J.LACAN                      gaogoa

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XIV- La logique du fantasme. 1966-1967

                        version rue CB

22 février 1967                       note  

 

 

(p143->)

Otto FENICHEL – The Neurotic acting-out
            
yearbook of psychanalysis

F.R.. ALEXANDER The Neurotic character
H. HARTHANN Psychoanalysis study of study
               of the child X
               
note on sublimation

          Nous poursuivrons en rappelant d’ou nous partons : l’aliénation. Résumons pour ceux qui nous ont déjà entendu et surtout pour les autres : l’aliénation en tant que nous l’avons prise pour départ de ce chemin logique que nous tentons cette année de tracer, c’est l’élimination, à prendre au sens propre, rejet hors du seuil. L’élimination ordinaire de l’autre, hors de quel seuil ? Le seuil dont il s’agit c’est celui que détermine la coupure en quoi consiste l’essence du langage. La linguistique nous sert en ce qu’elle nous a fourni le module de cette coupure et en cela essentiellement.

        C’est pourquoi nous nous trouvons placés du côté approximativement qualifié de structuraliste de la linguistique. Tous les développements de la linguistique, nommément, curieusement, ce qu’on pourrait appeler 1a sémiotique, ce qui se désigne comme tel, récemment, ne nous intéresse pas à un degré égal ce qui peut sembler av premier abord, surprenant.

        Elimination donc, de l’Autre. L’Autre, qu’est-ce que ça veut dire l’Autre en tant qu’il est éliminé ? Il est éliminé en tant que champ clos et unifié. Ceci veut dire que nous affirmons avec les meilleures raisons pour ce faire, qu’il n’y a pas d’univers du discours. Qu’il n’y a rien d’assumable sous ce terme, Le langage est pourtant solidaire en sa pratique radicale qui est la psychanalyse. Notez que je pourrais dire aussi sa pratique médicale; quelqu’un que j’ai la surprise de ne pas voir là aujourd’hui, à sa place ordinaire, m’a demandé ce signe que j’ai laissé en devinette, du terme que j’ai donné en latin : le script du “je pense”.

Si personne ne l’a trouvé encore, je le donne aujourd’hui. J’avais indiqué que ça ne pouvait se concevoir que d’un verbe à la voie moyenne : c’est mëdeor d’où vient 1a médecine qu’à l’instant j’évoque, de la méditation.

    (p144->) Le langage dans sa pratique radicale est solidaire de quelque chose qu’il va nous falloir maintenant réintégrer, concevoir de quelque façon sous le mode d’une donation de ce champ de l’Autre à partir de ce moment où nous avons dû le considérer comme conjoint, mais ce quelque chose n’est pas difficile à nommer c’est ce dont s’autorise précisément de champ de l’Autre et ceci s’appelle dimension du langage. La vérité.

    Pour situer la psychanalyse on pourrait dire qu’elle vient à être constituée partout où la vérité se fait reconnaître seulement en ceci qu’elle nous surprend et qu’elle s’impose. Exemple pour illustrer ce que je viens de dire, il ne m’est pas donné, ni donnable d’autre jouissance que celle de mon corps. Ça ne s’impose pas tout de suite mais on s’en doute et on instaure autour de cette jouissance qui est bien, dès lors mon seul bien, cette grille protectrice d’une loi dite universelle qui s’appelle les droits de l’homme. Personne ne saurait m’empêcher de disposer, à mon gré, de mon corps. Le résu1tat de la limite, nous le touchons du doigt, du pied, nous auprès, psychanalystes, c’est que la jouissance est tarie pour tout le monde. Ceci est l’envers d’un petit article que j’ai produit sous le titre de Kant avec Sade, évidemment ça n’y est pas dit à l’endroit c’est à l’envers, ce n’était pas pour ça moins dangereux de le dire comme l’a dit Sade, Sade en est bien la preuve. Mais comme je ne faisais là qu’expliquer Sade, c’est moins dangereux pour moi. La vérité se manifeste de façon énigmatique dans le syntône (sinthôme !) qui est quoi ? Une opacité subjective, laissons de côté, ce qui est clair, c’est que l’énigme a déjà ceci de résolu, c’est qu’elle n’est qu’un rébus, et appuyons nous un instant sur ceci : c’est donc que le sujet peut être intransparent. C’est aussi, que l’évidence peut être creuse et qu’il vaut mieux sans doute désormais raccorder le mot au participe passé, évidé.

