J-LACAN                     gaogoa

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XXV-Le moment de conclure   1977-1978
   
  Version rue CB

Séminaire du 10 janvier 1978                   note         

    (p1->) Je suis un peu surmené parce que, samedi et dimanche, il y a eu un congrès de mon École. Comme on préférerait que, enfin, SIMATOS préférerait qu’il n’y ait que les membres de cette École, on a été un peu loin, et je n’en suis revenu que difficilement.

     Quelqu’un, c’est quelqu’un qui parle avec moi, quelqu’un en attendait, vu le sujet qui n’était autre que ce que j’appelle la « passe », quelqu’un en attendait quelques lumières sur la fin de l’analyse.

     La fin de l’analyse, on peut la définir. La fin de l’analyse, c’est quand on a deux fois tourné en rond, c’est-à-dire retrouvé ce dont on est prisonnier ; recommencer deux fois le tournage en rond, c’est pas certain que ce soit nécessaire, il suffit qu’on voit ce dont on est captif, et l’inconscient, c’est ça. C’est la face de réel – peut-être que vous avez une idée après m’avoir entendu de nombreuses fois, peut-être que vous avez une idée de ce que j’appelle le réel, -c’est la face de réel de ce dont on est empêtré.

     Il y a quelqu’un qui s ‘appelle SOURY, et qui a bien voulu prêter attention à ce que j’énonce concernant les ronds de ficelle et il m’a interrogé (fig.1), il m’a interrogé sur ce que ça signifie que il ait pu écrire, comme ça, les ronds de ficelle, car c’est comme ça qu’il les écrit.

     L’analyse ne consiste pas à ce qu’on soit libéré de ses sinthomes, puisque c’est comme ça que je l’ai écrit (l’écris ?) « symptôme »

     (p2->) L’analyse consiste à ce qu’on sache pourquoi on en est empêtré. Ca se produit du fait qu’il y a le symbolique. Le symbolique c’est le langage, on apprend à parler et, ça laisse des traces. Ca laisse des traces et, de ce fait, ça laisse des conséquences qui ne sont rien d’autre que le sinthome, et l’analyse consiste à se rendre compte de pourquoi on a ces symptômes. De sorte que l’analyse est liée au savoir. C’est très suspect ?  C’est très suspect et ça prête à toutes les suggestions, c’est bien le mot qu’il faut éviter. L’inconscient, c’est ça, c’est qu’on a appris à parler, et que de ce fait, on s’est laissé, par le langage, suggérer toutes sortes de choses.

        Ce que j'essaie, c'est d'élucider quelque chose sur ce qu c'est vraiment que l'analyse; sur ce que c'est vraiment que l'analyse, on ne peut vraiment le savoir que si on me demande, à moi, une analyse. C'est la façon dont, l'analyse je la conçois.  C'est bien pour ça que j'ai tracé une fois pour toute ces ronds de ficelle - que, bien entendu, je rate sans cesse, dans leur figuration, je veux dire, qu'ici , vous le voyez bien, j'ai dû faire ici une coupure, et que cette coupure, je l'avais pourtant 
préparée -, il n'en reste pas moins qu'il a fallu que je la refasse.

        Compter, c'est difficile. Et je vais vous dire pourquoi: c'est qu'il est impossible de compter sans deux espèces de chiffre. Tout part du zéro:

        0    1    2    3    4    5    6    7    8    9

        0   01   02   03   04   05   06   07   08   09

(p3->) Tout part du zéro et chacun sait que le zéro est tout à fait capital. Le résultat, c'est que ici, c'est 1. Voilà en quoi ça commence au 11, en quoi le 1 qui est ici et le 1 qui est là se distinguent. Et, bien entendu, ce n'est pas la même espèce de chiffre qui fonctionne, pour ici marquer le 1 qui permet 16.

        La mathématique fait référence à l'écrit, à l'écrit comme tel, et la pensée mathématique, c'est le fait qu'on peut se représenter un écrit. 

        Quel est le lien, sinon le lieu de la représentation de l'écrit?

        Nous avons la suggestion que le réel ne cesse pas de s'écrire c'est bien par l'écriture que se produit le forçage; ça s'écrit tout de même, le réel, car, il faut le dire, comment le réel apparaîtrait-il s'in ne s'écrivait pas? C'est bien en quoi le réel est là (Fig.1). Il est là par ma façon d'écrire.

        L'écriture est un artifice. Le réel n'apparaît donc que par un artifice, un artifice lié au fait qu'il y a de la parole, et même du dire; et le dire concerne ce qu'on appelle la vérité, c'est bien pourquoi je dis que la vérité, on ne peut pas la dire.

