19-Phèdre-XXIX-

La Pérégrination des âmes

- Les jugements millénaires...1000, 3000, 10 000 ans,
- Le jugement de la première vie et conséquences
- Les conditions pour être un homme

 

1000, 3000, 10 000 ans,

XXIX. p128,- Dans tous ces états, ceux qui ont vécu en pratiquant la justice obtiennent en échange une destinée meilleure; ceux qui l'ont violée, une destinée plus mauvaise. En effet, aucune âme ne revient au lieu d'où elle est partie avant dix mille années; car elle ne recouvre pas ses ailes avant ce laps de temps, à moins qu'elle n'ait été l'âme d'un homme qui ait cherché la vérité avec un coeur simple ou, qui ait aimé les jeunes gens d'un amour philosophique. Alors à la troisième periode de mille ans, si elle a embrassé trois fois de suite ce genre de vie, elle reprend ses ailes et retourne vers les dieux après la trois millième année.

Le jugement de la première vie et conséquences

Pour les autres, quand elles sont arrivées au terme de leur première vie, elles subissent un jugement.
Ce jugement rendu,
les unes descendent dans les prisons souterraines pour y payer leur peine;
les autres, allégées par l'arrêt du juge, s'élèvent vers un certain endroit du ciel pour y mener l'existence qu'elles ont méritée, tandis qu'elles vivaient sous la forme humaine.

Au bout de mille ans, les unes et les autres reviennent pour prendre part à un nouveau partage, où chacune peut choisir la vie qui lui plaît.

Alors l'âme d'un homme entre dans le corps d'une bête, et l'âme d'une bête rentre dans le corps d'un homme, pourvu qu'elle ait été déjà un homme; car celle qui n'a jamais vu la vérité ne saurait revêtir la forme humaine.

Les conditions pour être un homme

Pour être homme, en effet, il faut comprendre ce qu'on appelle le général, qui, partant de la multiplicité des sensations, les ramène par le raisonnement à l'unité.

Or cette faculté est une réminiscence des choses que notre âme a vues quand elle cheminait avec l'âme divine et que, dédaignant ce que nous prenons ici-bas pour des êtres, elle se redressait pour contempler l'être véritable. Voilà pourquoi il est juste que, seule, la pensée du philosophe ait des ailes; car elle ne cesse de poursuivre de toutes ses forces, par le souvenir, les choses dont la possession assure à Dieu même sa divinité. L'homme qui sait tirer parti de ces réminiscences, initié sans cesse aux mystères de l'absolue perfection, devient seul véritablement parfait. Détaché des passions humaines et occupé des choses divines, il encourt les reproches de la foule, qui le tient pour insensé et ne s'aperçoit pas qu'il est inspiré.


XXX. - C'est ici qu'en voulait venir tout ce discours sur la quatrième espèce de délire. Quand la vue de la