          Le sujet est parfaitement chosique, et de la pire espèce de chose. La chose freudienne précisément. Quant à l’évidence nous savons qu’elle est bulle et qu’elle peut être crevée. Nous en avons déjà à plusieurs reprises l’expérience. Tel est le plan où s’achemine la pensée moderne telle que Marx d’abord en a donné le ton, puis Freud. Si le statut de ce qu’a apporté Freud est moins évidemment triomphant, c’est peut-être justement qu’il est allé plus loin, cela se paie, par exemple, dans la thématique que vous trouverez développée dans les deux articles que je propose à votre attention, à votre étude, si vous disposez pour cela d’assez de loisirs, parce qu’ils doivent ici formier le fond sur lequel va trouver place ce que j’ai à avancer, à reprendre les choses au point où je les ai laissées la dernière fois, à compléter dans ce quadrangle que j’ai commencé de tracer, comme à articuler fondamentalement sur la répétition, répétition : lieu temporel où vient s’agir ce que j’ai laissé d’abord suspendu autour des termes purement logiques de l’aliénation, aux quatre pôles que j’ai ponctués du choix aliénant d’une part, de l’instauration d’autre part, à deux de ces pôles de l’Es, du ça, de l’inconscient d’autre part. pour mettre au 4ème de ces pôles la castration.

Ces 4 termes qui ont pu vous laisser en suspens ont leur correspondance sans doute, dans ce que j’ai commencé la dernière fais d’articuler en vous (p145->) montrant la structure fondamentale de la répétition d’une part, pour la situer à droite du quelque chose de la fonction d’autre part du pôle de ......... (droite) de ce mode privilégié et exemplaire d’instauration du sujet qui est le passage à l’acte.

manque une ligne
(Quels sont les autres pôles dont j'ai a traiter maintenant ? Déjà l'un, la dernière fois vous était indiqué :)

été indiqué la dernière fois : l’acting-out que je vais avoir à vous montrer alors qu’il se situe à cette place élidée où quelque chose se manifeste du champ de l’ ... (Autre)   éliminé que je viens de rappeler sous la forme de manifestation véridique, tel est mentalement le sens de l’acting-out. Je vous prie ici, simplement, d’avoir la patience de me suivre puisque aussi bien je puis amener ces termes, ce à quoi ils en réfèrent la structure, si je puis dire que bille en tête, à vouloir terminer par progression voire critique de ce qui déjà s’est ébauché d’une telle formulation dans les théories déjà exprimées dans l’analyse. Nous ne pourrions littéralement que nous perdre dans le même labyrinthe que cette théorie constitue.

          Ce n’est pas dire, bien sûr que nous en rejetions ni l’explication, ni l’expérience mais que nous soumettons ce que nous apportons de nouvelle formule à cette définition de voir si ce n’est pas précisément ces formules qui permettront de ce qui a été déjà amorcé de définir non seulement le bien-fondé, mais le sens.

          L’acting-out donc, que j’avance, vous soutend déjà la pertinence qu’il y a à l’avancer dans cette situation du champ de l’Autre où il s’agit pour nous de restituer ne serait-ce qu’en ceci : que l’histoire comme l’expérience telle qu’elle se poursuit nous indique à tout le moins une certaine correspondance globale de ce terme avec ce qu’institue l’expérience analytique. Je ne dis pas qu’il n’y a d’acting- out qu’en cours d’analyse. Je dis que c’est des ana1yses et de ce qui s’y produit qu’a surgit la distinction fondamentale qui fait isoler l’acte du passage à l’acte, tel qu’il peut comme psychiatre nous poser des problèmes, s’instituer comme catégorie autonome et distinguer l’Acting-out.

