J.LACAN                        gaogoa

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XIV- La logique du fantasme -1966-1967
    
version rue CB

 

7 décembre 1966                          note   

 

    (p31->) Vous avez pu la dernière fois que nous nous sommes rencontrés ici, entendre ce que vous a proposé J. A. MILLER.

        Je n'ai pu y ajouter des observations. Je pense que vous avez pu remarquer dans cet exposé marqué d'une surconnaissance de ce qui a été inauguré comme logique moderne par le travail et l'œuvre de BOOLE. Il n'est peut-être pas indifférent de vous faire savoir que J. A. MILLER qui était absent à mon dernier cours n'était pas très fixé sur son choix, ces remarques ont leur importance en raison de l'extraordinaire convergence ou encore réapplication de ce qu'il a pu énoncer devant vous, sans doute bien sûr en connaissance de cause, c'est-à-dire sachant quels sont les principes et si je puis dire, les axiomes autour desquels tournent maintenant mon développement. Il  est frappant qu'à l'aide de BOOLE, chez qui est absente cette articulation majeure, qu'aucun signifiant ne saurait se signifier lui même, qu'en partant de la logique de BOOLE, c'est-à-dire de ce moment de virage où en quelque sorte on s'aperçoit à avoir voulu formaliser la formalisation classique, que cette formalisation permet non seulement de lui apporter des extensions majeures et se révèle être l'essence cachée sur laquelle cette logique avait pu s'orienter et se construire en croyant quelque chose qui n'était pas vraiment sans fondement, en croyant suivre ce que nous allons essayer de cerner aujourd'hui, pour en quelque sorte l'écarter du champ auquel nous allons procéder : la logique du fantasme.

    La surprenante aisance avec laquelle des champs en blanc de la logique de Boole, Miller a retrouvé la situation, la place où le signifiant dans sa fonction propre y est élidé dans ce fameux - 1 dont il a admirablement détaché l’exclusion dans la 1ogique de Boole, passant par cette élision, il laissait la place où j’articulais ce qui se situe ici.

    Ceci a son importance et vous permet de saisir la cohérence dans laquelle s’insère cette logique au nom des faits de l’inconscient  et si nous sommes ce que nous sommes, c’est-à-dire rationalistes, ce à quoi il faut s’attendre c’est bien évidemment non pas que la logique intérieure soit en quelque sorte renversée, mais nous y fasse retrouver ses propres fondements. Vous avez vu marqué qu’en ce point qui nécessite pour nous la mise en jeu d’un certain symbole, ce quelque chose qui répond à ce - 1 de Boole, dont il n’est pas sûr que ce soit le meilleur à l’usage. Car le propre d’une logique formelle c’est qu’elle opère, nous avons à dégager de nouveaux opérateurs dans ce qu’à la mesure des oreilles à qui je m’adressais j’ai déjà essayé d’articuler d’une façon maniable pour ce qu’il y avait à manier qui n’était autre en l’occasion : que la praxis analytique.

    (p32->) Cette année, en partant sur ces limites, sur ces bords, je suis contraint de donner des formulations plus rigoureuses pour cerner ce à quoi nous avons à faire et qui mérite d’être pris dans l’articulation la plus générale qui nous soit donnée pour l’instant en matière de logique, à savoir : ce qui se centre de la fonction des ensembles.

    Je quitte ce sujet de ce que J. A. Miller a apporté moins comme articulation à ce que j’ai développé devant vous, que comme confirmation, assurance, cadrage, il n’est pas intéressant de vous pointer qu’en vous désignant chez J. P. Sartre sous l’appellation de la conscience thétique de soi la façon qu’il a d’occuper la place où réside cette articulation 1ogique qui est notre tâche, cette année, il s’agit bien là de ce qu’on appelle un tenant-lieu. Ce dont nous avons à nous occuper nous autres analystes d’une façon équivalente à celle des autres tenant-lieux quand nous avons à manier ce qui est effet de l’inconscient . C’est bien en quoi l’on peut dire que d’aucune façon, ce que je peux énoncer se situe par rapport à J.P- SARTRE puisque ce point fondamental autour duquel tourne le privilège qu’il tente de maintenir du sujet. Cette sorte de tenant-lieu ne peut d’aucune façon m’intéresser, sinon dans le registre de son interprétation.

