J.LACAN gaogoa
séminaire
XIX-
...Ou Pire 1971-1972
version
rue
CB note
15 décembre 1971
(p17->)
On
m’a donné ce matin, on m’a apporté ce matin, on m’a fait cadeau ce matin
de ça, d’un petit stylo. Si vous saviez ce que c’est facile pour moi
de trouver un stylo qui me plaise, eh bien, vous sentiriez combien ça
m’a fait plaisir et la personne qui me l’a apporté, qui est peut-être là,
je la remercie. C’est une personne... qui m’admire, comme on dit ! Moi, je
m’en fous, qu’on m’admire. Ce que j’aime, c’est qu’on me traite bien
! Seulement, même parmi celles-là, ça arrive
rarement. Bon ! Quoi qu’il en soit, je m'en suis
tout de suite servi pour écrire et c’est de là que partent mes réflexions.
C’est
un fait que – au moins pour moi – c’est quand j’écris que je trouve
quelque chose. Ca ne veut pas dire que si j’écrivais
pas, je ne trouverais rien. Mais enfin je m’en apercevrais peut-être pas. En
fin de compte, l’idée que je me fais de cette fonction de l’écrit qui, grâce
à quelques petits malins, est à l’ordre du jour et sur quoi enfin je n’ai
peut-être pas trop voulu prendre parti –
mais on me force la main, pourquoi pas ? – l’idée que je m’en fais, en
somme – et c’est ça qui peut-être dans certains cas a prêté à confusion
– je vais le dire comme ça, tout cru, tout
massif, parce que, aujourd’hui justement, je me suis dit que l’écrit, ça
peut être très utile pour que je trouve quelque chose, mais écrire quelque
chose pour m’épargner ici, disons, la fatigue
ou le risque ou bien d’autres choses encore que je veuille vous parler, ça ne
donne pas finalement de très bons résultats. Il vaut mieux que je n’aie rien
à vous lire. D’ailleurs, ce n’est pas la même sorte d’écrit qui est
l’écrit où je fais quelques trouvailles de temps en temps ou l’écrit où
je peux préparer ce que j’ai à dire ici. Puis alors il y a aussi l’écrit
pour l’impression, qui est encore tout à fait autre chose, qui n’a aucun
rapport, ou plus exactement dont il serait fâcheux
de croire que ce que je peux avoir écrit une fois pour vous parler, ça
constitue un écrit tout à fait recevable et que je recueillerais. Donc, je me
risque à dire quelque chose, comme ça, qui saute le pas. L’idée que je me
fais de l’écrit, pour le situer, pour partir de là, on pourrait discuter après,
bon enfin, disons-le, deux points : c’est le retour du refoulé.
Je
veux dire que c’est sous cette forme – et c’est ça qui peut-être a pu prêter
à confusion dans certains de mes écrits précisément – c’est que si
j’ai pu parfois paraître prêter à ce qu’on croie que j’identifie le
signifiant et la lettre, c’est justement parce que c’est en tant que lettre
qu’il me touche le plus, moi, comme analyste, c’est en tant que lettre que
le plus souvent je le vois revenir, le signifiant,
le signifiant refoulé précisément. Alors,
que je l’image dans " l'Instance de la Lettre ",
enfin, avec une lettre, ce signifiant – et d’ailleurs, je dois dire
que c’est d’autant plus légitime que tout le monde fait comme ,
la première fois qu’on entre à proprement parler dans la logique, il
s’agit d’Aristote et des Analytiques, ben, on se sert de la lettre aussi,
pas tout à fait de la même façon que celle dont la lettre revient à la place
du signifiant qui fait retour. Elle vient là pour marquer une place, la place
d’un signifiant qui, lui, est un signifiant qui traîne, qui peut tout au
moins traîner partout. Mais on voit que la lettre, elle est faite en quelque
sorte pour ça et on (p18->)
Je
ne sais pas si vous vous rendez bien compte, mais enfin j’espère que vous y
penserez, parce que ça suppose quand même quelque chose qui n’est pas dit
dans ce que j’avance. Il faut qu’il y ait
une espèce de transmutation qui s’opère du signifiant à la lettre, quand le
signifiant n’est pas là, est à la dérive, n’est-ce pas, a foutu le camp,
dont il faudrait se demander comment ça peut se
produire. Mais ce n’est pas là que j’ai l’intention de m’engager
aujourd’hui, j’irai peut-être un autre jour.