        Je n’ai donc avancé qu’un corrélat, celui que l’apparente au symptôme en tant que manifestation de la vérité, ce n’est certainement pas le seul et il y faut d’autres conditions. J’espère donc qu’au moins, certains d’entre vous sauront parallèlement à ces énoncés que je vais être amené à mettre à votre disposition, parcourir au moins ce qui, à une certaine date : à peu près 47 – 48, où le (p146->) year book of psychanalysis à commencé à se publier après la dernière guerre, et la formule qu’en donne Otto Fénichel. Quel est le terme que vous semblez voir s’inscrire au 4ème point de concours de ces fonctions opératoires qui déterminent ce que nous articulons sur la base de la répétition. La chose dut-elle vous surprendre et je pense pouvoir la soutenir aussi amplement qu’il est possible devant votre appréciation, c’est quelque chose qui singulièrement est resté dans la théorie analytique dans un certain suspens qui est assurément, le point conceptuel autour duquel se sont accumulés le plus de nuages et le plus de Faux-semblants qu’il faut nommer et aussi bien il est déjà inscrit sur le tableau, puisque c’est à cette note de Hartmann que je vous prie de vous reporter pour y saisir un fruit typique de la. situation analytique comme telle, c’est la sublimation.

        La sublimation est le terme que je n’appellerai pas médiateur car il ne l’est pas. Et le terme qui nous permet d’inscrire 1’assise, et la conjonction de ce qu’il en est de l’assiette subjective en tant que la répétition est sa structure fondamentale et comporte cette dimension essentielle sur laquelle reste dans tout ce qui s’est formulé jusqu’à présent de l’analyse la plus grande obscurité et qui s’appelle : la satisfaction. Befriedigùng dit Freud, sentez-y la présence du terme frie qui, dans le sens commun, est la paix.

        Je pense que nous vivons à une époque où ce mot ne vous paraîtra pas pour lui une évidence. Qu’est-ce que la satisfaction que Freud pour nous, conjugue comme essentielle à la répétition sous sa forme la plus radicale puisqu’aussi bien c’est sous ce mode qu’il produit devant nous la fonction du wiederhollùng Zwang (répétition forcée - LF p 129 ) en tant qu’il englobe non pas seulement tel fonctionnement bien localisable de la vie sous le terme de principe du plaisir et qu’il soutient cette vie elle-même dont maintenant tout admettre, jusqu’à ceci devenu vérité touchab1e, qu’il n’est rien du matériel qu’elle agite qui en fin de compte ne soit mort, je dis, de sa nature inanimée, mais dont il est pourtant clair que ce matériel qu’elle rassemble, elle ne le rendra à son domaine de l’inanimé

manque pages 5 et 6 (ci-dessous rajout de la version ELP)

(" qu'à sa manière ", nous dit FREUD . C'est-à-dire, tout en étant dans cette satisfaction que comporte qu'elle repasse et retrace des mêmes chemins qu'elle a - comment ? - édifié, mais qu'assurément elle nous témoigne que son essence est de la réparcourir, il y a - soyons très modeste - un monde de cet éclair théorique à sa vérification.

         FREUD n'est pas un biologiste, et l'une des choses les plus frappantes, qui pourraient être décevantes si nous croyons qu'il suffit de faire dans sa pensée la place maitresse aux puissances de la vie, suffises, pour faire quoi que ce soit qui rssemble à l'édification d'une science qui s'appellerait biologie.

