qui, enfin qui . . .

L.- A propos de l'alternance . . . ?

L.- . . . C'est à propos de l'alternance du corps avec la parole. Parce qu'il y a quelque chose qui m'échappe un petit peu dans votre discours, c'est le fait que vous parliez effectivement pendant une heure trente, et qu'ensuite vous ayez  le désir d'avoir un contact, finalement plus direct avec quelqu'un. Et je me suis demandé d'une façon plus générale, dans votre théorie, vous ne parliez pas strictement du langage, mais sans penser à ces moments ou le corps sert lui aussi d'échange, et effectivement, à ce moment-là, l'organe, c'est pas clair mais . . . l'organe peut servir à appréhender le Réel, d'une façon directe sans le discours. Est-ce qu'il n'y a pas une alternance des deux dans la vie d'un sujet . . . ( murmures dans la salle. . . ) J'ai l'impression . . .

L.- Comment dites-vous ? Une désincarnation ?

X.- Du discours, du corps, c'est ce que je veux dire, est-ce qu'il n'y a pas simplement un jeu, effectivement entre les deux . . . sans le langage, est-ce que ce trou n'existerait pas du fait d'un engagement physique direct avec ce Réel. Et je parle de l'amour et de la jouissance. . . (murmures dans la salle)

L.- C'est bien là, c'est bien là ce dont il s'agit. Il est tout de même très difficile de ne pas considérer le Réel, dans cette occasion comme un, comme un tiers. Et disons que, que ce que je peux solliciter comme réponse appartient à ceci qui est un appel au Réel, non pas comme lié au corps, n'est-ce pas, mais comme différent ; que loin du corps, il y a possibilité de ce que j'appelais la dernière fois résonance, ou consonance ; que c'est au niveau du Réel, par rapport à ces pôles que constituent le corps et, d'autre part le langage, que le Réel est là ce qui fait accord ( à-corps ? ) . . .

X.- Vous disiez tout à l'heure que CHOMSKY faisait du langage un organe et vous parliez d'un effet de soufflage . . .

L.- Je parlais de  . . . ?

X.- D'un effet de soufflage. Ça vous avait soufflé, et je me demandais si ça ne tenait pas au fait que ce dont vous faites un organe c'est la libido. Je pense au mythe de la lamelle, et je me demande si ce n'est pas le biais par lequel peut se poser, ici, précisément la question de l'âme, c'est-à-dire je me demande si ce déplacement de l'un à l'autre, qui m'a été présent à l'esprit lorsque vous en aviez parlé, n'est pas ce par quoi on peut saisir encore qu'il n'y ait de l'âme ( . . . ) parce que ( . . . ) écarter l'idée de , mettre un écart entre langage et organe, ça ne peut se récupérer dans le sens d'un art que si on, je pense, qu'on coupe l'organe ( . . . ) au niveau de la où vous mettez de la libido. C'est pas simple, je veux dire que la libido comme organe c'est pas ( . . .)

L.- La libido, comme son  nom l'indique, ne peut être que participant du trou, tout autant que des autres, que des autres modes sous lesquels se présentent le corps et le Réel d'autre part, n'est-ce pas. Oui . . .

(p15->) X.- Ce qui est curieux, c'est que lorsque vous parlez ( . . .)

L.- C'est évidemment par là que j'essaie de rejoindre la fonction de l'art. C'est en quelque sorte impliqué par ce qui est laissé en blanc comme quatrième terme, n'est-ce pas, et quand je dis que l'art peut même atteindre le symptôme. C'est ce que je vais essayer de substantialiser et c'est à juste titre que vous évoquez le mythe dit  :       lamelle . C'est tout à fait dans la bonne note, et je vous en remercie. C'est dans ce fils que j'espère continuer.

X.- Lorsque vous parlez de la libido, dans ce texte, vous dites qu'elle est remarquable par un trajet d'invagination aller-retour. Or, cette image ( . . . ) me semble fonctionner comme celle de la corde qui est prise dans un phénomène de résonance et qui ondule, c'est-à-dire qui fait un ventre qui s'abaisse et se lève et des noeuds . . . je voudrais savoir si . . .

L.- Non, mais ce n'est pas pour rien que, la métaphore vient de ce qui fait noeud. Ce que j'essaie, c'est de trouver à quoi se réfère cette métaphore, n'est-ce pas, s'il y a dans une corde vibrante des ventres et des noeuds, c'est pour autant que c'est au  noeud qu'on se réfère. Je veux dire que on use du langage d'une façon qui va plus loin que ce qui est effectivement dit. On réduit toujours la portée de la métaphore comme telle, n'est-ce pas, c'est-à-dire qu'on la réduit à une métonymie, n'est-ce pas.

X.-  Pour passer du noeud borroméen à trois, Réel, Symbolique, Imaginaire, à celui à quatre où s'introduit le symptôme, le noeud borroméen à trois, en tant que tel disparaît.

L.- C'est tout à fait exact. Il n'est plus un noeud. Il n'est tenu que par le Symptôme.

X.- Dans cette perspective, disons, les histoires ( de pouvoirs ? ) de cure en matière d'analyse semblent trouver problème, puisque . . . .