    Logique du fantasme. Il faudrait presque aujourd’hui rappeler et nous ne pouvons le faire que très rapidement, la façon dont touchant du doigt on l'a fait un instant vibrer pour rappeler la vacillation non éteinte de ce qui se rattache à la tradition que le terme d’universitaire épinglera. I1 n’est pas inutile d’indiquer quels que soient les autres sens qu’on puisse donner à ce terme d’université, universitas litterarum, il y a 1à quelque allusion à l’univers du discours. Il est clair que dans cette hésitation (rappelez-vous la valse que le professeur de philosophie dans l’année où vous y passâtes, faisait autour de la logique des 1ois de la pensée ou de ses normes, de la façon dont ça fonctionne et que nous allons extraire scientifiquement, ou la façon dont il faut que ce soit conduit). Admettez que pour qu’on en soit encore à ne pas avoir tranché le débat, peut-être le soupçon nous peut venir que la fonction de l’université au sens où je l’articulais tout à l’heure est peut-être d’en écarter la décision. Je veux dire que cette décision est peut-être plus intéressée, je parle de logique dans ce qui se passe au Viêt-Nam. Qu’il en est de la pensée, si tant est qu’elle reste encore ainsi suspendue dans ce dilemme entre ces 1ois qui dès lors nous laissent à nous interroger si elle s’applique au monde, disons plutôt au réel, autrement dit : si elle ne rêve pas. Je ne perds pas ma corde psychanalyste. Pour nous, analystes, savoir si l’homme qui pense rêve, est une question qui a un des sens les plus concrets.

    Pour vous tenir en haleine, sachez que j’ai l’intention de passer cette année à ce qu’il en est de l’éveil ; normes de la pensée à l’autre opposé. Voilà bien qui nous intéresse aussi et dans sa dimension non réduite par ce petit travail de ponçage par lequel, généralement le professeur, quand il s’agit de logique dans sa classe de philosophie, finira par faire que ces lois et ces normes finissent par se présenter avec la même ligne qui permet de filer du doigt l’un sur l’autre, autrement dit, de manier tout ça à l’aveugle.

     (p33->) Pour nous analystes, cette dimension n’a pas perdu son relief ; qui s’intitule celle du vrai, pour autant qu’après tout elle ne nécessite pas, n’implique pas en elle-même le support de la pensée et que, si à interroger ce que c’est le vrai dont il s’agit, à propos de quoi j’ai suscité le fantasme d’une norme, assurément, il apparaît bien d’origine que ce n’est pas immanent à la pensée.

    Si je me suis permis, pour les faire vibrer, d’écrire une figure qu’il n’était pas difficile de faire vivre, celle de la vérité sortant du puits, " moi, la vérité je parle " c’est pour pointer ce relief où il s’agit pour nous de maintenir ce à quoi s’accroche notre expérience et qui est impossible à exclure de l’articu1ation de Freud, car Freud y est mis tout de suite au pied du mur et on n’est pas forcé d’intervenir pour ça, il n’y était mis lui-même. La question de la façon dont se présume le champ de l’interprétation, le mode sous lequel la technique de Freud lui offre l’occasion : l’association libre qui autrement dit, nous porte au cœur de cette organisation formelle d’où s’ébauchent 1es premiers pas d’une logique mathématisée qui a un nom : réseaux, treillis, et l’on précise (que ce n’est pas ma fonction de préciser aujourd’hui) que ce qu’on appelle treillis ou lattis, c’est de cela qu’il s’agit dans ce que Freud aussi bien dans ses premières esquisses d’une nouvelle psychologie et dans la façon dont il organise le maniement de l’analyse comme telle, qu’il construit avant la lettre, si je puis dire, et comment 1’objection lui est faite en un point précis de la Traumdeutung, il a à répondre à l’objection bien sûr avec votre façon de procéder à tout carrefour, vous aurez bien l’occasion de trouver un signifié qui fera le pont entre deux significations si avec votre façon d’organiser les ponts vous irez toujours de que1que part à quelque part. Ce n’est pas pour rien que j’avais mis une petite étiquette d’une interprétation du XVIII ème siècle, sur les hiéroglyphes égyptiens, l’arsille et le pont, c’est de cela qu’il s’agit dans Freud, dans ce réseau où il nous apprend à fonder 1a première interrogation. C’est en effet un petit pont, c’est comme ça que ça fonctionne. Ce qu’on lui objecte c’est qu’ainsi tout expliquera tout.