Tout
de même on ne peut pas faire que, sur le sujet de cette lettre, on n’ait
affaire, dans un champ qui s’appelle mathématique, à un endroit où on ne
peut pas écrire n’importe quoi. Bien sûr, ce n’est pas... je ne vais pas
non plus m’engager là-dedans. Je vous fais simplement remarquer
que c’est en ça que ce domaine se distingue et
que c’est même probablement ça qui constitue ce en quoi je n’ai pas
encore fait allusion ici, c’est-à-dire ici, au séminaire,
mais enfin que j’ai amené dans quelques propos où sans doute certains de
ceux qui sont ici ont assisté, à savoir à Sainte-Anne, quand je posais la
question de ce qu’on pourrait appeler un mathème, en posant déjà que
c’est le point pivot de tout enseignement, autrement dit qu’il n’y a
d’enseignement que mathématique, le reste est plaisanterie.
Ca
tient bien sûr à un autre statut de l’écrit que celui que j’ai donné
d’abord. Et la jonction enfin, en cours de cette
année de ce que j’ai à vous dire, c’est ce que j’essaierai de faire.
En
attendant, ma difficulté, celle en somme où malgré tout je tiens – je sais
pas si ça vient de moi ou si c’est pas plutôt par votre concours – ma difficulté
c’est que mon mathème à moi, vu le champ du discours que j’ai à établir,
il confine toujours à la connerie. Ca va de soi
avec ce que je vous ai dit puisqu’en somme, ce dont il s’agit, c’est que
le rapport sexuel, il y en a pas – il faudrait l’écrire : H-I-H-A-N et appât
avec deux p, un accent circonflexe et un t à la fin H-I-H-A-N A-P-P-A-T. Il ne
faut pas confondre naturellement : H I H A N A P P A T, des relations sexuelles,
il n’y a que ça, mais des rencontres sexuelles, c’est toujours raté, même
et surtout quand c’est un acte. Bon, enfin, passons...
C’est ça qui m’a tout de même attiré une remarque
comme ça ; j’aimerais, pendant qu’il en est encore temps, que, parce
qu’on aura à le voir, on aura tout au moins à voir des choses autour...
c’est une très bonne introduction, c’est quelque chose d’essentiel,
c’est la Métaphysique d’Aristote. Je voudrais vraiment que vous l’ayez
lu... pour faire enfin que quand j’y viendrai, je sais pas, au début du mois
de mars, pour y voir le rapport avec notre affaire à nous, il faudrait que vous
ayez bien lu ça. Naturellement c’est pas de ça
que je vous parlerai. C’est pas que je n’admire pas la connerie, je dirai
plus : je me prosterne. Vous, vous ne vous prosternez pas, vous êtes des électeurs
conscients et organisés, vous ne votez pas pour
des cons, c’est ce qui vous perd. Un heureux système politique devrait
permettre à la connerie d’avoir sa place et d’ailleurs les choses ne vont
bien que quand c’est la connerie qui domine. Ceci dit, ce n’est pas une
raison pour se prosterner. Donc, le texte que je
prendrai, (19->)c’est
quelque chose qui est un exploit, et un exploit comme il y en a beaucoup qui
sont, si je puis dire, inexploités, c’est 1e Parménide de Platon, qui
nous rendra service.
Mais
pour bien le comprendre, pour comprendre le relief qu’il y a à ce texte pas
con, il faut avoir lu la Métaphysique d’Aristote. Et j’espère – j’espère
parce que, quand je conseille qu’on lise la « Critique de la raison
pratique » comme un roman, c’est quelque chose de plein d’humour, je
ne sais pas si personne a jamais suivi ce conseil
et a réussi à le lire comme moi ; on m’en a pas fait part, c’est
quelque part dans le " Kant avec Sade " dont je sais jamais si personne
l’a lu – alors je vais faire pareil, je vais vous dire : lisez la métaphysique
d’Aristote, et j’espère que, comme moi, vous sentirez que c’est
vachement con. Enfin, je ne voudrais pas m’étendre longtemps là-dessus,
c’est comme ça des petites remarques latérales, bien sûr, qui me viennent,
ça ne peut que frapper tout le monde quand on le lit, quand on lit le texte,
bien sur.
