J.LACAN             en cours                gaogoa

 

XVIII- d'un discours qui ne serait pas du semblant
        version rue CB                                    note

 

17 février 1971 

texte de 23 pages

    Ca, c'est le nom de l'auteur de cette formule, auquel, malgré qu'elle ait été écrite vers 250 avant Jésus Christ, en Chine comme vous le voyez, au livre IV, 2 eme  partie -  quelquefois c'est classé autrement, alors dans ce cas là ce sera la partie 8 - au livre IV, 2 eme partie, paragraphe 26 de Meng Tseu que les Jésuites appellent Mencius, puisque ce sont eux qui ont fait bien avant l'époque où il a eu des sinologues - c'est-à-dire le début du XIX siècle, pas avant- j'ai eu l'honneur d'acquérir le premier livre sur lequel se soit  trouvée conjointe une plaque d'impression chinoise - c'est pas tout à fait la même chose  que le premier livre où il y ait eu à  la fois des caractères chonois et des caractères européens - c'est le premier livre où il y a eu une plaque d'impression chinoise avec des choses écrites, des choses imprimées de notre cru. C'est une traduction des fables d'ESOPE. Ca, c'est paru en 1840 et ça se targue, à juste titre, d'être le premier livre où se soit réalisé cette conjonction. 1840, dites-vous  que c'est à peu près justement la note su moment ou il y eu des sinologues. Les jésuites étaient depuis bien longtemps en Chine, comme peut-être certains s'en souviennent. Il on failli faire la conjonction (? conversion?) de la Chine avec ce qu'ils représentaient au titre de missionnaires. Seulement ils se sont laissés un peu impressionner par les rites chinois et , comme vous le savez peut-être, en plein XVIII eme siècle, ça leur a fait quelques ennuis avec Rome qui n'a pas montré en l'occasion une particulière acuité politique. Ca lui arrive, à Rome ! Enfin dans Voltaire - si vous lisez Voltaire, mais bien sûr personne ne lit plus Voltaire, il y a - très exactement enfin au " Siècle de Louis XIV "  et en appendice , je crois, ça forme un libelle particulier - un grand développement sur cette (p2->) querelle des rites, d'ou beaucoup de choses dans l'histoire se trouve maintenant en position de filiation. Quoi qu'il en soit donc, c'est de MENCIUS qu'il s'agit et MENCIUS écrit ceci - puisque je l'ai écrit au tableau pour commencer; ça ne fait pas à proprement parler partie de mon discours d'aujourd'hui, c'est pour ça que je le case avant l'heure pile de midi et demie - je vais vous dire ou je vais essayer de vous faire sentir ce que ça veut dire et puis ça vous mettra dans le bain, concernant ce qui est l'objet à proprement de ce que je veux énoncer aujourd'hui, c'est à savoir dans ce qui nous préoccupe, quelle est la fonction de l'écriture. Comme l'écriture ça existe en Chine depuis un temps immémorial - je veux dire bien avant que nous en ayons à proprement parler les ouvrages, l'écriture existait déjà depuis extrêmement longtemps, on ne peut pas évaluer depuis combien de temps elle existait - cette écriture a en Chine un rôle  tout à fait pivot dans un certain nombre de choses qui se sont passées et c'est assez éclairant sur ce que nous pouvons penser de la fonction de l'écriture. Il est certain que l'écriture a joué un rôle tout à fait décisif dans le support de quelque chose auquel nous avons cet accès-là et rien d'autre, à savoir un type de structure sociale qui s'est soutenu très longtemps et d'où jusqu'à une époque récente on pouvait conclure qu'il y avait une toute autre filiation, quant  qu'il supportait en Chine, que ce qui s'était engendré chez nous, et nommément par un de ces filum qui se trouve nous intéresser particulièrement, à savoir le filum philosophique en tant que - je l'ai pointé l'année dernière -  il est nodal pour comprendre ce dont il s'agit quant au discours du maître.

    Alors voilà comment s'énonce cet exergue.