    Autrement dit, ce qui s’oppose à l’interprétation psychanalytique fondamentalement, ce n’est aucune espèce de " critique scientifique ", comme on l’imagine dans ce qui est le bagage de ceux qui entrent dans la médecine qui ont encore un peu aussi de philosophie. à savoir que le scientifique se fonde sur l’expérience. Bien entendu on a pas encore ouvert Claude Bernard, mais on en connaît le titre !

    C’est une objection qui remonte à la tradition médiévale où on savait ce qu’était la logique, où c’était bien plus répandu que de notre temps. Les choses en sont au point qu’ayant glissé dans une interview que j’avais une certaine pratique de scolastique, j’ai prié qu’on efface ça, sinon qu’est-ce que les gens auraient cru !

    Il est de la caractéristique du faux de rendre tout vrai.

    La caractéristique du faux c’est qu’on en déduit du même pas, du (p34->) même pied, le faux et le vrai, il n’exclut pas le vrai, ce serait trop facile de le reconnaître pour s’apercevoir de ça, il faut avoir fait un petit nombre minimum d’exercice logique, il est regrettable que ça ne fasse pas partie des études de médecine. Il est clair que façon dont Freud répond, nous porte tout de suite sur le terrain de la structure du réseau, il ne1’exprime pas bien sûr dans tous les détails, avec les précisions modernes que nous pourrions lui donner.

    Il serait intéressant de savoir comment il a pu ou n’a pas pu profiter de 1’enseignement de BRENTANO. La fonction de la structure du réseau comme la façon dont les lignes d’association viennent converger en des points, illustrent d’où se font les départs électifs, voilà ce qui est indiqué par Freud. On sait assez, par toute la suite de son oeuvre l’inquiétude, le véritable souci qu’il avait de cette dimension qui est celle de la vérité, car du point de vue réalité on est à l’aise, même à savoir peut-être que 1e traumatisme n’est que fantasme d’une certaine façon, c’est même plus sur un Fantasme comme je suis en train de vous le montrer, c’est structural, mais ça ne 1aisse pas Freud, qui était aussi capable que moi de l’inventer, ça ne le laisse pas plus tranquille. Où est le critère de vérité ? demande-t-il. Il n’aurait pas écrit " l’homme aux loups " si ce n’était pas sur cette piste, sur cette exigence, est-ce que c’est vrai ou pas .’