Il
s’agit pas de la Métaphysique d’Aristote, comme ça,
dans son essence, dans le signifié, dans tout ce qu’on vous
a expliqué
à partir de ce magnifique texte, c’est-à-dire tout ce qui a fait la métaphysique
pour cette partie du monde où nous sommes, car tout est sorti de là, c’est
absolument fabuleux. On parle de la fin de la métaphysique, au nom de quoi ?
Tant qu’il y aura ce bouquin, on pourra toujours en faire ! Ce bouquin,
c’est un bouquin, c’est très différent de la métaphysique, c’est un
bouquin " écrit " dont je parlais tout à l’heure.
On lui a donné un
sens qu’on appelle la métaphysique, mais il faut quand même
distinguer le sens et le bouquin. Naturellement une fois qu’on lui a donné tout
ce sens, c’est pas facile de retrouver le bouquin. Si vous
le retrouvez vraiment, vous verrez ce que tout de même des gens qui ont une discipline,
et qui existe, et qui s’appelle la méthode historique, critique, exégétique,
tout ce que vous voudrez, qui sont capables de lire le texte évidemment avec
une certaine façon de se barrer du sens, et quand on regarde le texte, eh bien,
évidemment il vous vient des doutes. Je dirai que, comme bien entendu, parce
que... cet obstacle de tout ce qu’on en a compris, ça ne peut exister qu’au niveau
universitaire et que l’université n’existe
pas depuis toujours, enfin dans l’Antiquité, trois ou quatre siècles après
Aristote, on a commencé à émettre les doutes naturellement les plus sérieux
sur ce texte, parce qu’on savait encore lire, on a émis des doutes, on a dit
de ça que c’est des séries de notes ou bien que c’est un élève qui a fait
ça, qui a rassemblé des trucs. Je dois dire que
je ne suis pas convaincu du tout, c’est peut-être parce que je viens de lire
un bouquin d’un nommé Michelet – pas le nôtre, pas notre poète ; quand je
dis notre poète, je veux dire par là que je le place très haut, le nôtre
–, c’est un type comme ça qui était à l’Université de Berlin, qui
s’appelait Michelet lui aussi, qui a fait un livre sur la Métaphysique d’Aristote,
précisément là-dessus. Parce que la méthode
historique qui florissait alors l’avait un peu taquiné avec les doutes émis.
non sans fondement puisqu’ils remontent à la plus haute Antiquité. Je dois
dire que Michelet n’est pas de cet avis et moi non plus.
Parce
que vraiment, comment dirais-je, la connerie fait preuve pour ce qui est de
l’authenticité. Ca qui domine, c’est l”authenticité, si je puis dire, de
la connerie. Peut-être que ce terme « authentique » qui
est tou-(p20->)jours
un petit peu compliqué chez nous, comme ça,
avec des résonances étymologiques grecques, il y a des langues où il est mieux
représenté, c’est " echt ", je sais pas comment avec ça
on fait un nom, ça doit être l’Echtigkeit ou
quelque chose comme ça, qu’importe. Il y a
tout de même rien d’authentique que la connerie. Alors cette authenticité,
c’est peut-être pas l’authenticité d’Aristote,
mais la Métaphysique – je parle du texte – c’est authentique, ça
ne peut pas être fait de pièces ou de morceaux, c’est toujours à la hauteur
de ce qu’il faut bien maintenant que j’appelle, que je justifie de
l’appeler la connerie, la connerie, c’est ça,
c’est ce dans quoi entre quand on pose Ies questions à un certain niveau qui
est, celui-là précisément, déterminé par le fait du langage, quand ça
approche de sa fonction essentielle qui est de remplir tout ce que laisse de
béant
qu’il ne puisse y avoir de rapport sexuel, ce qui veut dire qu’aucun écrit
ne puisse en rendre compte en quelque sorte d’une façon satisfaisante, qui
soit écrit en tant que produit du langage. Parce que, bien entendu, depuis que
nous avons vu les gamètes, nous pouvons écrire au tableau : " homme = porteur
de spermatozoïdes ", ce qui serait une définition
un peu drô1e parce qu’il n’y a pas que lui qui en porte, il y a des tas d’animaux
; de ces spermatozoïdes-là, des spermatozoïdes d’hommes, alors, commençons à parler
de biologie ! Pourquoi les spermatozoïdes
d’hommes sont-ils justement ceux que porte l’homme, parce que, comme c’est
des spermatozoïdes d’homme qui font l’homme, nous sommes dans un cercle qui
tourne là ! Mais qu’importe, on peut écrire ça.