L.- Il n'y a aucune réduction radicale du quatrième terme, c'est-à-dire que même l'analyse, puisque FREUD, on ne sait pas par quelle voie, enfin, a pu l'énoncer, il y a une " Urverdrängung  ". Il y a refoulement qui n'est jamais annulé, n'est-ce pas, il est de la nature même du Symbolique de comporter ce trou, n'est-ce pas. Et, c'est de ce trou que je vise quand je, que je reconnais dans l' " Urverdrängung " elle-même.

X.- Vous parlez du noeud borroméen en disant qu'il ne constitue pas un modèle, est-ce que vous pourriez . . .

L.- Il ne constitue pas un modèle sous le mode où il y a quelque chose près de quoi l'imagination défaille. Je veux dire que elle résiste à proprement parler comme telle, à l'imagination du noeud. Son abord mathématique dans la topologie est insuffisant.  J'ai, je veux quand même vous dire, enfin, n'est-ce pas, les expériences de ces vacances. Je me suis obstiné à penser à la façon dont ceci qui constitue un noeud, non pas un noeud entre deux éléments, car comme vous le voyez, il n'y en a qu'un seul. Comment, ce noeud dit noeud à trois, le noeud le plus simple, le noeud que vous pouvez faire, avec n'importe qu'elle corde, la plus simple, c'est le même noeud quoiqu'il n'ait pas le même aspect, je me suis attaché à penser à (p16->)  ceci, dont j'ais fait, disons la trouvaille, à savoir qu'avec ce noeud, tel qu'il est montré là, il est facile de montrer qu'il ex-siste un noeud borroméen.

    Il y suffit de penser que vous pouvez rendre sous-jacent sur une surface qui est cette surface double sans laquelle nous ne saurions écrire, quoique ce soit concernant les noeuds, sur une surface donc sous-jacente, vous mettez le même noeud, il est très facile de réaliser, je veux dire par une écriture, ceci qu'en faisant passer successivement, je veux dire à chaque étape, un troisième noeud à trois, successivement, et c'est facile ça à imaginer ça s'imagine pas tout de suite puisqu'il a fallu que j'en fasse la trouvaille. Faire passer un noeud homologue sous le noeud sou-jacent, et sur, à chaque étape, le noeud que j'appellerai là sur-jacent. Ceci dont, réalise un noeud borroméen.

    Y-a-t-il possibilité avec ce noeud à trois de réaliser un noeud borroméen à quatre ? J'ai passer à peu près deux mois à me casser la tête sur cet objet, c'est bien là le cas de la dire, je n'ai pas réussi à démontrer qu'il ex-siste une façon  de nouer quatre noeuds à trois d'une façon borroméenne.
Eh, bien, ça ne prouve rien. Ça ne prouve pas qu'il n'existe pas.

    Encore hier soir, je n'ai pensé qu'à ça. Si j'avais pu y arriver à vous le démontrer, démontrer qu'il ex-siste, ce qu'il y a de pire c'est que je n'ai pas trouvé la raison démonstrative de ce qu'il n'existe pas. Simplement, j'ai échoué. Car, même cela que je puisse pas montrer que ce noeud à quatre noeuds à trois, en tant que borroméen, ex-siste, que je puisse pas le montrer ne prouve rien. Il faut que je démontre qu'il ne peut ex-sister. En quoi de cet Impossible, un Réel sera assuré, le Réel constitué constitue parce qu'il n'y a pas de noeud borroméen qui se constitue de quatre noeuds à trois. Ça serait là toucher un Réel.

    Pour vous dire ce que j'en pense, toujours avec ma façon de dire que c'est mon pan-se, je crois qu'il ex-siste, je veux dire que ce n'est pas là que nous buterons à un Réel. Je ne désespère pas de le trouver, mais c'est un fait que je ne peux rien, parce que dès que ça serait démontré, ça serait facile de vous le montrer. Il est un fait aussi, c'est que je ne peux rien de tel vous montrer. Le rapport du montré au démontré est là nettement séparé.

X.- Vous avez dit tout à l'heure que, dans la perspective . . .

L.- Comment ?

X.- Dans le perspective de CHOMSKY, le langage

Pourquoi ce mot main ? Est-ce que sous ce mot main, il y a une référence à ( . . . ) qui est toujours de l'ordre d'un rapport à un objet ( qui ? ) n'est pas encore technique au sens cartésien du terme, c'est-à-dire une technique qui ignore le langage, qui ne parle plus d'une technique au sens cartésien du terme, c'est-à-dire qu'une technique qui ignore le langage, qui ne parle plus d'une technique liée au langage ( . . . ) Pour désigner le rapport du sujet au langage est là pour montrer la nécessité d'une autre théorie de la technique que celle qui a lieu, peut-être chez CHOMSKY.

L.- Oui, c'est ce que je prétends enfin, n'est-ce pas, malgré l'existence de poignée de mains, la main dans la poignée - dans l'acte de poigner, ne connaît pas l'autre main.

    Quelqu'un attend pour un cours, je m'excuse.

 

note: bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire, ou si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un émail. Haut de Page 
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vu le 22 août 2005