Est-ce que c’est vrai qu’il supporte ce qui se découvre à interroger la figure fondamentale qui se manifeste dans le rêve à répétition de l’homme aux loups ? Est-ce que c’est vrai, ne se réduit pas à savoir si oui ou non, et à quel age il a vécu quelque chose qui est reconstruit à l’aide de la figure du rêve ? L’essentiel  est de savoir comment le sujet, l’homme aux loups, a pu cette scène la vérifier, dessous son être et par son symptôme, ceci veut dire (car Freud ne doute pas de la réalité de la scène originelle) comment il a pu l’articuler en termes proprement de signifiant. Vous n’avez qu’à vous rappeler la figure du V romain en tant qu’elle y est en cause entre les jambes écartées d’une femme ou d’ailes de papillon, pour comprendre qu’il s’agit du signifiant. Rapport de la vérité au signifiant, le détour par où l’expérience analytique rejoint le procès le plus moderne de la logique, consiste justement en ceci : c’est que ce rapport du signifiant à la vérité peut court-circuiter toute pensée qui le supporte et de même qu’une sorte de visée se profile à l’horizon de la logique moderne qui est celui qui réduit 1a logique à un maniement correct de ce qui est seulement écriture, de même, pour nous 1a question de la vérification concernant ce à quoi nous avons à faire passe par ce fil direct du jeu du signifiant pour autant qu’à 1ui seul  reste suspendue la question de la vérité. Il n’est pas facile de mettre en avant un terme comme celui du vrai sans faire raisonner immédiatement tous les échos où viennent se glisser " les intuitions ", les plus suspectes, sans aussitôt produire les objections faites de vieilles expériences dont ceux qui s’engagent sur ce terrain savent trop (chat échaudé craint l’eau froide) qui vous disent que par ce que je vous fais dire " moi la vérité je vous parle " que par là j’ouvre sa rentrée au thème de l’Être, par exemple. Regardons-y au moins pour 1e savoir, à deux fois. contentons-nous de ce nœud très express que je viens de faire entre la vérité, je n’ai pas impliqué nulle personne sinon celle à qui je fais dire ces mots : " moi la vérité je parle ", nulle personne divine ou humaine est intéressée en dehors (p35->) de celle-ci, à savoir : ce point d’origine entre le signifiant et la vérité. Quel rapport entre ceci et le point d’où je suis parti tout à l’heure, est-ce à dire qu’à vous porter sur ce champ de 1a logique la plus formelle j’ai oublié celui où se joue à mon dire de tout à l’heure 1a sorte de logique. Il est c1air que Bertrand Russel s’intéresse plus que J-Maritain à ce qui se passe au Viêt-Nam. Ceci à soi tout seul peut nous être une indication.

    En évoquant le "  paysan de la Garonne " sous son dernier habillement (dernier livre de Jacques Maritain) cet auteur qui s’est occupé de scholastique influence de la philosophie de St Thomas, qui n’a pas de raison de ne pas être évoquée ici dans la mesure où l’évocation de l’œuvre n’a pas d’incidence sur la 1ogigue. Si j’évoque J. MARITAINT et si implicitement je vous invite à vous y reporter dans cet esprit du paradoxe qui s’y démontre, qui maintient chez cet auteur parvenu à son grand age, cette sorte de rigueur qui permet d’y voir pousser jusqu’à une impasse caricaturale, dans un repère très exact de tout le relief du développement de la pensée moderne, le maintien des espoirs les p1us impensables de ce qui devrait se développer dans sa marge pour que puisse se maintenir ce qu’il appelle l’intuition de l’Être. Il parle à ce propos : d’Éros philosophique. Je n’ai pas à répudier devant vous, l’usage d’un tel terme, mais son usage en cette occasion, à savoir : au nom de la philosophie de l’Être espérer la renaissance corrélative de la science moderne, d’une philosophie de la nature, participe d’un Éros qui ne peut relever que de la comédie italienne. Ceci n’empêche nullement au passage, pour reprendre ses distances, que soient pointées des remarques des plus pertinentes concernant ce qu’il en est de la structure de la science que notre science ne comporte rien de commun avec la dimension de la connaissance, voilà qui en effet, est fort juste, mais ne comporte pas une promesse que cette renaissance de la connaissance antique est rejetée qu’elle comporte une autre perspective dont je reprendrai après cette parenthèse ce qu’il s’agit d’interroger.

    Nulle nécessité, pour nous, de reculer devant l’usage de ces tableaux de vérité par où les logiciens introduisent par exemple un certain nombre de fonctions fondamentales de logique de 1a proposition,

    La conjonction de deux propositions implique que si nous mettions les valeurs, à. savoir, que si de deux propositions :

    La valeur P ; vrai ou faux

    La valeur Q : vrai ou faux

    Ce qu’on appelle conjonction est-ce que ce ne sera vrai que si les deux sont vrais ? Dans tous les autres cas, leur conjonction sera fausse. II suffit que vous ouvriez n’importe quel livre de logique moderne pour trouver l’implication, l’équivalence.

