séminaire
XIX- ...Ou Pire 1971-1972
version
rue CB note
19 janvier 1972
AU TABLEAU (l'art de
produire une nécessité de discours)
(la signification du phallus)
(die Bedeutung des Phallus)
(p39->) “ L’art de produire une nécessité de discours ” , telle est, la dernière fois, la formule que j’ai glissée, plutôt que proposée de ce que c’est que la logique. Je vous ai quittés dans le brouhaha de tout un chacun qui se levait pour vous faire remarquer qu’il ne suffisait pas que Freud ait noté comme caractère de l’Inconscient qu’il néglige, qu’il fait bon marché du principe de contradiction pour que, comme se l’imaginent quelques psychanalystes, la logique n’ait rien à faire dans son élucidation. S’il y a discours, discours qui mérite de s’épingler de la nouvelle institution analytique, il est plus que probable que comme pour tout autre discours, sa logique doive se dégager.
Je rappelle
au passage que le discours, c’est
ce dont le moins qu’on puisse
dire est que le sens reste voilé. A vrai dire, ce qui le constitue est très
précisément
fait de l’absence de ce sens. Aucun discours qui ne doive recevoir son sens
d’un autre et s’il est vrai que l’apparition d’une nouvelle structure de
discours prend sens, ce n’est pas seulement de le recevoir, c’est aussi bien
s’il apparaît que ce discours analytique tel que je vous l’ai situé
l’année dernière représente le dernier glissement sur une structure tétradique, " quadripode " ,
comme je l’ai appelée dans un texte publié
ailleurs, par le dernier glissement de ce qui s’articule au nom de la
signifiance, il devient sensible que quelque chose d’original se produit
de ce cercle qui se ferme.
Produire, au double sens de démontrer ce qui était là avant, c’est bien en cela déjà qu’il n’est point sûr que quelque chose ne se reflète, ne contienne l’amorce de la nécessité dont il s’agit dans le préalable, dans le préalable de l’existence animale. Mais, faute de démonstration, ce qui est à produire doit en effet être tenu pour être avant inexistant, autre sens, sens de produire, celui sur lequel toute une recherche issue de l’élaboration d’un discours déjà constitué, dit le discours du Maître, a déjà avancé sous le terme de " réaliser par un travail ". C’est bien en quoi consiste ce qui se fait de pour autant que je suis moi-même, le logicien en question, le produit de l’émergence de ce nouveau discours, que la production au sens de démonstration peut être devant vous ici annoncée. Ce qui doit être supposé avoir été déjà là, par la nécessité de la démonstration, produit de la supposition de la nécessité de toujours, mais aussi justement témoignait de la pas moindre nécessité du travail de l’actualiser. Mais dans ce moment d’émergence, cette nécessité donne du même coup la preuve qu’elle ne peut être d’abord supposée, qu’au titre de l’inexistant. Qu’est-ce donc la nécessité ? Non ! Ce qu’il faut dire, ce n’est pas " ce donc ", c’est " qu’est " et directement, ce « ce dont » comportant en soit trop d’être. C’est directement " qu’est " la nécessité telle que, du fait même de la produire, elle ne puisse, avant d’être produite, qu’être supposée inexistante, ce qui veut dire posée comme telle dans le discours.
Il y a réponse à cette question, comme à toute question, pour la raison qu’on ne la pose – comme toute question – qu’à avoir déjà la réponse. Vous l’avez donc, même si vous ne le savez pas. Ce qui répond à cette question « Qu’est la nécessité, etc. ? », c’est ce qu’à faire logiquement, même si vous ne le savez pas, dans votre bricolage de tous les jours, ce bricolage qu’un certain nombre ici, d’être avec moi en analyse – il y en a quelques-uns, bien sûr, pas tous ! – viennent me confier sans pouvoir prendre d’ailleurs, avant un certain pas franchi, sentiment de ce qu’à le faire, de venir me voir, ils me supposent être moi-même, ce bricolage à le faire donc, c’est-à-dire tous, même ceux qui ne me le confient pas, ils répondent déjà. Comment ? A le répéter tout simplement, ce bricolage, de façon inlassable. C’est ce qu’on appelle le symptôme à un certain niveau, à un autre l’automatisme, terme peu propre, mais dont l’histoire peut rendre compte. Vous réalisez à chaque instant, pour autant que l’inconscient existe, la démonstration dont se fonde l’inexistence comme préalable du nécessaire. C’est l’inexistence de ce qui est au prin-(p41->)cipe du symptôme, à savoir c’est sa consistance même, au dit symptôme depuis que le terme, d’avoir émergé avec Marx, a pris sa valeur, ce qui est au principe du symptôme, c’est à savoir l’inexistence de la vérité qu’il suppose, quoiqu’il en marque la place. Voilà pour le symptôme en tant qu’il se rattache à la vérité qui n’a plus cours. A ce titre, on peut dire que, comme n’importe qui, qui subsiste dans l’art moderne, aucun de vous n’est étranger à ce mode de la réponse.