Seulement ça n’a aucun rapport avec quoi que ce soit qui puisse s’écrire, si
je puis dire, de sensé, c’est-à-dire qui ait un rapport au Réel. Ce n’est pas
parce que c’est biologique que c’est plus réel : c’est le fruit
de la science qui s’appelle biologie. La Réel, c’est autre chose : le Réel,
c’est ce qui commande toute la fonction de la signifiance. Le Réel, c’est
ce que vous rencontrez justement de ne pouvoir, en mathématique, pas
écrire n’importe quoi. Le Réel, c’est ce qui intéresse ceci que, dans ce
qui est notre fonction la plus commune : vous baignez dans la signifiance,
eh bien, vous ne pouvez les attraper tous en même temps, les signifiants, hein
! C’est interdit par leur structure même : quand vous en avez certains, un
paquet, vous n’avez plus les autres, ils sont refoulés. Ca
ne veut pas dire que vous les dites pas quand même : justement, vous les dites
" inter ". Ils sont interdits, ça ne
vous empêche pas de les dire, mais vous les dites censurés. Ou bien tout ce
qu’est la psychanalyse n’a aucun sens, est à foutre au panier, ou bien ce
que je vous dis là doit être votre vérité première.
Alors
c’est ça dont il va s’agir cette année, du fait qu’en se plaçant
à un certain niveau – Aristote ou pas, mais en tout cas le texte est là,
authentique –, quand on se place à un certain niveau, ça
ne va pas tout seul. C’est passionnant de voir quelqu’un d’aussi aigu,
d’aussi savant, d’aussi alerte, aussi lucide, se mettre à patauger là de
cette façon parce que quoi ? Parce qu’il s’interroge
sur le principe. Naturellement il n’a pas la moindre idée que le principe,
c’est ça : c’est qu’il n’y a pas de
rapport sexuel. Il n’en a pas idée, mais on voit que c’est uniquement à ce
niveau-là qu’il se pose toutes les questions. Et alors ce qu’il 1ui sort
comme vol d’oiseau à sortir du chapeau où simplement il a mis une question
dont il ne connaît pas la nature, vous comprenez, c’est comme le prestidigitateur
qui croit avoir mis ..., enfin, il faut bien qu’on l’introduise le
lapin, (p21->) naturellement,
qui doit sortir, et puis après, il en sort un rhinocéros ! C’est tout à
fait comme ça pour Aristote : car où est le principe, si c’est le genre,
mais alors si c’est le genre, il devient enragé parce que : est-ce
que c’est le genre général ou le genre le plus spécifié. Il est évident
que le plus général est le plus essentiel, mais que tout de même le plus spécifié,
c’est bien ce qui donne ce qu’il y a d’unique en chacun. Alors, sans même
se rendre compte – Dieu merci ! parce que grâce à ça il ne les confond pas –
que cette histoire
d’essentialité et cette histoire d’unicité, c’est la même chose ou plus
exactement c’est homonyme à ce qu’il interroge, Dieu merci, il ne les
confond pas, c’est pas de là qu’il les fait sortir, il se dit :
est-ce
que le principe, c’est l’Un , ou bien est-ce
que le principe, c’est l’Être. Alors à ce moment-là, ça
s’embrouille vachement ! Comme il faut à tout prix que l’Un soit et que
l’Être soit un, là nous perdons les pédales. Car justement, le moyen de ne
pas déconner, c’est de les séparer sévèrement, c’est ce que nous
essaierons de faire par la suite. Assez pour Aristote.