(p36->)

    Ceci peut être pour nous support, mais n’est que support et appui à ce que nous avons à demander à savoir : est-il licite ce que nous manions par la parole, ce que nous disons, et dire qu’il y a vérité, est-il licite d’écrire ce que nous disons pour autant que de 1’écrire va être pour nous le fondement de notre manipulation.

    En effet, la logique moderne, je viens de le dire et de le répéter, entend s’instituer, je n’ai pas dit d’une convention, mais d’une règle d’écriture, laquelle règle d’écriture bien sûr, se fonde sur quoi ? Sur le fait qu’au moment d’en constituer l’a1phabet nous avons posé un certain nombre de règles appelées axiomes concernant leur manipulation correcte et que ceci comporte une parole qu’à nous- même nous nous sommes donnés.

    Avons-nous le droit d’inscrire dans les signifiants : le vrai et le faux, du vrai et du faux comme quelque chose de maniable logiquement.

    Il est sûr que quel que soit le caractère introductif, prémiciel de ces " tableaux de vérité " qui peuvent nous tomber sous la main, l’effort de cette logique sera-t-il de construire la logique propositionnelle sans partir de ce tableau, dût-on d’ailleurs après avoir construit autrement les règles de la déductibilité, y revenir.

    Mais ce qui nous intéresse c’est aussi de savoir ce que ça voulait dire qu’on s’en soit servi, je dis ici tout spécia1ement, dans la logique stoïcienne.

    J’ai fait allusion à :

    Il est clair que çà n’a été articulé avec une telle force nulle part mieux que chez les stoïciens .

    Sur le vrai et le faux, les stoïciens se sont interrogés par cette voie logique, à savoir : qu’est-ce qu’il faut pour que le vrai et le faux aient un rapport avec la 1ogique au sens propre où nous  le plaçons ici, à savoir : que le fondement de la logique n’est pas à prendre ailleurs que dans l’articulation du langage dans la chaîne signifiante. C’est pourquoi leur logique était une logique de proposition et non une logique de classe. Pour qu’il y ait une logique de proposition. pour que ça puisse même opérer, comment faut-il que les propositions s’enchaînent au regard du vrai et du faux, ou cette 1ogique n’a rien à faire avec le vrai ou le faux, ou si elle a à faire, le vrai doit engendrer le vrai, c’est ce qu’on appelle la relation d’implication en un sens où elle ne fait rien intervenir d’autre que deux temps proportionnels : la protase. pour ne pas dire hypothèse, il ne s’agit pas de croire, il s’agit de poser que ce qui est affirmé est affirmé  comme vrai et la seconde proposition l’apodose. Nous définissons l’implication comme quelque chose où  il peut y avoir rien de plus : une protase vraie et une apodose vraie. Ceci ne peut donner que quelque chose que nous mettons entre parenthèses et qui constitue une liaison vraie, cela ne veut pas dire du tout qu’il ne puisse y avoir que ça..

    (p37->) Supposons la même protase fausse et l’apodose vraie eh bien ! les stoïciens vous diront que ceci est vrai, parce que très précisément du faux peut être impliqué aussi bien le vrai que le faux, par conséquent et c’est le vrai, il n’y a pas d’objection logique.

    L’implication ne veut pas dire la cause, l’implication veut dire cette liaison où s’inscrit d’une certaine façon concernant le tableau de la vérité, la protase et l’apodose.

    La seu1e chose qui ne peut pas aller est la doctrine du dénommé FILON, c’est que la protase soit vraie et l’apodose fausse.

    Le fondement le plus radical de toute possibilité de manier dans un certain rapport avec la vérité, la chaîne signifiante comme telle, nous avons donc la possibilité d’un tableau. Alors, la liaison d’implication est connotée de fausseté. Qu’est-ce que ça veut dire ? Bien sûr les conditions d’existence les plus radicales d’une logique vous ai-je dit.

   Le problème tout à fait évident c’est ce que nous avons, nous, à faire quand nous avons ensuite à parler de ce qui est écrit.