Dans
le second cas, le dit automatisme, c’est l’inexistence de la jouissance que
l’automatisme dit de répétition ferait venir au jour de l’insistance de ce
piétinement à la portée qui se désigne comme sortie vers l’existence.
Seulement au-delà, ce n’est pas tout à fait ce qu’on appelle une existence
qui vous attend, c’est la jouissance telle qu’elle opère comme nécessité
de discours et elle n’opère, vous le voyez, que comme inexistante. Seulement
voilà, à vous rappeler ces ritournelles, ces rengaines, ce que je fais, bien,
sûr, dans le dessein de vous rassurer, de vous donner le sentiment que je ne
ferai là qu’apporter des speeches sur ce dans quoi..., au nom de ceci qu'i1 y
aurait une certaine substance de jouissance, la vérité en l’occasion, telle
qu’elle serait prônée dans Freud, il n’en reste pas moins qu’à vous en
tenir là, ce n’est pas à l’os de la structure que vous pouvez vous référer.
« Qu’est la nécessité... », ai-je dit, " ... qui s’instaure d’une
supposition d’inexistence ? ". Dans cette question, ce n’est pas ce qui
est inexistant qui compte, c’est justement la supposition d’inexistence,
laquelle n’est que conséquence de la production de la nécessité.
L’inexistence ne fait question que d’avoir déjà réponse, double
certes, de la jouissance et de la vérité, mais elle inexiste déjà. Ce n’est pas
par la jouissance, ni par la verité que l’inexistence prend statut, qu’elle
peut inexister, c’est-à-dire venir au symbole qui la désigne comme
inexistence, non pas au sens de ne pas avoir d’existence, mais de n’être
existence que du symbole qui la ferait inexistante et qui, lui existe : c’est
un nombre, comme vous le savez, généralement désigné par zéro. Ce qui
montre bien que l’inexistence n’est pas ce qu’on pourrait croire : le
néant.
Car qu’en pourrait-il sortir, hors la croyance, la croyance en soi ? Il
n’y en a pas 36, de croyances ! Dieu a fait le monde du néant, pas étonnant
que ce soit un dogme : c’est la croyance en elle-même. C’est ce rejet de la
logique qui s’exprime – il y a un de mes élèves qui a, un jour, trouvé ça
tout seul –, qui s’exprime, selon la formule qu’il en a donné – je
l’en remercie – : " Sûrement pas, mais tout de même ". Ca ne peut
aucunement nous suffire. L’inexistence n’est pas le néant. Comme je viens
de vous le dire, c’est un nombre qui fait partie de la série des nombres
entiers. Pas de théorie des nombres entiers, si vous ne rendez pas compte de
ce qu’il en est du zéro. Et ce dont on s’est aperçu dans un effort dont ce
n’est pas par hasard s’il est précisément contemporain, un peu antérieur
certes de la recherche de Freud, c’est celui qu’a inauguré, à interroger
logiquement ce qu’il en est du statut du nombre, un nommé Frège, né 8 ans
avant lui et mort quelques 14 ans avant.
Ceci
est grandement destiné dans notre interrogation de ce qu’il en est de la nécessité
logique du discours de l’analyse, c’est très précisément ce que je
pointais de ce qui risquait de vous échapper de la référence dont à
l’instant je l’illustrais comme application, autrement dit usage
fonctionnel, de l’inexistence, c’est-à-dire qu’elle ne se produise que
dans l’après-coup dont surgit d’abord la nécessité, à savoir d’un
discours où (p42->) elle
se manifeste avant que le logicien – je vous l’ai dit – y advienne lui-même comme conséquence
seconde, c’est-à-dire du même temps que l’inexistence elle-même. C’est
sa fin que de se réduire où elle se manifeste d’avant lui. Cette nécessité
– je le répète, la démontrant, cette fois, du même temps que je l’énonce
–, cette nécessité, c’est la nécessité elle- même, en elle-même, par
elle-même, pour elle-même, c’est-à-dire ce par quoi la
vie se démontre elle-même
n’être que nécessité de discours puisqu’elle ne trouve pas pour résister
à la mort, c’est-à-dire à son lot de jouissance, rien d’autre qu’un
truc, à savoir le recours à cette même chose que produit une opaque
programmation qui est bien autre chose – je l’ai souligné – que la
puissance de la vie, l’amour ou autre baliverne, qui est
cette programmation radicale qui ne commence pour nous un peu à se désenténébrer qu’à ce que
font les biologistes au niveau de la bactérie et dont c’est la conséquence,
précisément, que la reproduction de la vie.