          Nous, analystes, nous n'avons contribué en rien à quoi que ce soit qui ressemble à de la biologie. C'est (p9) quand même bien frappant. Pourquoi, pourtant, nous tenons-nous si ferme à l'assurance que, derrière la satisfaction - à quoi nous avons affaire quand il s'agit de la Répétition - est quelque chose que nous désignons, avec toute la maladresse, avec toute l'imprudence que peut comporter au point où nous en sommes de la recherche biologique ? - ce terme que nous désignons, c'est là que le sens, le point d'accrochage, que j'irai jusqu'à appeler fidéiste, de FREUD (ce que nous appellons " la satisfaction sexuelle ( " ) ) et ceci, pour la raison qu'à avancée FREUD devant JUNG médusé : c'est que, pour écarter le " fleuve de boue " , tel FREUD l'apprécie au regard de la pensée qu'il désigne, le terme auquel on ne peut manquer de venir si l'on ne se tient là ferme, est celui qu'il désigne comme le recours à l'occultisme.

          Est-ce à dire que tout aille si simplement, je veux dire qu'autant d'affirmation suffisent à faire une articulation recevable ? C'est la question que j'essaie d'avancer aujourd'hui devant vous et qui me fait pousser devant vous la Sublimation, comme le lieu qui, pour avoir été jusqu'à présent laissé en friche, ou couvert de vulgaire griffonages, est pourtant celui qui va nous permettre de comprendre de quoi il s'agit dans cette satisfaction fondamentale qui est celle que FREUD articule comme une opacité subjective, comme la satisfaction de la Répétition, cette conjonction d'un point basale pour la logique toute entière . Car ce que nous entraînons avec nous dans ce lieu marginal de la pensée, qui est ce lieu de pénombre, lieu de voile, lieu de " twilight ", où se développe l'action anlytique, si nous y entrainons avec nous les exigences de la logique, - ce que nous sommes amenés à faire, - mérite enfin que nous l'épinglions de ce que je pense devoir être son meilleur nom : " sub-logique " , telle qu'ici même, cette année, nous essaierons de l'inaugurer.

(p10) Je prononce le terme au moment même où il va s'agir de se repérer sur ce qu'il en est de cette Sublimation. FREUD quoiqu'il ne l'ait aucunement développé - pour les mêmes raisons qui rendent les développements que j'y adjoins nécessaires - FREUD a affirmé, - selon le mode de procès qui est celui de sa pensée, qui consiste ( comme disait un autre, BOSSUET, prénommé Jacques-Bénigne - rires - ) qui consiste à tenir fermement les deux bouts de la chaîne :

     .....Premièrement la " Sublimation " : Ziel Angehen (gehand ?) . Et, naturellment, il ne nous explique pas ce que ça veut dire ! J'ai déjà essayé pour vous de marquer la distinction déjà inhérente à ce terme d'Ein Ziel "gehand" . J'ai pris mes références en anglais, comme plus accessible la différence qu''il y a entre le " aim " et le " goal " . Dites-le en français : c'est moins clair, parce que nous sommes forcé de prendre des mots déjà en usage dans la philosophie ; nous pourrions tout de même essayer de dire " la fin " ( c'est le mot le plus faible, parce qu'il faut y réintégrer tout le cheminement qui est ce dont il s'agit dans le " aim " , la cible ) . Telle est la même distance qu'il y a entre " aim " et " goal " , et , en allemand, entre " Zweck " et " Ziel " . La " Zwechmassigkeit ", finalité sexuelle, il ne nous est pas dit qu'elle soit aucunement " gehend ", inhibée dans la Sublimation . " Ein Ziel Gehend " c'est précisément là que le mot est bien fait pour nous retenir.

            Ce dont nous nous gargarisons avec le prétendu objet de la sainte pulsion génitale, tel est précisément ce qui peut, sans aucun inconvénient, être extrait, totalement inhibé, absent dans ce qu'il est pourtant de la pulsion sexuelle, sans qu'elle perde en rien de sa capacité de Befrisdigung (de satisfaction) . Tel est, dès l'apparition du terme de " Sublimisrung " , ce comment FREUD l'a défini en termes sans équivoques, du " Ziel Gehend " , d'une part, mais d'autre part, satisfaction rencontrée sans aucune ( p11 ) transformation, déplacement, alibi, répression, réaction ou défense ; tel est comment FREUD introduit, par devant nous, la fonction de la Sublimation.