Je
vous ai annoncé, j’ai déjà franchi le pas l’année dernière, que ce
non-rapport, si je puis m’exprimer ainsi, il faut l’écrire, il faut l’écrire
à tout prix, je veux dire écrire l’autre rapport, celui qui fait bouchon à
la possibilité d’écrire celui-ci... Et déjà
l’année dernière, j’ai mis sur le tableau quelques choses dont après tout
je ne trouve pas mauvais de les poser d’abord. Naturellement, il y a là
quelque chose d’arbitraire. Je ne vais pas m’excuser en me mettant à l’abri des
mathématiciens : les mathématiciens font ce qu’ils
veulent et puis moi aussi. Tout de même, simplement pour ceux qui ont besoin
de me donner des excuses, je peux faire remarquer que, dans les Éléments de Bourbaki,
on commence par foutre les lettres sans dire absolument rien de
ce à quoi elles peuvent servir. Je parle...
appelons ça symboles écrits, car ça ne
ressemble même pas à aucune lettre, et ces symboles représentent quelque
chose qu’on peut appeler des opérations, on ne dit absolument pas desquelles-il
s’agit, ça ne sera que vingt pages plus loin qu’on commencera à pouvoir le déduire
rétroactivement
d'après la façon dont on s’en sert. Je n’irai pas du tout jusque-là.
J’essaierai tout de suite d’interroger ce que veulent dire les lettres que
j’aurai écrites. Mais comme après tout je pense que pour vous, ça
serait beaucoup plus compliqué que je les amène une par une à mesure qu’elles
s’animeront, qu’elles prendront valeur de fonction, je préfère
poser ces lettres comme ce autour de quoi j’aurai à tourner ensuite.
Déjà
l’année dernière j’ai cru pouvoir poser ce dont il s’agit,
et que je
crois, pour des raisons qui sont des tentatives, pouvoir écrire comme en mathématiques,
c’est à savoir la fonction qui se constitue de ce qu’il existe cette
jouissance appelée jouissance sexuelle et qui est proprement ce qui fait
barrage au rapport. Que la jouissance sexuelle ouvre pour l’être parlant la
porte à la jouissance, et là ayez un peu d’oreille : apercevez-vous que la
jouissance, quand nous l’appelons comme ça tout
court, c’est peut-être la jouissance pour certains, je ne l’élimine pas,
mais vraiment ce n’est pas la jouissance sexuelle.
C’est
le mérite qu’on peut donner au texte de Sade que d’avoir appelé les choses
par leur nom : jouir, c’est jouir d’un corps. Jouir, c’est
Ce
que produit cette relation du signifiant à la jouissance, c’est ce que
j’exprime par cette notion !.
Ce veut dire que x qui ne désigne qu’un signifiant – un signifiant, ça
peut être chacun de vous, chacun de vous précisément au niveau, au niveau
mince où vous existez comme sexués. Il est très mince en épaisseur, si je
puis dire, mais il est beaucoup plus large en surface que chez les animaux, chez
qui, quand ils ne sont pas en rut, vous ne les
distinguez pas, ce que j’appelais, le dernier séminaire, le petit garçon
et la petite fille : les lionceaux par exemple, ils se ressemblent tout à fait
dans leur comportement. Pas vous, à cause que justement c’est
comme signifiant que vous vous sexuez. Alors il ne s’agit pas là de faire la
distinction, de marquer le signifiant-homme comme distinct du signifiant-femme,
d’appeler l’un X et l’autre Y, parce que c’est justement là la question
: c’est comment on se distingue. C’est pour ça que je mets ce x à la place
du trou que je fais dans le signifiant, c’est-à-dire que je l’y mets, ce x,
comme variable apparente, ce qui veut dire que chaque fois que je vais avoir à
faire a ce signifiant sexuel, c’est-à-dire à ce quelque chose qui tient à
la jouissance, je vais avoir à faire à !,
et il y a certains, quelques-uns, spécifiés parmi
ces x qui sont tels qu’on peut écrire : pour tout x quel qu’il
soit, !
, c’est-à-dire que fonctionne ce qui s’appelle en mathématiques une
fonction X, c’est-à-dire que ça, ça peut s’écrire :
Alors
je vais vous dire tout de suite, je vais éclairer, enfin... éclairer... il y a
que vous qui serez éclairés, enfin vous serez éclairés un petit moment ;
comme disaient les stoïciens, n’est-ce pas, quand il fait jour, il fait clair.
