ne pas confondre Hygiénisme et le mouvement hygiéniste:

"l'action du mouvement hygiéniste qui a tenté à la fin du siècle dernier (XIXeme) de lutter contre les fléaux sociaux du moment : misère sociale, mortalité infantile, tuberculose, syphilis, criminalité, etc... Un dispositif de prévention médicale, morale et sociale se constitue à partir de la fédération de nombreuses ligues, oeuvres de sociétés philanthropiques, et de l'alliance des médecins hygiénistes avec d'autres groupes sociaux . Ce dispositif recouvre de nombreux espaces sociaux et médico-sociaux. Le mouvement d'hygiène mentale, composante importante de l'hygiène sociale, s'organise à partir d'une critique du modèle asilaire, jugé inadéquat au développement d'une prophylaxie s'adressant à l'ensemble de la population . "

Enfin, il nous semble important de replacer ce mouvement politique et intellectuel dans la longue durée de l'histoire de l'ascension du corps médical et de son principal étendard : l'hygiénisme . Ce dernier peut être défini comme le très vaste projet de contrôle sanitaire et social conçu clairement par les médecins dès la fin du XVIIIème siècle, mis en oeuvre de façon de plus en plus efficace à partir des années 1820-1830 mais qui connut véritablement son apogée au tournant du XIXème et du XXème siècle, du fait notamment de l'impact de ce qu'il est convenu d'appeler la « révolution pastorienne ». La lutte contre le crime est un des aspects de cette police généralisée des moeurs, au même titre que la lutte contre la prostitution, l'alcoolisme, le vagabondage, la sexualité hors mariage ou que l'éducation surveillée des enfants. En 1829, le programme des Annales d'hygiène publique et de médecine légale annonçait clairement cette ambition. Il stipulait en effet que, au-delà de la salubrité des conditions de vie et d'alimentation,

« [l'hygiène publique] a devant elle encore un autre avenir dans l'ordre moral.
[...] Elle doit éclairer le moraliste et concourir à la noble tâche de diminuer le nombre des infirmités sociales. Les fautes et les crimes sont des maladies de la société qu'il faut travailler à guérir, ou, tout au moins, à diminuer ; et jamais les moyens de curation ne seront plus puissants que quand ils puiseront leur mode d'action dans les révélations de l'homme physique et intellectuel, et que la physiologie et l'hygiène prêteront leurs lumières à la science du gouvernement » (cité par Lécuyer, 1986, 101).