    En d’autres termes, quand le sujet de l’énonciation entre en jeu pour le mettre en valeur, nous n’avons qu’à observer ce qui se passe quand nous disons « qu’il est vrai, qu’il est faux » ça ne bouge pas, à savoir que simp1ement le faux reprend peut-être je ne sais quoi de lustre, d’encadrement qui le fait passer au faux rayonnement.

    Dire du faux qu’il est vrai, n’a pas le même résultat, je veux dire que nous fondons le faux, mais nous dirons plutôt qu’il est faux qu’il soit vrai.        L’emploi du subjonctif nous indique qu’i1 se passe quelque chose.

    Dire qu’il est vrai qu’il est vrai, va bien aussi, nous laisse une vérité assurée encore que tautologique, mais dire qu’il est faux qu’il soit vrai n’assure sans doute pas le même ordre de vérité.

    Dire qu’il soit faux, ce n’est pas pour autant dire que c’est vrai. Nous nous voyons donc avec la dimension de l’énonciation remise en suspens de quelque chose qui ne demandait qu’à fonctionner d’une façon tout à fait automatique, au niveau de l’écriture, c’est pourquoi il est tout à fait frappant de noter quel est le côté glissant de ce point où le drame surgit très exactement de cette duplicité du sujet. Je n’hésiterai pas à illustrer d’une petite histoire de ma carrière, cette réclamation d’exigence qui un jour surgissant de la gorge de quelqu’un de très séduit par ce que j’apportais de l’articulation de mon enseignement, touchante jaculation lancée vers le ciel : " Pourquoi ne dit-il pas le vrai sur le vrai ?. "

    ( p38->) Cette sorte d’inquiétude trouverait sa réponse suffisamment, à condition de repasser au signifiant écrit le vrai sur le vrai. Le vrai sur le vrai, le signifiant ne saurait se signifier lui-même, sauf à ce que se ne soit pas lui qui le signifie, sauf à user de la métaphore, qui substitue un signifiant autre à ce V de la vérité, et de la faire ressortir, à savoir : la création d’un signifié faux.

    A propos du discours aussi rigoureux que j’essaie de faire aujourd’hui, ça peut encore dans vos cervelles engendrer ces sortes de confusions liées à  la production du signifié dans la métaphore.

    Il n’est pas étonnant que me revienne aux oreilles, de la même source où se produisit une invocation concernant ce que j’enseigne de Freud, ce que cette bouche élégamment articulé comme " délayage conceptuel " !

    Il y a une sorte d’abus où se désigne que le rapport étroit qu’a avec la structure du sujet, l’objet partiel. Le fait d’admettre qu’il est possible de commenter un texte de Freud en dé1ayant ses concepts évoque ce qui ne saurait satisfaire à la fonction de l’objet partiel, que l’objet  partiel doit pouvoir être tranché. Le pot de moutarde défini comme étant nécessairement vide de moutarde, ne saurait être rempli de façon satisfaisante avec un délayage, avec la merde molle.

    Il est essentiel de voir la cohérence qu’ont ces objets primordiaux avec tout maniement correct d’une dialectique subjective.

    Pour reprendre ces premiers pas concernant l’implication, il est nécessaire de voir surgir ce joint entre la vérité et l’écrit, à savoir : ce qui peut être écrit et ce qui ne le peut pas. Que veut dire ce « ne peut pas » dont la 1imite la définition reste entièrement arbitraire. La seule limite posée dans la logique moderne au fonctionnement d”un Alphabet dans un certain système, la seule limite étant celle de la parole donnée, axiomatique et initiale. Que veut dire le « ne peut- pas » ? Il a un sens dans la parole donnée, initiale, interdictif. Mais qu’est-ce qui peut s’en écrire ?. Le problème de 1a négation est à poser au niveau de l’écriture en tant qu’elle la règle comme fonctionnement logique. Ici tout de suite, bien sûr, nous apparaît la nécessité qui a  fait surgir d’abord cet usage de la négation dans ses images intuitives, marquées par le premier dessin de ce qu’on ne souhaite point être bord, les images d’une limite, celle où la logique première, celle introduite par Aristote, logique du prédicat, qui marque le champ où une classe se caractérise par un prédicat donné et l’hors ce champ lié par ce joint au prédicat. Il n’est pas articulé au niveau d’ARISTOTE, que ceci comporte l’unité de l’univers du discours, comme je dis à propos de l’inconscient, de faire ressentir l’absurdité de faire ressortir qu’il y a le noir et ce qui ne l’est pas. C’est le fondement de la 1ogique du prédicat.