Moi, je suis évidemment, comme je l’ai écrit au dos de mes Écrits, du parti
des lumières : j’éclaire... dans l’espoir du Jour " J ", bien sûr. Seulement, c’est
justement lui qui est en
question, le jour J, il n’est pas pour demain. Le premier pas à faire pour la
philosophie des Lumières, c’est de savoir que le jour n’est pas levé et
que le jour dont il s’agit n’est que celui de quelque petite lumière dans
un champ parfaitement obscur. Moyennant quoi
vous allez croire qu’il fait clair quand je vous dirai que !, ça veut dire
la fonction qui s’appelle la castration. Comme vous croyez savoir ce que
c’est que la castration, alors je pense que vous êtes contents, au moins pour
un moment ! Seulement figurez-vous que moi, si j’écris tout ça au tableau, et que je vais continuer, c’est parce que moi, je sais pas
du tout ce que c’est que la castration ! Et que j’espère à l’aide de ce jeu de lettres venir à ce qu’enfin, justement, le jour
se lève, à savoir qu’on sache que la castration, il faut bien en passer par
là et qu’il n’y aura pas de discours sain, à savoir qui ne laisse dans
l’ombre la moitié de son statut et de son conditionnement, tant qu’on ne le
saura pas et on ne le saura qu’à avoir fait
jouer à différents niveaux de relations topologiques une certaine façon de
changer les lettres et de voir comment
Alors,
il y a quelque part un endroit où on ne peut faire que tout ce qui
s’articule de signifiant tombe sous la coup de !,
de cette fonction de castration. Ça a un petit avantage, de formuler
les choses comme ça. Il peut vous venir à l’idée justement que, si tout à
l’heure, j’ai, non sans intention – je suis beaucoup plus rusé que j’en
ai l’air – je vous ai amené comme remarque sur le sujet de l’interdit, à
savoir que tous les signifiants ne peuvent pas être là tous ensemble, jamais,
ça a peut être rapport, je n’ai pas dit : l’inconscient = la castration,
j’ai dit : ça a beaucoup de rapports.
Évidemment,
écrire comme ça
!,
c’est écrire une fonction d’une portée, comme
dirait Aristote, incroyablement générale. Que ça veuille dire que le rapport
à un certain signifiant – vous voyez que... je ne l’ai pas encore dit, mais
enfin disons-le – un signifiant qui est par exemple " un
homme " – tout ça
est tuant parce qu’il y a beaucoup à remuer, et puis personne ne l’ayant fait
jamais avant moi, ça risque à tout instant de me dégringoler sur la tête
– « un homme »... J’ai pas dit
« homme ». C’est
assez rigolo tout de même que dans l’usage, comme ça, du signifiant, on dise
au gars : « sois un homme », on ne lui dit
pas " sois homme "
non, on lui dit " sois un homme ", Pourquoi ? Ce
qu’il y a de curieux, c’est que ça ne se dit pas beaucoup, « sois une femme
», mais on parle par contre de " la femme ", article
défini. On a
beaucoup spéculé sur l’article défini. Mais enfin, nous retrouverons ça quand
il faudra. Ce que je veux simplement vous dire, c’est que ce
qu’écrit
!,
ça veut dire, je ne dis même
pas ces deux signifiants-là précisément,
mais eux et un certain nombre d’autres qui s’articulent avec donc, ont pour
effet qu’on ne peut plus disposer de l’ensemble des signifiants et que
c’est peut-être bien là une première approche de ce qu’il en est de la
castration, du point de vue, bien sûr, de cette fonction mathématique, que mon
écrit imite. Dans un premier temps, je ne vous demande pas plus que de reconnaître
que c’est imité. Ca ne veut pas dire que pour
moi qui y ait déjà réfléchi, ça n’aille pas beaucoup plus loin. Enfin, il
y a moyen d’écrire que pour tout x, ça fonctionne.
C’est le propre d’une façon d’écriture qui est issue du premier
traçage logicien dont Aristote est le
responsable, ce qui lui a donné ce prestige qui tient du fait que c’est
formidablement jouissif, la logique, justement parce que ça tient à ce champ
de la castration. Enfin, comment pourriez-vous justifier, à travers
l’histoire, qu’une période aussi ample comme temps, aussi brûlante comme
intelligence, aussi foisonnante comme production, que notre Moyen Age, ait pu
s’exciter à ce point sur ces affaires de la logique, et aristotélicienne.