" La Signification du phallus " : dans mes Écrits quelque part, j’ai pris soin de loger cette énonciation que j’avais faite très précisément à Munich quelque part avant 1960, il y a une paye... J’ai écrit dessous : " Die Bedeutung des Pallus ". C’est pas pour le plaisir de vous faire croire (p43->) que je sais l’allemand, encore que ce soit en allemand, puisque j’étais à Munich, que j’ai cru devoir articuler ce dont j’ai donné la le texte retraduit. Il m’avait semblé opportun d’introduire sous !e terme de " Bedeutung " ce qu’en français, vu le degré de culture où nous étions à l’époque parvenus, je ne pouvais décemment traduire que par « la signification ». « Die Bedeutung des Phallus », c’était déjà, mais les Allemands eux-mêmes, étant donné qu’ils étaient analystes – j’en marque la distance par une petite note qui est au début de ce texte reproduite –, les Allemands n’avaient, bien entendu – je parle des analystes, on était au sortir de la guerre et on ne peut pas dire que l’analyse avait fait pendant beaucoup de progrès – les Allemands n’y ont entravé que pouic. Tout ça leur a semblé, comme je le souligne du dernier terme de cette note, à proprement parler « inouï ». C’est curieux d’ailleurs que les choses ont changé au point que ce que je raconte aujourd’hui est peut-être devenu pour un certain nombre d’entre vous, déjà, à juste titre, monnaie courante.
«
Die Bedeutung » pourtant, était bien référé à l’usage, à l’usage que
Frege fait de ce mot pour l’opposer au terme de " Sinn ", lequel répond
très exactement à ce que j’ai cru devoir vous rappeler au niveau de mon énoncé
d’aujourd’hui, à savoir le sens, le sens d’une proposition. On pourrait
exprimer autrement – et vous verrez que ce n’est pas incompatible – ce
qu’il en est de la nécessité qui conduit à cet art de la produire comme nécessité
du discours. On pourrait l’exprimer autrement : que faut-il pour qu’une
parole DÉNOTE quelque chose ? Tel est le sens – faites attention, les menus
échanges commencent ! – tel est le sens que Frege donne à " Bedeutung
" : la dénotation.
Il
vous apparaîtra c!air, si vous voulez bien ouvrir ce livre qui s’appelle Les
Fondements de l’arithmétique et qu’une certaine Claude Imbert qui
autrefois, si mon souvenir est bon, fréquenta mon séminaire, a traduit, ce qui
le laisse pour vous à la portée de votre main entièrement accessible, il vous
apparaîtra clair, comme c’était prévisible, que pour qu’il y ait à coup
sûr dénotation, ce ne soit pas mal de s’adresser d’abord, timidement, au
champ de l’arithmétique tel qu’il est défini par les nombres entiers. Il y
a un nommé Kronecker qui n’a pas pu s’empêcher, tellement est grand le
besoin de la croyance, de dire que les nombres entiers c’est Dieu qui les
avait créés. Moyennant quoi, ajoute-t-il, l’homme a à faire tout le reste
et, comme c’était un mathématicien, le reste, c’était pour lui tout ce
qu’il en est du reste du nombre. C’est justement pour autant que rien
n’est sûr qu’il soit de cette espèce, à savoir qu’un effort logique
peut au moins tenter de rendre compte des nombres entiers, que j’amène dans
le champ de votre considération le travail de Frege.