        Vous verez, dans le second de ces articles (réf à la bibliographique de la première page) - il y a trois écrits, là, mais ce que j'appelle le second, c'est le second que j'ai nommé tout à l'heure, celui de Heinz HARTMANN? Le premier que j'ai nommé étant celui de FENICHEL, et l' ALEXANDER n'étant qu'une référence de FENICHEL : je veux dire le point désigné par FENICHEL le point majeur d'introduction du terme d'acting out dans l'articulation psychanalytique. Vous vous reporterez donc à l'article d'Heinz HARTMANN, sur la Sublimation ; il est exemplaire. Il est exemplaire de ce qui n'est, à nos yeux nullement caduc dans la position de la psychanalyse. C'est que l'approche de ce à quoi il a affaire, comme responsabilité de la pensée, l'accule toujours, par quelque côté, à l'un de ces deux termes que je désignerai de la façon la plus tempérée : la platitude, dont chacun sait que, depuis longtemps, j'ai désigné, comme le représentant le plus éminent, M. FENICHEL (la paix soit à sa mémoire ! .) les écrits ont pour nous la très grande valeur d'être le rassemblement, assurément très scrupuleux, de plus de tout ce qui peut surgir comme trous dans l'expérience ; le point d'interrogation nécessaire . )

    

(p147->)

    Pour ce qui est de Hartman et de la façon dont il soutient pendant 14-15 pages avec les interrogations le problème de la sublimation, je pense qu’il ne peut échapper à quiconque qui vient d’un esprit neuf qu’un tel discours qui est celui auquel je vous prie de vous reporter sur pièces en vous désignant là où il est, vous pouvez facilement trouver que c’est un discours de mensonges, à proprement parler tout l’appareil d’un prétendu énergétisme... qui consiste à inverser l’abord du problème à interroger la sublimation en tant qu’elle nous est d’abord proposée comme étant identique et non déplacée par rapport à quelque chose qui est à proprement parler les guillemets qu’imposent l’usage à ce niveau la « pulsion ». Tout de même la pulsion sexuelle a renversé ceci et a interrogé de la façon la plus scandée ce qu’il en est de la sublimation comme étant re1iée à ce qu’on nous avance, à savoir : que les fonctions du moi, que de la façon la plus indue on a posé comme étant autonomes. comme étant même d’une autre source de ce qu’on appelle dans ce langage confusionnel une source instinctuelle, comme si jamais dans Freud il avait été question de cela, de savoir donc comment ces toutes pures fonctions du moi, relatées à la mesure de la réalité et le donnant comme telle d’une façon essentielle, rétablissant ce que toute la pensée analytique rejette, qu’il y a cette relation isolée autonome, identifiable de relation de la pure pensée à un monde qu’elle serait capable d’aborder sans être elle-même traversée de 1a fonction du désir.

Comment il se fait que puisse venir ce qui est ailleurs foyer instinctuel, je ne sais quelle peinture, je ne sais quelle coloration, qu’on appelle textuellement sexualisation des fonctions de l’ego. Une fois introduite ainsi, la question devient insoluble, en tous cas à jamais exclue de tout ce qui se propose à la praxis de l’analyse. Pour aborder ce qu’il en est de la sublimation, il est pour nous nécessaire d’introduire ce terme premier moyennant quoi il nous est impossible de nous orienter dans le problème qui est celui d’où je suis parti la dernière fois en définissant l’acte.

        – L’acte est signifiant.

        – L’acte est un signifiant qui se répète, quoi qu’il se passe en un seul geste pour des raisons topologiques qui rendent possibles l’existence de la double boucle créée par une seule coupure.

        – Il est instauration du sujet comme tel, c’est-à-dire que d’un acte véritable le sujet surgit différent en raison de la coupure, sa structure est modifiée, son corrélat de méconnaissance ou plus exacte, la limite imposée à sa reconnaissance dans le sujet où si vous le voulez son reprezantanz dans la Vostellung à cet acte, c’est la verleugnung, à savoir que le sujet ne le reconnaît jamais dans sa véritable portée inaugurale, même quand le sujet est si je puis dire, capable d’avoir cet acte commis.