Pour que ça les ait mis dans cet état, car ça
venait à soulever des foules, parce que, par l’intermédiaire des logiciens,
ça avait des conséquences théologiques où la logique dominait beaucoup le
théo, ce qui n’est pas comme chez nous où il n’y a plus que le théo qui
reste toujours là bien solide, dans sa connerie, et où la logique est légèrement
évaporée, c’est bien que c’est jouissif, cette histoire. C’est
d’ailleurs de là qu’est pris tout le prestige qui, de la construction
d’Aristote,
a retenti sur cette fameuse Métaphysique où il débloque à plein tube. Mais
à ce niveau-la, car je n’ai pas voulu aujourd’hui vous faire un cours
d’histoire logique, si vous
Ca
a donné ce mode d’écriture dont, je pense, j’aurai le temps par la suite
de vous faire sentir le relief et l’originalité, à savoir que ça ne dit
plus du tout la même chose que les propositions – car c’est de cela dont il
s’agit – qui fonctionnent dans le syllogisme, à savoir que, comme je l’ai
déjà écrit l’année dernière :
le
signe de la négation mis au niveau où il y a le
,
c’est une possibilité qui nous est ouverte, justement par cette introduction
des quanteurs. Dans l’usage de ces quanteurs, appelés généralement un
quantificateur, mais que je préfère appeler ainsi – je ne suis pas le seul, ni
le premier, parce que la chose importante, c’est que vous sachiez, ce qui est évident,
que ça
n'a absolument rien à faire avec la quantité ; on l’appela comme
ça parce qu’on n’a pas trouvé mieux, ce qui est un signe – enfin,
cette articulation des quanteurs nous permet, ce qui n’a jamais été fait
dans cette logique des quanteurs, et ce que je fais, parce que je considère que
pour nous ça peut être très fructueux, c’est la fonction du «
pas-tous ». Il y a un ensemble de ces signifiants qui supplée
à la fonction du sexué, qui y supplée pour ce qui est de la jouissance : il y
a un endroit où c’est " pas-tous " qui
fonctionne dans la fonction de la castration. Je continue à me servir des
quanteurs.
Il
y a une façon qu’on a de les articuler,
c’est d’écrire :
Qu’est-ce
qui peut bien nous intéresser, concernant ce qui existe en matière de
signifiant ? Ça serait qu’il en existe « aumoinzun > pour
qui ça
ne fonctionne pas, cette affaire de castration. Et c’est bien pour ça
qu’on l’a inventé : il s’appelle le père. C’est pourquoi le père
existe, au moins autant que Dieu, c’est-à-dire
pas beaucoup. Alors naturellement il y a quelques petits malins – je suis
entouré de petits malins, ceux qui transforment ce que j’avance en «
pollution intellectuelle » , comme s’exprimait une de mes patientes
et que !e remercie de m’avoir fourni ça ; elle a trouvé ça toute seule, parce
que c’est une sensible ; d’ailleurs, en
général, il n’y a que les femmes qui comprennent ce que je dis – alors il
y en a qui ont découvert que je disais que le père, c’est peut-être un
mythe, parce qu’il saute aux yeux en effet que !
ne marche pas au niveau
du mythe d’OEdipe : le père, il n’est pas châtré,
sans ça comment pourrait-il les avoir toutes ! Elles n’existent même que là
en tant que toutes... Car c’est aux femmes que ça convient
le " pas-tous ", mais enfin, je commenterai ça plus loin la
prochaine fois.
Donc
a partir de ce qu’ " il existe un ", c’est à partir de là
que tous
les autres peuvent fonctionner, c’est en référence à cette exception, à
cet " il existe ". Seulement voilà, à très bien
comprendre qu’on peut écrire le rejet de la fonction : !
nié, " il n’est
pas vrai " que ça se castre, ça c’est le mythe. Seulement, ce dont ils ne se
sont pas aperçus, les petits malins, c’est que c’est corrélatif de
l’existence et que ça pose le " il existe " de cet « il n’est pas vrai » de la castration.
Il
est 2 heures, alors je vais vous marquer la quatrième façon de faire usage de
ce qu’il en est de la négation, quand vous vous fondez
sur les quanteurs, qui est d’écrire " il n’en existe pas ", . " Il
n’en existe pas " qui quoi ?... pour quoi il ne soit pas
vrai que la fonction
soit ce qui domine ce qu’il en est de l’usage du
signifiant. Mais est-ce que c’est ce!a que ça veut dire ? Car tout à
l’heure l’existence, je vous l’ai distinguée de l’exception, et si la négation,
là, voulait dire :
sans exception
de cette position signifiante, elle peut s’inscrire dans la
note:
bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire, ou
si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par avance
de m'adresser un email. Haut
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