Néanmoins,
je voudrais m’arrêter un instant – ne serait-ce que pour vous inciter à le
relire – sur ceci que cette énonciation que j’ai produite sous l’angle de
« la signification du phallus », dont vous verrez, qu’au point où j’en
suis – enfin ça, c’est un petit mérite dont je me targue – il n’y a
rien à reprendre, bien qu’à cette époque personne vraiment n’y entendit
rien. J’ai pu le constater sur place. Qu’est-ce que veut dire " la
signification du pha11us " ? Ceci mérite qu’on s’y arrête, car après
tout une liaison ainsi déterminative, il faut toujours se demander si c’est
un (p44->)
génitif dit objectif ou subjectif, tel que j’en illustre la différence par
le rapprochement des deux sens, ici le sens marqué par deux petites flèches
:
" Un désir d’enfant ", c’est un enfant qui désire : subjectif.
Vous pouvez vous exercer, c’est toujours très utile. La loi du talion que
j’écris au-dessous sans y ajouter de commentaires, ça peut avoir deux sens :
la loi qu’est le talion, je l’instaure comme loi ; ou ce que le talion
articule comme loi, c’est-à-dire « oeil pour oeil, dent pour dent », ça
n’est pas la même chose.
Ce
que je voudrais vous faire remarquer, c’est que " la signification du phallus
"
– et ce que je développerai sera fait pour vous le faire découvrir – au
sens que je viens de préciser du mot sens, c’est-à-dire la petite flèche,
c’est neutre. « La signification du phallus », ça a ceci d’astucieux que
ce que le phallus dénote, c’est le pouvoir de signification.
Ça
n’est donc pas, ce ,
une fonction du type ordinaire, c’est ce qui fait qu’à condition de se
servir, pour l’y placer comme argument, de quelque chose qui n’a besoin
d’avoir d’abord aucun sens, à cette seule condition de l’articuler d’un
prosdiorisme, " il existe " ou bien " tout " à cette condition,
selon seulement le prosdiorisme, produit lui-même de la recherche de la nécessité
logique et rien d’autre, ce qui s’épinglera de ce prosdiorisme prendra
signification d’homme ou de femme selon le prosdioriszne choisi, c’est-à-dire
soit l’ « Il existe », soit l’ " Il n’existe pas ", soit le
" Tout ", soit le « Pas-tout ».
Néanmoins
il est clair que nous ne pouvons pas ne pas tenir compte de ce qui s’est
produit d’une nécessité logique à l’affronter aux nombres entiers, pour
la raison qui est celle dont je suis parti, que cette nécessité d’après-coup
implique la supposition de ce qui inexiste comme tel. Or il est remarquable que
ce soit à interroger le nombre entier, à en avoir tenté la genèse logique,
que Frege n’ait été conduit a rien d’autre qu’a fonder le nombre 1 sur
le concept de l’inexistence.
Il
faut dire que, pour avoir été conduit là, il faut bien croire que ce qui
jusque-là courait sur ce qui le fonde, le 1, ne lui donnait pas satisfaction
de logicien. Il est certain que pendant un bout de temps, on s’est contenté de
peu. On croyait que ce n’était pas difficile : il y en a plusieurs, il y en a
beaucoup, ben, on les compte. Ca pose, bien sûr, pour l’avènement du nombre
entier d’insolubles problèmes. Car s’il ne s’agit que de ce qu’il est
convenu de faire, d’un signe pour les compter – ça existe, on vient de
m’apporter comme ça un petit bouquin pour me montrer comment..., un poème
arabe là-dessus, un poème qui indique comme ça, en vers, tout ce qu’il
faut faire avec le petit doigt, puis avec l’index, puis avec l’annulaire et
quelques autres pour faire passer le signe du nombre – mais justement
puisqu’il faut faire signe, c’est que le nombre doit avoir une autre espèce
d’existence que simplement de désigner, fût-ce à chaque fois avec un
aboiement, chacune des personnes ici présentes. Pour qu’elles aient valeur de 1 ,
il faut, comme on l’a remarqué depuis toujours, qu’on les dépouille
de toutes leurs qualités sans exception, alors qu’est-ce qui reste ? Bien
sur, il y a eu quelques philosophes dits empiristes pour (p45->)
articuler ça en se servant de menus objets comme des petites boules, un
chapelet, bien sûr, c’est ce qu’il y a de meilleur.
Mais ça
ne résout pas du tout la question de l’émergence
comme telle du 1.