    C’est là qu’il convient que nous nous apercevions de ceci, qui est essentiel à toute compréhension du rôle que Freud donne dans l’inconscient à la (p148->) sexualité, que nous nous souvenions de ceci : que la langue déjà nous donne, à savoir : qu’on parle de l’acte sexuel.

          L’acte sexuel, ceci au moins, pourrait nous suggérer ce qui d’ailleurs est évident que ce n’est pas évidemment la copulation pure et simple. I.’acte a toutes les caractéristiques de l’acte telles que je viens de les rappeler, tel que nous le manipulons, tel qu’il vient se présenter à nous avec ses sédiments symptomatiques et tout ce qui le fait coller et trébucher. L’acte sexuel se présente bien comme un signifiant, comme un signifiant qui répète quelque chose, parce que c’est là première chose qu’en psychanalyse on y a introduit. Il répète quoi ? Mais la scène oedipienne ! Il est curieux qu’il faille rappeler ces choses qui font l’âme même de ce que j’ai proposé de percevoir dans l’expérience analytique.

          Qu’il puisse être instauration de quelque chose qui est sans retour pour le sujet, c’est ce que certains actes sexuels privilégiés qui sont précisément ceux qu’on appelle incestes, nous font littéralement toucher du doigt.

          J’ai assez d’expérience analytique pour vous affirmer qu’un garçon qui a couché avec sa mère, n’est pas du tout dans l’analyse un sujet comme les autres ! Et même si 1ui-meme n’en sait rien, ça ne change rien au fait que c’est analytiquement aussi touchable que cette table qui est là, sa verlegnung personnelle, le démenti qu’il peut apporter à ceci qui est une valeur de franchissement décisif n’y change rien. Bien sûr tout ceci mériterait d’être étayé. Mon assurance que j’ai ici des auditeurs qui ont l’expérience analytique, et qui, si je disais quelque chose de par trop gros, mes auditeurs auraient poussé des hurlements. Croyez-moi, ils ne dirait pas le contraire parce qu’ils le savent aussi bien que moi, ça ne veut pas dire qu’on sache en tirer les conséquences faute de savoir les articuler. Quoiqu’il en soit ceci nous mène à essayer peut-être d’introduire là-dedans un peu de rigueur logique, l’acte est fondé sur la répétition. Quoi au premier abord, de plus accueillant pour ce qu’il en est de l’acte sexuel ? Rappelons-nous les enseignements de notre sainte mère 1’Eglise. En principe, on ne fait pas ça ensemble, on ne tire pas son coup, sinon pour faire venir au monde une petite âme nouvelle. Il doit y avoir des gens qui y pensent en le faisant ! C’est une supposition ! Elle n’est pas établie, il se pourrait que toute conforme que soit cette pensée au dogme catholique, elle ne soit là où e11e se produit, qu’un symptôme.

        Ceci évidemment est fait pour nous suggérer qu’il y a peut-être lieu d’essayer de serrer de plus près, de voir par quel côté avoue la fonction de reproduction qui est là derrière l’acte sexuel, parce que quand nous traitons du sujet de la répétition nous avons à Faire à des signifiants en tant qu’ils sont pré-conditions d’une autre pensée. Du train où va cette biologie que nous laissons si bien à ses propres ressources, il est curieux de voir que le signifiant montre le bout de son nez là à la racine, au niveau des chromosomes, ça fourmille de signifiants, véhiculeurs de caractères, on nous affirme, que les gènes, qu’il s’agisse de l’ADN ou de l’ARN sont constitués comme des petits messages bien sériés, qui viennent après (p149->) s’être brassés de certaine façon dans la grande urne, à faire sortir, je ne sais quoi, le nouveau genre de loufon que chacun attend dans la famille pour faire un cercle d’acclamations.

