25-Timée, de l'Atlantide, PLATON
L'Atlantide

Destruction des Atlantes
Chute de la puissante civilisation de l'Atlantide
Le Cataclysme
Convergence des histoires
Atlantis rencontre Athènes

 

Critias

[Le prêtre égyptien]

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Nous gardons ici par écrit beaucoup de grandes actions de votre cité qui provoquent l’admiration, mais il en est une qui les dépasse toutes en grandeur et en héroïsme.

Destruction des Atlantes

En effet, les monuments écrits disent que votre cité détruisit jadis une immense puissance qui marchait insolemment sur l’Europe et l’Asie tout entières, venant d’un autre monde situé dans l’océan Atlantique.

On pouvait alors traverser cet Océan ; car il s’y trouvait une île devant ce détroit que vous appelez, dites-vous, les colonnes d’Héraclès.

Cette île était plus grande que la Libye et l’Asie réunies.

De cette île on pouvait alors passer dans les autres îles et de celles-ci gagner tout le continent qui s’étend en face d’elles et borde cette véritable mer.

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Car tout ce qui est en deçà du détroit dont nous parlons ressemble à un port dont l’entrée est étroite, tandis que ce qui est au-delà forme une véritable mer et que la terre qui[25a26b] l’entoure a vraiment tous les titres pour être appelée continent.

Chute de la puissante civilisation de l'Atlantide

Or dans cette île Atlantide, des rois avaient formé une grande et admirable puissance, qui étendait sa domination sur l’île entière et sur beaucoup d’autres îles et quelques parties du continent.

En outre, en deçà du détroit, de notre côté, ils étaient maîtres de la Libye jusqu’à l’Égypte, et de l’Europe jusqu’à la Tyrrhénie.

Or, un jour, cette puissance, réunissant toutes ses forces, entreprit d’asservir d’un seul coup votre pays, le nôtre et tous les peuples en deçà du détroit.

Ce fut alors, Solon, que la puissance de votre cité fit éclater aux yeux du monde sa valeur et sa force.

Comme elle l’emportait sur toutes les autres par le courage et tous les arts de la guerre, ce fut elle qui prit le commandement des Hellènes ; mais, réduite à ses seules forces par la défection des autres et mise ainsi dans la situation la plus critique, elle vainquit les envahisseurs, éleva un trophée, préserva de l’esclavage les peuples qui n’avaient pas encore été asservis, et rendit généreusement à la liberté tous ceux qui, comme nous, habitent à l’intérieur des colonnes d’Héraclès.

Le Cataclysme

Mais dans le temps qui suivit, il y eut des tremblements de terre et des inondations extraordinaires, et, dans l’espace d’un seul jour et d’une seule nuit néfastes, tout ce que vous aviez de combattants fut englouti d’un seul coup dans la terre, et l’île Atlantide, s’étant abîmée dans la mer, disparut de même.

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Voilà pourquoi, aujourd’hui encore, cette mer-là est impraticable et inexplorable, la navigation étant gênée par les bas fonds vaseux que l’île a formés en s’affaissant. »

Convergence des histoires

Voilà, Socrate, brièvement résumé, ce que m’a dit Critias, qui le tenait de Solon.

Hier, quand tu parlais de ta république et que tu en dépeignais les citoyens, j’étais émerveillé, en me rappelant ce que je viens de dire.

Je me demandais par quel merveilleux hasard tu te rencontrais si à propos sur la plupart des points avec ce que Solon en avait dit.

Je n’ai pas voulu vous en parler sur le moment ; car, après si longtemps, mes souvenirs n’étaient pas assez nets.
J’ai pensé qu’il fallait n’en parler qu’après les avoir tous bien ressaisis dans mon esprit.
C’est pour cela que j’ai si vite accepté la tâche que tu nous as imposée hier, persuadé que, si la grande affaire, en des entretiens comme le nôtre, est de prendre un thème en rapport au dessein que l’on a, nous trouverions dans ce que je propose le thème approprié à notre plan.

C’est ainsi qu’hier, comme l’a dit Hermocrate, je ne fus pas plus tôt sorti d’ici que, rappelant mes souvenirs, je les rapportai à ces messieurs, et qu’après les avoir quittés, en y songeant la nuit, j’ai à peu près tout ressaisi.

Tant il est vrai, comme on dit, que ce que nous avons appris étant enfants se conserve merveilleusement dans notre mémoire !

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Pour ma part, ce que j’ai entendu hier, je ne sais si je pourrais me le rappeler intégralement ; mais ce que j’ai appris il y a très longtemps,[26b27b] je serais bien surpris qu’il m’en fût échappé quelque chose. J’avais alors tant de plaisir, une telle joie d enfant à entendre le vieillard, et il me répondait de si bon coeur, tandis que je ne cessais de l’interroger, que son récit est resté fixé en moi, aussi indélébile qu’une peinture à l’encaustique. De plus, ce matin même, j’ai justement conté tout cela à nos amis, pour leur fournir à eux aussi des matières pour la discussion.

 

Et maintenant, car c’est à cela que tendait tout ce que je viens de dire, je suis prêt, Socrate, à rapporter cette histoire non pas sommairement, mais en détail, comme je l’ai entendue.

Athènes rencontre Athènes

Les citoyens et la cité que tu nous as représentés hier comme dans une fiction, nous allons les transférer dans la réalité ; nous supposerons ici que cette cité est Athènes et nous dirons que les citoyens que tu as imaginés sont ces ancêtres réels dont le prêtre a parlé.

Entre les uns et les autres la concordance sera complète et nous ne dirons rien que de juste en affirmant qu’ils sont bien les hommes réels de cet ancien temps. Nous allons essayer tous, en nous partageant les rôles, d’accomplir aussi bien que nous le pourrons la tâche que tu nous as imposée. Reste à voir, Socrate, si ce sujet est à notre gré, ou s’il faut en chercher un autre à sa place.

La numérotation des pages n'est pas à la page près/au texte original pour des raisons de mise en forme des paragraphes.
Cameron.J : Atlantide, la cité perdue,
National Geographic : L'Atlantide se trouvaient-elle en Sardaigne ?