C’est ce qu’avait bien vu un nommé Leibniz qui a cru devoir partir, comme
il s’imposait, de l’identité, à savoir de poser d’abord : 2 = I + l, 3 =
2 + I, 4 = 3 + 1 , et de croire avoir résolu le problème en montrant qu’à réduire
chacune de ces définitions à la précédente, on pouvait démontrer que 2 et 2
font 4. Il y a malheureusement un petit obstacle dont les logiciens du XIX siècle
se sont rapidement aperçus, c’est que sa démonstration n’est valable qu’à
condition de négliger la parenthèse tout à fait nécessaire à mettre sur 2 =
1 + l, à savoir la parenthèse enserrant le (l + l), et qu’il est nécessaire
– ce qu’il néglige –, qu’il est nécessaire de poser l’axiome que (a
+ b) entre parenthèse + c = a + , ouvrez la parenthèse, b + c, fermez la
parenthèse : ((a
+ b) + c = a + (b + c)] (des
crochets encadrent cette formule, et non des parenthèses !)
Il
est certain que cette négligence de la part d’un logicien aussi vraiment
logicien qu’était Leibniz mérite sûrement d'être expliquée et que, par quelque
côté, quelque chose la justifie. Quoi qu’il en soit, qu’elle soit omise
suffit du point de vue du logicien à faire rejeter la genèse leibnizienne,
outre qu’elle néglige tout fondement de ce qu’il en est du zéro.
Je
ne fais ici que vous indiquer à partir de quelle notion du concept, du concept
supposé dénoter quelque chose – il faut les choisir pour que ça colle, mais
après tout, on ne peut pas faire que les concepts, ceux qu’ils choisissent,
satellites de Mars, voire de Jupiter, n’aient pas cette portée de dénotation
suffisante pour qu’on ne puisse dire qu’un nombre soit à chacun d’eux
associés.
Néanmoins
la subsistance du nombre ne peut s’assurer qu’à partir de l’équinuméricité
des objets que subsume un concept. L’ordre des nombres ne peut dès lors être
donné que par cette astuce qui consiste à procéder, exactement en sens
contraire de ce qu’a fait Leibniz. A retirer 1 de chaque nombre, de dire que
le prédécesseur, c’est celui – le concept de nombre, issu du concept –
le nombre prédécesseur, c’est celui qui, mis a part tel objet qui servait
d’appui dans le concept d’un certain nombre, c’est le concept qui, mis à
part cet objet se trouve identique à un nombre qui est très précisément
caractérisé de ne pas être identique au précédent, disons à 1 près.
C’est
ainsi que Frege régresse jusqu’à la conception du concept en tant que vide,
qu’il ne comporte aucun objet, qu’il est celui, non du néant puisqu’il
est concept, mais de l’inexistence et que c’est justement à considérer ce
qu’il croit être le néant, à savoir le concept dont le nombre serait égal
à 0, qu’il croit pouvoir définir de la formulation d’argument : " X
différent de X " (X X),
c’est-à-dire différent de lui-même, ce qui est une dénotation assurément
extrêmement problématique. Car qu’atteignons-nous, s’il est vrai que le
Symbolique soit ce que j’en dis, à savoir tout entier dans la parole, qu’il
n’y ait pas de métalangage, d’où peut on désigner dans le langage un
objet dont il soit assuré qu’il ne soit pas différent de lui-même ? Néanmoins,
c’est sur cette hypothèse que Frege constitue la notion que le concept "
égal à 0 " donne un nombre différent, (p46->)
selon la formule qu’il a donnée d’abord pour celle qui est du nombre prédécesseur
– donne un nombre différent de ce qu’il en est du 0 défini, tenu, et bel
et bien, pour le néant, c’est-à-dire de celui auquel convient non pas l’égalité
à zéro, mais le nombre 0.
Dès
lors, c’est en référence avec ceci que le concept auquel convient le nombre
0 repose sur ceci qu’il s’agit de l’identique à zéro, mais non identique
à zéro, que celui qui est tout simplement identique à 0 est tenu pour son
successeur, et comme tel égalé à 1. La chose se fonde sur ceci qui est le départ
dit de l’équinuméricité, il est clair que l’équinuméricité du concept
sous lequel ne tombe aucun objet au titre de l’inexistence est toujours « égal
à lui-même ». Entre 0 et 0, pas de différence. C’est le
pas de différence
dont, par ce biais, Frege entend fonder le l, et ceci de toute façon. Cette conquête
est du reste précieuse pour autant qu’elle nous donne le
1 pour être
essentiellement – entendez bien ce que je dis – le
signifiant de l’inexistence.
Néanmoins,
est-il sûr que le 1 puisse s’en fonder ? Assurément la discussion pourrait
se poursuivre par les voies purement frégiennes.