          Est-ce que c’est à ce niveau que se propose le problème ? C’est là que je voudrais introduire quelque chose bien sûr, que je n’ai pas inventé pour vous aujourd’hui, il y a quelque part dans un volume qu’on appelle mes “Ecrits “, un article qui s’appel1e : la signification du phallus, à la page 693, à la 10ème ligne, j’écris : le phallus comme signifiant donne la raison du désir, en l’acception, 1e terme est employé comme moyenne et extrême raison de la division. Harmonique.

          Il a fallu que du temps passe pour que je puisse l’introduire, j’en ai simplement marqué là le petit caillou blanc destiné à vous dire que le signifiant du phallus, c’est déjà ça, que c’était repéré.

          En effet, essayons de mettre un ordre, une mesure dans ce dont il s’agit dans l’acte sexuel en tant qu’il a rapport avec la fonction de la répétition, ou bien saute aux yeux non pas qu’on méconnaît, puisqu’on connaît l’œdipe depuis le début, mais comme on ne sait pas reconnaître ce que ça veut dire, à savoir : le produit de la répétition dans l’acte sexuel en tant qu’acte, c’est-à-dire en tant que nous y participons comme soumis à ce qu’il a de signifiant à ses incidences autrement dit, dans le fait que le sujet que nous sommes est opaque, qu’il a un inconscient .

          Il convient de remarquer que le fruit de la répétition biologique, de la reproduction, il est déjà 1à, dans cet espace bien défini pour l’accomplissement de l’acte qu’on appelle le lit. L’agent de 1’acte sexuel, il sait très bien qu’il est un fils et c’est pour ça que sur l’acte sexuel en tant qu’il nous                (?) nous psychana1ystes on l’a rapporté à l’œdipe. Essayons de voir dans ces termes signifiants que définissent moyenne et extrême raison, ce qu’il en résulte. Supposons que nous allons faire supporter ce rapport signifiant par le support le plus simple celui que nous avons déjà donné à la double boucle de la répétition, un simple trait, et pour plus d’aisance encore étalons-le tout simplement :

un trait auquel nous pouvons donner deux bouts, nous pouvons couper n’importe où cette double boucle, une fois que nous l’avons coupée, plaçons-y les 4 points qui définissent la moyenne et extrême raison.

(p150->)

          a : l’aimable produit d’une copulation précédente, qui comme elle se trouvait être un acte sexue1 onc créé un sujet qui est en train de 1e reproduire là, l’acte sexuel.

          A : qu’est-ce que c’est ?

          Si l’acte sexuel est ce qu’on nous enseigne comme signifiant, c’est la mère.

          Nous allons lui donner, par ce que nous en retrouvons dans la pensée analytique et même partout la trace, tout ce que ce terme signifiant de la mère entraîne avec lui de pensée de fusion, de falsification de l’unité en tant qu’elle nous intéresse seulement. A savoir : de l’unité comptable, de passage de cette unité comptable à l’unité unifiante, nous allons lui donner la valeur 1. Qu’est-ce que veut dire la valeur 1 comme unité signifiante ? Nous sommes dans le signifiant et ses conséquences sur la pensée. La mère comme sujet, c’est la pensée de l’un du couple. l1s seront tous les deux une seule chair c’est une pensée de l’ordre du A maternel, telle est la moyenne et extrême raison de ce qui relie 1’agent à ce qui est patient et réceptacle dans l’acte sexuel. Je veux dire en tant qu’il est un acte, autrement dit, en tant qu’il a un rapport avec l’existence du sujet.

L’un de l’unité du couple est une pensée déterminée au niveau de l’un des termes du couple réel. Qu’est-ce à dire ? qu’il faut que quelque chose surgisse subjectivement de cette répétition qui rétablisse la raison moyenne telle que je viens de la définir au niveau de ce couple réel. Autrement dit, que quelque chose apparaît qui, comme dans cette fondamentale manipulation signifiante qu’est la re1ation harmonique, se manifeste comme ceci :

          c, par rapport à la forme des deux autres a la même valeur que 1a plus petite par rapport à la plus grande.

