le KALEVALA

                 

Il est des mots mystérieux

Trouvés sur le bord du chemin,

Détachés des brins de bruyère,

Ôtés aux rameaux des broussailles,

Pris dans le fouillis des buissons,

Cueillis sur la tige de l’herbe,

Ramassés le long des sentiers,

Quand je cheminais, jeune pâtre,

Que je conduisais les troupeaux

A travers les prés emmiellés,

Sur le flanc des collines d’or.

 

 

Le froid ma fredonné des chants,

La pluie a murmuré des mots,

Les vents m’en ont chanté maint autre,

Maint autre, les flots de la mer,

Les oiseaux ont fournis les sons,

Les cimes des arbres, des vers.

Je les ai roulés en pelote,

Je les ai mis en écheveau,

La pelote sur mon traîneau,

L’écheveau sur mon petit char ;

Le traîneau les porta chez moi,

Le petit char près de la grange ;

Je les plaçai sur un rayon,

Au fond d’une cruche de cuivre.

Dois-je ouvrir la caisse des mots,

Offrir mon coffret de chansons,

Rompre le nœud de la pelote,

Tirer le fil de l’écheveau ?