        Dans cette histoire de la passe, je suis conduit, puisque la passe c'est moi qui l'ai, comme on dit, produite, dans mon École, dans l'espoir de savoir ce qui pourrait bien surgir dans ce qu'on appelle l'esprit, l'esprit d'un analysant pour se constituer, je veux dire recevoir des gens qui viennent lui demander une analyse. Ca pourrait peut-être se faire par écrit, je l'ai suggéré à quelqu'un qui, d'ailleurs, était plus que d'accord. "Passer par (l') écrit", ça a une chance d'être un peu plus près de ce qu'on peut atteindre du réel que ce qui se fait actuellement, puisque (p4->) j'ai tenté de suggérer à mon École que des passeurs pouvaient être nommés, nommés par quelques-uns. L'ennuyeux, c'est que ces écrits, on ne les lira pas, au non de quoi, au non de ceci que, de l'écrit, on en a trop lu, alors quelle chance y a-t-il qu'on le lise. C'est là, couché sur le papier, mais la papier, c'est aussi le papier hygiénique  -les chinois se sont aperçus de ça, qu'il y a du papier dit hygiénique, le papier sur lequel on se torche le cul-.

      Impossible, donc, de savoir qui lit. Il y a sûrement de l'écriture dans l'inconscient. Ne serait-ce que parce que le rêve, principe de l'inconscient,- ça, c'est ce que dit FREUD - le lapsus, et même le trait d'esprit, de définissent par le lisible. Un rêve, on le fait, on ne sait pas pourquoi, et puis, après-coup ça se lit; un lapsus, de même ; et tout ce que dit FREUD du trait d'esprit est bien notoire comme étant lié à cette économie qu'est l'écriture, économie par rapport à la parole. Le lisible, c'est en cela que consiste le savoir. Et, en somme c'est court.

      Ce j'ai dit /je dis?/ du  transfert, et que j'ai timidement avancé comme étant le sujet, le sujet est toujours supposé- il n'y a pas de sujet, bien entendu-il n'y a que le supposé, le supposé savoir, qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire? Le supposé savoir lire autrement. L'autrement en question, c'est bien celui que j'écris moi aussi de la façon suivante: S (A). Autrement, qu'est-ce que ça veut dire? Il s'agit du grand A, là, à savoir du grand Autre. Est-ce qu'autrement veut dire autrement que ce bafouillage qu'on appelle psychologie? Non. Autrement désigne un manque. C'est de manquer autrement qu'il s'agit.  Autrement, dans l'occasion, est-ce que ça veut dire autrement que quiconque? C'est bien en ça que l'élucubration de FREUD est vraiment problématique.

       (p5->) Tracer des voies, laisser des traces de ce qu'on formule, c'est ça qui est enseignable et enseigner n'est rien d'autre aussi que tourner en rond.

        On a énoncé, comme çà, on ne sait pas pourquoi il y a eu un nommé CANTOR qui a fait la théorie des ensembles. Il a distingué deux types d'ensembles, l'ensemble qui est dénombrable et, il le remarque à l'intérieur de l'écriture, à savoir que c'est à l'intérieur de l'écriture qu'il fait équivaloir la série des nombres entiers, par exemple, avec la série des nombres pairs. Un ensemble n'est dénombrable qu'à partir du moment où on démontre qu'il est biunivoque. Mais, justement, dans l'analyse, c'est l'équivoque qui domine, je veux dire que c'est à partir du moment ou il y a une confusion entre ce réel que nous sommes bien amené à appelé une chose, il y a une équivoque entre ce réel et le langage, puisque le langage, bien sûr, est imparfait, c'est bien là tout ce qui se démontre que tout ce qui s'est dit de plus sûr. Le langage est imparfait. Il y a un nommé Paul HENRY qui a publié ça chez KLINCKSIECK, il appelle ça, le langage, un mauvais outil, on ne peut pas dire mieux. Le langage est un mauvais outil, et c'est bien pour ça que nous n'avons aucune idée du réel. C'est bien là-dessus que je voudrais conclure.

      L'inconscient, c'est ce que j'ai dit, ça n'empêche pas de compter, de compter de deux façon qui ne sont, elles, que des façon d'écrire. Ce qu'il y a de plus réel, c'est l'écrit, et l'écrit est confusionnel.

        Voilà, je m'en tiendrai là pour aujourd'hui, puisque, comme vous le voyez, j'ai des raisons d'être fatigué.


note: bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire, ou si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un email. Haut de Page