    Ce n’est pas aujourd'hui, mais dans les séances qui vont suivre, que je vais essayer de distinguer pour vous, d’une façon complète quels sont au niveau logique, à proprement parler, ce qui s’impose de l’écriture elle-même de discerner (p39->) la négation, c’est au moyen de petites lettres que je vous montrerai qu’il y a quatre échelles différentes de négation, dont la négation classique, celle qui invoque et parait se fonder uniquement sur le principe de la contradiction, n’est qu’une d’entre elle, cette distinction technique, je veux dire, ce qui peut se formuler strictement en logique formelle, est essentiel pour nous permettre de mettre en question ce que Freud dit, et que depuis qu’i1 l’a dit, on la répète : que l’inconscient ne connaît pas la contradiction. Il est bien triste que certains propos soient lancés sous cette forme de flèches illuminant ces formes, nous mettre sur la piste des développements les plus radicaux et que ce soit resté à cet état, suspendu au point qu’une dame qualifiée d’un titre qu’elle avait officiellement : Princesse, qu’elle répétait en croyant qu’elle disait quelque chose, c’est le danger !

    Que la logique ne se supporte que là où on peut la manier dans 1’usage de l’écriture, mais à proprement parler, personne ne peut assurer que quelqu’un qui en parle, dit quelque chose. C’est ça qui le fait prendre en suspicion, c’est pour ça qu’il est nécessaire de recourir à l’appareil de l’écriture.

    Nous devons nous apercevoir du mode sous lequel surgit ailleurs que dans l’articulation écrite, cette négation. Où allons-nous pouvoir la saisir ? Ou allons-nous devoir être forcés de l’écrire avec les seuls appareils que j’ai déjà produit devant vous !

    Prenons cette implication : la proposition P implique la proposition : Q. Essayons de voir ce qu’il en est, en partant de Q, à savoir : ce que nous pouvons articuler de la proposition P, si nous la mettant après la proposition Q, nous devons écrire la négation avant, ou à coté. ou au-dessus, quelque part, liée à Q. P implique Q, indique que si non Q par de P.

    On a donc saisi un exemple, et l’un des plus simples, de la nécessité du surgissement dans l’écrit, de quelque chose dont on aurait bien tort de croire que c’est le même qui fonctionnait tout à l’heure au titre du complémentaire, à savoir qui de lui-même posait l’univers du discours comme 1 , les deux choses vont si peu ensemble qu’il suffit de les décréter pour les désarticuler l’une et l’autre, et faire que l’une et l’autre fonctionnent distinctement.

    Ceci se propose comme à interroger de l’avant pour ce qui peut être écrit, à savoir : du point où s’illumine la duplicité du sujet de l’énonciation au sujet de l’énoncé, cette duplicité où ce sujet se maintient, nous aurons d’abord la fonction de la négation pour autant qu’elle rejette tout ordre de discours en tant que le discours l’articule, ce dont elle parle, ça je vous le ferai remarquer.

    Ce que Freud avance et ce qui est méconnu quand il articule le premier pas de l’expérience en tant qu’il est structuré par le principe du plaisir, comme s’ordonnant, dit-il d’un moi et d’un non-mais. On est si peut logicien, qu’on ne s’aperçoit pas qu’à ce moment, il ne saurait s’agir, ceci avec une façon d’autant (p40->) plus fautive que dans le texte de Freud les deux études sont distinguées, le moi et le non-moi, lust-unlust, pas d’ordre de complémentarité de l’ordre du discours.