Néanmoins
pour votre éclaircissement, j’ai cru devoir reproduire ce qui peut être dit
n’avoir pas de rapport avec le nombre entier, à savoir le triangle arithmétique.
Le triangle arithmétique s’organise de la façon suivante : il part, comme
donnée, de la suite des nombres entiers. Chaque terme à s’inscrire est
constitué sans autre commentaire – il s’agit de ce qui est au-dessous de la
barre,
par
l’addition – vous remarquerez que je n’ai parlé encore jamais d’addition,
non plus que Frege –, par l’addition des deux chiffres, celui qui est immédiatement
à sa gauche et celui qui est à sa gauche et au-dessus. Vous vérifierez aisément
qu’il s’agit ici de quelque chose qui nous donne par exemple, quand nous
avons un nombre entier de points que nous appellerons monades, qui nous donne
automatiquement ce qu’il en est, étant donné un nombre de ces points, du
nombre de sous-ensembles qui peuvent, dans l’ensemble qui comprend tous ces
points, se former d’un nombre quelconque choisi comme étant au-dessous du
nombre entier dont il s’agit.
C’est
ainsi par exemple que, si vous prenez ici la ligne qui est celle de la dyade,
0
- 1 - 3 - 6 - 10 - 15 ........
à rencontrer une dyade, vous obtenez immédiatement qu’il y aura dans la dyade deux monades. Une dyade, c’est pas difficile à imaginer, c’est un trait avec deux termes, un commencement et une fin.
(p47->) Et que si vous interrogez ce qu’il
en est – prenons quelque chose de plus amusant – de la tétrade, vous obtenez
une tétrade
0 - 1- 5 - 15 .........
vous obtenez quelque chose qui est 4 possibilités de triades, autrement dit
pour vous l’imaginer, 4 faces du tétraèdre
0 - l - 4 - 10 - 20 ......,.........
vous obtenez ensuite 6 dyades, c’est-à-dire les 6 côtés du tétraèdre,
0 - 1 - 3 - 6 - 10 - 20 ............
et vous obtenez les 4 sommets d’une monade :
0 - 1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6 ...........
Ceci
pour donner support à ce qui n’a à s’exprimer qu’en termes de
sous-ensembles. Il est clair que vous voyez qu’à mesure que le nombre
entier augmente, le nombre des sous-ensembles qui peuvent se produire en son
sein dépasse
de beaucoup et très vite le nombre entier lui-même. Ceci n’est pas ce qui
nous intéresse, mais simplement qu’il ait fallu, pour que je puisse rendre
compte du même procédé que la série des nombres entiers, que je parte de ce
qui est très précisément à l’origine de ce qu’a fait Frege, Frege qui en
vient à désigner ceci que le nombre, le nombre des objets qui conviennent à
un concept en tant que concept du nombre, du nombre N nommément, sera de par
lui-même
ce qui constitue le nombre successeur. Autrement dit, si vous compter à partir
de 0 : 0, l, 2. 3, 4, 5, 6, ça fera toujours ce qui est là, à savoir 7,
7 quoi ? 7 de ce quelque chose que j’ai appelé inexistant, d’être le fondement
de la répétition.
Encore
faut-il, pour que soit satisfait aux règles de notre triangle, que ce 1 qui se
répète ici surgisse de quelque part et, puisque partout nous avons encadré de
0 ce triangle,
0 - 1 - 1 - 1 - 1 - 1 ...............
il y a donc ici un point, un point à situer au niveau de la lime des 0, un
point qui est un et qui articule quoi ? Ce qu’il importe de distinguer dans la
genèse du 1, à savoir la distinction précisément du pas de différence entre
tous ces 0, à partir de la genèse
0 - 1 - 0 - 0 - 0 - 0 ..............
de ce qui se répète, mais se répète comme inexistant.
Frege ne rend donc pas compte de la suite des nombres entiers, mais de la possibilité de la répétition. La répétition se pose d’abord comme répétition du 1, en tant que 1 de l’inexistence. Est-ce qu’il n’y a pas – je ne peux ici qu’en avancer la question – quelque chose qui suggère qu’à ce fait qu’il n’y ait pas un seul 1, mais l’1 qui se répète et l’Un qui se pose dans la suite des nombres entiers, dans cette béance nous avons à trouver quelque chose qui est de l’ordre de ce que nous avons interrogé en posant, comme corrélat nécessaire de la question de la nécessité logique, le fondement de l’inexistence.
note :
bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire, ou
si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par avance
de m'adresser un email. Haut
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