    Comme je vous ai déjà montré au tableau la dernière fois ceci désigne le ciel:  , ça se lit : Tien; Tien Dia, c'est sous le ciel. " Tout ce qui est sous le ciel " , ici c'est un déterminatif : Tchou, il s'agit de quelque chose qui est dessous le ciel. 
(p3->) Qu'est-ce qui est dessous le ciel ? C'est ce qui vient après. Ce que vous voyez là n'est autre chose que la désignation de la parole:  que dans l'occasion nous énoncerons Yen.  Yen, Sin,  -je l'ai déjà mis au tableau la dernière fois, en vous signalant que le SIN, c'était justement un des éléments qui nous préoccuperont cette année pour autant que le terme qui en approche le plus, c'est celui de la nature. Et Hié est quelque chose qui conclue une phrase sans dire à proprement parler qu'il s'agir de quelque chose de l'ordre de ce que nous énonçons "est", "être", c'est une conclusion, disons une ponctuation. Car la phrase continue ici puisque les choses s'écrivent de droite à gauche, la phrase continue ici par un certain Tsang qui veut dire "par conséquent" et qui en tout cas indique le conséquent.

    Alors voyons ce dont il s'agit. YEN ne veut rien dire d'autre que le langage. Mais comme tous les termes énoncés dans la langue chinoise, c'est susceptible aussi d'être employé au sens d'un verbe. Donc ça peut vouloir dire à la fois la parole et ce qui parle et qui parle quoi , Ca serait, dans ce cas, ce qui suit, à savoir SIN, " la nature  ce qui parle de la nature sous le ciel" et Hié serait une ponctuation.

    Néanmoins - et c'est en cela qu'il est intéressant de s'occuper d'une phrase de la langue écrite - vous voyez que vous pourriez couper les choses autrement et dire: la parole, voire le langage - car s'il s'agissait de préciser la parole, nous aurions un autre caractère légèrement différent ,; à ce niveau tel donc qu'il est ici écrit, ce caractère      peut aussi bien vouloir dire parole que langage. Ces sortes d'ambiguïté sont tout à fait fondamentales dans l'usage de ce qui s'écrit très précisément et c'est ce qui en fait la portée puisque, comme je vous l'ai fait remarquer au d"épart de mon discours de cette année et plus spécialement la dernière fois, c'est très précisément en tant que la référence quant à tout ce qui est du langage est toujours (p4->) indirecte que le langage prend sa portée. Nous pourrions dire aussi: " le langage, en tant qu'il est dans le monde", qu'il est sous le ciel, "le langage , voilà ce qui fait SIN, la nature "; car cette nature n'est pas, au moins dans MENG TSEU, n'importe quelle nature, il s'agit justement de la nature de l'être parlant, celle dont, dans un autre passage, il tient à préciser qu'il y a une différence entre cette nature et la nature de l'animal, une différence, ajout-t-il, pointe-t-il, en deux termes qui veulent bien dire ce qu'il veut dire, une différence infinie et qui peut-être est celle qui est définie là; vous le verrez d'ailleurs, que nous prenions l'une ou l'autre de ces interprétations, l'axe de ce qui va se dire comme conséquent n'en sera pas changé. Tsang, donc, c'est la conséquence : " En conséquence, Kou - c'est ici :      - Kou, en conséquence c'est de cause, car cause ne veut pas dire autre chose; quelle que soit l'ambiguïté qu'un certain livre qui est celui-ci: " Mencius on the mind ", à savoir un livre commis par un nommé RICHARDS qui n'était certainement pas le dernier venu - RICHARD ET OBDEN sont les deux chefs de file d'une position née en Angleterre et tout à fait conforme à la meilleur tradition de la philosophie anglaise, qui ont constitué au début de ce siècle la doctrine appelée "logico-positivisme" dont le livre majeur s'intitule : "The meaning of meaning ". C'est un livre auquel vous trouverez déjà allusion dans mes Écrits , avec une certaine position dépréciative de ma part. 3Meaning of meaning" veut dire le sens du sens. Le logico-positivisme procède de cette exigence qu'un texte ait un sens saisissable, ce qui l'amène à une position qui est celle-ci qu'un certain nombre d'énoncés philosophiques se trouvent en quelque sorte dévalorisés au principe, du fait qu'ils ne donnent aucun résultat saisissable quant à la recherche du sens. En d'autres termes, pour peu qu'un texte philosophique soit pris en flagrant délit de non-sens, il est mis pour cela même hors de jeu. Il n'est guère que trop clair que c'est là une façon d'élaguer les choses qui ne permet guère de s'y retrouver, car si nous partons du principe que  quelque chose qui n'a pas de sens  ne peut pas être essentiel dans le développement (p5->) d'un discours nous perdons le fil tout simplement.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

note: bien que relu, si vous découvrez des erreurs manifestes dans ce séminaire, ou si vous souhaitez une précision sur le texte, je vous remercie par avance de m'adresser un email. Haut de Page