          Ce n’est pas tout, elle a cette portée en tant que cette valeur de la plus petite par rapport à 1a. plus grande ait la même valeur que la plus grande par rapport à la somme des deux premiers.

Autrement dit :

(p151->) où se désigne la castration en tant que la valeur fondamentale est ce qui est indiqué ci-dessus à droite, c’est-à-dire, la signification de la fonction phallique en tant que manque essentiel de la jonction du rapport sexuel avec sa réalisation subjective. La désignation dans les signifiants même fondamentaux de l’acte sexuel de ceci : que quoique partout appelée mais se dérobant, l’ombre de l’unité plane sur le couple, il y apparaît nécessairement la marque, ceci en raison de son introduction même dans la fonction subjective, la marque de quelque chose qui doit y représenter un manque fondamental. Ceci s’appelle la fonction de la castration en tant que signifiant. En tant que l’homme ne s’introduit dans la fonction du couple que par la voie d’un rapport qui ne s’inscrit pas immédiatement dans la conjonction sexuelle, qui ne s’y trouve représenté que dans ce même extérieur où vous voyez se dessiner ce qu’on appelle, pour cela même, extrême raison. Le rapport qu’a la prédominance du symbole phallique par rapport à 1a conjonction en tant qu’acte sexuel est celui qui donne à la fois la mesure du rapport de l’agent au patient et la mesure qui est la même de 1a pensée du couple telle qu’elle est dans le patient à ce qu’est le couple réel.

          C’est très précisément de pouvoir reproduire exactement le même type de répétition, que tout ce qui est de l’ordre de la sublimation, je préférerais de n’être pas forcé de l’évoquer spécifiquement sous la forme de ce qu’on appelle la création de l’art, puisqu’il 1e faut, je le note. C’est dans la mesure où quelque chose, quelque objet peut venir prendre la place que prend le dans l’acte sexuel comme tel que la. sublimation peut subsister en donnant exactement le même ordre de befriedigung qui est donné dans l’acte sexuel et dont vous voyez qu’il est précisément suspendu au fait que ce qui est purement et simplement interféré au couple n’est pas satisfaisant et ceci est si vrai que cette espèce de grossière homélie qu’on introduit dans la théorie sous le nom de maturation génitale ne se propose que comme quoi ? Que très évidemment dans son texte même, quand quiconque essaie de 1’énoncer, comme un fourre-tout, un dépotoir où rien n’indique véritablement que ce qui peut suffire à conjoindre le fait d’une copulation (réussie, ajoute-t-on. Qu’est-ce que ça veut dire ?) et de ces éléments qu’on qualifie, tendresse, reconnaissance de l’objet. De quel objet ? Je vous le demande ? Est-ce que c’est si clair que l’objet soit là ? quand déjà on nous a dit que derrière quelque objet que ce soit se profile l’Autre 1’objet qui a abrité ces 9 mois d’intervalle entre la conjonction des chromosomes et la venue au jour du monde. Je sais bien que c’est là que se réfute tout l’obscurantisme qui s’accroche éperdument autour de la démonstration analytique. Mais ce n’est pas non plus une raison pour que nous ne la dénoncions pas, si le fait de dénoncer nous permet d’avancer vers une logique dont vous verrez la prochaine fois comment elle se concentre au niveau de l’acte analytique lui-même.

S’il y a quelque chose d’intéressant dans cette représentation du quadrangle c’est qu’elle nous permet aussi d’établir certaines proportions, le passage à l’acte remplit certaines fonctions par rapport à la répétition, il nous est au moins suggéré par cette position que ce doit être 1a même qui sépare la sublimation de l’acting-out. Dans l’autre sens, la sublimation par rapport au passage à l’acte qui doit (p152->) avoir quelque chose de commun dans ce qui sépare la répétition de l'acting-out. Il y a là un beaucoup plus grand pas que celui qui assurément fait de l'acte analytique tel que nous essaierons de le saisir dans ce que nous dirons la prochaine fois, quelque chose qui aussi mérite d'être défini comme acte.  

note : bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire, ou si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un émail. Haut de Page 
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