Du trait distinctif au poème : la pensée de Roman Jakobson est dans ce mouvement. Mouvement en effet ; rien de moins statique que la linguistique jakobsonienne, dont tout l’effort vise, non à isoler des “ niveaux ”, mais à dégager les relations dynamiques qui, parcourant la charpente du langage font de la langue une structure intégrée, où, pour ne retenir que les deux extrêmes, le phonétique, l’en-deça du sens, informe le poétique, la plénitude du sens.
Cette recherche de l’unité, cette volonté d’intégrer toutes les dimensions du langage, physiologique, psychologique, sociale, mythique on avait pu la suivre à travers les divers essais et articles de Roman Jakobson. Mais, pour la première fois, la voilà qui s’incarne dans un livre où toute la démarche se trouve systématiquement retracée. Livre-somme, donc, qui de chapitre en chapitre, de l’exposé de la théorie des traits distinctifs à l’analyse d’un poème d’E. E. Cummings, résume toute la pensée du chercheur.
Pour Jakobson, le langage n’est pas une machine, ni une taxinomie. C’est une structure vivante, qui se développe chez l’enfant, se meurt chez l’aphasique, se crée chez le poète. Structure de vie : c’est peut-être le rapprochement de ces deux mots qui traduit sa plus grande originalité et son apport le plus profond à la linguistique.
  

Table des matières

Chapitre I. Les fonctions des sons du langage :


- Contrepèteries
– La discrimination du sens
– L’homonymie
– Les doublets
– Les débuts de la recherche
– Invariance et relativité
– À la recherche des oppositions
– Traits et phonèmes
– Les sons du langage et le cerveau
– La redondance
– Les traits configuratifs
– Les variations stylistiques
– Les indices physiognomoniques
– Les traits distinctifs en relation avec les composantes des sons du langage
– L’identification des traits distinctifs
– Discrimination et détermination du sens
– Autonomie et intégration
– Les universaux
– La perception de la parole
– La vie et le langage
– Le rôle de l’apprentissage
– La parole et le langage visualisé
– Le multiforme et le conforme
– La parole intérieure


  

Chapitre II. À la recherche des constituants ultimes :

- À la mémoire de Pierre Delattre
– Consonne~voyelle
– La syllabicité
– La marque
– Grave~aigu
– Production et décodage
– Compact~diffus
– Dièsement et bémolisation
– L’interrelation des traits de tonalité
– Et maintenant?

Chapitre III. Le réseau des traits distinctifs :

- Signification des traits distinctifs
– Les deux axes
– La nasalité
– Voisé~non voisé, tendu~lâche
– Strident~mat
– Les équivalents consonantiques des traits prosodiques
– L’harmonie vocalique
– Les glides
– La charpente phonique à l’état natif
– La synchronie dynamique
– Perspectives

  

 

 

 

Chapitre IV. La magie des sons du langage :

- Le symbolisme phonique
– La synesthésie
– Les affinités lexicales
– L’ablaut phonico-symbolique
– L’usage mythopoétique des sons du langage
– Le tabou linguistique
– La glossolalie
– Le son comme fondement du vers
– L’art verbal des enfants
– La  poétique phonisante  de Saussure
– Réflexions sur un poème de Cummings
– Le langage et la poésie

Conclusion

Bibliographie

Index