    Si moi et non-moi voulaient dire ; saisie du monde dans un univers du discours celle qui est ce qu’on évoque à considérer que le narcissisme primaire peut intervenir dans la science analytique, ceci voudrait dire que le sujet infanti1, au point où Freud le désigne déjà dans 1e premier fonctionnement du principe du plaisir, est capab1e de faire de la logique ! Alors que ce dont il s’agit c’est de l’identification du moi dans ce qui lui plait, dans le lust. Ce qui veut dire que le moi du sujet ici s’aliène de façon imaginaire, ce qui veut dire que c’est précisément dans le dehors, que ce qui plait est isolé comme moi, ce premier non qui est fondateur quant à 1a structure narcissique, pour autant que dans la suite de Freud elle ne se développera que dans cette sorte de négation de l’amour.

    On ne dira pas que je ne dis pas le vrai sur le vrai, mais le vrai sur ce que dit FREUD.

    Que tout amour soit fondé dans ce narcissisme premier, voilà une des demandes où FREUD nous sollicite de savoir ce qu’il en est de cette fonction prétendue universelle, pour autant qu’elle vient donner la main à la fameuse intuition de l’Être.

    Le mé de méconnaissance qui se distingue du comp1ément en tant que dans l’univers du discours il désigne et peut désigner la contre partie. Nous l’appellerons le " contre " pour ne pas dire le contraire. Il est distinct pour FREUD lui-même. Ce à quoi je fais allusion dans l’implication pour le révéler dans les révélations opaques dans leur retournement, dans l’implication elle-même, le " pas-sans ", l’implication telle que définir (?) dans la tradition stoïcienne. Il y a quelque paradoxe à ce qu’elle soit constituée telle que n’importe quelle proposition P et Q constitue une implication et qu’il est clair que de dire que si Mme Untel a les cheveux jaunes, les triangles équilatéraux ont une proportion pour leur hauteur. Mais ce qu’implique la proposition du retournement à savoir que la condition devient nécessaire de renverser la seconde proposition vers la première, c’est le " pas-sans ".

    Ceci ne va pas sans « Mme Untel peut avoir les cheveux jaunes » ça n’a pas pour nous de liaison nécessaire avec ceci : que le triangle équilatéral doit avoir quelque propriété. Reste le fait qu’elle ait les cheveux jaunes, ça ne va pas sans que quelque chose paraisse vrai. Ce pas sans le place, le surgissement de ce qu’on appelle la cause, si on peut donner une existence à cet être fantasmatique, c’est la fonction de ce " pas sans " et la place qu’il occupe qui nous permettra de 1e débusquer.

    Pour terminer sur ce qui fera l’objet de notre prochaine rencontre, qu’est-ce que veut dire le terme : non. Pouvons-nous le faire surgir en tant que forme du complémentaire du monde la méconnaissance, si ce terme de ce " pas sans ", quand il viendra à s’appliquer aux termes les plus radicaux sur lesquels je (p41->) fais tourner pour vous la question de l’inconscient, peut-il nous venir à l’idée que quand nous parlons du non-être, il s’agisse de quelque chose qui serait au pourtour de la bulle de l’être ? Est-ce que le non-être c’est tout l’espace à l’extérieur ? Est-il possible de suggérer que c’est ça que nous voulons dire, ce non être que j’aimerais mieux intituler : " le lieu où je ne suis pas". ?

    Quant au "ne pas penser" qui ira à dire que c’est là quelque chose qui ne puisse se saisir dans ce autour de quoi la logique du prédicat. La compréhension comme si elle constituait la moins antinomique au registre de l’extension, qu’il est clair que tout pas qu’on a fait dans la logique c’est fait sous l’angle de l’extension. Que la négation puisse continuer d’être dans un questionnement primordial mis en usage, concernant ce dont il s’agit, si elle doit rester liée à l’extension, que veut dire ce " ne pas penser " . Au point que nous puissions l’écrire dans notre logique ? Question autour de quoi, celle du " je ne suis pas " et du " je ne pense pas, " je ferai porter notre prochain entretien.

 
   
note : bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire, ou si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un émail. Haut de Page  (revu le 25/10/2004)
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